Dans Notre Paracha le verset Vaychla'h 34, 25 dit : «Et, ce fut le troisième jour(1), alors qu'ils souffraient(2). Les deux fils de Yaakov, Chimeon et Lévi, frères de Dina(3), prirent, chaque homme(4) son glaive. Ils se rendirent, de manière sure(5), dans la ville(6) et ils tuèrent tous les mâles».

Rabbénou Ovadya de Bartenora, commentant le traité Avot, chapitre 5, à la Michna 21, explique : «A treize ans, on est astreint à la pratique des Mitsvot, ainsi qu'il est dit : 'Les deux fils de Yaakov, Chimeon et Lévi, frères de Dina, prirent, chaque homme son glaive'. Or, Lévi avait alors treize ans et il est appelé : « homme (7)».

On peut, toutefois, s'interroger sur ce qui vient d'être dit. D'une part, on déduit l'âge de la Bar Mitsva de cet épisode de Chimeon et Lévi, que la Torah appelle : «homme», alors qu'ils avaient treize ans. Il en résulte qu'un enfant de treize ans peut lui-même être appelé un homme, responsable de ses actes, capable de mettre en pratique la Torah et les Mitsvot.

Cela veut bien dire que Chimeon et Lévi sont pris, en l'occurrence, comme des modèles de ce que l'on peut définir comme la maturité, l'âge adulte, la situation de l'homme qui est posé et réfléchi, parce qu'il se maîtrise parfaitement et qu'il est parvenu à se départir des futilités de l'enfance.

Mais, d'autre part, le sens simple de cet épisode montre que Chimeon et Lévi furent mus essentiellement par leurs réactions émotionnelles, en l'occurrence par un profond désir de se venger de ceux qui s'en étaient pris à leur sœur(8). Concrètement, l'exécution de tous les hommes de la ville fut la conséquence de leur grande colère, face à l'acte impardonnable de Che'hem(9). Il y avait donc bien là le contraire d'une attitude posée, réfléchie et responsable(10) .

En fait, la Torah enseigne, de cette façon, un principe important, fondamental, qui conditionne la pratique des Mitsvot. Car, il est bien clair qu'il faut s'efforcer de comprendre les Préceptes de la Torah, d'en établir les raisons, d'en analyser et d'en approfondir chaque détail(11). Et, c'est précisément pour cette raison que l'on déduit l'âge de la Bar Mitsva d'une comparaison avec un homme raisonnable et mûr(12).

Néanmoins, la finalité du service de D.ieu est tout autre. Il est nécessaire, avant tout, d'accepter le joug de la Royauté céleste, de se soumettre pleinement à D.ieu, par chacune de ses actions, qu'on le comprenne ou non(13).

Il faut donc mettre en pratique les Mitsvot du Saint béni soit-Il uniquement parce qu'Il les a ordonnées et c'est bien, en l'occurrence, ce que l'on peut apprendre de l'attitude de Chimeon et Lévi(14). Ceux-ci, quand ils devinrent des hommes, portèrent aussitôt le joug des Mitsvot(15). Pour cela, ils étaient prêts au sacrifice de leur propre personne(16). Une telle attitude, qui n'est pas rationnelle, émane d'un stade de l'âme qui est particulièrement haut(17).

(Discours du Rabbi, Likouteï Si'hot, tome 15, page 289)

Notes :
(1) Après la circoncision des habitants de la ville de Che‘hem.
(2) C’est le troisième jour, en effet, qui est le plus douloureux, comme la Torah l’a déjà enseigné, à propos de la circoncision d’Avraham.
(3) Et, qui voulurent donc la venger.
(4) La Torah les appellent : «homme», alors que Lévi n’avait que treize ans. Nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, en déduisent l’âge de la Bar Mitsva.
(5) Ne craignant pas la riposte d’hommes qui souffraient, du fait de leur circoncision.
(6) De Che’hem.
(7) On peut donc, dès cet âge, assumer tous les devoirs d’un adulte.
(8) En revanche, ils manquèrent de l’analyse intellectuelle qui leur aurait permis de se maîtriser. Et, de fait, Yaakov leur en fit le reproche par la suite.
(9) Le fils du roi de la ville, qui avait le même nom que la ville elle-même.
(10) Dès lors, comment en déduire l’âge de la Bar Mitsva, qui doit être le contraire de cela ?
(11) C’est ainsi que les enfants d’Israël, en recevant la Torah, dirent : «nous ferons et nous comprendrons», ce qui veut dire que, même si le : «nous ferons» doit se manifester le premier, le : «nous comprendrons» n’en est pas moins indispensable.
(12) Ou, en tout état de cause, capable de l’être. La maturité intellectuelle est la qualité première de l’âge de la Bar Mitsva.
(13) Et, il fallait donc que cette référence à ce qui transcende l’intellect soit présente également dans l’épisode qui sert de référence à la Bar Mitsva.
(14) Qui mirent l’analyse logique de côté, dans la nécessité de venger leur sœur.
(15) Par soumission.
(16) Contre toute logique.
(17) La Ye’hida, l’essence de l’âme, de laquelle il est dit : «Elle est unique pour proclamer Ton Unité».

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