Semaine 2

  • Vaye’hi
Editorial
Brisons le siège !
Le mois de Tévèt a hélas commencé sous les couleurs de la guerre. Là-bas, sur cette terre si chère au cœur de chacun, à laquelle tant d’histoire, tant d’âme sont rattachées, cette Terre « sur laquelle sont posés les yeux de D.ieu du début à la fin de l’année », une fois de plus, la violence s’est déchainée. Le contexte est connu : provocations constantes, agressions délibérées menées contre des civils par des terroristes prêts à se suicider pourvu qu’ils fassent ainsi de plus nombreuses victimes innocentes, attaques au mortier ou au lanceur de rockets contre les villes israéliennes et, fondamentalement, refus de la légitimité de la présence des Juifs sur leur terre. Autant de manières de dire combien une certaine barbarie intégriste hait tout ce qui ne lui ressemble pas ou ne se soumet pas à ses lois. Au moment où cet éditorial est écrit, nul ne sait encore comment tout cela se terminera. Les analyses savantes, et plus ou moins bien intentionnées, ne manquent pas de se multiplier. Et, comme c’est bien souvent le cas, elles sont probablement largement erronées. Peut-être est-ce aussi pour cette raison qu’il faut porter ici un autre regard.
Cette semaine tombe justement le 10 Tévèt, un jour de jeûne qui commémore le début du siège de Jérusalem par l’envahisseur venu de Babylone. Comme une étape, la première, dans le long exil de notre peuple. Une telle idée de siège ne peut qu’être étonnamment évocatrice aujourd’hui. Car de quoi s’agit-il dans les déferlements de haine dont nous sommes les témoins sinon d’une forme renouvelée du siège antique ? Le peuple juif est différent, il détient une morale, une vision, un mode de vie transmis depuis des millénaires. Et, en notre époque où le gommage de toute aspérité dérangeante semble devenu le maître projet de sociétés repues, cette fidélité est gênante. Elle tend à tous comme un miroir. Chacun s’y contemplant, cela remet en cause bien des certitudes acquises. C’est ce qui paraît parfois insupportable. Alors, les Babyloniens, les Romains, les inquisiteurs et tant d’autres au fil du temps, entreprennent d’effacer toute trace de ce petit peuple qui réussit à traverser l’histoire et la marquer de façon ineffaçable.
Quant à nous, nous nous souvenons du 10 Tévèt comme de bien d’autres drames. Et, au cœur de notre souvenir, se tient une conscience particulière. Porteurs de fidélité, nous sommes aussi porteurs d’espoir. Nous savons qu’une voie de paix est possible et qu’elle finira par vaincre. Nous savons que les obstacles peuvent paraître bien nombreux sur ce chemin mais jamais nous n’y perdons courage. Les temps messianiques viendront où, selon les mots d’Isaïe, « ils forgeront leurs épées en socs de charrue ». Brisons, dès à présent, le siège imposé par les forces de l’obscurité, en nous-mêmes et dans le monde qui nous entoure ; la victoire est à notre portée.
Etincelles de Machiah
Mesure pour mesure

Le Tanya explique, dans son chapitre 36, que toutes les révélations dont nous jouirons lorsque Machia’h sera venu, dépendent de l’œuvre que nous accomplissons pendant le temps de l’exil. Si ce principe général est connu, son application concrète demande à être précisée.
En effet, c’est l’ensemble des actions que nous menons dans le domaine de la Torah et de ses commandements qui nous conduit à la Délivrance. Cependant, le concept de “mesure pour mesure” est très présent au cœur du judaïsme. Il implique que chaque acte entraîne une conséquence spécifique. Dans cette optique, quelle est l’œuvre qui peut être à l’origine de la résurrection des morts ?
Cette interrogation appelle deux réponses :
- d’une part, la pratique des commandements de D.ieu a pour but général de transformer le monde matériel, dont le caractère éphémère renvoie à l’idée de “mort”, en un lieu de résidence pour la Divinité qui représente l’éternité,
- d’autre part, l’œuvre spirituelle accomplie par l’homme est celle d’élévation des parcelles de spiritualité “exilées” dans la matière. La libération qui leur est ainsi apportée équivaut à une authentique résurrection.

(d’après Likouteï Si’hot vol. III, p. 1011)
Vivre avec la Paracha
Vaye’hi : Douze comme un

Et il arriva en ce lieu et il s’y installa car le soleil s’était couché, et il prit quelques pierres de l’endroit et [les] plaça à sa tête et il s’allongea en ce lieu. (Béréchit 28 :11)
Yaakov appela ses fils et dit : «Rassemblez-vous et je vous dirai ce qu’il adviendra de vous à la fin des jours. Rassemblez-vous et écoutez, fils de Yaakov, écoutez Israël, votre père.» (Béréchit 49 :1-2)

Quand Yaakov avait quitté Beér Chéva pour ‘Haran, il s’était arrêté en route pour passer la nuit dans un lieu désert qui deviendrait un jour le site du Saint Temple. Ayant rassemblé douze pierres, il les avait placées tout autour et en-dessous de l’endroit où il allait s’allonger. Lorsqu’il avait posé sa tête, les douze pierres avaient fusionné pour n’en former qu’une seule.
Des années plus tard, en Egypte, alors que Yaakov est sur le point de mourir, il appelle à son chevet ses douze fils. Ils se rassemblent autour de lui et les douze individus deviennent une âme unique. Ils prononcent la prière du Chema devant leur père Yaakov, le rassurant ainsi que les principes de servir D.ieu et de reconnaître Son absolue Unicité vivraient et seraient enseignés. Une famille avec un cœur et une âme.
Quand Yaakov avait rassemblé ces douze pierres, sur le chemin de ‘Haran, il l’avait fait dans l’intention de lier à lui les douze fils qu’il devait avoir. En fait, le mot hébreu «évène» (pierre) est constitué de deux mots : «av» (père) et «ben» (fils), de sorte que le mot «pierre» sert à lier père et fils. Suivant l’intention Divine, les douze pierres fusionnèrent : non seulement seraient-elles toujours liées à lui, leur racine commune, mais elles le seraient également les unes avec les autres.
L’Unicité du Peuple Juif, nous enseigne-t-on, est la réflexion de l’Unicité du Créateur. Dans nos prières quotidiennes, nous prenons sur nous la Mistva d’Ahavat Israël (aimer son prochain juif avec le même amour que celui que l’on se porte à soi-même) avant même de prononcer Chema Israël, la déclaration de l’Unité de D.ieu. Plusieurs fois dans la journée, nous supplions D.ieu de «nous bénir tous comme un».
Il est clair que pour optimiser notre relation avec D.ieu, nous devons faire de même dans nos relations avec nos prochains. Quand l’unité en bas (c’est-à-dire l’unité entre les Juifs) est la plus complète, cela permet, voire commande, aux bénédictions de se déverser. L’on nous apprend même que lorsque nos ancêtres étaient unis dans l’idolâtrie, l’exil qui en découla fut moins terrible que ce qui résulta du fait d’être immergés à la fois dans la Torah et dans des conflits internes, quantitativement environ 1900 ans plus tard, et qualitativement par de nombreuses croisades, une Inquisition et la Shoah.
Mais comment parvenir à cette unité essentielle ? Que signifie réellement cette fusion de pierres et d’âmes ? Pour comprendre ce qui est attendu de nous, il nous faut contempler l’Etre Unique que nous nous devons d’imiter. La ‘Hassidout explique que D.ieu créa le monde parce qu’Il désire une résidence ici-bas. Mais quelle sorte d’intérêt cela peut-il avoir pour Lui ?
En bref, lorsque dans un lieu où se rencontrent tant de contradictions, tant de diversités, l’on peut reconnaître Son Unité, rien n’est plus solide et plus vrai que cette reconnaissance, bien plus que les plus grandes expressions verbales et louanges sur Lui.
A un niveau plus profond, l’Unité de D.ieu s’exprime réellement par l’existence même de toute cette diversité dans la Création. Notre unité, en tant que peuple a pour objet de refléter ce concept. Son Unité donne naissance à la diversité, la nôtre a pour but d’émerger de la diversité, de la soutenir. Une unité qui naît de la diversité a bien plus de réalité qu’une unité qui s’appuie sur l’uniformité.
L’on peut mieux apprécier cette idée en observant l’un des détails qui présida à la construction du Saint Temple. L’on pouvait entrer dans les Beth Hamikdach par treize portes : une pour chaque tribu et une porte générale, ouverte à tous. Rien n’était superflu : il y avait des avantages clairs à utiliser la porte qui était précisément attribuée à chaque tribu et des avantages tout aussi importants à utiliser la treizième porte. Il y a des moments où nous cherchons D.ieu en tant qu’individus et d’autres où nous Le cherchons simplement comme Juifs.
Yaakov ne prit pas une grande pierre pour s’y étendre pas plus qu’il ne donna une seule bénédiction à tous ses douze fils. Au contraire, il rassembla douze pierres particulières et il donna douze bénédictions individuelles et «sur mesure» à ses douze fils et à leurs descendants.
Dans les deux situations, il y eut un moment de fusion, de réunion dans une unité absolue. C’était une unité d’autant plus solide que la force de chaque individu restait intacte. Immédiatement après avoir prononcé «Chema Israël» comme un seul homme, les fils redevinrent à nouveau des âmes individuelles pour pouvoir recevoir leurs bénédictions de leur père, moyens qui allaient servir dans leur démarche individuelle dans ce monde.
Il nous revient d’apprendre à vivre avec les deux approches: les bénédictions individuelles et l’unité solide de la pierre. Aucune ne sera véritable sans l’autre.
Le Coin de la Halacha
Pourquoi se frappe-t-on sur le cœur quand on récite la bénédiction «Sela’h Lanou» dans la Amida (prière silencieuse) ?

Il est écrit (Kohélet – Ecclésiaste 7.2) : «Que le vivant mette sur son cœur». Nos Sages expliquent : «Pourquoi frappe-t-on le cœur ? C’est parce que tout vient de là !»
Cela signifie que lorsqu’un homme regrette ses fautes parce qu’il lui arrive un malheur soudain, il frappe son cœur car c’est le cœur qui est la cause de tous les pêchés.
(Rabbi ‘Haïm, le frère du Maharal de Prague, écrit qu’on frappe avec la main car les mains sont les témoins de toutes les actions de l’homme ; c’est d’ailleurs pour cela que «La main des témoins frappera (celui qui est jugé coupable) en premier».
Le Ari Zal ainsi que les différents décisionnaires écrivent qu’au moment du Vidouï, de la confession des fautes pendant la prière, il convient de frapper le cœur avec son poing pour chaque mot (chaque pêché évoqué : «Nous avons fauté», «nous avons trahi» etc…).
A Yom Kippour, selon la tradition ‘Habad, on se frappe le cœur lorsqu’on dit : «Mais nous avons fauté etc…» ainsi que pour chaque «Al ‘Heth» (pour le pêché etc…) et les trois expressions : «Sela’h Lanou, Me’hal Lanou, Kapère Lanou» («Pardonne-nous, excuse-nous, recouvre pour nous les pêchés»).
Lors de la prière de la «Amida», en semaine, on se frappe le cœur quand on prononce les mots : «‘Hatanou… Pachanou» («Nous avons pêché, nous avons fauté»). On ne se frappe pas le cœur quand la prière du «Ta’hanoune» (supplications) n’est pas récitée, par exemple dans la prière d’Arvit, le soir.
Un des maîtres de la ‘Hassidout remarquait : «Quand on prononce les mots «Achmenou etc…» (nous avons fauté), il aurait fallu frapper non pas avec la main mais avec un morceau de bois dur ! Quand on frappe avec la main, le Yetsère Hara (le mauvais penchant) croit qu’on le caresse !»

F. L. (d’après Rav Yossef Ginsburgh)
De Recit de la Semaine
L’héritage de Yaakov, notre père.
Choses vues à Katmandou…

«La cérémonie est supposée chasser les esprits malfaisants de l’âme de ma défunte mère. D’abord le gourou égorgera une poule et la fera tourner dix fois au-dessus de moi tandis que le sang dégoulinera sur ma tête. Ensuite, il brisera des œufs sur mon pied droit et ma main droite. Les moines viendront implorer les idoles et les supplier d’écarter de moi tous les mauvais esprits qui s’étaient attachés à elle».
C’est ce que nous raconte Amir, avec une naïveté abyssale et un sérieux déconcertant.
«C’est pour cela que je n’ai pas le droit de manger aujourd’hui, continue-t-il. Mon corps doit être raffiné, purifié et préparé quelques jours avant la cérémonie».
Mon mari et moi, nous regardons Amir, notre Amir. Il fait partie de ces «enfants» magnifiques que nous avons le privilège «d’adopter» ici, d’intégrer à notre famille.
Amir a plus de trente ans, mais il a encore un visage d’enfant naïf qui recherche sa voie. Il a des tonnes de questions, des doutes par-dessus la tête mais, contrairement à la colombe du déluge, il n’a pas encore trouvé de branche d’olivier, il n’a pas encore trouvé le repos et la sérénité pour son âme tourmentée.
Il y a sept ans, il a perdu ses parents après de longues et pénibles maladies. Sur un coup de tête, il a quitté son Kibboutz natal et est parti «à la recherche de la vérité» en extrême Orient.
Durant des années, il s’initia aux diverses formes de spiritualité, d’une secte à l’autre ; il apprit les différentes formes de bouddhisme et d’hindouisme dans tous les détails. Grâce à ses connaissances, il devint même l’aide de camp attitré d’un des gourous, un médecin doué de pouvoirs magiques ainsi qu’il le définit. C’est alors qu’il a fini par arriver chez nous, dans notre Beth ‘Habad de Katmandou, au pied de l’Himalaya.
Au début, il semblait déstabilisé quand il entrait chez nous. Complètement perdu. Il ne nous connaissait pas encore et craignait notre réaction quand il parlerait de son gourou.
Bien vite, il comprit que, en ce qui nous concerne et comme tous les émissaires du Rabbi, nous l’accueillons comme un fils, sans conditions ; nos enfants l’entourent et le considèrent un peu comme un grand frère.
C’est à l’âge de trente-cinq ans qu’Amir a fêté, dans notre Beth ‘Habad, sa Bar Mitsva en grande pompe. Dans le Kibboutz où il passa son enfance, on n’avait même pas pris la peine de lui expliquer que les jeunes garçons juifs célèbrent une Bar Mitsva à l’âge de treize ans. Nous avons tout préparé et nous étions aussi émus que des parents biologiques. Amir avait mis les Téfiline avec une ferveur contagieuse qui nous réchauffa le cœur.
Au fur et à mesure, il se joignait davantage à la vie du Beth ‘Habad : prières, cours de Torah aide à l’organisation des repas et surtout il récitait le «Kaddich» à la mémoire de ses parents. Il assistait avec joie et intérêt aux réunions ‘hassidiques, nous demandait souvent des conseils, me considérait presque comme sa mère…
Il rencontrait encore de temps en temps son gourou et se sentait encore attiré par son magnétisme. Amir avait du mal à se détacher complètement des liens qui l’enchaînaient à ces sectes idolâtres.
«Vous comprenez ? tente-t-il de nous expliquer après le Kiddouch de vendredi soir, demain, Chabbat, ce sera le septième anniversaire du décès de ma mère. D’après le gourou, ce septième anniversaire marque la mort définitive de l’âme du défunt. C’est pourquoi cette cérémonie est si importante pour moi : je dois envoyer l’âme qui va mourir vers le Gange, le fleuve sacré selon la tradition hindoue. C’est dans ce fleuve qu’on pratique les incinérations. Je dois me concentrer sur les meilleurs souvenirs de ma maman chérie, les enfermer dans un sac et les jeter dans le fleuve. Demain, je m’habillerai en blanc en l’honneur de la cérémonie. Donc je ne pourrai pas réciter le Kaddich et vous ne me verrez pas non plus aux repas. A dimanche !»
Mon mari, Rav Chezky Lifshitz, lui jette un regard pénétrant, ne lui répond pas mais se met à raconter aux dizaines de convives qui partagent notre repas de Chabbat la Paracha de la semaine, Vaye’hi.
«Yaakov, notre père, est étendu sur son lit. Les douleurs sont intenses, il sait que l’heure approche mais il savoure encore la voix de ses petits enfants qui étudient la Torah à son chevet. «Toutes les souffrances que j’ai subies dans ma vie ne sont rien comparées au bonheur de voir des petits enfants aussi zélés que vous» affirme-t-il. Il reconnaît les pas de Yossef, son fils dont il a été privé si longtemps. Yossef qui est devenu vice roi d’Egypte, l’homme le plus puissant de la terre mais qui, pour rien au monde, ne laisserait à d’autres le privilège de servir son père, de le nourrir, de l’aider… Osnat, l’épouse de Yossef, observe la scène de loin, admire le lien si étroit entre le père et son fils. Combien elle aurait voulu, elle aussi, entretenir d’aussi bonnes relations avec ses parents !
Dix-sept ans en terre de Gochène. Yaakov se souvient encore de son angoisse quand il a dû quitter la terre d’Israël pour se rendre en Egypte, ce pays idolâtre. Mais il a envoyé Yehouda, son émissaire, qui s’est chargé d’établir un réseau d’écoles juives pour l’accueillir. Oui, ses enfants et leurs enfants continuent la tradition de son grand-père Avraham.
Yaakov fait appeler tous ses enfants : «Non, ne pleurez pas ! L’âme ne meurt jamais ! Vous avez la capacité, vous, vos enfants et vos descendants tout au long des générations de continuer notre tradition de telle sorte que ma vie sera éternelle. Toutes vos actions positives, toutes celles que moi je ne pourrai plus accomplir dans ce monde, permettront à mon âme de monter de niveau en niveau, dans le monde à venir !
Et Yaakov se redresse sur ses oreillers, malgré la douleur : «L’heure est arrivée de vous parler de ce qui me préoccupe depuis que je suis arrivé en Egypte. Yossef mon fils ! Avant que je ne rende l’âme à mon Créateur, jure-moi de faire monter mes ossements en Erets Israël, dans le caveau de Machpela à Hévron. Ne laissez personne faire de mon corps ou du souvenir de mon âme un objet de culte idolâtre ! Ne laissez pas sorciers et magiciens s’emparer de moi !»
Yaakov notre père n’est pas mort.
Amir, son arrière, arrière… petit-fils entre dans le Beth ‘Habad de Katmandou Chabbat matin. Il n’est pas allé à la cérémonie imposée par le gourou. Habillé d’un pantalon bleu et d’une belle chemise blanche, il prend le Talit (châle de prières), le pose sur ses épaules. Ses yeux brillent d’un éclat pur et illuminent l’âme de sa mère tandis que les mots du Kaddich résonnent jusqu’au trône divin :
«Yitgadal Veyitkadach… Que Son Grand Nom soit loué et sanctifié…»

‘Hannie Lifshitz – Katmandou (Népal)
‘Hadachot ‘Habad n°1219
traduite par Feiga Lubecki