La liberté qui vient
Cette semaine nous vivons le 11 Nissan, l’anniversaire de la naissance du Rabbi, et cela seul suffit sans doute à en souligner l’importance. On le sait : cette date porte loin son message de grandeur, de fidélité et d’action. En ce sens, c’est une date libératrice pour chacun et sans doute est-ce pour cela qu’elle apparaît comme une réelle préparation à la fête de Pessa’h. Car voici que revient le temps de notre liberté. Devenir un homme libre, c’est toujours une expérience exaltante. Nous étions enchaînés dans une servitude qui semblait insurmontable. Le monde alentour nous enserrait de ses limites étroites et nous pouvions croire que, plus jamais, la lumière ne parviendrait jusqu’à nous. Brutalement, les murailles s’effondrent, les chaînes se brisent. Un grand vent se lève et il arrache tous les obstacles dont la futilité apparaît enfin. La liberté devient notre partage. Sans doute, nos ancêtres éprouvèrent-ils de tels sentiments en Egypte, quand l’orgueil de leurs oppresseurs fut abattu et qu’il ne resta de force au Pharaon que celle d’implorer le départ des Juifs.
Cependant, vivre la fête de Pessa’h comme un événement historique, même fondateur, est loin de suffire à apaiser notre soif de liberté, de satisfaire notre recherche des espaces libres de la spiritualité. Car, si l’Egypte antique a bien disparu, si elle n’est plus qu’un simple objet archéologique, l’asservissement social qu’elle incarna peut, lui, être toujours présent. De fait, au-delà de l’aspect physique, bien réel, de l’esclavage égyptien, chacun d’entre nous continue de porter en lui une potentialité d’Egypte, comme un exil intérieur, plus ou moins consciemment voulu, au plus profond de son cœur. Alors que Pessa’h revient, c’est de cet exil-là qu’il faut se libérer. Certes, ses modalités ne sont plus celles de l’antiquité et ses lieux ont bien changé. Il reste pourtant insupportable à qui veut vivre pleinement.
Les Juifs, dit le Talmud, méritèrent leur libération d’Egypte car « ils ne changèrent pas de langue ni de nom ni de vêtement ». En d’autres termes, en une époque d’adversité, ils surent garder l’âme libre alors que leur corps était esclave. En un temps où notre corps est libre, gardons-nous de rendre notre âme esclave. Le mot « liberté » – et il en est peu d’aussi beau – rime avec « fidélité », « vérité » ou encore « éternité ». Un hasard ? Ou une manière de dire que, décidément, la liberté est au bout de notre chemin quand celui-ci est bordé de telles notions et que, finalement, nous savons où il aboutira : au temps de toute liberté, celui de Machia’h.
Ne pas se tromper
Quand on arrive dans une gare, on constate que de nombreuses voies s’étirent de tous côtés. Le risque existe de commettre une erreur et de choisir une voie erronée, ce qui pourrait entraîner de graves dommages. Il faut donc veiller à ne pas se tromper.
Dans la période qui précède immédiatement la venue de Machia’h, il semble au regard qu’il existe de nombreux chemins. Il est nécessaire de prendre garde à ne pas sortir de la bonne voie.
(D’après Séfer Hasi’hot 5689 p.63)
Pessa’h
Le pain que nos ancêtres mangèrent en terre d’Égypte
Plus qu’une simple commémoration de l’histoire appartenant au passé, une fête juive est un événement que l’on se doit de vivre personnellement. Chaque fête juive porte en elle un message contemporain pour chaque Juif, en tout temps et en tout lieu. Cela est particulièrement vrai pour Pessa’h. Comme le déclarent nos Sages (Pessa’him 10) : « Dans chaque génération, chacun doit se considérer comme s’il avait personnellement quitté l’Égypte ».
Tel est l’objectif du Séder de Pessa’h : donner à chacun l’opportunité de vivre une sortie de sa propre maison d’esclavage.
L’ouverture du Séder exprime ce concept en introduisant le récit de l’histoire de l’Exode d’Égypte avec la déclaration « Hé La’hma Aniya » - « Voici le pain de l’affliction ».
Dans son Choul’han Arou’h, Rabbi Chnéor Zalman note (Choul’han Arou’h HaRav 473:37):
« Ceux qui sont scrupuleux veilleront à dire : k’a La’hma Aniya ou Ha keLa’hma Aniya - C’est comme le pain d’affliction - puisque la Matsa que nous consommons n’est pas le véritable pain que mangèrent nos ancêtres. »
Cependant, dans son édition de la Haggada, il choisit l’expression « Hé La’hma Aniya ». Cela a pour but de souligner le fait que le Séder a pour objet de nous émouvoir au point que nous-mêmes vivions une libération de l’esclavage et considérions la Matsa qui est placée devant nous comme « le pain d’affliction que nos ancêtres mangèrent en Égypte. »
Bien que nous ne soyons jamais allés en Égypte ni n’ayons véritablement vécu d’esclavage, cette libération peut représenter pour nous une réalité concrète.
En effet, la ‘Hassidout explique que l’Égypte ne représente pas qu’un lieu géographique mais également un état d’esprit. En fait, le mot hébreu pour « Égypte », « Mitsrayim », est très proche, étymologiquement, du mot « Metsarim » qui signifie « contraintes » ou « limites ». En d’autres termes, sortir de notre Égypte personnelle implique le fait de nous dépasser, de nous élever au-dessus de nos limites naturelles.
Nous possédons tous en nous une étincelle divine. Et, tout comme D.ieu Lui-même, cette étincelle est infinie et illimitée. A notre niveau personnel, l’Égypte symbolise ces influences et ces forces qui confinent et limitent notre potentiel spirituel.
La nature de cette Égypte personnelle varie selon le caractère et le degré de raffinement de chacun. Pour l’un, il peut s’agir de désirs égoïstes et de penchants naturels. Pour un autre, il sera question des entraves de l’intellect et de la raison. Il existe même une « Égypte de la solitude », l’état dans lequel se trouve la personne qui, engagée dans ses propres progrès personnels, restreint son potentiel d’avancer encore, considérant ses limites naturelles comme permanentes.
Toutes ces « Égyptes » limitent notre nature divine. Quitter l’Égypte signifie sauter par-dessus toutes ces barrières (et bien d’autres encore) et permettre à notre infini potentiel spirituel de faire surface.
Une expérience personnelle de la délivrance affecte la totalité de notre service divin. Tant qu’une personne vit dans son Égypte, tant que son potentiel divin infini ne peut s’exprimer, elle ne peut percevoir l’observance de la Torah et des Mitsvot que comme extérieures à elle-même, séparées de l’essence de son être. Quand, au contraire, elle revit l’Égypte et découvre sa nature divine essentielle, elle développe un lien plus profond avec la Torah.
C’est ainsi que vivre une « sortie d’Egypte » personnelle devient « un important fondement et un pilier solide de notre Torah et de notre foi » dont l’impact s’étend bien plus loin qu’au seul moment de la célébration de Pessa’h et s’applique à chaque moment de notre vie. Quand l’on comprend ainsi cette histoire, chaque dimension de la conduite du Juif et chaque Mitsva qu’il accomplit constituent un pas en dehors de l’Égypte et manifestent l’expression de son potentiel divin, une occasion de réaliser son être véritable.
Pour insister encore davantage sur l’idée, Rabbi Chnéor Zalman omet le passage commençant par : « ‘Hassal Sidour Pessa’h » - « le Sidour de Pessa’h a été conclu » de son texte de la Haggada. Dans le même sens, nous rappelons la sortie d’Égypte dans nos prières quotidiennes, à la fois le matin et le soir.
Un point tournant
dans l’histoire spirituelle
On peut aborder la signification toujours actuelle de la sortie d’Égypte selon une autre perspective. La Torah dit du Peuple juif : « Ils sont Mes serviteurs que J’ai fait sortir de la terre d’Égypte ; ils ne doivent pas être vendus en esclavage ». La délivrance d’Égypte et l’expérience du Don de la Torah qui s’ensuivit établirent l’identité du Peuple juif comme « serviteurs de D.ieu et non serviteurs de serviteurs ». Après avoir quitté l’Égypte, il ne pourrait plus jamais revivre le même genre de servitude.
Le Maharal de Prague explique que la liberté que l’on obtint ainsi transforma la nature essentielle de notre peuple. Nous acquîmes alors le statut d’hommes libres. Malgré les conquêtes et les sévices qui suivirent, sous le joug des nations étrangères, la nature fondamentale du Peuple juif n’a jamais changé. Notre liberté est préservée parce que, dans un sens spirituel, D.ieu nous sort constamment d’Égypte. Le miracle de la délivrance n’est donc pas un événement qui appartient au passé mais il se produit chaque jour, dans notre vie quotidienne. Et cette expérience se trouve intensifiée durant la fête de Pessa’h.
Que l’expérience individuelle de la libération, vécue par chacun à ce moment précis, hâte la Délivrance de tout notre peuple et conduise à la réalisation du cri d’espoir que l’on lance à l’apogée de la Haggada : « Lechana Habaa biYerouchalayim » - « l’an prochain à Jérusalem », avec la venue de notre juste Machia’h.
Quelles sont les Mitsvot essentielles du Séder ?
Le vendredi 19 et le samedi 20 avril 2019, on organise le repas du Séder pour célébrer la sortie d’Egypte. On ne pourra commencer qu’après la nuit tombée (21h 41 vendredi et samedi soir - heure de Paris). Tous les Juifs doivent participer au Séder, hommes, femmes et enfants. Il faut :
Raconter la sortie d’Egypte
On le fait en lisant la Haggada. Il faut raconter à tous les participants et en particulier aux enfants, selon ce qu’ils peuvent comprendre. Pour éviter qu’ils ne s’endorment, on aura pris soin de les faire dormir l’après-midi et on leur fera chanter certains paragraphes de la Haggada.
Manger de la Matsa
On mange de la Matsa les deux soirs du Séder après avoir dit la bénédiction : « Barou’h Ata Ado- naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vetsivanou Al A’hilat Matsa », en plus de la bénédiction habituelle « Hamotsi ». La Matsa du Séder sera « Chemoura », c’est-à-dire qu’on aura surveillé, depuis la moisson, que les grains de blé, et plus tard la farine, n’auront pas été en contact avec de l’eau, ce qui aurait risqué de les rendre ‘Hamets. Ces Matsot Chemourot sont rondes et cuites à la main (et non à la machine) comme au temps de la sortie d’Egypte. Il faut manger au moins 30 grammes de Matsa, et il est préférable de les manger en moins de quatre minutes. Il faudra manger trois fois cette quantité de Matsa : pour le « Motsi », pour le « Kore’h » (le « sandwich » aux herbes amères), et pour le « Afikoman », à la fin du repas, en souvenir du sacrifice de Pessa’h qui était mangé après le repas.
Manger des herbes amères (Maror)
On mange des herbes amères en souvenir de l’amertume de l’esclavage en Egypte. On achètera de la salade romaine qu’on nettoiera feuille par feuille devant une lumière pour être sûr qu’il n’y a pas d’insecte, après l’avoir fait tremper dans de l’eau. On prépare pour chacun des convives au moins 19 grammes de « Maror », c’est-à-dire de salade romaine avec un peu de raifort râpé, trempé dans le « ‘Harosset » (compote de pommes, poire et noix, avec un peu de vin) après avoir prononcé la bénédiction : « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vetsivanou Al A’hilat Maror ». On consomme encore 19 grammes de Maror bien séché entouré de Matsa pour le « Sandwich de Kore’h ».
Boire 4 verres de vin
On doit boire au cours du Séder au moins quatre verres de vin ou de jus de raisin cachère pour Pessa’h. Le verre doit contenir au moins 8,6 centilitres, et on doit en boire à chaque fois plus de la moitié, en une fois. Les hommes et les garçons doivent s’accouder sur le côté gauche, sur un coussin, pour manger la Matsa et boire les quatre verres de vin.
Pourquoi ce feu criminel ?
La communauté juive de Toronto (Canada) était en état de choc : on était dans les années 60 et une grande synagogue avait été incendiée. Même les Sifré Torah (les rouleaux sacrés) avaient été brûlés. La police en attribua la responsabilité à des antisémites. Les fidèles - et, parmi eux, des rescapés des camps d’extermination nazis – tremblaient à l’idée que des antisémites aussi déterminés aient frappé dans leur quartier.
‘Haïm Kaplan allait avoir treize ans à cette époque et habitait à Toronto avec sa mère et son jeune frère Chmouel. Ils n’étaient pas spécialement pratiquants mais l’annonce de cet incendie criminel horrifia ‘Haïm qui en fut profondément bouleversé.
Un rabbin Loubavitch, Avraham Yaakov Glukhovsky avait institué dans la ville un office le Chabbat matin pour les jeunes qui, autrement, n’étaient pas intéressés par la prière. Avec eux, il récitait une version abrégée de la prière du matin ; il leur racontait brièvement quelques paroles de Torah, puis il prononçait le Kiddouch et distribuait gâteaux et friandises avant qu’ils ne se rendent probablement en classe dans les écoles publiques. Parfois plus de 70 jeunes fréquentaient ce curieux office et honoraient ainsi à leur manière le repos du Chabbat.
Le Chabbat suivant l’incendie, deux nouveaux se présentèrent : ‘Haïm Kaplan et son frère Chmouel. A la fin de l’office, très grave, ‘Haïm s’approcha du rabbin et, visiblement peiné, lui demanda : « Comment D.ieu a-t-Il pu laisser des antisémites brûler des Sifré Torah ? ».
Rav Glukhovsky fut surpris par la question, regarda ‘Haïm et, désolé, répondit : « Moi aussi, je ne comprends pas ! Il existe ainsi des choses qu’on ne peut pas comprendre ! ».
‘Haïm fut stupéfait d’entendre le rabbin avouer son ignorance. Mais c’est cette réponse qui le conquit et, à partir de ce moment, lui et son frère fréquentèrent régulièrement cet office des jeunes et, petit à petit, se mirent à pratiquer d’autres Mitsvot. Jusqu’au jour où ils décidèrent de s’inscrire à une école juive. Leur mère n’était pas enthousiaste à cette idée mais elle accepta.
Pessa’h approchait. Les deux frères étaient conscients que leur mère ne serait pas prête à rendre la maison cachère pour Pessa’h, avec les dépenses de vaisselle et de nourriture que cela impliquerait et décidèrent donc de se faire inviter dans une famille pratiquante à New York, ce qui leur permettrait par la même occasion de voir de près le Rabbi de Loubavitch dont leur rabbin leur parlait tant.
‘Haïm écrivit fiévreusement une lettre au Rabbi, expliquant en détails avec quelle famille ils s’apprêtaient à passer la fête à New York et affirmant avec emphase combien il serait heureux de rencontrer le Rabbi.
Quelque temps plus tard, il reçut une réponse du Rabbi : « Passez la fête à la maison avec votre maman. Si vous avez des questions, adressez-vous à Rav Glukhovsky et Rav Schochet, le Rav de la communauté Loubavitch de Toronto ! ».
‘Haïm était très étonné de cette réponse et téléphona immédiatement aux deux Rabbanim indiqués par le Rabbi. Eux aussi furent très surpris, sachant combien de détails minutieux sont impliqués dans la préparation de la fête. Ils décidèrent d’en discuter avec Mme Kaplan, en insistant combien il était important aux yeux du Rabbi que ses enfants restent avec elle et qu’elle ne demeure pas seule pour cette belle fête de famille. Ils récapitulèrent avec elle les lois de Pessa’h. Mme Kaplan fut très touchée de la sollicitude du Rabbi et promit de se conformer strictement aux lois qu’elle venait d’entendre afin que la maison soit cachère pour Pessa’h. Les rabbins l’aidèrent à préparer la cuisine, à acheter de la nouvelle vaisselle, à la tremper au Mikvé (bain rituel) et, finalement, la maison fut prête, selon les critères les plus scrupuleux. Par ailleurs, les deux Rabbanim s’arrangèrent pour faire inviter Mme Kaplan et ses fils chez des familles habitant non loin de chez eux afin qu’ils puissent passer le Séder dignement, dans une atmosphère festive et conviviale.
Quant à Rav Glukhovsky, il passa Pessa’h avec sa femme et ses enfants chez son père dans le quartier de Boro Park à Brooklyn – ce qui lui donna l’occasion de recevoir un peu de Matsa de la main du Rabbi juste avant la fête. Après que le Rabbi lui eut donné un morceau de sa propre Matsa, Rav Glukhovsky demanda un morceau supplémentaire pour ‘Haïm et Chmouel Kaplan. Le Rabbi demanda immédiatement : « Passent-ils le Séder avec leur mère ? ». Rav Glukhovsky répondit par l’affirmative : oui la famille resterait unie pendant la fête et tous trois seraient invités dans deux familles de Toronto pour les deux Sedarim. En entendant que Mme Kaplan resterait avec ses fils pour la fête, le visage du Rabbi s’éclaira d’un grand sourire de satisfaction. Il plongea sa main dans la boîte de Matsot, en retira une Matsa entière (!) en précisant : « C’est pour les frères Kaplan ! ».
Stupéfait de cette marque inhabituelle d’appréciation, Rav Glukhovsky prit la Matsa et trouva quelqu’un qui pouvait encore apporter la Matsa aux Kaplan à Toronto avant le début de la fête.
Quarante ans plus tard, un des fils de Rav Glukhovsky qui l’avait accompagné à New York ce jour-là – et qui est maintenant Rav dans la ville de Re’hovot en Israël – se rendit à New York pour passer la fête de Chavouot auprès du Rabbi. Alors qu’il achevait sa prière dans la petite pièce qui avait servi de bureau au Rabbi, il remarqua ‘Haïm Kaplan – aujourd’hui lui-même Rav et grand-père comblé de nombreux petits-enfants – qui priait également. Après la prière, tous deux eurent une longue conversation. ‘Haïm demanda à Rav Mena’hem Mendel Glukhovsky s’il savait comment il était devenu pratiquant. Oui, il avait entendu maintes fois le récit rapporté par son père mais il était heureux d’entendre le point de vue du héros de l’histoire. ‘Haïm lui révéla tous les détails et conclut : « A l’époque, j’avais demandé comment se faisait-il que D.ieu ait permis que des antisémites brûlent Sa Torah et votre père n’a pas su quoi répondre. Mais maintenant je connais au moins un élément de la réponse : sans ce terrible événement, ni mon frère ni moi-même n’aurions découvert le monde du judaïsme ».
Chabad.org – d’après Sichat Hachavoua N° 1368
Traduit par Feiga Lubecki