Pessa'h 2025

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Editorial

 Liberté !

Cette semaine nous introduit à une période différente de toutes les autres. Bien sûr, chacun aura relevé que nous rencontrons ainsi le 11 Nissan, à l’orée des fêtes à présent si proches. 11 Nissan, le 123ème anniversaire de la naissance du Rabbi : ce jour, par ce qu’il incarne, est en soi porteur d’une puissance précieuse pour chacun. C’est un jour qui nous permet de mieux percevoir les changements du monde et combien nous pouvons toujours les développer, pour le Bien. N’est-ce pas là une manière de vivre cette date comme un jour de libération ?

Car la liberté est un acquis auquel nul ne peut renoncer, et la fête de Pessa’h nous en rappelle les contours. Celle-ci a, justement en notre temps, des accents d’une actualité surprenante. Certes, elle nous raconte une histoire d’il y a plus de 3500 ans, une sortie de cette Egypte antique qui n’existe plus que dans les livres d’histoire et une libération d’une servitude depuis longtemps abolie. Pourtant, en filigrane, elle nous dit aussi comment le plus puissant empire d’un temps ne résiste pas à l’élan d’un peuple qui, répondant à l’appel de D.ieu, va vers son destin. Elle nous dit que, au cœur de la dureté d’une époque cruelle, affrontant des événements inhumains, des pouvoirs et des hommes déterminés à les faire disparaître, nos ancêtres entreprirent pourtant le voyage éternel, portés par une vision qui les mena au-delà d’eux-mêmes, jusqu’au Sinaï pour y recevoir la Torah puis jusqu’à la Terre donnée par D.ieu. « Nos ancêtres » a-t-on dit, comme une préfiguration de ce que nous sommes.

C’est tout cela que nous revivons, peut-être avec encore plus de force, pendant ces soirs de Pessa’h où, sur chaque table juive, s’élève le grand chant de la liberté. C’est ce que nous revivons aussi pendant toute la semaine de la fête, comme un entre-deux du passé et du présent, en attendant l’avenir. Même quand les nuages semblent monter, nous savons que rien ne peut arrêter la liberté que nous avons en cœur. Liberté d’agir avec fidélité à cet héritage, liberté de faire que le monde soit meilleur, liberté d’avancer de degré en degré jusqu’au temps ultime, celui de Machia’h.

Etincelles de Machiah

 La coupe du Prophète Elie

Le soir du Séder, la coutume, respectée dans toutes les communautés, veut que l’on verse une coupe de vin pour le Prophète Elie. Cet usage est connu, il est même un des moments particulièrement attendus de la célébration de Pessa’h. Pourtant, il n’est pas enseigné par le Talmud ou les premiers décisionnaires. Il a été instauré plus tardivement et cela n’est pas le fait du hasard.

En effet, cette coupe de vin se rattache à la foi en la venue de Machia’h et en celle du Prophète Elie qui sera son annonciateur. Or, plus on se rapproche du temps de cet avènement, plus la croyance en sa survenance et le sentiment d’attente grandissent dans le cœur de chacun.

C’est la raison pour laquelle la coutume de verser cette coupe s’est répandue dans les dernières générations. Elle est la traduction de cette avancée.

(D’après Likouteï Si’hot, vol. XXVII, p. 55)

Vivre avec la Paracha

 TSAV - PESSA’H

D.ieu instruit Moché de commander à Aharon et ses fils leurs devoirs et leurs droits en tant que Cohanim (« prêtres ») qui offrent les Korbanot (sacrifices animaux et alimentaires) dans le Sanctuaire.

Le feu sur l’autel doit brûler constamment. On y incinère certains sacrifices animaux et alimentaires.

Les Cohanim consomment la viande de certains sacrifices animaux et ce qui reste de l’offrande alimentaire. L’offrande de paix est mangée par celui qui l’a apportée, à l’exception de parties spécifiques, données au Cohen. La viande sainte des offrandes doit être consommée par des personnes en état de pureté rituelle, dans l’endroit saint qui leur a été désigné et à un moment spécifique.

Aharon et ses fils restent dans l’antre du Sanctuaire pendant sept jours, au cours desquels Moché les initie à la prêtrise.

Chabbat Hagadol : en quoi ce miracle se distingue-t-il par son caractère exceptionnel ?

Le Chabbat Hagadol, ou Grand Chabbat, désigne le Chabbat de cette semaine. Ce terme fait référence au miracle survenu avant même que la nation juive ne soit libérée d'Égypte. Lorsque les premiers-nés égyptiens prirent conscience que la prochaine plaie qui leur serait infligée serait celle des premiers-nés, ils exigèrent de Pharaon qu’il autorise le départ des Israélites. 

En conséquence, une guerre civile éclata et des Égyptiens se battirent littéralement, allant jusqu’à perdre la vie pour convaincre leurs compatriotes de laisser partir les Israélites ! Ce grand miracle eut lieu le Chabbat précédant l’exode des Juifs d'Égypte et est depuis lors désigné sous le nom de « Grand Chabbat », afin de mettre en lumière cet événement préliminaire miraculeux. 

Il convient alors de s’interroger : en relation avec l'exode d'Égypte, tant de miracles spectaculaires se sont manifestés. Parmi eux figuraient, bien sûr, les Dix Plaies et l’ouverture de la Mer des Joncs. Ces miracles constituaient des manifestations extraordinaires qui altérèrent l'ordre naturel des choses. L'eau se transforma en sang ; de la grêle, mêlée de feu, tomba. Une nation entière comptant des millions de Juifs traversa une mer qui avait été totalement asséchée ! Selon nos Sages, la mer se scinda en douze tunnels, un pour chaque tribu ! Et cela ne représente qu'une infime fraction des événements surnaturels incroyables ayant eu lieu en Égypte.

Comment peut-on comparer ces manifestations explicites du Pouvoir divin capable d'altérer la nature avec le phénomène relativement naturel d'une guerre civile ? Pourquoi ce miracle - celui des premiers-nés se battant pour inciter à la libération des Juifs - est-il qualifié de « grand » miracle et non les autres ?

Deux types de miracles

En réalité, ce miracle se distingue par son caractère unique, même au regard des miracles plus spectaculaires associés à l'Exode.

On peut classer les miracles en deux catégories principales. La première est celle où D.ieu dépasse clairement l'ordre naturel. L'avantage de cette catégorie de miracle réside dans le fait qu'elle nous persuade de l'existence de D.ieu et de Sa supériorité sur tout, y compris les lois de la nature.

La seconde catégorie de miracle se manifeste lorsque D.ieu orchestre une situation dans laquelle la nature elle-même soutient le plan divin pour le monde. Ce même monde, qui constituait auparavant un obstacle à la réalisation du dessein divin, se transforme en facilitateur. (C’est pourquoi le mot hébreu pour « monde », « Olam », qui est étymologiquement lié au terme « Hélèm » signifiant « dissimulation ».)

L'importance de ce second type de miracle par rapport au premier réside dans sa capacité à engendrer une situation où les obstacles se transforment en alliés du plan divin. Plutôt que de transcender la nature pour satisfaire la Volonté divine, laissant ainsi celle-ci jouer son rôle originel d'obstacle, D.ieu modifie intrinsèquement la nature elle-même.

Transformer l'ennemi

Tel est le récit des événements survenus en Égypte avant l'Exode proprement dit. Les premiers-nés égyptiens représentaient leurs aînés et dirigeants, incarnant ainsi l'essence même de l'ordre naturel égyptien. Or, ces mêmes forces naturelles, qui caractérisaient l'existence en Égypte, se retournèrent contre leur propre peuple, combattant et sacrifiant leurs vies pour permettre aux Juifs de s'affranchir du joug égyptien. Bien que ce miracle soit moins spectaculaire et bouleversant que d'autres, c'est précisément le type de phénomène qui prépare davantage le monde à la véritable, complète et éternelle Rédemption, où même « les ténèbres brilleront ». 

Ainsi, depuis le Chabbat précédant Pessa’h, la nation juive a été confrontée à un nouveau phénomène. Même l'ennemi peut être transformé, démontrant ainsi qu'il n'a jamais vraiment existé d'adversaire réel. Le prophète compare l'âge futur de la Rédemption à l'Exode d'Égypte : « Comme aux jours de votre sortie d'Égypte, Je vous montrerai des merveilles ». Concernant le temps de la Rédemption, il est dit que « la nuit brillera comme le jour ». Non seulement la lumière dissipera les ténèbres, mais ces dernières elles-mêmes seront métamorphosées en lumière.

L'obsession de l’exode

Le souvenir de l'Exode est un commandement biblique. Il incombe à chacun de le commémorer chaque jour et chaque nuit. De nombreux rituels du Judaïsme - du Séder de Pessa’h aux lois contre l'usure et les fausses mesures - sont en lien avec l'Exode, sous différentes formes.

L'importance de l'Exode est telle que les Dix Commandements commencent par la présentation de D.ieu comme Celui qui a libéré le Peuple juif du pays d'Égypte, de la Maison de l'Esclavage.

Il est indéniable que la libération de l'esclavage constitue un élément majeur de notre histoire ; il est également vrai que sans cette liberté, il n'existerait pas de nation juive. Cependant, quelle est la raison de cette obsession pour l'Exode ? Se souvenir de cet événement une nuit par an lors du Séder pourrait sembler suffisant, mais pourquoi sommes-nous contraints de commémorer ce moment capital chaque jour et chaque nuit ? Pourquoi nécessitons-nous autant de rappels tangibles de cet événement historique ?

Sortir d'Égypte quotidiennement

Nos Sages avaient déjà anticipé cette interrogation lorsqu'ils déclarèrent dans la Michna et la Hagada : « Dans chaque génération, chacun doit se considérer comme s'il venait tout juste de quitter l'Égypte ». L'Exode ne doit pas être appréhendé comme un simple événement historique, mais plutôt comme un processus continu. Le terme hébreu « Mitsraïm », pour « Égypte », renvoie à en réalité à un état de confinement, tant physique que spirituel. Peu importe les progrès que nous avons réalisés, il subsiste toujours quelque chose qui nous confine, nous inhibe ou nous limite. Ainsi, sortir de « Mitsraim » représente le processus d'élimination de tous les obstacles à notre avancement spirituel. De ce fait, notre mémoire de l'Exode ne se résume pas simplement à la commémoration d'un événement passé ; c'est un processus en cours. Lorsque nous prenons conscience que l'Exode est une réalité actuelle et ininterrompue, cela confère à son souvenir une signification bien plus profonde et vivante.

Le Coin de la Halacha

 Quelles sont les Mitsvots essentielles du Séder ?

Le samedi 12 et le dimanche 13 avril 2025, on organise le repas du Séder pour célébrer la sortie d’Egypte. On ne pourra commencer qu’après la nuit tombée samedi : 21h 28 et dimanche 21h 29 (en Ile-de-France). Tous les Juifs doivent participer au Séder, hommes, femmes et enfants. Il faut :

Raconter la sortie d’Egypte

On le fait en lisant la Hagada. Il faut raconter à tous les participants et en particulier aux enfants, selon ce qu’ils peuvent comprendre. Pour éviter qu’ils ne s’endorment, on aura pris soin de les faire dormir l’après-midi et on leur fera chanter certains paragraphes de la Hagada.

Manger de la Matsa

On mange de la Matsa Chmoura les deux soirs du Séder après avoir dit la bénédiction : « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vétsivanou Al A’hilat Matsa », en plus de la bénédiction habituelle « Hamotsi ». La Matsa du Séder sera « Chmoura », c’est-à-dire qu’on aura surveillé, depuis la moisson, que les grains de blé, et plus tard la farine, n’auront pas été en contact avec de l’eau, ce qui aurait risqué de les rendre ‘Hamets. Les Matsot Chmourot sont rondes, cuites à la main (et non à la machine) comme au temps de la sortie d’Egypte. On peut se les procurer auprès du Beth ‘Habad le plus proche de chez soi.

Il faut manger au moins 30 grammes de Matsa, et il est préférable de les manger en moins de quatre minutes. Il faudra manger trois fois cette quantité de Matsa : pour le « Motsi », pour le « Kore’h » (le « sandwich » aux herbes amères), et pour le « Afikoman », à la fin du repas, en souvenir du sacrifice de Pessa’h qui était mangé après le repas.

Manger des herbes amères (Maror)

On mange des herbes amères en souvenir de l’amertume de l’esclavage en Egypte. On achètera de la salade romaine qu’on nettoiera feuille par feuille devant une lumière pour être sûr qu’il n’y a pas d’insecte, après l’avoir fait tremper dans de l’eau. On prépare pour chacun des convives au moins 19 grammes de « Maror », (c’est-à-dire) de salade romaine avec un peu de raifort râpé, trempé dans le « Harosset » (compote de pommes, poires et noix, avec un peu de vin) après avoir prononcé la bénédiction : « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vétsivanou Al A’hilat Maror ». On consomme encore 19 grammes de Maror bien séché, entouré de Matsa pour le « Sandwich de Kore’h ».

Boire 4 verres de vin

On doit boire au cours du Séder au moins quatre verres de vin ou de jus de raisin cachère pour Pessa’h. Le verre doit contenir au moins 8,6 centilitres, et on doit en boire à chaque fois au moins la moitié, en une fois. Les hommes et les garçons doivent s’accouder sur le côté gauche, sur un coussin, pour manger la Matsa et boire les quatre verres de vin.

Le Recit de la Semaine

 500 prophètes Elie au Séder

Mon père, Yankel Katz était né à Moguilev (Belarusse) dans une famille Loubavitch qui émigra quelques années plus tard à Chicago, vers 1905. Encore enfant, il travailla dans une imprimerie et, dès l’âge de quinze ans, il était devenu le principal soutien de la famille Katz puisque son père ne gagnait pas grand-chose.

Bien que mon grand-père se soit détaché du mouvement ‘hassidique, mon père quant à lui se dévouait pour la communauté, en particulier la Congrégation Anshei Lubavitch, une synagogue élégante parmi les quatre du mouvement Loubavitch à Chicago à cette époque. Il s’était aussi lié d’amitié avec des sommités rabbiniques en Europe et, dans les années 20, il correspondait avec le ‘Hafetz ‘Haïm et Rabbi ‘Haïm Ozer Grodzinski auxquels il envoyait de l’argent.

En 1929, le Rabbi précédent, Rabbi Yossef Yits’hak se rendit à Chicago dans cette synagogue et mon père eut la chance de faire sa connaissance : il fut fasciné par le charisme du Rabbi, sa noblesse et sa simplicité.

Mon père n’évoqua jamais les sommes qu’il donnait pour la Tsedaka (charité). Nous vivions modestement mais, grâce à ses dons généreux, mon père aida le mouvement à acquérir le bâtiment du 770 Eastern Parkway (qui devint le siège mondial Loubavitch) et il contribua à la fondation du village Kfar Chabad en Israël. Après son décès, j’ai ouvert ses tiroirs et j’ai découvert une liasse de reçus datant de 1943, pour des milliers de dollars envoyés pour soutenir les communautés juives d’Europe réfugiées à Shanghai : il ne m’en avait jamais parlé.

Personnellement, je n’ai pas rencontré le Rabbi précédent mais en 1955, alors que j’avais dix ans, mon père m’a emmené au 770 voir le Rabbi. Il y eut un temps où le Rabbi téléphonait à mon père chaque Motsaé Chabbat (samedi soir), il lui téléphonait même parfois à son travail. Je savais qui était au bout du fil car mon père se levait aussitôt, mettait en toute hâte son chapeau et se lavait les mains avant de parler. Il m’arrivait de répondre moi-même au téléphone :

- A qui ai-je l’honneur ?

- Rav Schneerson !

J’assistai parfois à leurs conversations. Une fois mon père se plaignit d’une de mes passions :

- Mon fils s’intéresse trop à sa collection de timbres, cela lui vole du temps de son étude de la Torah…

- Vous savez, observa le Rabbi, ce n’est pas si mal que cela. Moi aussi, j’en ai collectionné.

Et le Rabbi raconta qu’en Russie, ses parents n’avaient plus d’argent et avaient revendu sa collection de timbres, ce qui leur avait permis de vivre décemment pendant plusieurs mois. Il n’y avait donc pas de quoi s’inquiéter en ce qui me concernait. Mon père ne m’adressa plus jamais de reproches au sujet de mes timbres…

Quand il m’apercevait dans le couloir du 770, le Rabbi m’arrêtait et me demandait comment j’allais. Quand j’eus grandi un peu, il me voyait marcher dans la rue et demandait à son chauffeur de freiner : « Souviens-toi de ce que je t’ai dit auparavant, m’interpelait-il : tu dois parler en public, c’est important que tu parles en public ! ». Il estimait que j’avais du talent pour expliquer – j’étudiais pour être rabbin : j’ai essayé d’accomplir sa volonté et j’ai parlé en public.

Comme je suis un Cohen, il me conseilla de ne pas prendre à la légère le privilège de la bénédiction des Cohanim à la synagogue les jours de fête. Et souvent, il demandait à mon père – les jours de semaine – de le bénir aussi. Quand mon père prit sa retraite (à 85 ans), il devint un peu dépressif et le Rabbi lui fit remarquer : « Votre travail est de bénir les gens avec la bénédiction sacerdotale ! ». C’est ainsi qu’il prit l’habitude d’évoluer dans la synagogue du 770 en bénissant les gens et cela le rendait heureux.

Jusqu’en 1970, nous étions invités au Séder du Rabbi. La première nuit de Pessa’h, nous prions au 770 et, après l’office, le Rabbi se rendait dans sa pièce personnelle et mon père le suivait, en m’emmenant ; ils discutaient un peu. Puis le Rabbi restait seul dans ce bureau jusqu’à ce que quelqu’un frappe à sa porte et alors nous montions dans l’appartement du Rabbi précédent pour le Séder.

Le Rabbi mettait peut-être dix minutes pour préparer son plateau du Séder. Il y avait plusieurs ‘Hassidim importants autour de la table, chacun avait son plateau. Au moment d’ouvrir la porte pour le prophète Elie comme le veut la coutume, quelqu’un ouvrait la porte et ce qui semblait être 500 prophètes Elie apparaissaient : de fait, les étudiants de Yechiva s’étaient hâtés de terminer leur propre Séder pour mériter d’apercevoir le Rabbi à ce moment sublime entre tous.

C’était toujours mon père qui dirigeait le Séder, c’est-à-dire qu’il lisait la Hagada à haute voix tandis que le Rabbi et tous les convives suivaient à voix basse. C’était aussi ainsi que cela s’était passé du temps du Rabbi précédent. Parfois quelqu’un posait une question et le Rabbi répondait de façon concise. Moi-même j’avais demandé pourquoi, dans le passage « Dayénou » il est écrit : « Si D.ieu nous avait amenés près du mont Sinaï mais ne nous avait pas donné la Torah, cela nous aurait suffi. Comment comprendre cela, toute notre existence dépend de la Torah, comment peut-on se contenter d’être arrivés au pied du mont Sinaï sans recevoir la Torah ? ».

Le Rabbi répondit que le rassemblement devant le Sinaï avait été un événement d’importance nationale : c’est devant cette montagne que nous sommes devenus le Peuple juif et c’était déjà une étape importante en soi.

A la fin du Séder, le Rabbi prenait une grande bouteille de vin recouverte d’un sac en papier (on n’en voyait que le goulot) et il y reversait un peu du vin de la coupe d’Eliahou, puis reversait un peu de vin de la bouteille dans la coupe, plusieurs fois de suite, diluant le vin de la coupe jusqu’à ce que tout soit retourné dans la bouteille. A ce moment, la pièce était bondée et, tandis que le Rabbi procédait à tout ceci, les ‘Hassidim chantaient « Kéli Ata Vehodéka… »

Pour moi, être assis et observer ce grand dirigeant du Peuple juif accomplissant ce rituel, en entendant cette mélodie merveilleuse, c’était une expérience fabuleuse. C’était si merveilleux, comme une expérience en-dehors du corps et c’était le moment le plus sublime du Séder.

M. Hirsch Katz - JEM

Traduit par Feiga Lubecki