Pour se préparer à la rencontre avec son frère Essav, Yaakov utilisa plusieurs tactiques. Il savait que son frère était beaucoup plus puissant que lui. Essav possédait quatre cents guerriers. En face de lui, Yaakov n’était accompagné que de ses femmes et de ses enfants. Et son fils aîné n’avait que douze ans. Ces enfants devaient devenir les fondateurs du futur peuple juif. Survivraient-ils ?
Yaakov tenta la conciliation, lui envoyant un imposant cadeau constitué de plusieurs espèces de bétail. Il réussit à convaincre Essav d’accepter ce présent. Cela impliquait une acceptation de la part d’Essav de l’existence de Yaakov et le fait qu’il était dans son droit quand il avait reçu la bénédiction de leur père. En même temps, Yaakov pria D.ieu dans une magnifique prière exprimant son humilité. Il exprimait son sentiment de n’être pas méritant de tous les bienfaits que D.ieu lui avait déjà attribués.
Enfin, il se prépara au combat. Sa tactique, consistant à diviser en deux son camp, faisait partie d’une stratégie militaire. Il était complètement dépassé par le nombre et haïssait également l’idée de faire du mal à autrui. Toutefois, pour protéger sa propre vie et la vie de ses femmes et de ses enfants, il était prêt à se battre.
Différents procédés sont possibles pour entrer en relation avec Essav, les ennemis du Peuple Juif à travers les âges. Ces approches doivent être utilisées aux différentes époques de notre longue histoire pour assurer notre survie.
Bien sûr, la prière se fait constamment, elle est toujours nécessaire. Trouver le bon équilibre entre la conciliation et les préparatifs au combat est la clé pour sauver les vies de tous ceux qui sont concernés. Le but est la paix et la sécurité, et la rencontre entre Yaakov et Essav donne un exemple d’une habile négociation qui rencontra un grand succès.

La richesse juive
Comment le Judaïsme envisage-t-il la richesse ? Comment considère-t-il quelqu’un qui travaille dur pour amasser une fortune ? Ne devrait-il pas consacrer plutôt son temps à des occupations spirituelles ?
La Paracha de cette semaine qui commence avec la rencontre fatidique entre Yaakov et Essav jette la lumière sur cette question.
Des années auparavant, Yaakov s’était enfui d’Essav pour échapper à la colère de son frère. Essav pensait qu’il avait été privé, à tort, de son droit d’aînesse et des bénédictions de son père. Il voulait donc tuer Yaakov. Ce dernier s’était réfugié dans la maison de son oncle Lavan, bien loin à l’est de ‘Haran. Là bas, il s’était marié, avait élevé une famille et prospéré. Il avait amassé de gros troupeaux de moutons et de bétail. Il revenait donc à Canaan, sa terre natale.
Sur le chemin du retour, il dut faire face à une confrontation avec son frère Essav. Y aurait-il la paix ? Finalement c’est ce qui se produisit, mais pas d’emblée. Yaakov fut tout d’abord informé qu’Essav avançait vers lui avec une armée hostile. Il prépara donc des plans d’urgence dont le plan de paix évoqué plus tôt. Son présent était accompagné d’un message de conciliation : «J’ai vécu temporairement avec Lavan et j’y suis resté jusqu’à présent. Je possède des bœufs et des ânesses, des moutons, des serviteurs et des servantes et je t’ai envoyé ce cadeau, pour trouver faveur à tes yeux».
Nos Sages demandent : pourquoi Yaakov mit-il l’accent sur le fait que son séjour chez Lavan avait été temporaire ?
Ils répondent que par ces mots : Yaakov était en train de dire quelque chose sur la nature de la richesse qu’il avait amassée. Il est vrai qu’il avait travaillé très dur et était devenu très riche. C’est pour cette raison, qu’il envoyait un cadeau important à son frère. Mais il voulait également lui signifier quelque chose à propos de son attitude par rapport à cette richesse. Les choses de ce monde sont très importantes mais elles ne sont que temporaires.
Yaakov disait à son frère : le but principal de la vie n’est pas la richesse en soi mais la manière dont on utilise chaque détail de la vie dans le service de D.ieu.
En fait, «j’ai vécu temporairement» s’exprime dans le texte hébreu de la Torah par un mot unique : Garti, qui a la valeur numérique de 613. Yaakov disait : «J’ai vécu avec Lavan, l’idolâtre, je me suis profondément consacré à pourvoir aux besoins de ma famille et je suis devenu très riche». Mais le véritable but en était d’observer les 613 Commandements.
Le Judaïsme nous enseigne que la richesse n’est pas le but, mais le moyen, celui de de créer une magnifique atmosphère dans la maison juive, avec des enfants heureux et des invités à sa table, d’être capable de partager avec les membres de la communauté et de jouer son rôle dans le bien-être de tous.
Voilà quel était le message de Yaakov à son frère Essav, parce qu’en dernier ressort, c’est là le message du Juif au monde.

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