Bienvenue aux Gan Israël !
Alors que les jours défilent à vive allure sur nos calendriers, un moment ne peut pas passer inaperçu : le début des Gan Israël. Ce nom suffit à dire un programme, de vacances et aussi de vie, car l’expression renvoie à une réalité importante. Gan Israël, les centres aérés ouverts aux enfants dans toute la région parisienne. Le mois de juillet est leur mois et ils y introduisent cette joie sans pareille qui en fait un objet d’attente impatiente. Leur nom même est, en soi, une expression qui va loin : Gan Israël – le jardin d’Israël. On ne saurait mieux dire.
De fait, un jardin est toujours, et en premier lieu, un endroit d’agrément. Il n’est pas fait pour produire des aliments mais bien pour rendre la vie plus belle. Le « jardin », c’est un bouquet de couleurs, l’espace de l’épanouissement. D’une certaine manière, on y cultive le bien que l’on possède en soi et sa beauté efface ce qui parfois constitue la laideur du monde. Sans doute est-ce pour cette raison que les hommes ont toujours désiré un tel espace auprès d’eux et qu’ils ont rivalisé pour y faire prendre forme à leurs rêves.
En notre temps, et justement parce que, parfois, les événements n’inclinent pas à l’optimisme, de tels « jardins » nous sont précieux. Ils donnent à nos enfants une conscience joyeuse et à nous-mêmes l’espoir en l’avenir. Car, lorsque les enfants ressentent et proclament la fierté et le bonheur de la judaïté, c’est quelque chose de profond qui s’inscrit dans le quotidien et qui ne laisse rien inchangé.
C’est pourquoi, quand revient le joli mois de juillet et le temps des Gan Israël, il faut y entrer de toute son âme. Il faut souhaiter à tous les moniteurs et à tous les directeurs la plus grande réussite et à tous les enfants l’enthousiasme le plus vrai et une joie sans mélange. Puisse le soleil briller matériellement autant que dans le cœur de chacun. Le monde de demain sera ce que nous en faisons aujourd’hui. C’est donc bien maintenant que tout commence : bienvenue aux Gan Israël !
La Techouva par choix
Maïmonide enseigne : « La Torah a promis que finalement le peuple juif fera Techouva à la fin de son exil et il sera immédiatement libéré. » (Michné Torah, Hile’hot Techouva 7:5).
A la lecture de cet enseignement, il apparaît que le peuple juif fera Techouva de sa propre initiative, sans que D.ieu l’y ait contraint. Ainsi ce sera vraiment sa Techouva qui amènera la Délivrance. Pourquoi Maïmonide choisit-il cette approche ?
Dans les deux chapitres qui précèdent dans le Michné Torah, Maïmonide a abondamment souligné l’idée du libre arbitre. Puis il commence celui où se trouve la citation ci-dessus par les mots : « Puisque tout homme en a reçu la permission… il doit entreprendre de faire Techouva… » Il veut dire ainsi que l’homme doit s’efforcer à une Techouva sincère, qui procède de sa libre volonté et non d’une quelconque forme de coercition. Après avoir posé ce principe, Maïmonide poursuit : « finalement le peuple juif fera Techouva » : son retour à D.ieu sera décidément le résultat d’un libre choix.
(D’après Likoutei Si’hot, vol. XXVII, p. 215)
Kora’h
Kora’h, briguant pour lui-même la Prêtrise et le poste de dirigeant, confiés par D.ieu respectivement à Aharon et à Moché, est l’instigateur d’une révolte. D.ieu donne la preuve visible aux yeux de tous de la justesse de Son choix en faveur de Moché et d’Aharon.
D.ieu ordonne qu’une Teroumah (« prélèvement ») de chaque récolte de blé, de vin et d’huile ainsi que chaque premier-né ovin ou bovin et d’autres présents spécifiques (24 au total), soient remis aux Cohanim (les Prêtres).
La révolte
Quatre individus organisent une révolte contre Moché et Aharon et leur disent : « C’est trop pour vous ! Toute la communauté est sainte et D.ieu réside parmi eux, pourquoi vous placez-vous au-dessus de l’assemblée de D.ieu ? »
Moché répond à Kora’h, qui se trouve être son cousin germain, dans des mots brefs et émouvants, désirant le convaincre qu’Aharon a été désigné par D.ieu dans son rôle de Cohen.
Puis, relate la Torah, Moché envoie chercher Datan et Aviram. « Nous ne viendrons pas ! Ne suffit-il pas que toi [Moché] nous aies fait sortir d’une terre [l’Égypte] où coulaient le lait et le miel, juste pour nous tuer dans le désert ? Quel droit avez-vous de vous placer au-dessus de nous ? Même si tu nous crevais les yeux, nous ne viendrions pas ! »
Il est clair qu’ils ne céderont pas. Ils sont déterminés, avec Kora’h, à destituer Moché et Aharon. D.ieu intervient alors. Il est décidé à éradiquer ces rebelles qui tentent de discréditer Moché comme dirigeant du Peuple juif et transmetteur de la Loi de D.ieu. Il ordonne à Moché d’annoncer à toute la communauté : « Retirez-vous de la tente de Kora’h, Datan et Aviram ». Un sort tragique les attend.
Cependant, avant que Moché n’exécute l’ordre de D.ieu, une scène inattendue est relatée :
« Moché se leva et se dirigea vers Datan et Aviram. »
D.ieu venait d’ordonner à tous de se retirer. Pourquoi donc s’approche-t-il d’eux, apparemment en dépit de l’ordre de D.ieu ?
Moché tentait, une dernière fois, de les persuader de baisser les armes. Il tentait de sauver leur vie. Mais en vain. Le Talmud commentant cette scène déclare : « De là, nous apprenons qu’il ne faut jamais poursuivre une querelle ».
Pourquoi est-ce d’ici que nous dérivons cette injonction ? Il a déjà été dit : « Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur… Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » (Vayikra 19 :17-18). Ce commandement direct ne nous enseigne-t-il pas déjà de ne jamais prolonger une querelle ou un désaccord mais de toujours tenter d’enrayer le conflit ? Pourquoi les Sages du Talmud jugent-ils nécessaire de dériver cette injonction de ce verset ambigu, en particulier : « Moché se leva et se dirigea vers Datan et Aviram » ?
Un portrait des rebelles
Qui sont Dathan et Aviram ? Quatre incidents les concernant nous permettent de les cerner.
Près de soixante-dix ans plus tôt, Moché ayant grandi, s’enquiert du sort de ses frères juifs. Il voit leur souffrance, tue un Égyptien en train de maltraiter un Juif et le cache dans le sable. Le lendemain, essayant d’intervenir dans une querelle entre deux Juifs, l’un des protagonistes lui assène : « Qui t’a fait homme, prince et juge sur nous ? As-tu l’intention de m’abattre comme tu as abattu l’Égyptien ? » Moché prend peur : « Vraiment la chose est connue ! » Il s’enfuit.
Qui étaient ces deux hommes se querellant : Datan et Aviram.
Le deuxième incident se produit alors que, peu après l’Exode, la Manne commence à tomber quotidiennement. Moché enjoint le Peuple juif de ne pas en mettre de côté et d’avoir la foi qu’ils en trouveront le lendemain matin. Deux individus dérogent à cette injonction : Datan et Aviram.
Le troisième incident se produit un an après le retour des Explorateurs de Terre Sainte, lorsqu’ils dissuadent le peuple d’entrer en Israël et la réaction de colère devant la punition de rester quarante ans dans le désert. Le verset nous dit : « Et un homme dit à son frère : ‘Nommons un chef et retournons en Égypte !’ »
A nouveau, la tradition nous enseigne que cette conversation se tenait entre Datan et Aviram.
Le quatrième épisode a lieu dans notre Paracha. Ces hommes ne s’en prennent pas à Moché pour des raisons idéologiques mais ils sont poussés par la soif du pouvoir et la jalousie devant le prestige de Moché. Ils sont décidés à lui porter atteinte, par tous les moyens, et ce, depuis plus de soixante-dix ans. Dans ces conditions, il est bien étonnant de voir Moché s’approcher d’eux dans une tentative pacificatrice, après avoir écarté tout le peuple et en dépit de l’ordre de D.ieu.
Un dévouement illimité
Il nous est ici permis d’entrevoir ce qui faisait de Moché, l’être humain qu’il était. Son dévouement, sa loyauté et son amour pour chaque membre particulier de son peuple ne connaissaient pas de frontières. Même vis-à-vis de ses plus cruels ennemis, engagés dans une guerre intensive et de longue date contre lui, il ne renonça pas à une occasion de chercher la paix avec eux et à essayer de leur sauver la vie.
En dernier ressort, c’est le verset « Moché se leva et se dirigea vers Datan et Aviram » qui nous démontre pourquoi la révolte contre Moché était si profondément inappropriée. C’était l’identification sans compromis de Moché avec son peuple, quelle que soit la profondeur de l’abîme dans laquelle certains individus étaient tombés, que lui donnait toute sa qualification pour détenir le pouvoir. Seul à un être humain si altruiste et humble, tant de pouvoir pouvait-il être confié. Le dévouement extraordinaire de Moché pour son peuple en faisait le dirigeant juif authentique et absolu.
Seulement la paix
Nous pouvons désormais comprendre le commentaire du Talmud : « De là, nous apprenons qu’il ne faut jamais rester en querelle ».
L’instruction biblique : « Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur… Tu aimeras ton prochain comme toi-même » suggère simplement qu’il ne faut pas entretenir d’animosité dans son cœur ; il faut exprimer ses griefs, les gérer et en dernier lieu apprendre à aimer son prochain, puisque, au niveau profond de notre âme, nous sommes les enfants de D.ieu.
Mais que se passe-t-il quand l’on ressent que quelqu’un a de véritables problèmes avec nous qui le conduisent à nous haïr ? Que se passe-t-il quand l’on réalise que, quoi que l’on fasse, la personne ne changera jamais ? Pourquoi ne pas simplement l’occulter et accepter cette querelle comme un fait irrévocable de la vie. Pourquoi ne pas faire la paix avec cette situation de guerre ?
C’est ce que Moché nous enseigna au moment où « il se leva et se dirigea vers Datan et Aviram ».
Ne jamais poursuivre une querelle
Malgré le fait qu’il aurait pu, à juste titre, assumer que ses adversaires ne changeraient pas de position, il ne permit à aucune supposition, basée sur ses expériences préalables, de l’arrêter dans ses efforts pacificateurs. Moché savait que les désaccords et l’animosité parmi les Juifs étaient une maladie maline et il ne voulait à aucun prix renoncer à quelque opportunité que ce soit de l’enrayer !
Dans le Tanya, Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi déclare : « Chaque âme de la maison d’Israël contient en elle quelque chose de la qualité de notre Maître Moché ».
Cela signifie que nous avons, nous aussi, la capacité d’imiter l’exemple de Moché, tout au moins dans une certaine mesure. S’accommoder de la désunion et du désaccord est une tragédie. Il ne faut avoir de cesse de confronter notre propre fierté et notre insécurité et nous battre pour la paix, même avec des personnes que nous pouvons facilement gommer de notre existence.
Il est sûr que si quelqu’un met en danger notre vie ou cause des dommages, il est impératif d’ériger les frontières adéquates et interrompre à tout prix la maltraitance ou le comportement mauvais. Ne jamais laisser notre idéalisme permettre que des gens innocents souffrent. Mais quoi que nous entreprenions pour aider les gens à s’amender et quoi que nous fassions pour générer la paix et l’amour, même si cela requiert une humilité extrême (à l’instar de Moché dans notre Paracha), cela en vaut bien la peine.
Coutumes liées au jour de la Hilloula du Rabbi 3 Tamouz
(cette année mardi 9 juillet 2024)
Le Rabbi avait fixé un certain nombre de coutumes à respecter à l’occasion de la Hilloula du Rabbi précédent. Ce sont ces mêmes coutumes qui ont été reprises pour le 3 Tamouz. En voici quelques-unes :
- On allumera une bougie de vingt-quatre heures depuis lundi soir 8 juillet.
- Pendant chacune des trois prières du jour, cinq bougies resteront allumées devant l’officiant.
- On donnera de la Tsedaka (charité), au nom de chacun des membres de sa famille, pour une institution du Rabbi.
- On consacrera un moment dans la journée pour parler du Rabbi et de sa grande Ahavat Israël (amour du prochain) à sa famille et son entourage.
- On étudiera les chapitres de Michnayot correspondant aux lettres qui constituent le nom du Rabbi.
- On étudiera les enseignements du Rabbi.
- On rédigera un « Pane », « Pidyone Néfech », une lettre de demande de bénédictions (en y précisant les prénoms et les prénoms des mamans de chacun) qui sera lue sur le Ohel du Rabbi.
N° de fax du Ohel : 00 1718 723 44 44
N° de fax du Beth Loubavitch : 01 45 26 24 37
Adresse du Ohel : 226-20 Francis Lewis Blvd – Cambria Heights, New York 11411
E-Mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Logique ou émotion ?
Boulder (Colorado) est une très jolie ville. Des montagnes majestueuses, les Rockies, offrent des paysages à couper le souffle et, à notre arrivée, nous ne cessions d’admirer ces merveilles de la nature. Mais bien vite, nous avons réalisé qu’alors que nous admirions la ville et ses environs, nous étions nous-mêmes observés ! Apparemment, les sommets sublimes des Rockies ne valent rien par rapport à un vrai rabbin, avec tous les attributs d’un vrai rabbin : barbe, chapeau et costume sombre. De tous les magasins, on pouvait admirer les montagnes et les vallées mais un véritable rabbin, c’était bien plus nouveau et exotique !
J’avais fait la connaissance d’un pianiste, Ted, et je l’avais invité à assister à un de nos cours de Torah. Après le cours, Ted s’approcha de moi avec un sourire gêné : « Je ne veux pas briser le charme donc je suppose qu’il serait plus honnête de ma part de vous faire part de mon passé. J’ai été élevé dans une famille juive traditionnaliste à Denver. Mon grand-père était un des fondateurs de la communauté juive et ma famille y est très connue. Nous allions régulièrement à la synagogue et pratiquions de nombreuses Mitsvot à la maison.
Mais pour moi, tout ceci était… comment dire… forcé, pour la galerie si vous voulez. La peur du « qu’en dira-t-on », maintenir les apparences, agir comme les autres, se fondre dans l’entourage mais pas vraiment une expérience joyeuse et réfléchie. De l’action, oui mais aucun sentiment ou enthousiasme.
Quand je suis allé à l’université, j’ai rencontré d’autres étudiants, des chrétiens pratiquants. Ils avaient une foi solide, contagieuse ! Ils ressentaient vraiment la Main de D.ieu dans tout ce qu’ils vivaient. C’était exactement ce qui me manquait ! Je me suis senti attiré par leur sincérité et, quelques mois, plus tard, je me suis converti au christianisme ; depuis, je pratique régulièrement cette religion.
Alors pourquoi je suis venu ce soir ? C’est parce que je sais que le christianisme est fondé sur le judaïsme. J’ai pensé que si je le connaissais mieux, cela m’aiderait à devenir un meilleur Chrétien ! ».
Il était si honnête, si sincère mais je le ressentis comme une claque à laquelle je n’étais pas préparé :
- Comment le savez-vous ? éclatai-je. Vous reconnaissez vous-mêmes que vous n’êtes pas un expert, dans aucune des deux religions incriminées. Alors pourquoi rejeter le judaïsme en faveur du christianisme et pas l’inverse ?
Ted fut surpris par ma réaction et réfléchit un moment avant de reprendre la parole. Il répondit, j’ai argumenté, il me contredit et j’ai insisté. Bref nous avons « discuté » avec passion pendant des heures jusqu’à ce que, tard dans la nuit, Ted se soit mis à bailler :
- Nous pouvons argumenter encore des mois mais je ne changerai pas d’avis. J’étais si malheureux avant alors que, depuis ma conversion, je me sens si bien, si rassuré, si bien entouré…
- Oui, je comprends : tant que vous reconnaissez que votre attachement à cette religion provient d’un besoin émotionnel plutôt que d’une base solide et logique… Aucun argument aussi évident soit-il, aucun fait établi et indiscutable ne vous impressionnera ! Pour vous, l’émotion est plus forte que la logique !
La discussion cessa, Ted partit et je me dépêchai d’attraper un taxi pour l’aéroport : ce Chabbat, ce serait Guimel Tamouz, la date du premier anniversaire de décès du Rabbi de Loubavitch et je voulais passer cette journée difficile avec mes frères ‘hassidim au 770 Eastern Parkway à Brooklyn. Là, je pourrais prier pour tous les Juifs que je connaissais à Boulder – et pour Ted.
Quand je suis rentré chez moi après quelques jours d’intense émotion et de spiritualité, je reçus un coup de téléphone de Ted :
- J’ai réfléchi à notre conversation. De fait, je n’ai pas cessé d’y réfléchir ! Vous avez raison, Monsieur le rabbin ! Je devrais donner sa chance au judaïsme ! Après tout, je me suis senti si bien dans votre entourage et j’ai apprécié votre délicatesse.
La puissance des prières auprès du tombeau du Rabbi avait été indéniable et j’ai senti combien ce jour si spécial du 3 Tamouz avait pu opérer un changement aussi spectaculaire.
J’ai continué à bavarder de temps en temps avec Ted, je l’ai connecté à la grande communauté de Denver où il habitait et j’ai observé avec satisfaction comment il revenait lentement mais résolument à une vie de Torah, dans la réflexion et la joie. Sa métamorphose impacta aussi son frère et, tous deux ont maintenant régénéré l’ambiance juive dans leur famille.
Rav Pessa’h Scheiner - COLlive
Traduit par Feiga Lubecki