L’avancée sereine
Il peut sembler bien ambitieux d’affirmer des valeurs et des références stables et sures dans un monde que les événements rendent, chaque jour, plus incertain. Bien sûr, la tentation est grande de se dire que ce qui faisait sens hier en est bien dépourvu aujourd’hui. Toutefois, la facilité a rarement raison. L’expérience montre, à qui veut voir, que la voie moins aisée est souvent la plus fiable, selon la formule du Talmud « le chemin long et court » – « long » car c’est là sa réalité mais « court » car il conduit au but recherché avec certitude.
Cette semaine en donne une illustration concrète : le congrès international des Chlou’him – des émissaires du Rabbi dans le monde entier – se tient à New York. Comme chaque année, dira-t-on peut-être. Alors il convient de le préciser : bien plus que chaque année, par le nombre des participants autant que par la vigueur et l’enthousiasme qui s’en dégagent. La question s’est toujours posée à celui qui regarde le phénomène en observateur extérieur : ce sont là des hommes qui connaissent toutes les conditions de vie possibles. Ils vivent les changements sociaux, voire politiques, au plus près du terrain. Ils savent le prix d’une action, l’importance d’une décision, la valeur des relations humaines. Personne plus qu’eux n’est au fait de l’incertitude des temps. Et pourtant, ils restent tels qu’en eux-mêmes, toujours en mouvement mais appuyés sur des normes et des paroles éternels, porteurs d’un enseignement éternel. Sont-ils donc un rare îlot de stabilité dans un monde mouvant ?
Disons plutôt qu’ils représentent un révélateur de courants anciens et puissants qui donnent la véritable direction. Certes, ils ne choisissent pas le chemin le plus facile. Mais n’a-t-on pas dit que celui-ci n’est pas obligatoirement le plus sûr ? Force est de le constater : ils tiennent un langage que chacun entend et comprend. Ainsi ils changent le cours des choses. Ce congrès annuel des Chlou’him n’est pas uniquement l’occasion de retrouvailles attendues non plus que la manifestation de leur présence et de leur conviction jamais démentie. Il est l’expression d’une volonté en marche, celle du Rabbi qui eut, dès les années 50, la vision des temps qui allaient venir. Dans ce congrès, c’est aussi son avancée qui prend un caractère tangible. A chacun d’en être le partenaire.
Le lieu de la Présence Divine
Nos Sages enseignent que la Présence Divine, la Che’hina, accompagne les Juifs sur toutes leurs terres d’exil. Cela est réalisé par l’intermédiaire des petits sanctuaires – les synagogues et les maisons d’étude – qu’ils ont édifiés.
Toutefois, cela n’est vrai que pendant le temps d’exil spécifiquement. Car, dès que le Machia’h viendra, la Présence Divine Se révèlera de nouveau dans le Temple à Jérusalem.
(D’après le Kountrass Beth Rabbénou Chébébavel) H.N.
‘Hayé Sarah
Sarah meurt à l’âge de 127 ans et est enterrée dans la grotte de Ma’hpélah à ‘Hévron qu’Avraham a achetée à Ephron le Hittite pour quatre cents chékels d’argent.
Le serviteur d’Avraham, Eliézer, est envoyé à ‘Haran, chargé de cadeaux, pour trouver une femme pour Its’hak. Au puits du village, Eliézer demande à D.ieu un signe : quand les jeunes filles arriveront au puits, il demandera de l’eau pour boire. Celle qui proposera d’abreuver également ses chameaux sera celle qui est destinée au fils de son maître.
Rivka, la fille du neveu d’Avraham, Bethouel, apparaît au puits et réussit le « test ». Eliézer est invité dans sa maison où il relate à nouveau les événements du jour. Rivka revient avec Eliézer en terre de Canaan où ils rencontrent Its’hak, priant dans un champ. Its’hak épouse Rivka, l’aime et est consolé de la perte de sa mère.
Avraham prend une nouvelle épouse, Ketourah (Hagar) et engendre six autres fils mais Its’hak est désigné comme son seul héritier. Avraham meurt à l’âge de 175 ans et est enterré, à côté de Sarah, par ses deux fils aînés, Its’hak et Ichmaël.
A propos du verset « Et Its’hak sortit pour méditer dans le champ, vers le soir » (Beréchit 23 : 63), nos Sages expliquent que c’est alors qu’il institua la prière de l’après-midi (Min’ha). Il s’agit d’une prière unique. La prière du matin (Cha’harit) vient presque facilement. Une fois que l’on s’est levé, le matin, et que l’on a été gratifié du don de la continuation de la vie, il est naturel de vouloir remercier D.ieu. De plus, la journée n’a pas encore commencé et l’on a le temps de rassembler ses esprits, les diriger vers Lui et ainsi élargir son horizon.
La prière du soir (Arvit) n’engage pas non plus un grand dérangement. Le jour s’achève. Souvent l’homme ressent le besoin de prendre du recul et à nouveau de réfléchir, de passer en revue sa journée et d’apprécier les leçons spirituelles qu’il a pu en tirer.
Mais la prière de l’après-midi est différente. Chaque entreprise et chaque occupation ont des moments frénétiques où les gens sont sous pression et tellement occupés à travailler, acheter et vendre qu’il n’y a aucune place pour la méditation, quelle qu’elle soit. Souvent, c’est précisément au beau milieu de ces activités trépidantes que l’on est obligé de prier Min’ha. Quelles que soient les pressions, il faut s’arrêter, prendre du recul et prier.
Nos Sages nous enseignent : « une personne doit faire très attention à la prière de l’après-midi parce qu’Eliahou n’a eu de réponse que l’après-midi ». Ce qui est ici impliqué est que lorsque D.ieu voit un homme faire l’effort de prier, alors que son emploi du temps a des exigences urgentes, Il acquiesce et répond à ses prières.
Les mots hébreux de cet enseignement contiennent également une allusion qui souligne l’effet positif de ces prières. Zahir que l’on traduit par « faire attention » dénote également le fait de « briller ». Ces prières permettent à l’âme de faire jaillir son éclat. L’essence spirituelle de la personne, le cœur Divin de son âme, s’exprime et surmonte sa nature matérialiste et ses préoccupations mondaines.
Expliquons : l’essence de l’âme, comme l’essence de D.ieu, ne peut être décrite comme « sainte ». Car la sainteté implique la limite et l’exclusion. Or rien n’est plus loin de la vérité. D.ieu n’est ni spirituel ni matériel et Il imprègne, de la même manière, le spirituel et le matériel. Il ne peut être appréhendé par l’extase la plus élevée, la plus sublime, pas plus que les activités les plus dépravées ne peuvent se couper de Lui.
Quand l’individu reflète-t-il l’aspect essentiel de la Divinité ? Quand il opère une fusion, dans sa vie, entre le matériel et le spirituel ; quand, au sein d’une activité concrète productive, il s’arrête et prie, se consacrant au spirituel. Une telle attitude permet à l’essence de son âme, son véritable potentiel Divin, de rayonner.
Perspectives
Nos Sages tirent une leçon supplémentaire du verset que nous avons cité, statuant que Its’hak, comme son père Avraham et son fils Yaakov, pria sur le futur emplacement du Temple. Mais il est significatif de remarquer que le terme utilisé en référence au site du Temple est ici : un champ.
Les commentateurs remarquent : Où ailleurs le Temple est-il désigné par le terme « champ » ? Lors de sa destruction, comme il est écrit : « Tsion sera cultivé comme un champ ».
Dans la même veine, nos Sages comparent le processus de l’exil à celui de semailles. Comme l’affirme le prophète : « Je sèmerai (Israël) jusqu’à Moi, dans la terre ». Quand il est récolté, le produit qui pousse des graines excède, de façon immense, la quantité initialement semée.
Il est vrai que pour que la semence puisse pousser, il faut, au préalable, que l’enveloppe de la graine se décompose totalement. Ce n’est qu’alors que son cœur fleurit en une plante luxuriante.
De la même façon, la destruction du Temple et l’exil de notre peuple ont pour but de déchirer toute la superficialité et permettre au Peuple Juif de s’épanouir, en s’accomplissant, avec la venue de Machia’h. Ce n’est pas un processus indolore mais il conduit au bien ultime.
On y trouve aussi une allusion dans l’histoire des prières de Its’hak. La Torah relate qu’après avoir prié, Its’hak « vit des chameaux arriver ». Les lettres hébraïques du mot gamal, « chameau », ont la même racine que le mot gmoul, « récompense ». Its’hak vit que la destruction du Temple et l’exil étaient des étapes dans le processus qui nous conduirait à la récompense ultime, la venue de Machia’h.
L’allumage des bougies de Chabbat : qui, quand, comment ?
- Il est très important d’allumer les bougies avant l’heure indiquée dans le calendrier.
- On a l’usage de glisser des pièces dans la boîte de Tsedaka avant d’allumer les bougies.
- La petite fille allume sa bougie avant sa maman afin que celle-ci puisse surveiller qu’elle ne se brûle pas avec les allumettes.
- Les bougies doivent durer au moins une heure et demi (une demi-heure dans la nuit).
- Une femme mariée (ou qui a été mariée) allume deux bougies.
- Certaines femmes ont la coutume d’allumer des bougies supplémentaires selon le nombre de leurs enfants.
- Après avoir allumé (sa ou) ses bougies, elle tourne les mains trois fois autour des bougies puis couvre son visage de ses mains et prononce la bénédiction :
Barou’h Ata Ado-naï Élo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vetsivanou Lehadlik Nèr Chel Chabbat Kodèch.
Béni sois-Tu Éternel notre D.ieu, Roi du monde, qui nous as sanctifiés par Ses commandements et nous as ordonné d’allumer les bougies du saint Chabbat.
- Il est recommandé de profiter de cet instant si spécial pour prier pour tous ses besoins – matériels et spirituels – ainsi que ceux de tout le peuple juif et surtout pour la venue rapide de Machia’h.
- Quand une fille ou une femme allume (sa ou) ses bougies, elle ajoute une lumière et donc une influence positive dans le monde et augmente la protection divine sur le peuple juif.
F.L. (d’après le Kitsour Choul’hane Arou’h)
Puis-je me permettre… ?
Mon mari avait une cousine dont le premier enfant se mariait. Mon mari s’était arrangé pour qu’ils aient droit à une entrevue privée avec le Rabbi une semaine avant le mariage. Toute la famille était présente : ma cousine et son mari, leurs deux filles cadettes et les deux fiancés. Le Rabbi bénit abondamment le jeune couple puis demanda à ma cousine : « Voyez-vous un inconvénient à ce que je me mêle de vos affaires ? ». Ma cousine répondit instinctivement : « Oh non, cela ne nous dérange absolument pas ! ».
Le Rabbi demanda alors si les deux filles célibataires allumaient chacune leur bougie de Chabbat avec la bénédiction. Ma cousine répondit en toute honnêteté que telle n’était pas la coutume dans leur famille et qu’on n’allumait les bougies de Chabbat qu’une fois qu’on était mariée.
Le Rabbi demanda alors à ma cousine si ces jeunes filles étaient plus indépendantes dans leur façon de s’habiller qu’elle-même ne l’était à leur âge. Amusée, ma cousine répondit que, bien sûr, ses filles étaient plus indépendantes qu’elle-même ne l’avait été et qu’elles n’hésitaient pas à prendre des décisions personnelles toutes seules, par exemple à choisir elles-mêmes leurs vêtements. Puis le Rabbi demanda si ces filles étaient plus indépendantes qu’elle-même dans leur école et, à nouveau, ma cousine répondit par l’affirmative.
Le Rabbi continua : « Sont-elles plus indépendantes dans leur façon de considérer la vie, dans leurs idées ? ». Une fois de plus, ma cousine répondit fièrement oui.
Avec un grand sourire, le Rabbi déduisit : « Si elles sont tellement indépendantes dans toutes leurs décisions, pourquoi n’allumeraient-elles pas les bougies juste parce que leur grand-mère ne les allumait pas quand elle était célibataire ? ».
Il y eut un grand silence et les deux jeunes filles reconnurent la justesse de l’argument du Rabbi. Sur le champ, elles déclarèrent d’une seule voix qu’à partir de maintenant, elles allumeraient leur bougie de Chabbat et des fêtes. Et le Rabbi sourit, heureux qu’elles aient compris et accepté sa proposition.
Mais l’entrevue n’était pas terminée. Le Rabbi se tourna alors à nouveau vers ma cousine : « Qu’en est-il de la jeune fiancée ? Elle aussi devrait allumer sa bougie avant le mariage ! »
Un peu affolée, ma cousine balbutia que c’était le dernier Chabbat avant le mariage et que cela représentait un grand bouleversement dans les projets de la famille. Le Rabbi insista que, même pour ce dernier Chabbat de célibataire, elle devrait allumer sa bougie. Ma cousine était angoissée : comment allait-elle se procurer des chandeliers pour que ses trois filles allument leur propre bougie ce Chabbat, alors qu’on était jeudi soir et que toute la famille devait voyager le lendemain ?
Ce genre d’arguments ne déstabilisait évidemment pas le Rabbi qui demanda aux jeunes filles :
- Si je vous donne des chandeliers, allez-vous allumer votre bougie demain soir ?
- Oh oui, bien sûr ! s’exclamèrent-elles.
Le Rabbi ouvrit un tiroir de son bureau pour y chercher des bougeoirs mais n’en trouva pas. Il envoya alors un signal à son secrétaire, Rav Binyamin Klein, lui expliqua la situation et Rav Klein rapporta immédiatement des chandeliers puisqu’il en avait une provision dans son bureau.
Mes cousines se mirent à remercier le Rabbi pour toutes ses bénédictions en faveur du jeune couple mais le Rabbi les stoppa avec un grand sourire :
- C’est moi qui dois vous remercier car je sais que demain, grâce à vous, il y aura trois lumières supplémentaires dans le monde !
Tzippy Clapman – L’Chaim N° 1445
Traduite par Feiga Lubecki