Vers la fin de cette Paracha, Moché dit au peuple : «D.ieu ne vous avait pas encore donné un cœur qui sait… jusqu’à aujourd’hui». Que signifie «un cœur qui sait» ? Un cœur qui répond à la connaissance qui lui a été donnée, pour que ce qu’il lui a été donné de comprendre prenne une dimension personnelle.

Trop souvent, nous savons quelque chose mais ce savoir reste abstrait. Cela n’affecte pas notre cœur ou notre âme. Tout comme dans notre corps physique, un resserrement, à l’endroit du cou, sépare notre tête de notre tronc, ainsi existe-t-il trop souvent un hiatus qui sépare notre esprit de notre cœur. Cela s’applique même aux idées et concepts les plus simple et ordinaires. Et bien entendu, cela concerne les sujets spirituels.

«Un cœur qui sait», par contre, traduit le processus intellectuel en sentiments qui motivent la personne pour qu’elle transforme complètement sa conduite.

Après avoir conduit le peuple pendant quarante ans, Moché ressent qu’il a finalement atteint ce niveau.

Quelle est la raison de ce constat ? Il a écrit le rouleau de la Torah et l’a remis à la tribu de Lévi. Le reste du Peuple juif est venu à lui et s’est plaint : «N’allons-nous pas, nous-aussi, recevoir la Torah ?».

Pendant les quarante ans qu’il avait passé dans le désert, le Peuple juif vivait avec la Torah. Il l’étudiait, observait ses commandements et les enseignait aux enfants. Mais les Juifs ne se l’étaient pas appropriée. C’était la Torah de D.ieu. Bien sûr, ils s’impliquaient dans son étude et sa pratique, mais c’était comme la différence entre un employé et un chef d’entreprise. Un employé peut être dévoué et passer de longues heures à son travail. Mais quand vient le soir, il rentre chez lui et n’a pas même une arrière-pensée pour son travail.

Après quarante ans dans le désert, Moché vit que le Peuple Juif commençait à considérer la Torah comme étant sienne. En tant que maître, ce fut sa plus grande satisfaction.

Perspectives

Parmi les nombreuses prophéties évoquant la Rédemption Ultime, voici le message d’Ezéchiel : «Je leur donnerai un cœur uni… et J’enlèverai le cœur de pierre de leur chair et leur donnerai un cœur de chair».

Deux messages se dégagent. Tout d’abord, contrairement à la situation présente où nous rencontrons souvent des personnalités déchirées, des gens qui ont des difficultés à faire face à leurs tendances et motivations contradictoires, à l’ère de Machia’h, nous serons tous concentrés sur un objectif unique. Nous baignerons perpétuellement dans une atmosphère emprunte d’un objectif spirituel, ce qui nous permettra de recentrer tous les aspects divers de notre personnalité dans une approche homogène.

D’autre part, pour parvenir à «un cœur qui sait», nous n’aurons pas besoin de prodiguer des efforts. Cela fera partie intégrante et naturelle de notre constitution. Au lieu de répondre par un cœur de pierre insensible, nous posséderons un cœur tendre de chair, un cœur réceptif aux messages du cerveau et qui les met en pratique.

Ces deux concepts sont donc reliés. Pourquoi notre cœur n’est-il pas réceptif ? Parce qu’il est déchiré et divisé entre de notre nombreuses directions. Si nous étions capables de coordonner et d’harmoniser ces élans divers, nos sentiments jailliraient naturellement et spontanément.

Le but de cette réflexion sur l’ère messianique n’est pas simplement de nous remplir d’espoir pour le futur mais également de nous permettre d’envisager la façon dont nous pouvons vivre notre vie au présent. Bien que, dans l’absolu, nous ne puissions, avant l’avènement de Machia’h, mettre en pratique les mobiles spirituels qui prédomineront alors, nous sommes toutefois capables d’anticiper l’ère à venir et d’expérimenter, dès à présent, un avant-goût de ce que nous vivrons alors. Quand notre vie est consacrée à un but spirituel, nous ressentons un sentiment d’accomplissement qui établit une harmonie entre tous les divers composants de notre être.

Cette unité n’est pas artificielle. Bien au contraire, elle reflète la vérité intérieure de notre être car l’âme est «une véritable partie de D.ieu En Haut». Tous nos potentiels renvoient à cette intériorité fondamentalement divine. Et lorsque nous nous concentrons sur ce potentiel divin, nous sommes à même d’apprécier les étincelles divines qui existent dans chaque élément de l’existence.

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