Samedi, 2 janvier 2021

  • Vaye’hi
Editorial

 Quand le temps passe…

Les rythmes sociaux ont une importance indéniable. De fait, ils dépassent largement la simple convention communément admise. Ils sont comme une pulsation profonde et chacun est convié à les accepter comme une respiration naturelle. C’est ainsi que, pendant les jours écoulés, l’activité générale s’est ralentie pour laisser place à une sorte de plage temporelle indéterminée. Passage de l’année civile, réjouissances obligées, vacances attendues : toutes les raisons sont là pour donner fondement légitime à ce ralentissement. Et pourtant la vie continue...

Pour sa part, la tradition juive ignore ce type de pause. Pour elle, il ne saurait y avoir de trêve car chaque jour est porteur de sens. Chaque jour recèle des opportunités uniques qui attendent de chacun qu’il les utilise au maximum de leur puissance. Il est dit du premier de nos ancêtres, Abraham, qu’il était « avancé en âge » et les commentateurs de préciser la portée du propos : il n’avait laissé aucun jour sans y accomplir l’œuvre spirituelle qui était attendue de lui. Sa vie était donc complète, chargée de toutes les significations qui lui appartenaient. En notre temps, de tels points de repère font sans doute cruellement défaut. Le monde qui nous entoure nous invite souvent à laisser passer le temps alors qu’il faudrait retrouver le goût de l’initiative, en quelque sorte le faire activement passer en lui donnant un but.

C’est que notre époque présente un aspect paradoxal. A bien des égards, elle porte à l’inquiétude et nombreux sont ceux qui s’interrogent sincèrement sur ce que sera demain, et sans doute légitimement. Mais, d’un autre côté, elle déploie les attraits du confort et de la facilité, même relatifs. Il nous faut regarder tout cela avec les yeux de notre longue histoire. Il nous appartient d’agir, ici et maintenant. Il nous revient de faire de l’endroit où nous vivons un lieu de paix et d’harmonie pour tous. Par notre vie toujours en mouvement, par nos actions toujours positives et par notre confiance en D.ieu inébranlable. Cela résonne comme un pari presque insensé ? Et si nous le prenions comme une assurance...

Etincelles de Machiah

 La Délivrance est la vraie vie !

Lorsque Yaakov, sur l’ordre de D.ieu, descendit s’installer en Egypte avec sa famille, il se présenta devant le Pharaon. Celui-ci l’interrogea : « Quel âge as-tu ? » Et Yaakov lui répondit : « 130 ans ; les années de ma vie ont été peu nombreuses et mauvaises… » (Gen. 47 : 8-9).

A l’évidence, une question se pose : comment peut-on dire que 130 ans constituent un petit nombre d’années alors même que, depuis le déluge, la durée de vie d’un homme est, au maximum, de 120 ans ? C’est que Yaakov, troisième de nos Patriarches, est profondément, essentiellement lié au troisième Temple, celui qui apparaîtra avec la venue de Machia’h. C’est pourquoi, durant toute son existence, il n’aspira qu’à cette sérénité éternelle que seule apportera la Délivrance. Aussi, alors qu’elle n’était pas encore concrètement arrivée, Yaakov ne pouvait percevoir sa vie que comme incomplète, faite qualitativement d’années « peu nombreuses et mauvaises ».

(D’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch  –
Chabbat Parachat Mikèts 5752)

Vivre avec la Paracha

 Vaye’hi

Yaakov passe les dix-sept dernières années de sa vie en Egypte. Avant de mourir, il demande à Yossef d’être enterré en Terre Sainte. Il bénit les deux fils de Yossef, Ménaché et Ephraïm, les élevant au même statut que ses propres fils : fondateurs des tribus de la nation d’Israël.

Il désire révéler la fin des temps à ses enfants mais il ne peut le faire.

Yaakov bénit ses fils, assignant à chacun son rôle en tant que tribu : Yehouda donnera naissance à des chefs, des législateurs et des rois. Les prêtres descendront de Lévi, des érudits d’Issa’har, des marins de Zevouloun, des enseignants de Chimon, des soldats de Gad, des juges de Dan, des producteurs d’olives d’Acher, etc.

Réouven est réprimandé pour avoir « dérangé la couche maritale de son père », Chimon et Lévi pour le massacre de Che’hem et le complot contre Yossef. A Naphtali est attribuée la rapidité d’un cerf, à Binyamin la férocité d’un loup et Yossef est béni de beauté et de fertilité.

Une grande procession, faite des descendants de Yaakov, des ministres du Pharaon, des notables d’Egypte et de la cavalerie égyptienne, accompagne Yaakov dans son dernier voyage vers la Terre Sainte où il est enseveli, à ‘Hevron, dans la cave de Ma’hpélah.

Yossef meurt, lui aussi en Egypte, à l’âge de 110 ans. Il a également donné des instructions pour être enterré en Terre Sainte, mais cela ne se produira que bien longtemps après, lors de l’Exode des Juifs d’Egypte. Avant de mourir, Yossef confie aux Enfants d’Israël le testament d’où ils tireront espoir et foi, pendant les difficiles années à venir : « Il est sûr que D.ieu Se rappellera de vous et vous sortira de cette terre (pour vous mener) vers la terre qu’Il a jurée, à Avraham, Its’hak et Yaakov ».

La puissance de la bénédiction

Avant que Yaakov ne quitte ce monde, Yossef conduisit auprès de lui ses deux fils, Ménaché et Ephraïm, pour qu’il les bénisse. Yossef plaça Ménaché, l’aîné, près de la main droite de Yaakov et Ephraïm, près de sa main gauche.

Cependant, au moment de les bénir, Yaakov mit sa main droite sur la tête d’Ephraïm et sa main gauche sur celle de Ménaché. Yossef s’exclama alors : « Pas comme cela, Père, car c’est lui le premier-né. Mets ta main droite sur sa tête. » Yaakov répondit alors : « Je sais, mon fils, je sais. Mais le plus jeune fils deviendra plus grand. »

Intervertir les mains

Pourquoi Yossef semble-t-il manquer de respect à l’égard de son père qui est un grand Tsadik, un « chariot de D.ieu » ? Il est évident que si Yaakov intervertit ses mains, c’était mû par une inspiration Divine. En outre, Yossef lui-même était un grand Tsadik dont la seule intention était de servir D.ieu. Que recherchait-il donc en protestant contre l’acte de son père ?

La Paracha continue : « Et [Yaakov] les [Ephraïm et Ménaché] bénit en ce jour, en ces termes (en hébreu : « Lémor ») : Par vous, tous les Juifs seront bénis. Ils diront toujours (en bénissant leurs enfants) : « Que D.ieu vous fassent ressembler à Ephraïm et Ménaché. »

Le mot « Lémor » est ici orthographié avec une lettre supplémentaire : un Vav. Selon Min’hat Chaï, c’est la seule occurrence dans toute la Torah où ce mot est ainsi transcrit. Qu’est-ce que cela signifie-t-il ?

Enfin, pourquoi devrions-nous bénir nos enfants pour qu’ils ressemblent à Ephraïm et Ménaché plutôt qu’à nos illustres ancêtres : Avraham, Its’hak et Yaakov ?

Le « premier » face au « plus grand »

Ménaché et Ephraïm passèrent leur vie entière en Égypte, le premier exil du Peuple juif. Le nom de Ménaché a pour signification : « D.ieu m’a fait (ne pas) oublier la maison de mon père. » Le nom d’Ephraïm veut dire : « D.ieu m’a fait fructifier dans la terre de mon affliction. » Ainsi, Ménaché et Ephraïm représentent-ils deux approches du Service divin, appropriées à la situation d’exil.

Yossef estimait que lorsqu’un Juif part de la terre de son père pour se rendre en exil, il doit d’abord créer un symbole qui lui rappellera ne jamais devoir oublier son origine et son identité. C’était Ménaché, l’aîné de Yossef, qui jouait ce rôle de symbole.

En d’autres termes, Yossef disait à son père : « Ce n’est pas ainsi. « Ménaché est le premier service auquel un Juif doit se prêter en exil. »

Yaakov l’admit : « Je sais, le service de Ménaché vient en premier mais celui d’Ephraïm est plus grand ».

Le service d’Ephraïm consiste à « fructifier » en terre d’exil. L’objectif de l’exil n’est pas seulement de nous lier à nos racines mais surtout de révéler la Divinité partout où nous sommes. C’est de cette manière que nous transformons l’exil en Rédemption. Concrètement, cela signifie inspirer nos coreligionnaires à étudier la Torah et à pratiquer les Mitsvot et enseigner les lois Noa’hides aux non Juifs.

Bénir les autres

Chaque vendredi soir et à la veille de Yom Kippour, nombreux sont ceux qui ont la coutume de bénir leurs enfants pour qu’ils soient comme Ménaché et Ephraïm. Cette combinaison d’énergies leur donne le courage et l’endurance pour surmonter les épreuves et les tribulations de l’exil.

Cela nous transmet un message très fort : « Où que se trouve un Juif, il peut conserver son Judaïsme ». La preuve en est donnée par Ephraïm et Ménaché qui grandirent en exil et n’en subirent aucune influence.

Nos ancêtres, Avraham, Its’hak et Yaakov vécurent essentiellement sur la Terre Sainte d’Israël et ne durent pas surmonter les mêmes défis. C’est pour cela que nous bénissons nos enfants au nom d’Ephraïm et de Ménaché plutôt que par les noms de nos Patriarches.

L’on pourrait se demander quelle force nous détenons pour pouvoir attribuer une telle bénédiction. La réponse est que Yaakov transmit cette faculté à chaque Juif. Et c’est la raison pour laquelle le mot « Lémor », « pour dire » ou « pour transmettre » s’écrit avec un vav. Cette longue lettre verticale représente le fait de faire descendre les bénédictions. C’est par elle que Yaakov donna à chaque Juif la possibilité de « faire descendre » ses bénédictions.

Comment fructifier ?

Pour que nous et nos enfants puissions toujours fructifier dans cet exil, où que nous soyons sur cette terre, il nous faut tout d’abord nous souvenir de notre origine et de notre identité. Jamais nous ne devons oublier le Mont Sinaï. Jamais nous ne devons oublier Jérusalem. Jamais nous ne devons oublier nos grand-mères ni nos grands-pères. Alors, vient la tâche la plus importante qui est d’illuminer l’obscurité de l’exil. Nous l’accomplissons en recevant des invités à notre table du Chabbat, en instituant des moments fixes pour étudier la Torah, en enseignant à ceux qui ont moins de connaissances que nous et en accomplissant des actes de bonté et de générosité, comme par exemple rendre visite et aider les plus fragiles et les plus démunis.

Le Rabbi nous a dit de « nous préparer, nous et le monde entier, à recevoir notre juste Machia’h. ». Nous devons donc vivre avec Ephraïm, vivre la rédemption.

Le Coin de la Halacha

 Comment établir un programme d’étude juive pour un débutant ?

Dans les générations précédentes, il y avait plusieurs façons de commencer à s’imprégner de l’étude de la Torah. Certains préconisaient de se plonger directement dans l’étude du Talmud afin d’obtenir les bases du raisonnement permettant de mieux comprendre les décisionnaires ultérieurs. D’autres estimaient qu’il fallait aussi donner les bases du Moussar (l’éthique, les principes de vie et de conduite morale) ainsi que la ‘Hassidout pour renforcer la crainte de D.ieu et savoir comment se préserver des tentations du monde.

Il y eut des périodes où même l’étude du Moussar était mal considérée dans certaines Yechivot « lituaniennes » sous prétexte que l’étude du Talmud en soi suffisait à protéger des mauvaises influences. Mais au fil des années, chacun comprit qu’il était nécessaire de parler de l’amélioration du caractère.

Il y a deux cents ans, certains s’opposaient aussi à l’enseignement de la ‘Hassidout dépeint comme une nouveauté mais l’expérience a prouvé que ces craintes étaient sans fondement et qu’au contraire, l’enseignement de la ‘Hassidout renforçait l’observance des Mitsvot et était donc nécessaire.

De nos jours, alors que les défis extérieurs sont énormes, il convient que les débutants, tout en étudiant la Michna, la Guemara etc. s’initient tout de suite à la ‘Hassidout : celle-ci renforce leur croyance et leur confiance en D.ieu, leur permet de comprendre Sa grandeur, insuffle de la vitalité dans l’étude de la Torah et l’accomplissement des Mitsvot et donne les forces d’affronter les épreuves de la vie.

(d’après Rav Yossef Ginsburgh – Si’hat Hachavoua N° 1770)

Le Recit de la Semaine

 La suite de l’histoire

Cela se passa il y a une vingtaine d’années. Rav Ari Shishler était le Chalia’h (émissaire du Rabbi de Loubavitch) dans la ville de Sandton en Afrique du sud et s’était accordé quelques jours de vacances en famille dans le golfe de Flatenburg, à l’ouest du pays.

Alors qu’il se promenait dans la rue, un homme d’âge mûr le salua, lui tendit la main avec un tonitruant « Chalom » et se présenta : Sam Gelman, heureux de vous rencontrer !

Rav Shishler comprit qu’évidemment l’homme était juif, se présenta lui aussi et tous deux s’assirent sur un banc pour bavarder tout en appréciant le paysage pastoral devant eux. Et l’homme raconta :

« C’était en été 1992. Un après-midi, on a frappé à ma porte. J’ai ouvert et quelle ne fut pas ma surprise d’apercevoir deux jeunes gens vêtus de façon orthodoxe. Derrière eux, dans la rue, était garé un camion avec une grande affiche colorée et des lettres en hébreu : « Tank Mitsvot ».

Ces deux jeunes gens étaient charmants : « Nous sommes venus vous rendre visite, M. Gelman ».

Je les invitai à entrer dans le salon ; ils me racontèrent qu’ils effectuaient ces visites dans le cadre d’un projet initié par le Rabbi de Loubavitch et le mouvement ‘Habad afin de localiser des Juifs dans les petites villes, de les aider et de les informer sur le judaïsme. « Il n’y a pas beaucoup de Juifs par ici, remarquai-je, mais cela me fait plaisir de vous rencontrer et de discuter avec vous !

Nous avons discuté de tout et de rien, de façon très sympathique. Nous sommes presque devenus amis. Mais, soudain, tout s’est brisé…

Ils m’ont proposé de mettre les Téfilines. Je ne sais pas pourquoi mais cette demande de leur part m’énerva prodigieusement. J’ai ressenti cela comme un affront : entrer dans ma maison et me proposer d’effectuer un acte religieux ? J’ai secoué la tête et ai répondu sèchement : « Je suis désolé mais je vous demande de quitter immédiatement ma maison ! Merci et au-revoir !

Tous deux se sont regardés sans comprendre. Ils avaient été très courtois, nous avions sympathisé, tout se passait très bien et soudain… Ils n’ont pas compris ma réaction mais ils ont compris que j’étais fou de rage ! Ils se sont excusés, se sont levés et sont partis sans insister davantage.

Deux semaines plus tard, c’était Roch Hachana. Plus la fête s’approchait, plus ma conscience me tracassait : pourquoi avais-je réagi ainsi ? Pourquoi avais-je refusé de mettre les Téfilines comme ces jeunes gens si bien élevés me l’avaient gentiment proposé ? J’avais fêté ma Bar Mitsva bien des années auparavant et j’avais alors mis les Téfilines. Ces jeunes gens n’avaient pas eu l’intention de m’offenser, bien au contraire : j’avais vraiment agi stupidement !

Pendant toute la fête, je n’ai pas cessé de penser à eux. J’avais lu une fois qu’à Roch Hachana, il faut prendre sur soi une bonne résolution. Petit à petit, j’en suis venu à la conclusion que, pour réparer mon brusque et illogique accès de colère… je devais recommencer à mettre les Téfilines !

Après la fête, j’ai entrepris de rechercher mes vieux Téfilines. J’ai fouillé toutes les armoires, ouvert tous les tiroirs pour les retrouver. Très ému, j’ai enlevé la poussière qui s’était accumulée depuis toutes ces années où je ne m’en étais pas servi. A ma grande surprise, je savais encore comment les mettre : apparemment ce que j’avais appris avant ma Bar Mitsva était resté gravé dans mon esprit !

Quand je les ai mis, j’ai ressenti une émotion très forte. Je suis resté longtemps ainsi, debout, puis je les ai enlevés. Le lendemain, j’ai de nouveau ressenti une irrépressible envie de les mettre et c’est ainsi, que jour après jour, mois après mois, je les ai mis régulièrement. L’année est passée ainsi et ce fut de nouveau Roch Hachana… Cette fois-ci, j’ai décidé d’augmenter encore : quand je mettrai les Téfilines, je prononcerais les mots du Chema Israël. C’est ce que j’ai fait toute cette deuxième année.

Le troisième Roch Hachana, j’ai encore progressé dans ma pratique religieuse et c’est ainsi que, de Roch Hachana en Roch Hachana, je me rapprochais davantage de mes racines juives.

Une année, je décidai de prendre des cours de Torah. J’ai retrouvé dans mes affaires un vieil exemplaire du ‘Houmach : je me suis mis à lire chaque semaine la Paracha de la semaine. Puis, en surfant sur le net, j’ai découvert le site ‘Habad en anglais et j’ai eu l’impression de trouver un puits d’eau fraîche capable d’étancher ma soif de judaïsme. C’est ainsi qu’au fur et à mesure, je me suis rapproché de la pratique et de la pensée juive.

Un jour je me suis dit : « Sam ! Pourquoi gardes-tu ces trésors pour toi ? Il y a d’autres Juifs par ici, tu pourrais les associer à ta découverte du judaïsme ! ». J’ai donc proposé à quelques amis de venir chez moi une fois par semaine et nous avons fondé un cours de Torah.

Très ému en racontant tout cela sur le banc public, Sam mit sa main sur son cœur et déclara à Rav Shishler : « Je suis persuadé que ces deux jeunes gens ont très mal ressenti ma réaction et ont dû regretter d’être venus chez moi ! J’aurais tant voulu qu’ils sachent que leur visite chez moi n’avait pas été vaine ! Mais apparemment, il n’y a aucune chance que je les retrouve un jour, j’ignore tout d’eux, même leurs noms… ».

Tout à ses regrets, Sam n’avait pas remarqué que son interlocuteur avait pâli en écoutant son histoire. Au début incapable de parler, Rav Shishler se reprit et annonça doucement :

- Je crois bien que moi, je connais ces deux jeunes gens !

- Vraiment ? Oh, comme j’aimerais les revoir ! s’écria Sam, fou de joie.

- Oui, je connais ces deux garçons que vous avez chassés de votre domicile, continua Rav Shishler avec un sourire. L’un d’entre eux est assis devant vous…

 

Lévi Shaikevitz – Si’hat Hachavoua N° 1767 - Chabad.org

Traduit par Feiga Lubecki

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