Samedi, 16 juin 2018

  • Kora’h
Editorial

 3 Tamouz : d’élévation en élévation

Un Tsadik, un Juste, qui quitte ce monde n’en disparaît pas, il s’y trouve avec une intensité encore plus grande, nous enseigne le Zohar. Lorsque, en ce Chabbat, revient le 3 Tamouz, jour où le Rabbi quitta matériellement ce monde, cette phrase, immanquablement, résonne dans l’esprit et dans l’âme de chacun. De fait, cela arriva en 5754-1994 et chacun constate à quel point la présence du Rabbi semble être encore plus sensible avec les années. Par ses enseignements, par les actions croissantes qu’il suscite aux quatre coins du monde, le Rabbi continue de guider, conduire, vivifier des centaines de milliers de personnes, diverses autant par leur origine que par leur mode de vie, leurs opinions ou leur situation géographique.

Certains pourraient penser que la grandeur du 3 Tamouz se limite à ces considérations. Certes, ces idées expriment une actualité indéniable – et, en cela, elles sont essentielles. Toutefois, si cette date se contentait d’incarner cela, les années qui passent ne verraient rien se rajouter aux acquis antérieurs. On dirait alors que ce jour n’est qu’une commémoration, même importante, parmi toutes les autres. Or il représente bien autre chose et sans doute est-ce en cela qu’il révèle sa profondeur et son urgence pour chacun, car il est un jour d’élévation. Cela signifie que, lorsqu’il revient, d’année en année, il ne réapparaît pas au même niveau. Il entraîne toujours dans un degré plus haut et ce progrès est infini. C’est ainsi que le Rabbi lui-même s’élève également de degré en degré. Il ouvre un chemin toujours nouveau et chacun peut le suivre. Plus encore, il importe pour chacun de s’élever avec lui.

Le propre d’une voie qui monte, c’est d’exister et d’offrir le passage. Mais il appartient à l’homme de s’y engager et d’en suivre les avancées. Cette route-là est spirituelle, c’est spirituellement qu’il faut savoir l’emprunter. C’est dire que le 3 Tamouz n’est pas qu’une journée qu’il faut marquer, c’est un moment rare qu’il faut vivre par l’action et par l’étude, par le cœur et par l’esprit. Ce jour tombe ce Chabbat, a-t-on dit, comme pour souligner qu’il est un nouveau point culminant. Parce que c’est une période nouvelle qui s’ouvre et que notre âme sait y trouver les ressources du renouveau afin que l’ombre recule pour faire place à la Lumière, celle du temps de Machi’ah.

Etincelles de Machiah

 La voix et les mains

Le texte de la Torah (Béréchit 27 : 22) enseigne : « La voix est celle de Jacob et les mains sont celles d’Esaü ». Sachant que Jacob représente le Peuple juif et que Esaü est l’ancêtre de l’empire romain, les Sages donnent à cette phrase un sens plus profond. Quand on entend la « voix de Jacob », celle de la Torah, disent-ils, alors les « mains d’Esaü », sa force matérielle, n’ont aucun pouvoir. Mais, quand la voix de la Torah s’affaiblit, les mains d’Esaü peuvent l’emporter.

Cette idée se concrétisa à l’époque de la destruction du Temple. C’est ce que dit le prophète Jérémie : « Pourquoi la Terre a-t-elle été perdue ? Car ils ont abandonné Ma Torah ». En notre temps, par l’étude renforcée de la Torah, nous pouvons donc annuler la cause de l’exil et ainsi amener la Délivrance.

(D’après Likoutei Si’hot, vol. III – Parachat Toledot)

Vivre avec la Paracha

 Kora’h

Kora’h, briguant pour lui-même la prêtrise et le poste de dirigeant de Moché, confiés par D.ieu à Aharon et Moché, est l’instigateur d’une révolte. D.ieu donne la preuve visible aux yeux de tous de la justesse de Son choix.

D.ieu ordonne qu’une Teroumah (« prélèvement ») de chaque récolte de blé, de vin et d’huile, ainsi que chaque premier-né ovin ou bovin, ainsi que d’autres présents spécifiques (24), soient remis aux Cohanim (les prêtres).

 

Le Baal Chem Tov enseigne qu’un Juif doit tirer une leçon de tout ce qu’il entend ou voit. On peut donc tirer une leçon du fait que cette année, le 3 Tamouz tombe le Chabbat où est lue la Paracha de Kora’h.

(Ndt : Dans cette allocution, le Rabbi fait référence à la date du 3 Tamouz lors de laquelle son beau-père, le précédent Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak, vit sa peine de mort transformée en un exil de trois ans, dans la ville de Castroma. Il allait être totalement libéré le 12 Tamouz.)

Prendre des enseignements de la Paracha de Kora’h est problématique. En surface, elle évoque la révolte de Kora’h, d’influence néfaste, et son écrasement. Cependant, en s’appuyant sur les enseignements ‘hassidiques qui indiquent que tout dans le monde contient une intention bonne et positive, on comprend que l’histoire de Kora’h elle-même exprime de tels éléments.

Ils sont indiqués par Rachi, le célèbre commentateur. Il cite le Midrach qui tire un parallèle avec « un roi qui a offert un champ à un ami. Il n’a pas écrit de contrat de vente pas plus qu’il n’a apporté le contrat à des officiers pour qu’ils enregistrent officiellement la donation. Survient un autre sujet du roi qui conteste la possession du champ du premier. Conscient des préoccupations de son ami, le roi le rassure : ‘Laisse-le venir et contester tes droits. S’il agit ainsi, je t’écrirai un acte de vente et le porterai aux officiers’. »

Le Midrach se livre ensuite à l’explication : « De la même façon, quand D.ieu attribua la prêtrise à Aharon, Kora’h protesta fortement. C’est pourquoi la Torah accorda à Aharon vingt-quatre dons de prêtrise et une alliance éternelle de sel, pour le rassurer. »

Bien que la prêtrise d’Aharon eût existé avant la révolte de Kora’h (et qu’il ait été investi par Moché Rabénou, de manière très ferme), il n’en restait pas moins que tant qu’un « acte de vente n’avait pas été écrit et apporté aux officiers pour qu’ils l’enregistrent officiellement », Aharon ne la possédait pas pleinement. C’est grâce à la révolte de Kora’h et aux dons de prêtrise qui en résultèrent que la force d’Aharon fut « signée et apportée pour qu’on l’officialise. »

La révolte de Kora’h se concentrait autour de la prêtrise. La fonction la plus importante (et également la plus fréquente) accomplie par un Cohen est la Birkat Cohanim, la bénédiction des prêtres. De tous temps et en tous lieux (et aujourd’hui encore, en exil), la Torah commande au Cohen de bénir le Peuple juif. Il s’ensuit que la force de la bénédiction est intrinsèquement liée à la nature de la prêtrise et exprime son essence.

C’est pourquoi l’on peut considérer la révolte de Kora’h comme une protestation contre la force de bénir. Par le même ressort, la force supplémentaire que reçut Aharon, après la résolution de la controverse, ajouta de l’intensité et de la force à ces bénédictions.

Les commentaires de la Torah ont offert des interprétations variées et sophistiquées à propos des bénédictions des Cohanim. Cependant, le commentaire de Rachi se concentre sur l’interprétation première du verset.

Concernant la partie « Que D.ieu te bénisse », il explique « avec de l’argent, etc. » Cela signifie que bien que les bénédictions impulsent des énergies spirituelles, leurs effets affectent également les objets matériels, y compris l’argent.

Il interprète la conclusion de la bénédiction « et qu’Il te garde » comme signifiant : « te protège des voleurs », c’est-à-dire que si les bénédictions font naître la jalousie des voleurs, on sera préservé par le bouclier protecteur de D.ieu.

Il explique de la même façon, les autres bénédictions, comme se référant aux bienfaits matériels, y compris la bénédiction la plus bénéfique : celle de la paix.

Le lien entre les bénédictions des Cohanim et les préoccupations matérielles est l’objet principal de la leçon que l’on peut tirer de la Paracha de Kora’h et contribue à apporter une nouvelle dimension aux leçons du 3 Tamouz et de Chabbat.

Avec le 3 Tamouz, il s’agit du service du Juif dans la diffusion de la Torah et des Mitsvot - ce qui était la préoccupation qui anima toute la vie de Rabbi Yossef Its’hak.

Apparemment, cela n’a pas de relation avec le comportement du Juif et ses préoccupations matérielles. Même le Chabbat qui nous enseigne que « tout ton travail est achevé » et se réfère donc aux activités matérielles du Juif, traite de ces activités dans la perspective du Chabbat.

Les bénédictions des Cohanim concernent le travail, l’argent et les autres éléments de la réalité quotidienne du Juif. Elles concernent les affaires matérielles et enseignent que même dans le domaine concret, la réussite dépend des bénédictions divines. Ce concept suscite un changement dans la manière d’aborder le monde des affaires.

On a l’habitude de résumer cette nouvelle approche par l’adage de Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi : « D.ieu donne au Peuple juif des bénédictions matérielles et les Juifs transforment le matériel en spirituel. »

Dans les bénédictions des Cohanim, le Nom de D.ieu utilisé est Hachem. Ce nom se réfère aux aspects illimités et transcendants de la Divinité. C’est pourquoi, ces bénédictions, qui émanent de ce niveau de D.ieu, sont-elles, elles-mêmes, illimitées et infinies.

De la même façon, elles doivent être prononcées de sorte que « les mots courent rapidement ». En général, pour qu’une bénédiction puisse « atteindre ce monde depuis sa source dans les royaumes spirituels, elle doit passer par différents niveaux intermédiaires. Souvent, elle est retardée, parfois même empêchée. Mais la Birkat Cohanim passe ces niveaux sans difficultés, de telle sorte que « ses mots courent rapidement ». »

Ce concept, à savoir comment la prêtrise (qui avait la force d’affecter les actes physiques) fut « écrite et apportée aux officiers pour qu’ils l’officialisent » est le thème central de la Parchat Kora’h. Il est d’une telle importance que pour le communiquer, la Providence Divine créa une situation qui devait résulter dans la rébellion de Kora’h.

Les 24 cadeaux de la prêtrise, le signe qu’elle est bel et bien officialisée, doivent être donnés avec joie, une joie que l’on doit même ressentir dans le monde matériel. De la même façon, ils apportent une bénédiction dans le monde matériel, incluant l’immense bénédiction qui est celle de la paix.

Le Coin de la Halacha

 Coutumes liées au jour de la Hilloula du Rabbi 3 Tamouz

(cette année samedi 16 juin 2018)

Le Rabbi avait fixé un certain nombre de coutumes à respecter à l’occasion de la Hilloula du Rabbi précédent. Ce sont ces mêmes coutumes qui ont été reprises pour le 3 Tamouz. En voici quelques-unes :

  • • On allumera une bougie de vingt-quatre heures depuis vendredi soir 15 juin (avant l’allumage des bougies de Chabbat).
  • • Avant Chabbat, on allumera cinq bougies de 24h, qui resteront allumées devant l'officiant durant les prières.
  • • La veille, on donnera de la Tsedaka (charité), au nom de chacun des membres de sa famille, pour une institution du Rabbi.
  • • On consacrera un moment dans la journée pour parler du Rabbi et de sa grande Ahavat Israël (amour du prochain) à sa famille et son entourage.
  • • On étudiera les chapitres de Michnayot correspondant aux lettres qui constituent le nom du Rabbi.
  • • On étudiera les enseignements du Rabbi.
  • • On rédigera la veille un « Pane », « Pidyone Néfech », une lettre de demande de bénédictions (en y précisant les prénoms et les prénoms des mères de chacun) qui sera lue sur le Ohel du Rabbi.

N° de fax du Ohel : 00 1718 723 44 44

N° de fax du Beth Loubavitch : 01 45 26 24 37

Adresse du Ohel : 226-20 Francis Lewis Blvd – Cambria Heights, New York 11411

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Le Recit de la Semaine

 Un enfant irlandais avec un prénom juif

Une femme de la communauté Loubavitch de Brooklyn se fit un jour arrêter par la police pour une infraction mineure au code de la route. Elle ouvrit la fenêtre de sa voiture et se mit à chercher dans son sac son permis et l’assurance : le policier la surveillait, suspicieux. Tandis qu’elle fouillait frénétiquement parmi ses papiers, le policier aperçut une photo du Rabbi dans son porte-cartes.

- Excusez-moi, Madame, demanda-t-il, priez-vous dans la synagogue de ce Rabbi ?

- Oui, répondit-elle, surprise.

- Alors dans ce cas, je ne vous dresserai pas de contravention, annonça-t-il tout en refermant son carnet. Et savez-vous pourquoi ? Parce que ce Rabbi (il pointait la photo du Rabbi qu’elle tenait maintenant devant elle) a fait un très grand miracle pour moi !

- Oh ! Dans ce cas, puisque vous ne me dressez pas de contravention, j’ai tout le temps pour écouter votre histoire !

Le policier sourit :

- C’est mon histoire préférée mais je ne l’ai jamais racontée à des Juifs, je crois bien que vous êtes la première à l’entendre !

(Les voitures klaxonnaient à l’arrière et il dut hausser le ton pour se faire entendre mais il prit tout son temps pour parler).

- Voilà ! Je faisais partie de l’escorte qui accompagnait le Rabbi une ou deux fois par semaine au cimetière Montefiore (où est enterré son beau-père, le précédent Rabbi de Loubavitch, m’a-t-on expliqué). Avec le temps, j’ai fait connaissance des jeunes gens qui suivaient le Rabbi et j’ai appris beaucoup de choses. Ce sont des gens très sympathiques, comme vous le savez probablement ; nous avons beaucoup discuté pendant que le Rabbi priait auprès du tombeau.

Un jour, j’ai remarqué que ces jeunes gens de Yechiva avaient beaucoup de choses très intéressantes à raconter et je leur demandai de quoi il s’agissait. Ils m’ont expliqué que le Rabbi avait déjà effectué de nombreux miracles mais aujourd’hui, il s’était passé quelque chose de vraiment très spécial. Je n’ai même pas demandé quoi mais je leur ai timidement demandé si le Rabbi aidait aussi les non-Juifs.

- Bien sûr, répondirent-ils ! Le Rabbi aide quiconque le lui demande. Pourquoi ? Il vous manque quelque chose ?

- Oui ! Nous sommes mariés depuis neuf ans et n’avons pas d’enfant. La semaine dernière, les médecins nous ont annoncé que nous n’avions aucune chance d’en avoir. Nous avons dépensé beaucoup d’argent dans les traitements, nous avons consulté toutes sortes de grands professeurs ; depuis cinq ou six ans, nous avons sillonné tous les États-Unis à la recherche de solutions mais ils sont unanimes ! Vous ne pouvez pas imaginer combien nous sommes malheureux. Ma femme n’arrête pas de pleurer et moi-même je suis brisé.

Alors ce jeune homme m’a conseillé : « La prochaine fois que vous escortez le Rabbi, tenez-vous devant la portière de sa voiture et, quand il en sort, demandez-lui une bénédiction ! ». C’est ce que je fis et, quand il sortit, je lui demandai respectueusement : « Excusez-moi, Rabbi, bénissez-vous seulement les Juifs ou alors aussi les non-Juifs ? ». Il m’a regardé droit dans les yeux de son regard si pénétrant, comme un bon ami et a affirmé qu’il tentait d’aider qui il pouvait. Je lui racontai alors le verdict des médecins et il me conseilla d’écrire sur un papier mon nom et celui de mon père ainsi que le nom de ma femme et de son père : il prierait pour nous ! Mes mains tremblaient tellement que je crus que je ne parviendrai pas à écrire mais j’ai réussi à tendre le papier au Rabbi. Et savez-vous la suite ? Neuf mois plus tard, ma femme a donné naissance à un petit garçon ! Les médecins devenaient fous, ils ne comprenaient pas comment c’était possible mais quand je leur annonçai que c’était la bénédiction du Rabbi, ils se sont arraché les cheveux et… Je crus que j’étais devenu la star du moment !

Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! Savez-vous comment nous avons appelé notre petit trésor ? Devinez ! Nous l’avons appelé Mendel ! Au début, ma femme n’aimait pas tellement ce nom parce que ce n’est pas américain. Mais j’ai insisté : nous l’appellerons Mendel ! Chaque fois que nous prononcerons son nom, nous nous souviendrons que, sans le Rabbi, cet enfant ne serait pas né !

Quand nos parents ont entendu ce nom, ils ont tiqué : « Avec un nom pareil, tous ses camarades de classe penseront qu’il est juif, se moqueront de lui et se conduiront mal envers lui ! Pourquoi faire souffrir cet enfant inutilement ? ».

- C’est justement ce que je veux ! répondis-je calmement mais d’un ton décidé. Quand il reviendra à la maison et se plaindra que ses camarades lui donnent toutes sortes de sobriquets ou même lui auront donné des coups à cause de son prénom juif, je lui expliquerai qu’il doit apprendre de ces élèves comment NE PAS se conduire. Ils détestent les Juifs sans raison mais toi, tu dois aimer les Juifs, tu dois les aider de toutes les manières possibles. Tu leur expliqueras que, sans ce grand Rabbi juif qui s’appelle Mendel, tu ne serais pas venu sur terre et alors, peut-être, se mettront-ils à réfléchir et à penser différemment !

Tuvia Bolton - Chabad.org

Traduit par Feiga Lubecki

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