Hiber-nation ?
Les jours d’hiver déroulent leurs méandres avec cette lenteur qui leur est propre. Succession de périodes de relative douceur et de temps de froid glacial, ils font descendre sur les hommes une espèce de pesanteur, comme si tout était empreint d’une sorte d’épuisement qui verrait chacun entrer dans une phase nouvelle de semi sommeil. Certes, la vie continue par ailleurs et chacun de se livrer à ses occupations habituelles, qu’elles soient d’ordre matériel – activités scolaires ou professionnelles – ou spirituel – étude ou prière. Pourtant tout cela semble comme plus lourd, comme si le corps pesait davantage, était devenu plus difficile à déplacer… Pour certaines espèces animales, cette sensation caractéristique de la période hivernale porte un nom : l’hibernation. Et elle conduit à un endormissement complet. Mais l’homme y est normalement étranger, que se passe-t-il donc ?
Les Sages décrivent le mois de Tévet que nous traversons actuellement dans le calendrier juif. Ils indiquent : «C’est le mois où le corps a plaisir du corps.» Cette phrase – légitimement surprenante – recèle un double sens. On peut évidemment la comprendre comme consacrant définitivement le mois de Tévet au seul domaine du matériel. Mais les commentateurs vont au-delà de cette première analyse et traduisent la formule par «l’homme, avec ses actes matériels/corporels, apporte un plaisir profond à l’Essence de D.ieu.» Ils nous mettent ainsi devant une manière d’embranchement : ce moment est celui du plaisir, à nous de choisir celui qui nous semble plus urgent. Disons-le d’une autre façon : nous pouvons suivre la voie de l’hibernation molle ou celle de l’enthousiasme constant.
Le peuple juif a toujours fait le choix de l’action. Il continue aujourd’hui de l’affirmer haut et fort : le sommeil, l’acceptation d’une certaine pesanteur des choses ne peuvent avoir de prise réelle sur lui. Il est décidément un indomptable partisan de la vie. L’hiver ou la difficulté des temps n’y changent rien. «Il ne dort ni ne sommeille le Gardien d’Israël» déclarent les textes, et – même si c’est avec une autre portée – Son peuple non plus.
Le jour qui ne sera que Chabbat
Dans le texte des Dix Commandements, nous trouvons : «Souviens-toi du jour de Chabbat pour le sanctifier». Rachi, dans son commentaire, souligne les implications de la phrase : «Mettez votre cœur à rappeler toujours le jour du Chabbat. S’il se présente quelque chose de beau, réservez-le pour Chabbat». C’est dire que le Chabbat doit être l’objet de notre préoccupation toute la semaine, constamment.
Le temps de la Délivrance est également appelé «Chabbat» car, alors, les Juifs connaîtront enfin le repos et la sérénité. Il faut donc, dès aujourd’hui, se souvenir constamment du temps à venir de Machia’h et s’y préparer comme on le fait lorsque la venue du Chabbat est imminente.
(Extrait d’un commentaire du Rabbi de Loubavitch -
11 Nissan 5744) H.N.
Vaéra
Le plus important des discours
Dans la Paracha de cette semaine, nous lisons que lorsque D.ieu demanda à Moché de se rendre chez le pharaon afin de lui demander de libérer le Peuple Juif, Moché s’adressa à D.ieu en ces termes (Chemot 6 :30) : «La parole me vient avec beaucoup de difficulté ; comment le pharaon me comprendra-t-il ? ». D.ieu répondit (Chemot 7 : 1-2) : «Vois, j’ai fait de toi un maître sur le pharaon et Aharon, ton frère, sera ton interprète. Tu diras tout ce que Je t’ordonnerai et Aharon, ton frère, parlera au pharaon.»
Rachi relève les mots «tu diras» et explique : «(Tu diras) une seule fois chaque message comme tu l’as entendu de Ma bouche, et Aharon, ton frère, le traduira et le rendra accessible aux oreilles du pharaon.»
En d’autres termes, selon Rachi, Moché reçut lui aussi l’ordre de parler au pharaon. La différence entre les paroles de Moché et celles d’Aharon tenait simplement au fait que Moché ne devait parler qu’une fois alors qu’Aharon devait «le traduire et le rendre perceptible aux oreilles du pharaon», au point que cela l’influence «à renvoyer les Enfants d’Israël de sa terre.»
Cela revient à dire que le but des paroles de Moché au pharaon n’était pas de le convaincre, par la logique, de libérer les Juifs, mais d’agir en tant que messager de D.ieu, parlant à Sa place et lui transmettant, avec une exactitude absolue, le message Divin. Il ne devait le prononcer qu’une seule fois (tout comme D.ieu l’avait dit une seule fois), exactement comme il l’avait entendu de D.ieu.
Dès lors se soulève une difficulté. D.ieu s’adressait à Moché en langue sainte, en hébreu, et transmettre le message exactement comme il l’avait reçu revenait à le prononcer également en hébreu. Or, Pharaon ne comprenant pas cette langue, quel pouvait bien être l’effet de cette transmission hébraïque du message de D.ieu par Moché ?
On peut le comprendre en étudiant les mots du commentaire de Rachi sur le verset précédent : «J’ai fait de toi un maître sur le pharaon» qu’il explique comme signifiant : «un juge et un exécuteur, pour le frapper avec des plaies et des souffrances». Autrement dit, l’intention des propos que Moché allait adresser au pharaon n’était pas de le convaincre logiquement de libérer les Juifs mais de le «juger» à la manière d’un exécuteur, «avec des plaies et des souffrances».
Ici encore, Moché devait dire au pharaon : «Laisse partir Mon peuple» d’un ton si rude et si irrité que le pharaon comprendrait, devant le ton de la voix de Moché et ses expressions faciales, qu’on s’adressait à lui aussi sévèrement que si on lui envoyait «des plaies et des souffrances».
En termes plus spirituels, la force très particulière donnée à Moché était la suivante : bien que le pharaon, le paradigme de l’impureté, ait encore été en possession de sa plus grande puissance, D.ieu donna à Moché la force de le «juger» à la manière d’un «exécuteur», avec «des plaies et des souffrances».
Cette aptitude fut donnée tout particulièrement à Moché en tant que dirigeant de la génération et intermédiaire qui «se tenait entre toi et D.ieu, pour te transmettre Ses paroles» (Devarim 5 :5), Aharon lui-même ne la possédait pas.
C’est pour cela que d’une part, le discours d’Aharon seul ne serait pas suffisant et que d’autre part, bien que Moché parlât au pharaon en langue sainte, langue qui lui était inaccessible, il était nécessaire qu’il le fasse. Il était essentiel de détruire le pharaon alors qu’il régnait dans sa toute puissance. Et cela ne pouvait être accompli que par Moché et à la façon d’un «exécuteur» avec «des plaies et des souffrances».
A la lumière de ce qui précède, nous pouvons également comprendre pourquoi Rachi précise que Moché devait transmettre les paroles de D.ieu «comme il l’avait entendu de la bouche de D.ieu.»
Moché possédait le pouvoir d’écraser les forces de l’impureté dans leur virulence seulement parce qu’il était le messager de D.ieu par lequel était révélé Sa puissance extraordinaire. C’est la raison pour laquelle Moché devait transmettre les paroles de D.ieu exactement «comme il les avait entendues de la bouche de D.ieu», tout comme «la Divine Présence (qui) s’exprimait par Moché.»
Cela explique également pourquoi «(tu diras) une seule fois chaque message comme tu l’as reçu de Ma bouche» ne vint qu’après les protestations de Moché qui affirmait «la parole me vient avec beaucoup de difficulté.»
La ‘Hassidout explique que «les difficultés oratoires» de Moché résultaient de l’extraordinaire degré d’annulation de sa personne devant D.ieu, ce qui ressemble au concept exprimé dans la sentence : «puisqu’il est tellement occupé à absorber, il ne peut transmettre» (‘Houlin 108b).
C’est ainsi que c’est tout particulièrement cette qualité d’annulation de son être exprimée par les mots : «la parole me vient avec difficulté» qui constituait la préparation spirituelle pour que Moché devienne «un maître sur Pharaon.»
Ce n’est que lorsque l’on ne se sent être «rien du tout» qu’on peut avoir le mérite de voir émaner de nous la parole de D.ieu, quelque chose qui est absolument nécessaire quand il s’agit d’écraser totalement le pharaon et permettre la libération du Peuple Juif.
Basé sur Likouté Si’hot, Vol. XVI, pp. 69-76
Qu’est-ce qu’un aliment Parvé (neutre) ?
Un aliment Parvé n’est ni «lacté» ni «carné» : il ne contient ni lait ni viande ni aucun de leurs dérivés. Ainsi, les fruits, légumes, céréales, œufs, poissons, boissons… sont Parvé.
Les aliments Parvé peuvent être cuisinés dans des récipients « lait » ou « viande » mais si le récipient ne contient ni lait ni viande, les aliments restent Parvé. Cependant, on évitera de les consommer dans les mêmes récipients que le genre contraire. Ainsi, si on a cuit un aliment Parvé dans une casserole où on a cuisiné de la viande dans les 24 heures précédentes, on pourra, après l’avoir mangé, consommer des aliments lactés et vice versa. Mais on ne le mangera pas dans la même assiette que des aliments lactés (les Sefardim permettent de le manger avec les aliments lactés).
Si on n’a pas cuit de viande dans cette casserole durant les 24 heures précédentes, on peut consommer cet aliment Parvé avec des aliments lactés.
Si on réserve de la vaisselle pour la cuisine Parvé (par exemple pour la préparation des gâteaux et des ‘Hallot de Chabbat), on veillera aussi à prévoir des éponges, bassines, plaques de cuisson, fours, serviettes et rangements séparés et facilement reconnaissables.
F.L. (d’après Rav Yossef Ginsburgh)
Une maman en cadeau…
Alors que Rav David Offner faisait la queue au supermarché de son quartier, il entendit soudain une phrase derrière lui qui lui fit tendre l’oreille : «J’ai reçu ma mère en cadeau du Rabbi de Loubavitch !». En se retournant, il aperçut une dame, Ariella Dorone, qui n’avait pas du tout le «look» ‘hassidique mais qui racontait avec enthousiasme son histoire à un de ses anciens élèves qui, lui, commençait à prendre le fameux «look» et à se rapprocher de la Torah.
Au début de l’année 1986, cette fille unique, très liée à sa mère, apprit que celle-ci avait subi une très grave crise cardiaque : «J’ai couru à l’hôpital où ma mère avait été admise en soins intensifs. Le professeur Kichone, un des plus grands cardiologues du pays, ne tenta pas de minimiser la gravité de la situation : du point de vue statistique, on ne peut pas espérer un miracle. Nous allons tout mettre en œuvre pour la stabiliser mais la seule chose qui pourrait l’aider serait la prière !»
Je retournai vers mon père et lui transmis le message du professeur : «la prière !». En entendant ces mots, mon père eut une réaction étrange : «Il faut demander une bénédiction au Rabbi !». A cette époque, mon père était commandant haut gradé de la police et avait des relations avec les ‘hassidim de Loubavitch : en quelques minutes, il obtint le numéro de téléphone privé des secrétaires du Rabbi. Bien qu’à New York le soleil ne s’était pas encore levé, je pus immédiatement parler à Rav Groner à qui je demandai : «Que le Rabbi me bénisse pour que je mérite de recevoir à nouveau ma mère en cadeau !» Je criai presque dans le combiné. Rav Groner écrivit tous les détails et promit de revenir à moi dès qu’il aurait une réponse. Durant les deux jours qui suivirent, je ne quittai pas le chevet de ma mère. Bien qu’elle gisait sans connaissance et respirait à l’aide d’une machine, je lui tenais la main et attendais le miracle. Le soir à 23 heures, je me rendis rapidement à la maison prendre des vêtements de rechange. Par un effet incroyable de la Providence Divine, le téléphone sonna juste à ce moment ! A l’autre bout du fil, Rav Segal d’Afula se présenta. Il m’expliqua qu’il était responsable pour transmettre les réponses du Rabbi aux habitants d’Israël : «Vous n’avez pas à vous inquiéter ! Je connais bien les réponses du Rabbi et la bénédiction qu’il vous adresse maintenant est en fait une promesse ! Premièrement, le Rabbi annonce qu’il priera pour la santé de votre mère auprès du tombeau de son beau-père. Deuxièmement, le Rabbi a demandé au secrétaire, Rav Groner, que, certainement, il se trouve dans votre entourage des gens qui ont passé les fêtes ici, au 770 à Brooklyn, procurez-vous un peu du gâteau au miel qui a été distribué ainsi que de la vodka qu’ils ont reçue ici et donnez-les à manger et à boire à votre mère…».
J’ai tenté d’expliquer à Rav Segal que ma mère gisait sans connaissance et qu’il était absolument impossible de lui faire manger quoi que ce soit. Mais il répondit patiemment que si le Rabbi avait demandé cela, je devais le faire le plus vite possible puisque la guérison de ma mère en dépendait. Il me donna l’adresse et le numéro de téléphone de Rav Yossef Lieder ; je ne perdis pas de temps et, malgré l’heure tardive, Rav Lieder m’accueillit chaleureusement. Il me confia quelques miettes du gâteau au miel ainsi que la petite bouteille de vodka qu’il avait reçus du Rabbi. A l’hôpital, les deux infirmières de garde m’interdirent catégoriquement de donner à manger à ma mère qui était dans un état critique et qui risquait de s’étrangler si on la forçait à ingurgiter quelque chose. A ce moment-là, une autre infirmière arriva et murmura que, dans quelques minutes, les deux autres infirmières partiraient et alors elle me laisserait entrer seule dans la chambre. Effectivement, j’entrouvris les lèvres de ma mère, j’émiettai un peu de gâteau dans sa bouche avec quelques gouttes de vodka du Rabbi. Je l’embrassai et sortis de la pièce, avec un grand sourire : j’avais agi pour le mieux en faveur de ma mère et tout ceci ne m’avait pris qu’une minute.
A ce moment-là, le médecin de garde passa par là et s’étonna :
- Pourquoi ce grand sourire ?.
- Je suis persuadée qu’à partir de maintenant, tout ira pour le mieux ! rétorquai-je d’une voix pleine de sous-entendus.
Il haussa les épaules, bien décidé à se faire une opinion – sûrement différente – par lui-même.
Il était minuit et demi quand je sortis de la chambre de ma mère. A deux heures du matin, l’infirmière principale entra dans la chambre pour vérifier les perfusions ; elle en ressortit presqu’affolée : «Venez voir !».
Je me précipitai à l’intérieur et, effectivement, le spectacle était surprenant : maman avait ouvert les yeux et me souriait – pour la première fois depuis sa crise ! Le médecin de garde fut appelé lui aussi pour constater l’amélioration inattendue de son état et effectuer les premiers examens. Stupéfait, il n’arrêtait pas de répéter : «Incroyable…». Une heure plus tard, il demandait à ce qu’on débranche le respirateur artificiel. Je rassurai maman en lui affirmant qu’elle irait mieux puisque le Rabbi de Loubavitch l’avait bénie. Par son regard, elle me fit comprendre qu’elle avait saisi le message. Puis mon père arriva: elle le reconnut immédiatement et se réjouit de sa visite. Nous sommes restés ainsi tous les trois jusqu’aux premières heures de l’aube, l’espoir renaissait… Quand les médecins arrivèrent pour leur visite habituelle, ma mère les accueillit, assise sur son lit, le sourire aux lèvres…
Après leur tour des malades, les médecins me demandèrent «des comptes».
- Nous avons entendu toutes sortes de choses bizarres par les infirmières. Que s’est-il passé exactement ? (Il y avait là le directeur du département de cardiologie, le professeur Kichone qui avait fréquenté une Yechiva dans son adolescence ainsi que le docteur Yits’haki, une sommité dans ce domaine mais peu enclin à écouter des «sornettes» religieuses).
Je répondis tout en précisant que je ne m’adressais qu’au professeur Kichone dont je connaissais l’ouverture d’esprit. Effectivement, il ne cacha pas son étonnement devant l’intervention du Rabbi; le professeur Yits’haki, lui, ne montra aucun signe d’émotion et afficha un scepticisme glacé.
Mais ensuite il demanda à me parler en privé et me demanda le numéro de téléphone du Rabbi : son épouse était enceinte et la grossesse ne se passait pas bien et souhaitait obtenir une bénédiction du Rabbi… Je ne connais pas la suite mais je sais que la naissance se passa bien…
Finalement, ma mère put rentrer à la maison au bout de quelques jours et reprit même son travail. Elle vécut encore quinze ans sans aucune séquelle, pour le plus grand bonheur de son mari et de sa fille unique…
Arie Smit – Kfar Chabad N° 1072
Traduit par Feiga Lubecki