Editorial
Une simple affaire de conscienceL’avancée du mois d’Adar et le passage de Pourim Katan, comme en avant-goût des évènements spirituels majeurs que constituent Adar II et le Pourim proprement dit, soulignent des idées essentielles. On sait que ce mois présente une qualité exceptionnelle de joie et de confiance, à telle enseigne que l’allégresse le pénètre de manière croissante et modifie le rapport au monde de chacun. Cette assurance est précieuse, en particulier en notre temps. L’actualité de chaque jour est là pour nous le rappeler: nous vivons une époque obscure. Une certaine forme de confort moral et intellectuel semble s’être évanouie et peut-être pour longtemps. Trop souvent, c’est le discours d’une froide et abrupte intolérance qui nous jaillit au visage, s’appuyant sur l’ignorance et le refus de l’autre. Est-il encore possible de préserver la paix intérieure, gage de la sérénité de tous? Le peuple juif a une longue mémoire. Son histoire lui a appris les secrets de la vie maintenue sur les eaux calmes comme au plus furieux de la tempête. Et l’histoire de Pourim parle à notre coeur. Pourim: histoire de Morde’haï, l’homme qui porte, comme un titre de noblesse ou un étendard déployé, le nom de “Juif”. Morde’haï le Juif: celui qui “ne se prosterne pas ni ne s’agenouille”. Il est celui qui, conscient du message dont il est porteur, certain du pouvoir de la lumière qu’il détient et incarne à la fois, avance dans le monde avec une certitude que ne dément aucune circonstance. Morde’haï le Juif est l’homme qui, ministre de l’empire, fidèle serviteur de l’intérêt général du pays, ne renonce jamais à sa spécificité, refuse d’oublier sa culture. A l’heure où la tentation peut exister de céder aux humeurs du monde, d’accepter son propre effacement, le mois d’Adar résonne comme un rappel ou un chant profond : l’oubli de soi n’est qu’une défaite. C’est de conscience de soi jamais démentie que sont faites les victoires heureuses.
Etincelles de Machiah
La valeur d'un homme simple Dans la tradition juive, l’étude de la Torah est sans doute la valeur suprême, à
telle enseigne que l’érudition est considérée comme une marque évidente
d’élévation spirituelle.Cette idée,d’une légitimité incontournable, ne doit toutefois
pas faire oublier la valeur de l’homme simple, de celui qui s’attache à D.ieu
de tout son coeur avec la plus absolue sincérité.
A ce sujet, le Tséma’h Tsédek, le troisième Rabbi de Loubavitch, dit un jour que le
Machia’h se réjouirait dans la compagnie de ces Juifs simples. Alors, précisa-t-il,
une pièce leur sera réservée et les plus brillants érudits les envieront. Ainsi apparaîtra
la vraie grandeur de ces Juifs qui servent D.ieu à l’infini.
(d’après une lettre du précédent Rabbi de Loubavitch, Iguerot Kodech, vol. IV, p. 148) H.N.
Vivre avec la Paracha
Le travail passifA propos de la construction du Michkan (le Sanctuaire), comme elle est décrite dans Vayakhel, Rachi note: “J’ai déjà expliqué les dons qui avaient été donnés pour (la construction du) Michkan et la (réalisation de) la construction dans l’endroit (c’est-à-dire les sections de Teroumah, Tetsavé et le commencement de Ki Tissa) où ils furent (en premier lieu) ordonnés ”. Néanmoins, nous observons qu’ici aussi, Rachi en explique bon nombre de détails. On peut comprendre que cela tient au fait que ces détails ne pouvaient être discernés des mots “l’endroit où ils furent (en premier lieu) ordonnés”. De la même façon, nous devons comprendre le commentaire de Rachi sur le verset “Les poteaux pour la tente, les poteaux pour la clôture, les cordes pour attacher”. Rachi note que le but des poteaux et des cordes était d’“enfoncer et d’attacher les tapisseries au sol, pour qu’elles ne s’envolent pas avec le vent”. Pourquoi Rachi apporte-t-il ici un commentaire qu’il a déjà expliqué précédemment? Auparavant, Rachi avait expliqué que “l’huile qui éclairait” avait aussi demandé le labeur de ceux qui étaient “sages de coeur” puisque cette huile était différente des autres huiles. Il est donc apparent que tout ce qui est décrit ici devait être fait par ceux qui sont “sages de coeur”. Cela soulève une question évidente. Pourquoi était-il nécessaire pour les poteaux et les cordes que ceux qui les fabriquent soient “sages de coeur” ? Rachi répond en expliquant que les poteaux faisaient partie intégrante des tapisseries, car sans eux, les tapisseries “s’envoleraient au vent”. Puisqu’il est expressément invoqué que seuls “ceux qui étaient sages de coeur” étaient capables de fabriquer ces tapisseries, il s’ensuit qu’ils voulaient accomplir la tâche entièrement. Aussi ne firent-ils pas exclusivement les tapisseries mais aussi ce qui servait à les attacher, les poteaux et les cordes. Ici réside une leçon pour tous ceux qui sont “sages de coeur” et s’occupent du domaine de l’éducation. Non seulement doivent-ils chercher à avoir de nombreux disciples, mais ils doivent savoir que leur obligation n’est pas complète s’ils n’ont fait que dispenser la connaissance. Ils doivent plutôt prendre la peine d’aider leurs disciples à être des individus complets dans tous les aspects. Ils devraient veiller à ce que même ce qui paraît insignifiant, comme les poteaux et les cordes, ce qui semble ne pas nécessiter l’implication de ceux qui sont “sages de coeur” soient éveillés dans le coeur de leurs étudiants. Ce n’est que lorsqu’ils achèvent leur tâche de voir qu’il a été répondu à tous les besoins de leurs disciples, qu’ils peuvent être assurés que leur enseignement aura un effet durable et que leurs élèves ne seront pas “balayés par le vent”. Cela signifie que même lorsque soufflent tous les vents du monde, leurs élèves restent fidèles aux enseignements de leurs maîtres, qu’ils ne seront pas entraînés par des pressions extérieures ou des influences dévastatrices qui pourraient détruire tout ce que leurs mentors ont cherché à inculquer au plus profond d’euxmêmes. Quand cela est accompli, c’est la meilleure preuve que les enseignements du maître ont imprégné l’essence du disciple, que chaque partie en a été empreinte de ses instructions. Il est également fait allusion à ce concept lorsque nos Sages déclarent qu’ “une Mitsva n’est appelée que d’après l’individu qui l’a accomplie”. Même si la majeure partie en a été effectuée, la Mitsva n’est pas observée tant qu’il reste à en terminer même un détail infime. Celui qui achève une Mitsva, même s’il ne fait qu’y ajouter la touche finale, a le mérite de voir la Mitsva entière lui revenir. La raison en a été expliquée au-dessus. Avant qu’un sujet ne soit conclu dans sa totalité, l’on considère qu’il lui manque cette totalité. Car il faut que ce qui est fait le soit entièrement et imprègne l’individu dans son entité, sinon nous ne pouvons être sûrs que cette personne sera capable de résister aux vents mauvais. Il est essentiel pour le bien de pénétrer l’être tout entier de l’individu.
Le Coin de la Halacha
Qu'est-ce que le Birkat Hamazone? Le Birkat Hamazone est la prière que l’on récite après le repas.C’est la seule bénédiction obligatoire d’après la Torah comme il est dit: "Tu mangeras, tu seras rassasié et tu béniras l’Eternel ton D.ieu" (Deutéronome 8. 10). Le Birkat Hamazone est constitué de quatre bénédictions principales: - la première fut composée par Moïse pour remercier D.ieu de donner la manne (le pain du ciel, aliment complet) au peuple juif dans le désert. - la seconde fut composée par Josué pour remercier D.ieu pour "la terre, désirable,bonne et vaste", pour la sortie d’Egypte, pour l’alliance scellée dans notre chair, pour la Torah, les lois, la vie et la nourriture. - la troisième fut composée par les rois David et Salomon pour la construction du Temple. - la quatrième fut composée par les Sages de la Grande Assemblée après que les morts de la ville de Betar aient pu être enterrés, pour toutes les bontés que D.ieu témoigne à Son peuple dans toutes les générations. Des prières sont intercalées dans le Birkat Hamazone les jours de fête, de Roch ‘Hodech et de Chabbat, ainsi qu’après une Brit Mila (circoncision) et lors des repas pour le mariage et les sept jours qui suivent. On récite le Birkat Hamazone à l’endroit où on a mangé au moins 30 grammes de pain. On s’efforcera de penser sérieusement (Kavana) aux mots que l’on prononce. Pour cela, on lira le texte dans un livre de prières. On restera assis quand on récite le Birkat Hamazone. On ne fera rien d’autre pendant ce temps. On prononcera le Birkat Hamazone à voix haute pour rendre quitte de cette bénédiction les autres convives qui ne savent pas le faire et qui répondent Amen. Les jeunes enfants qui ne connaissent pas le Birkat Hamazone se contenteront de dire les mots: "Beri’h Ra’hmana Ela-hana Malka Dealma Mara Dehaye Pita" (Béni soit le Miséricordieux, notre D.ieu, Roi du monde, maître de ce pain ") que notre ancêtre Avraham faisait prononcer à ses invités. F. L. (d’après Rav Yosef Kolodny)
De Recit de la Semaine
A chacun son anniversaireLe 25 Adar marque l’anniversaire de l’épouse du Rabbi, la Rabbanite ‘Haya Mouchka, de mémoire bénie. A cette occasion, en 1988, le Rabbi demanda que chacun connaisse la date juive de son anniversaire et le célèbre comme il se doit. En novembre 1987, ma nièce Dina Posner (maintenant Goldsmith) avait six ans. Le Rabbi venait d’annoncer que, puisque cette année était celle du "Hakhel", celle qui suit la Chemitta (jachère de la septième année) – il convenait d’utiliser chaque réunion pour se lever et prononcer des mots de Torah. En effet, quand le Temple existait à Jérusalem, le roi rassemblait le peuple juif pour lire, en présence de tous, certains passages de la Torah. En adressant des paroles d’inspiration pour l’étude et la pratique, on pouvait transformer une réunion toute simple en un événement empreint de sainteté, une réunion de "Hakhel". Dina habitait à Skokie, non loin de Chicago, là où ses parents Rav Yossef Posner et sa femme Zeessie étaient – et sont encore – en mission pour le Rabbi. En été 1987, Dina se rendit en minibus en colonie de vacances. Elle se lia d’amitié dans ce véhicule avec Melissa, une autre fillette juive qui elle, fréquentait une colonie moins pratiquante. Quelques mois après la colonie, Dina reçut une invitation: Melissa allait fêter son anniversaire et Dina se réjouissait d’avoir ainsi l’occasion de revoir son amie. Quelques jours avant la fête, le père de Dina lui demanda: "Voudrais-tu faire très plaisir au Rabbi, pour qu’il soit fier de toi?" La fillette réfléchit et répondit que, bien sûr, elle aimerait beaucoup que le Rabbi soit fier d’elle. Son père lui expliqua alors ce que le Rabbi avait demandé à propos du Hakhel. Il suggéra donc qu’au cours de la fête, elle se lève et prononce quelques mots de Torah. De no breuses fillettes n’étaient pas du tout pratiquantes et on ne pouvait prévoir leur réaction. Père et fille travaillèrent sur "le discours". Cela devait être court: une description de ce qui se passait, il y a si longtemps dans la cour du Temple, quand le roi lisait la Torah devant tout le peuple réuni et, en conclusion, un appel à chaque fillette à s’engager à accomplir une Mitsva. Dina répéta plusieurs fois "le discours" devant ses parents. Une fois arrivée chez Melissa, Dina joua avec les autres invitées, particulièrement à une chasse aux cacahuètes et aux devinettes. Puis le grand moment arriva. Dina demanda à la mère de Melissa si elle pouvait prononcer un discours: ce fut accepté. Le trac: c’était la première fois qu’elle parlerait en public et elle n’avait que six ans. Tout se passa très bien: après un premier moment de surprise, toutes les petites convives applaudirent "l’orateur". Son père passa la chercher. Dans la voiture, il lui demanda: "As-tu prononcé ton discours?" Dina fut heureuse de raconter qu’effectivement, elle avait, par son discours, mis une note de judaïsme dans cette réunion d’anniversaire. Alors son père suggéra: "Dina, veux-tu écrire une lettre au Rabbi pour lui dire que tu as agi comme il l’a demandé?" Arrivée à la maison, Dina prit une feuille et un stylo et écrivit au Rabbi: "Aujourd’hui j’ai assisté à une fête (d’anniversaire) et j’ai dit des paroles de Torah sur le sujet du "Hakhel" et qu’il est bon de faire des Mitsvot. J’aurai 7 ans le 24 Adar. Ne’hama Dina bat Zeessa Posner". Quelques jours plus tard, elle reçut une lettre signée par le Rabbi, annonçant qu’il avait reçu son petit mot et la remerciant pour ce qu’elle avait fait: "Pour Ne’hama Dina – Bénédiction et paix – Sa lettre a été reçue et sera lue en un temps propice sur le tombeau du Rabbi (précédent NDLR) j’ai appris avec plaisir qu’elle a prononcé des paroles de Torah à propos de "Hakhel". Que D.ieu augmente Ses bénédictions et, en particulier, pour le jour de son anniversaire. Avec bénédiction. (Et la Rabbi ajouta de sa propre main la phrase qu'il avait l'habitude de dire à l'occasion d'un anniversaire:) Pour une année de réussite" (avec la signature du Rabbi) Dina se souvient: "Mon père fut très agréablement surpris par la lettre que le Rabbi m’avait envoyée. Cela lui fit vraiment plaisir. A l’époque, je ne réalisai pas tellement ce que cela signifiait mais je me souviens de la joie que cet épisode donna à mon père. Celui-ci fit des photocopies de la lettre du Rabbi et me dit de les distribuer à mes camarades de classe, pour les encourager à agir de même. Le Rabbi avait pris le temps de reconnaître les actions d’une fillette de six ans. Par ailleurs, il semble qu’il avait répondu à la lettre immédiatement mais avait demandé à ses secrétaires de ne l’expédier que juste avant l’anniversaire de Dina... qui tombait juste un jour avant l’anniversaire de l’épouse du Rabbi, Rabbanit ‘Haya Mouchka de mémoire bénie. Rishie Deitsch N’shei Chabad Newsletter Traduite par Feiga Lubecki