Semaine 5

  • Bechala’h
Editorial
Continuons la route !

Le temps passe, les mois s’envolent sans qu’aucune interruption puisse marquer leur cours. Pourtant, certains jours demeurent. Ils sont comme des fermes points d’ancrage dans l’éphémère des choses. Sur eux, il est possible de construire une vie… ou un monde.
C’était le 10 Chevat, il y a 62 ans. La nouvelle avait retenti avec la puissance des événements qui bouleversent toute existence paisible: Rabbi Yossef Its’hak, le précédent Rabbi, avait quitté ce monde. Au-delà du caractère dramatique de cette nouvelle, chacun savait que l’action de Rabbi Yossef Its’hak avait radicalement changé le cours des choses. L’éducation juive avait retrouvé sa vigueur et, en ces temps de détresse, encore si proches de la guerre qui avait anéanti tant de Juifs, le judaïsme paraissait renaître. Mais tout cela paraissait peut-être encore si fragile…
En ce 10 Chevat, l’action entreprise ne pouvait s’interrompre. Chacun ressentait que s’ouvrait une nouvelle époque pour poursuivre, approfondir et élargir cette oeuvre. Le Rabbi allait en être la continuation. De fait, dès qu’il accepta la charge qui lui était confiée, les domaines d’intervention se multiplièrent. Aucun Juif ne devait être laissé à l’écart de l’héritage du judaïsme. Il en allait de la responsabilité de tous. Commença alors le temps des grandes avancées. D’enseignements profonds en demandes d’action, de campagnes de Mitsvot en messages adressés à tous, le Rabbi prit la tête de nouveaux développements.
Avec un recul de 62 années, chacun mesure l’ampleur des changements. A une judaïté qui s’interrogeait sur son devenir a succédé un judaïsme conscient de l’importance du message qu’il porte. A une culture juive en déshérence a succédé une connaissance mise à la portée de tous. Sans doute est-ce un signe des temps, et la traduction concrète de ce long effort, que les cours de Torah se soient multipliés et que le nombre des traductions en français ne cesse de grandir.
Il importe de prendre conscience que nous sommes les héritiers de ce dynamisme et que, de ce fait, nous devons être les porteurs de cet enthousiasme. Certes, beaucoup reste encore à accomplir et l’action entreprise ne saurait souffrir aucun relâchement. Cependant, nous savons que devant nous continue le chemin qui nous fut indiqué dès le 10 Chevat. Au travers de toutes les tempêtes, il nous appartient, très simplement, de le poursuivre. Chacun porte en tête et en cœur le but à atteindre – et nous savons qu’il est à portée. La tradition lui a, de toujours, donné un nom: la venue de Machia’h.
Etincelles de Machiah
Its’hak notre Père

Le Talmud (Chabbat 89b sur Isaïe 63 : 16) enseigne : «Dans les temps à venir… (le peuple juif) dira (à Its’hak) : ‘Car tu es notre père’.» C’est dire qu’il y a un lien particulier entre notre Patriarche Its’hak et le «temps à venir», celui de Machia’h.

En fait, le mot «Its’hak» renvoie, en hébreu, à l’idée de «rire» et donc de délice. Dans cette nouvelle époque, quand toutes les étincelles divines présentes dans le monde matériel auront été élevées par l’effort spirituel de chacun, le «délice» de D.ieu devant la tâche accomplie apparaîtra aux yeux de tous.
(d’après Torah Or, Vayétsé, p. 21c) H.N.
Vivre avec la Paracha
Bechala’h : « Tu vois comme tu es »

Deux ‘hassidim d’Odessa se rendirent un jour chez leur Rabbi pour en obtenir des bénédictions. Lors de son audience privée, il fut demandé au premier : «Comment les choses se passent-elles à Odessa ? Les jeunes sont-ils pieux ? Sont-ils passionnés dans leur service de D.ieu ?» Le ‘hassid donna un compte-rendu chaleureux et prit congé, muni de nombreuses bénédictions. En sortant du bureau du Rabbi, il décrivit son entrevue à son ami paysan, lui-même sur le point de pénétrer chez le Rabbi.
Le second ‘hassid d’Odessa fut questionné de la même manière que le premier. Cependant, dans sa réponse, il fit une peinture noire de la situation : «les jeunes, en ville, manquent de raffinement spirituel et perdent leur temps. Leurs prières sont bâclées et leur étude sans enthousiasme…»
Quand il eut achevé son rapport déprimant, le Rabbi lui signala que l’audience était achevée.
Désarçonné de ne pas avoir reçu de bénédictions, il s’exclama : «Mais Rabbi, est-ce juste ? Mon ami vous a fait un compte-rendu rêvé d’Odessa et il sort d’ici avec une bénédiction et moi, je vous ai fait un rapport honnête, quoique brutal, et je sors les mains vides ?»
Le Rabbi répondit : «Penses-tu que je ne connais pas la situation spirituelle d’Odessa ? Ce que je demandais réellement à ton ami et à toi-même c’est : «Quel est ton état d’esprit spirituel à Odessa… ?»

Les eaux amères
«Moché conduisit Israël hors de la Mer Rouge et ils sortirent dans le désert de Chour ; ils marchèrent trois jours dans le désert mais ils ne purent boire les eaux de Marah car elles étaient amères ; c’est la raison pour laquelle ce fut appelé Marah»
Rabbi Yehouchouah dit : «les eaux étaient douces, au début. Elles devinrent temporairement amères jusqu’à ce qu’elles s’adoucirent à nouveau» (Midrach).
Selon Rabbi Yehochoua, ces eaux n’étaient pas amères avant que les Hébreux n’arrivent. Elles devinrent non potables à leur arrivée à Marah. Mais pourquoi D.ieu aurait-Il intentionnellement provoqué une nation lasse et assoiffée en créant cette situation ?
La suite de l’histoire apporte une autre difficulté encore.
Le peuple se plaignit de Moché en ces termes : «Qu’allons-nous boire ?» Alors, il s’adressa au Tout Puissant et D.ieu lui ordonna de jeter un morceau de bois dans l’eau et celle-ci devint douce.
«Rabbi Eliézer Hamodaï dit : «ce morceau de bois était une branche d’olivier car il n’existe rien de plus amer qu’une branche d’olivier. Rabbi Yehochoua ben Kar’ha dit : «C’était un arbuste de laurier-rose [un arbuste qui est un poison]»
On peut s’étonner que ces Sages s’écartent de leurs condisciples qui avaient pris position pour ce qui paraît évident : une herbe douce tempérait l’amertume des eaux amères, les rendant potables.
Un autre détail étonnant à propos de ce récit est le fait que ce lieu est appelé plus tard Marah, «amer». Pourquoi donc la Torah tient-elle à souligner et pérenniser le plan divin de rendre ces eaux amères ? Le lieu aurait pu tout aussi bien être appelé «doux», si l’on tient compte du dénouement de l’épisode.

Une question de perception
Sur le verset : «ils ne purent boire les eaux de Marah car elles étaient amères», le Maguid de Mézeritch fait l’observation linguistique suivante : traduits littéralement, les mots hébreux «car elles étaient amères», « ki marim hème », signifient : «car ils étaient amers». Selon cet enseignement, la véritable raison pour laquelle ces eaux n’étaient pas potables tenait au fait que les Hébreux, et non les eaux, étaient amers.
Ceci peut être compris à la fois au niveau spirituel et au niveau psychologique.
Au niveau psychologique, le peuple était de mauvaise humeur et percevait donc négativement tout ce qu’il rencontrait. Cette humeur tenait à une semaine terrible. Cela avait commencé lorsque Moché les avait obligés à écourter leur récolte de biens sur les rives de la mer des joncs. Alors qu’ils auraient pu amasser une fortune à partir des restes flottant de la flamboyante armée égyptienne, Moché avait insisté sur le fait que le mont Sinaï attendait.
Et des jours plus tard, ils étaient à bout, ayant voyagé à travers le désert de Chour, pendant trois jours, sans une goutte d’eau. Ils étaient frustrés devant l’attitude de Moché et un peu en colère contre leur Maître. Ils étaient nerveux et avaient besoin de l’exprimer.
C’est ce qu’ils firent, selon le verset : «le peuple se plaignit contre [et non auprès de] Moché.»
Rachi parle ainsi de l’état d’esprit qui régnait chez les Juifs : «Ils ne consultèrent pas Moché, dans un langage agréable lui demandant : ‘Prie pour nous pour qu’il y ait de l’eau que nous puissions boire’ Mais plutôt, ‘ils se plaignirent’».
Ils cherchèrent, et trouvèrent, un motif de plainte. L’eau avait le même goût que leur humeur. Il est sûr que l’eau était «objectivement» amère mais leur expérience du goût l’était-elle tout autant ?
Une histoire peut nous aider à mieux comprendre : Un ‘hassid demanda un jour à son Rabbi comment faire face aux difficultés de la vie. «Rends-toi chez Reb Zouché d’Anipoli, lui conseilla le Rabbi. C’est un maître dans ce domaine».
Reb Zouché était de loin l’homme le plus pauvre de la ville. En termes financiers, il était absolument sans un sou. Le froid, la faim et la maladie étaient monnaie courante dans son foyer. Le Rabbi avait bien choisi. Ici, se reconnaissait la souffrance, à tous les niveaux.
Imaginez donc la surprise du ‘hassid quand, en réponse à sa question concernant les difficultés de la vie, Reb Zouché répondit, étonné : «Des difficultés ? J’ai bien peur de ne pouvoir t’aider. Je n’ai jamais rencontré de difficultés dans ma vie. La douleur, la souffrance, la pauvreté ? Il faut que tu cherches quelqu’un d’autre !»
La force de Reb Zouché ne tenait pas au fait qu’il avait surmonté ses difficultés mais que, de prime abord, il ne les voyait pas.
Aussi, bien que les eaux aient pu être amères, elles auraient également pu ne pas l’être. La douceur n’a pas besoin d’être enlevée ou ajoutée pour que les eaux deviennent potables. Un changement d’état d’esprit, d’humeur et d’approche peut également faire le nécessaire.
Spirituellement également, la solution est dans l’esprit.
«Ils marchèrent trois jours dans le désert mais ne trouvèrent pas d’eau.»
L’eau est une référence à la Torah, nous dit le Midrach. Aussi, métaphoriquement, le verset nous enseigne-t-il que pendant trois jours, l’étude de la Parole de D.ieu fut négligée. Selon une interprétation, les eaux matérielles leur furent retirées parce qu’ils avaient cessé de s’absorber d‘eaux spirituelles.
Une autre approche plus bienveillante veut que ce ne fût pas une punition mais une cause et sa conséquence. Les eaux imbuvables de Marah reflètent l’état spirituel du Peuple. Ils avaient fui, vides de sens et de signification. Ils étaient spirituellement nus, assoiffés et donc amers. C’était la cause. La conséquence fut que l’eau était «imbuvable», elle ne put les désaltérer car ce dont ils avaient besoin n’était pas d’être hydratés physiquement. Leur âme demandait à être nourrie.
Rien d’étonnant, dès lors, à ce que Moché fut leur sujet de récrimination. L’intégrité des symboles sacrés, les traditions et les dirigeants sont souvent en proie aux attaques lorsque le peuple est lui-même en état de manque spirituel. (C’est peut-être d’ailleurs une manière inconsciente de sa part de tenter d’établir un lien, d’exprimer un besoin)
Comment donc comble-t-on un vide spirituel ? Comment étanche-t-on la soif d’une âme ?
Qu’on le croit ou non, la réponse est simple.
«L’Eternel lui ordonna de jeter un morceau de bois dans l’eau…»
La Torah est appelée l’ «Arbre de Vie». «Prends-en un morceau, dit D.ieu, juste une pensée, juste une pépite et jette-le dans l’eau», goûte-le, approfondis-le, applique-le dans ta vie et «l’eau deviendra douce», ton âme sera nourrie et ta paix intérieure sera restaurée.»
C’est une solution douce et intuitive.
Mais il existe une autre option, plus difficile mais plus motivante. Prends une branche d’olivier amer, un laurier-rose empoisonné et utilise ses pouvoirs guérisseurs. Reconnais que la soif spirituelle, la profondeur de son aspiration, la force de son désir font elles-mêmes partie du processus adoucissant.
Alors nomme le lieu de ton drame spirituel «Marah» (Amer). Intériorise et utilise la force de Marah, la puissance extraordinaire créée par le vide de ta vie, et bois-la, même (et particulièrement) si les eaux de ta vie sont douces.
Qu’en est-il pour moi ?
«Nous regardons tous le même monde mais ce que nous voyons dépend de ce que nous sommes» (Rabbi Its’hak de Homil)
La prochaine fois que nous nous trouverons dans une situation d’agitation inexplicable, d’anxiété ou pleins de récriminations, il se peut que notre souffrance ne vienne que d’une malnutrition de notre âme. Ouvrons un livre juif, parlons de Torah avec un ami et permettons à notre âme de s’hydrater.
Le Coin de la Halacha
Est-il permis de participer à des cours « d’énergie positive », souvent issus des sagesses orientales ?

Le monde actuel est de plus en plus conscient des méfaits du matérialisme et nombreux sont ceux qui recherchent un sens spirituel à l’existence. Cependant tout agissement propre à influencer la psychologie de la personnalité doit se faire conformément à l’esprit du judaïsme afin de ne pas nuire à l’âme juive. En d’autres termes : on doit veiller à la cacherout de l’esprit comme à la cacherout des aliments.
Nombre de ces relaxations sont basées sur des systèmes de pensées de l’extrême orient et des religions polythéistes. Nous avons tous besoin, à certains moments de la vie, de conseils et de directives, que ce soit pour le travail, la vie de couple ou l’éducation des enfants. Certaines techniques de relaxation sont compatibles avec les valeurs de la Torah. Mais si ces techniques impliquent des représentations imagées ou la prononciation de phrases «magiques» («mantras»), il se peut que ce soit des appels à des idoles : bien entendu, toute offrande d’encens ou génuflexion devant des statues est absolument interdit.
Celui qui commence par croire en des «influences bénéfiques» ou à accorder de l’intérêt à des «forces spirituelles» peut vite être amené à leur vouer un véritable culte. Plus on s’imprègne de ces croyances et plus le danger augmente. Si la pratique du yoga n’est pas interdite en soi, la méditation qui s’y attache est parfois sujette à caution.
Il convient de demander à une autorité rabbinique compétente si certaines de ces médecines alternatives sont conformes à l’esprit de la Torah.

F. L. (d’après Rav Yossef Ginsburgh – Sichat Hachavoua n°1307)
De Recit de la Semaine
Un voyage « bien rempli »

Un jour, en 1982, je reçus un coup de téléphone du secrétariat du Rabbi. Rav Hodakov me demandait – au nom du Rabbi – s’il m’était possible d’aller donner des conférences en Russie Soviétique. C’était à l’époque de Brejnev quand le rideau de fer isolait encore l’Union Soviétique et que les Juifs n’avaient aucune possibilité d’y obtenir un minimum d’éducation juive.
Pourquoi le Rabbi souhaitait-il me faire voyager en Russie ? Je ne parle même pas le russe ! La réponse me stupéfia : «Trois professeurs là-bas – deux à Moscou et un à Leningrad – entretiennent des relations clandestines avec les ‘Hassidim de Loubavitch qui y habitent encore. Ils souhaitent se rapprocher du judaïsme mais ils butent sur une question qui les empêche d’avancer sur la bonne voie : et ce n’est rien d’autre que la soi-disant contradiction entre la Torah et la science !»
Et c’était pour les aider à surmonter leurs doutes que le Rabbi désirait menvoyer en Russie !
Le Rabbi de Loubavitch qui habitait à Brooklyn me contactait au Minnesota pour que trois savants juifs russes progressent dans leur pratique des Mitsvot ! J’ignore quel effet nos discussions eurent à l’époque mais je sais qu’ils sont tous les trois installés maintenant en Israël avec leurs familles et que tous sont devenus pratiquants… Je crois que le fait même que le Rabbi m’avait choisi pour répondre à leurs questions les avait impressionnés, bien plus que mes arguments…
Ce fut un voyage mémorable. Il fallait d’abord trouver un prétexte pour mes conférences. Ensuite, le Rabbi insista pour que mon épouse m’accompagne. (Je dois souligner que le Rabbi couvrit toutes les dépenses).
Nous avons effectué une étape importante à Londres pour y rencontrer Rav Shmuel Lew qui devait nous «préparer» à cette mission bien particulière : lui-même avait déjà effectué ce genre de voyages auparavant.
D’abord il nous montra un album de photos, avec les visages de Juifs que nous serions amenés à rencontrer : il pointa du doigt ceux sur lesquels on pouvait compter puis ceux dont il fallait se méfier… Nous devions, ma femme et moi, tout enregistrer dans la tête, retenir tous ces noms par cœur !
Quelques heures avant notre départ pour Moscou, il nous rendit visite dans notre chambre d’hôtel et nous demanda d’ouvrir nos valises. A notre consternation, il les vida complètement et ne permit à mon épouse d’emporter que deux tenues – une pour la semaine et une pour Chabbat ! Moi aussi, je n’eus le droit de garder qu’un seul set de vêtements de rechange ! Et pourquoi ? Parce qu’il avait besoin de chaque centimètre carré de nos bagages…
Il se mit à remplir nos valises de tout ce dont les Juifs de Russie avaient besoin : des livres sur le judaïsme, un dictionnaire hébreu-anglais, des aliments à base de lait «Chamour» (surveillé depuis la traite par un Juif), de la charcuterie glatt cachère, de la nourriture pour bébés strictement cachère. Il me confia même un «Guet», un acte de divorce que je devais remettre à une certaine femme juive qui était revenue à une vie de Torah mais dont le mari s’était séparé avant de s’enfuir à l’étranger.
Rav Lew ouvrit même la trousse de maquillage de mon épouse. Il vida les flacons de parfum et les remplit… d’encre pour écrire les parchemins de Téfilines et Mezouzot. Nous avons alors refermé les valises et les avons entourés de lanières bien spéciales : sept mètres de lanières en cuir noir, parfaites pour confectionner des Téfilines !
Pour couronner le tout, Rav Lew me confia quatre paires de Téfilines. Je refusais de les introduire dans mes bagages à main mais Rav Lew eut un sourire désarmant : «Non, ne les emportez pas dans votre sac, mettez-les !» N’y tenant plus, je m’insurgeai : «Vous êtes complètement fou ! Les Téfilines se feront remarquer, j’apparaîtrai comme quelqu’un d’obèse, rempli de bourrelets…! On va me fouiller intégralement ! Ils verront bien que je n’ai pas l’air normal !»
Et Rav Lew de rétorquer : «Vous croyez que même une seule paire ne se fera pas remarquer ?»
Docilement, j’ai fait confiance à sa longue expérience et c’est ainsi que j’ai porté sur mon corps quatre paires de Téfilines depuis Londres jusqu’à Moscou.
Seul le Rabbi qui se souciait comme un berger fidèle des Juifs de Russie avait pu décider de m’envoyer là-bas pour trois Juifs isolés ! Le Rabbi n’était pas intéressé par des colloques à propos des cent cinquante prochaines années à venir. Il désirait que j’aille convaincre trois professeurs que ce qui les gênait dans leur perception de la Torah n’était pas conforme à la réalité et ne devait pas les empêcher d’adhérer strictement au judaïsme. Maintenant.
Je devais leur permettre de goûter à la joie de la Mitsva. Je devais inviter des étudiants à ressentir la beauté de leur tradition. Je ne devais pas me laisser impressionner par de soi-disant géants et par la jeune génération ! Le Rabbi me prouvait qu’il était possible – actuellement – d’effectuer des changements et de façon bien plus rapide que je ne l’aurais cru possible.

Professeur Velvel Green (zal)
traduit par Feiga Lubecki