La liberté et les retrouvailles
Voici revenu le temps où les rythmes sociaux vont changer. Le soleil est déjà présent et nous en donne le signe avant-coureur : bientôt ce sera l'été. Chacun pense déjà aux vacances et à toutes les images que ce seul mot véhicule : loisirs sans fin, repos bien mérité après une année de travail, rare liberté. Tout cela, et sans doute bien d'autres choses encore, tourne dans toutes les têtes. Il est vrai que le monde dans lequel nous vivons en a fait, peu à peu, un de ses temps forts, comme une respiration nécessaire. Il en a fait aussi, parfois avant tout, un temps souvent consacré au repos physique, à ce nouveau culte qu'il a appris aux hommes à rendre : celui du corps. C'est ainsi que cette période de l'année, entre mer, montagne, campagne et soleil, peut devenir un simple temps d'absence. Pourtant, l'été est d'abord un temps sans contrainte. De ce fait, il peut être celui où, si le corps reprend les forces nécessaires, l'âme peut bénéficier du même apport. Il est celui des retrouvailles avec soi. Pourtant, toute l'année, les rythmes de travail, les obligations sociales diverses ont conduit chacun à une forme d'oubli. Le monde trop présent n'autorisait guère à considérer autre chose que son propre tumulte. L'été et son interruption d'activité nous introduisent dans un temps de tous les possibles. Des choses aussi simples et profondes que regarder, écouter, parler, penser redeviennent des réalités accessibles à tous.
C'est là une occasion prodigieuse qu'il faut savoir ne pas manquer. Pour chacun d'entre nous, l'été peut être aussi le temps de l'étude et de la réflexion, celui des progrès personnels pour être en mesure de vivre ensuite une année pleine. Décidément, la période qui vient peut être celle de la vie reconquise, la vie en un sens plus fort et plus intense. A nous d'en trouver les moyens d'expression. Devant nous s'ouvre un chemin du bonheur et le soleil qui y brille réchauffe aussi l'âme. Sachons nous y engager.
Dix questions / réponses sur la résurrection des morts (III)
Question : Qui se relèvera lors de la résurrection des morts?
Réponse : Tous les Juifs, sans exception, ont une part au monde futur et donc se relèveront lors de la résurrection. Même ceux dont les Sages disent qu’ils n’ont pas de part en bénéficieront car :
1) cela signifie que leur corps se décomposera mais que leur âme éternelle reviendra dans un nouveau corps,
2) ils n’ont pas de part à eux mais ils bénéficieront des réserves d’actes charitables qui ont été mis de côté pour ceux qui ne seront pas jugés dignes du Monde Futur
(d’après “Techouvot Oubiourim”, sec. 11)
Chla’h : la liberté du choix
A qui revient l’initiative d’avoir envoyé des explorateurs en terre de Canaan ? Le récit qu’en donne Bamidbar 13 attribue ce commandement à D.ieu.
Et D.ieu parla à Moché en ces termes : « Envoie pour toi des hommes qui puissent explorer la terre de Canaan que Je vais donner aux enfants d’Israël. Un homme, un homme par tribu tu enverras, chacun un prince parmi eux…( Bamidbar13 :1-2)
Mais quand, quarante ans plus tard, Moché relate ces événements, il dit au peuple d’Israël :
Et vous m’avez tous approché et m’avez dit: «Envoyons des hommes devant nous pour qu’ils explorent la terre et nous rapportent des informations sur la route que nous emprunterons et les villes que nous pénétrerons» Et la chose fut favorable à mes yeux; et j’ai pris douze hommes parmi vous, un par tribu…(Devarim 1 : 22-23).
Les commentateurs réconcilient ces deux récits en expliquant qu’en fait l’initiative vint bien du peuple d’Israël. «Moché consulta alors D.ieu Qui lui dit: «envoie pour toi des hommes » signifiant par là: envoie-les selon ce que te dictera ta compréhension. Je ne te dis pas quoi faire. Fais ce que bon te semble» ( Rachi). C’est pourquoi la mission des explorateurs, avec le consentement divin, fut issue d’une initiative humaine née du désir du peuple et accomplie parce que «la chose était bonne» aux yeux de Moché.
Le résultat en fut un contretemps tragique dans le cours de l’histoire juive. Les explorateurs rapportèrent un rapport des plus démoralisants qui eut pour conséquence de faire perdre la foi du peuple dans la promesse de D.ieu de leur donner la terre d’Israël comme héritage éternel.
La génération entière fut alors jugée inapte à hériter de la terre et il fut décrété qu’ils finiraient leur vie dans le désert.
Jusqu’alors, D.ieu avait donné des directives spécifiques à Moché et au peuple d’Israël les accompagnant pratiquement à chacun de leurs pas.
L’histoire des explorateurs fut le premier exemple où D.ieu dit: «Je ne te dis pas quoi faire, faire comme bon te semble ». Cela n’aurait-il pas dû servir d’avertissement à Moché? En fait, ce fut le cas. Nos Sages nous relatent que Moché envoya Yehochouah avec la bénédiction :«Que D.ieu te délivre de la conspiration des explorateurs» ( Rachi Bamidbar13 : 16). Alors pourquoi les envoya-t-il? Et si, quelle qu’en soit la raison, il le jugea nécessaire, pourquoi ne les bénit-il pas pour le moins comme il bénit Yehochouah ?
Le libre choix
Un des éléments les plus importants dans notre mission dans la vie est le concept de choix. Si D.ieu avait dû créer l’homme comme une créature qui ne peut faire le mal, Il aurait pu tout aussi bien créer d’emblée un monde parfait ou pas de monde du tout. Le but même du désir de D.ieu dans la création est qu’il existe un monde imparfait et que nous choisissions de le perfectionner. C’est précisément cette possibilité d’erreur de notre part qui donne un sens à nos accomplissements.
Le concept de choix existe à deux niveaux. Quand D.ieu émet une instruction explicite, nous avons encore le choix de défier Son commandement. Cependant, cela représente un choix dans un sens plus limité. Car, par essence, notre âme est littéralement «une partie de D.ieu En Haut» et profondément n’est animée que par un seul désir : accomplir la volonté divine.
Jusqu’à l’épisode des explorateurs, c’était là le seul choix offert au peuple juif. D.ieu donnait une ligne de conduite univoque pour chaque problème auquel ils étaient confrontés dans leur vie. Ils avaient le choix de désobéir mais cela aurait contré leurs convictions les plus profondes.
Le second niveau de choix fut introduit par la réponse de D.ieu à Moché concernant les explorateurs. Quand Moché entendit D.ieu dire : «fais comme bon te semble», il comprit que D.ieu ouvrait une autre dimension plus profonde et plus réelle dans le choix que l’homme pouvait effectuer dans sa vie. En créant un domaine où Lui, le Créateur et Maître absolu de l’univers, statue «Je ne te dis pas quoi faire», D.ieu donnait une signification encore plus grande aux actions humaines. Là et seulement là le choix est vrai, rien n’est là pour nous obliger, dans quelque direction que ce soit.
Quand nous pénétrons dans ce domaine, les risques sont plus grands et les conséquences de nos erreurs plus dévastatrices. Mais quand nous réussissons à découvrir, sans instruction et sans aide céleste, la meilleure manière de pénétrer en Terre Sainte et de concrétiser la volonté divine, notre action prend un sens bien plus significatif et valorisant.
C’est la raison pour laquelle Moché envoya les explorateurs bien que pleinement conscient des risques de leur mission, sans même une bénédiction pour les sauvegarder des pièges du comportement humain. S’il les avait bénis, s’il leur avait donné sa propre puissance spirituelle pour réussir dans leur mission, il aurait entravé cette occasion unique que D.ieu avait attribuée en consentant à ce que cette mission s’appuie sur «ce que bon te semble».Le but en était qu’à la fois Moché (en décidant de les envoyer ou non) et les explorateurs (en exécutant leur mission) soient entièrement indépendants, guidés et exclusivement emportés par leurs propres compréhension et humanité.
Car la conquête de la terre de Canaan et sa transformation en une «Terre Sainte» représente notre entrée dans un lieu où il n’y a pas d’instructions divines clairement prédéfinies pour distinguer le bien du mal et le juste du faux, et notre découverte autonome de la façon dont il faut sanctifier cet environnement pour en faire une résidence pour D.ieu.
Qu'est-ce que les Téfilines ? (suite)
Chaque garçon est obligé, dès l'âge de treize ans (Bar Mitsva) de mettre les Téfilines sur le bras et la tête, chaque jour de la semaine.
Les Téfilines du bras consistent en quatre parchemins contenant des passages de la Torah, enfermés dans une boîte de cuir noir, à laquelle est attachée une longue lanière qu'on entoure autour du bras et des doigts de la main.
Les Téfilines de la tête consistent en quatre parchemins contenant des passages de la Torah, enfermés dans quatre compartiments dans une boîte de cuir noir à laquelle sont attachées deux longues lanières.
Le père apprendra à son fils comment placer exactement les Téfilines sur le biceps et la fontanelle.
Il n'est jamais trop tard pour apprendre à mettre les Téfilines.
On peut prêter ses Téfilines.
On en prend grand soin : on ne les laisse pas dans la voiture et, lors d'un voyage en avion par exemple, on les garde dans ses bagages à main, pas dans la soute.
On met d'abord les Téfilines du bras et ensuite les Téfilines de la tête. C'est pourquoi, quand on les range dans leurs pochettes, on les dispose de telle sorte que les Téfilines du bras soient les premiers qu'on sortira du sac.
On ne parle pas quand on a mis les Téfilines du bras tant qu'on n'a pas mis aussi les Téfilines de la tête et prononcé le " Chema Israël ".
On fait attention à ce que le côté noir des lanières soit toujours à l'extérieur.
F. L. (d'après Rav E. Wenger)
Longue vie au roi !
Durant 44 ans, Rav Leibl Raskin (Zal) fut l’émissaire du Rabbi au Maroc, à Casablanca où il contribua activement au renouveau du judaïsme, dans des conditions parfois difficiles.
Au printemps 1971, nous avions mis au point un voyage organisé chez le Rabbi à New York auquel participeraient trente institutrices de notre école Beth Rivka de Casablanca. Le voyage devait commencer le dimanche 18 Tamouz et nous avions fait les préparatifs longtemps à l’avance ; nous avions même déjà acheté les billets d’avion. J’en informai le Rabbi.
Quelques jours plus tard, je reçus une réponse du Rabbi : sur l’enveloppe, il était écrit : Urgent ! Et la lettre était explicite et mystérieuse en même temps : « Comme les idées sont sujettes aux changements d’une époque à l’autre – et ceci aussi dans notre pays – (c’était une allusion au président américain Richard Nixon qui s’était rendu en Chine où il s’apprêtait à signer un accord) – et comme il est impossible de savoir où en sera la situation d’ici quelques mois, il n’est pas nécessaire que nos institutions s’occupent d’autre chose que de l’éducation et de l’enseignement du judaïsme etc… et à plus forte raison s’occupent d’organiser des voyages à l’étranger alors qu’actuellement cela ne les concerne pas ».
J’avoue que cette réponse me laissa perplexe : quel lien y avait-il entre ce qui se passait dans le vaste monde et un voyage organisé chez le Rabbi ? D’autant que le Rabbi lui-même soulignait qu’il n’y avait pas actuellement de « changements » ! Et pourquoi le Rabbi qualifiait-il ce voyage d’« occupation étrangère à l’éducation » ? En tout cas, le voyage fut annulé.
Le jeudi 15 Tamouz, le Rabbi se rendit au Ohel, sur la tombe de son beau-père, le Rabbi précédent, comme il en avait l’habitude le 15 de chaque mois. Quand il retourna à la synagogue, 770 Eastern Parkway, il demanda à son secrétaire le regretté Rav Hadakov et à mon frère, Rav David Raskin, de transmettre qu’il souhaitait que le Chabbat 17 Tamouz, on organise des réunions ‘hassidiques partout dans le monde. Rav Hadakov demanda : « Doit-on préciser ce qui devra être évoqué lors de ces réunions ? ». Le Rabbi répondit : « Qu’on parle du fait qu’« à cause de nos péchés, nous avons été exilés de notre terre » (car le 17 Tamouz eut lieu le début de la ruine du saint Temple de Jérusalem) mais grâce à un renforcement de la Techouva (retour à D.ieu) et des bonnes actions – et en particulier la croyance et la confiance en D.ieu – nous mériterons d’être délivrés de cet exil et nous mériterons la délivrance complète ».
Ni Rav Hadakov ni mon frère ne comprirent la raison de cette directive mais, bien entendu, ils s’empressèrent de téléphoner à tous les centres Loubavitch de par le monde, aussi bien jeudi soir que vendredi.
A l’époque, les directives du Rabbi étaient transmises aux émissaires principaux de chaque région du monde et ceux-ci se chargeaient de les relayer dans les villes et pays qui dépendaient d’eux. Ainsi Rav Sudak de Londres était chargé d’informer les pays d’Europe et d’Afrique du Nord.
Le vendredi matin, quand je rentrai de la synagogue, ma femme m’informa que Rav Sudak avait téléphoné deux fois et avait laissé le message du Rabbi. Par la suite j’appris que le Rabbi avait explicitement demandé si ses directives avaient aussi été transmises au Maroc…
Pour moi, ceci n’était pas simple à appliquer. Nous étions en plein dans les vacances d’été. Nos élèves avaient rejoint leurs parents et la plupart des fidèles de la synagogue se trouvaient en villégiature. Mais puisque le Rabbi l’avait demandé, j’annonçai immédiatement aux Juifs qui se trouvaient encore en ville que, le lendemain, nous organiserions une réunion ‘hassidique sur les thèmes que le Rabbi avait conseillé de développer.
Le lendemain, la réunion se prolongea tard dans l’après-midi, jusqu’à la prière de Min’ha puis du troisième repas de Chabbat. Des dizaines d’élèves qui avaient été avertis en urgence s’étaient joints à nous.
Et voici que, quelques instants avant la fin du Chabbat, un Juif arriva en courant dans la synagogue. En nous voyant si calmes, il s’exclama : « Vous ne savez pas ce qui se passe actuellement ? N’avez-vous pas entendu que le roi a été assassiné ? » Il ajouta que personne n’osait s’aventurer dans la rue : les forces de police étaient subitement devenues inexistantes et les Juifs se cachaient dans leurs maisons. La situation était très grave et il nous conseilla de nous enfuir et de nous mettre à l’abri.
Quand j’eus compris ce que cela signifiait, j’ordonnai à tous les élèves de rester à la Yechiva : j’en nommai quelques-uns, particulièrement forts et courageux, responsables de la fermeture hermétique des portes, avec verrous et cadenas. Après la prière du soir et la courte cérémonie de la Havdala, je me hâtai de rentrer chez moi. Les rues étaient étrangement vides mais chez moi, la maison était pleine à craquer ; il s’avérait que tous les Juifs du quartier, craignant pour leurs vies, avaient préféré se rassembler dans la maison qui leur paraissait la plus sûre, celle de l’émissaire du Rabbi…
Nous avons écouté les nouvelles à la radio : le roi du Maroc avait célébré son anniversaire et, au milieu de la réception, des rebelles dirigés par le général Oufkir avaient fait irruption dans la salle et avaient tiré dans tous les sens. Le roi avait sans doute été assassiné, ce qui plongeait tous les Juifs du Maroc dans une angoisse terrifiante.
Vers minuit, on annonça à la radio que la situation était confuse et qu’il était possible que le roi ait échappé à l’attentat. Finalement on apprit ce qui s’était passé : un soldat avait saisi le roi et l’avait menacé de son fusil. Le roi lui avait demandé de lui laisser la vie sauve et avait dit : « Pourquoi veux-tu me tuer alors que je suis ton roi ? D’ailleurs, c’est l’heure de la prière : viens, nous allons prier ensemble ! » Le soldat avait fondu en larmes et avait accompagné le roi pour la prière ! Peu de temps après, le roi avait repris la situation en main, fait exécuter les rebelles et, parmi eux, douze généraux de valeur. Les Juifs de Casablanca respirèrent à nouveau avec soulagement.
Le dimanche matin, 18 Tamouz, on apprit que les rebelles avaient, de fait, préparé de grandes caches d’armes pour exécuter un gigantesque pogrome dans le quartier juif. D.ieu avait eu pitié des Juifs de Casablanca… C’est alors que nous avons compris quel miracle s’était produit quand le roi avait échappé à l’attentat.
Cependant, à cause de la gravité de la situation, tous les aéroports du Maroc restèrent fermés durant trois jours. Celui qui se rendait néanmoins à l’aéroport était immédiatement interrogé, fouillé et retenu dans les pires conditions.
C’est alors que nous avons compris les mots prophétiques écrits par le Rabbi, déjà quelques mois plus tôt : « Comme les idées sont sujettes aux changements d’une époque à l’autre, d’un endroit à l’autre et il est impossible de savoir où en sera la situation d’ici quelques mois, il n’est pas nécessaire que nos institutions s’occupent d’autre chose et, à plus forte raison, s’occupent d’organiser des voyages à l’étranger alors qu’il est prévisible que cela les concerne… »
Quant à nous, nous sommes persuadés que l’appel pressant du Rabbi aux Juifs du monde entier, mais surtout du Maroc, d’organiser une réunion ‘hassidique ce Chabbat-là, a sauvé la vie du roi du Maroc et donc de tous les Juifs du royaume.
Rav Leibl Raskin (Zal)
Magazine Kfar Chabad
traduit par Feiga Lubecki