Semaine 44

  • Vayétsé
Editorial

 Kislev : le mois hassidique

Certains mois semblent être marqués par un caractère particulier qui les distingue du cycle général du calendrier. Le mois de Kislev fait partie de ceux-là. S’il est un qualificatif apte à le définir, c’est sans doute celui de “mois ‘hassidique”, et d’abord par l’accumulation des dates dont le lien avec l’histoire de la Hassidout n’est plus à souligner.

Ainsi, ce mois commence par un Roch Hodech qui, dans les mémoires, les livres et les cœurs, est resté un jour particulièrement faste: celui où le Rabbi, après un malaise cardiaque survenu pendant les fêtes de Tichri, se montra, pour la première fois, en public. On sait que la période fut celle, non d’une absence, mais d’un redoublement de force et qu’elle introduisit, pour tous les Hassidim, à une ère d’initiatives renouvelées, d’enthousiasme et de dynamisme neufs. Dans le cours du mois, d’autres dates évoquent des événements plus anciens mais tous porteurs de messages précieux: le 9 Kislev, naissance du deuxième Rabbi de Loubavitch, l’Admour Haemtsaï, le 10 Kislev, anniversaire de sa libération des prisons tsaristes, le 14 Kislev, date du mariage du Rabbi, le 19 Kislev, date de la libération de prison du premier Rabbi de Loubavitch, l’Admour Hazaken, anniversaire désigné comme le Roch Hachana de la ‘Hassidout. Toutes ces dates sont comme mises tant en lumière qu’en perspective par la fête de Hanoucca, le 25 du mois.

On pourrait légitimement s’interroger sur la nécessité d’égrener ainsi le souvenir, de marquer des jours anciens. Ce serait pourtant commettre une erreur grave. Certes, le peuple juif est celui de la mémoire et ce trait est, chez lui, si caractéristique qu’il explique nombre de ses attitudes, de ses rites et de ses choix de vie. Cependant, loin de s’arrêter à cette idée, si juste et importante soit-elle, conserver ces jours comme autant de rendez-vous indispensables, c’est leur donner un sens qui la dépasse. De telles dates sont importantes d’abord parce qu’elles nous éclairent, scandant pour nous les jours d’une série d’accents toniques, au sens strict du terme. Il s’agit de savoir en tirer l’élan et la force nécessaires à toutes les réalisations à venir.

Ce n’est pas là qu’un vœu abstrait. Nous savons que notre temps réclame un effort supplémentaire, que parvenir au parachèvement le rend, plus que jamais, urgent. Ces jours nous sont, dans ce cadre, une inspiration. Jours de joie, jours propices, jours de lumière, ils nous tracent, du cœur de l’obscurité, le chemin vers la Délivrance finale, celle que le Machia’h nous apportera.

Etincelles de Machiah

 La préparation

Avant la construction du premier Beth Hamikdach, du Temple de Jérusalem, il y eut le Tabernacle dans le désert puis à Chilo, à Nov et à Guivon.

Avant la venue de Machia’h et la construction du troisième Beth Hamikdach, la ‘Hassidout a été révélée, qui est comparable à la révélation du Temple.

D’après Séfer Hasi’hot 5705, p.111

Vivre avec la Paracha

 Vayétsé

Quel est l’objet de la discorde entre Yaakov et Lavan ?

Chaque détail que nous livre la Torah à propos du voyage de Yaakov vers ‘Haran, que nous lisons cette semaine, est une leçon pour notre service de D.ieu.

Portons notre regard sur l’un d’entre eux. A propos du verset «il dormit dans ce lieu» (Bérechit 28 :11), le Midrach commente : «Ici, il dormit. Mais durant les quatorze années au cours desquelles il (avait étudié la Torah) dans l’école d’Ever, il n’avait pas dormi». Par ailleurs, le Midrach établit que «pendant les vingt années qu’il passa dans la maison de Lavan, il ne dormit pas». Cela se comprend du verset : «le sommeil était enlevé de mes yeux». En fait, la nuit, il ne s’allongeait même pas.

La seconde interprétation pose un problème. Nous pouvons comprendre pourquoi Yaakov ne dormait pas pendant qu’il étudiait la Torah. Mais pourquoi devait-il faire preuve d’un tel sacrifice de soi durant ses années de travail chez Lavan ?

Le but du voyage de Yaakov à ‘Haran et des activités qu’il y exerça était de raffiner le monde, de libérer les étincelles de spiritualité qui existaient dans le domaine de Lavan. Et son engagement dans cette tâche était tel qu’il ne se permit pas une minute de sommeil. Car il devait sans cesse s’armer contre les manœuvres de Lavan qui cherchait à miner ses efforts pour raffiner l’environnement.

Lavan dit à Yaakov : «Les filles sont mes filles ; les garçons sont mes garçons ; les troupeaux sont mes troupeaux» (Beréchit 31:43). Quels étaient les griefs de Lavan contre Yaakov et que cherchait-il à montrer ? Et quelle querelle spirituelle oppose les descendants de Lavan à ceux de Yaakov ?

Lavan lui disait : «Tu es un vieux Juif et tu peux faire ce que bon te semble. De toutes les façons, tu appartiens au monde d’hier. Va étudier la Torah jour et nuit ! Qu’est-ce que cela peut bien faire ? Mais les enfants ? C’est une autre histoire ! Ils appartiennent au monde moderne, au monde d’aujourd’hui. Ce sont mes enfants! Pourquoi veux-tu leur nuire ? Si tu continues à agir ainsi, ils seront incapables de s’adapter au monde moderne!

Tu veux leur enseigner le judaïsme ? Très bien ! Mais fais-le d’une façon moderne, avec de nouvelles méthodes. N’en fais pas des bons à rien !»

Et de la même façon, quand il s’agit du troupeau, Lavan s’écria : «je ne me mêle pas de la façon dont tu étudies ou tu pries. Mais les affaires, c’est mon domaine. «Les troupeaux sont à moi». Tu dois faire les choses à ma manière. Si tu veux faire du profit, tu ne peux être aussi méticuleux dans les interdictions contre les tromperies, contre le fait de veiller à ne pas prendre les revenus d’autrui, etc. Si tu suis la voie de la Torah dans les affaires, tu auras beaucoup de mal à gagner ta vie!»

Pour contrer cette approche, il fallait que Yaakov perde le sommeil jusqu’à ne pas même s’allonger. Un tel sacrifice était nécessaire, non seulement pour étudier la Torah à l’école d’Ever mais aussi pour sa famille et pour ses préoccupations matérielles, sur lesquelles Lavan prétendait avoir des prérogatives. C’est ce que signifiaient ses paroles adressées à Lavan : «J’ai travaillé pour toi pendant quatorze ans pour tes filles et six ans pour tes troupeaux», c’est à dire : «par un labeur douloureux, je me suis assuré que tout ce qui concernait ces sujets était mené selon les directives de la Torah».

C’est ainsi qu’il avait pu faire émerger la spiritualité cachée dans le domaine de Lavan et faire descendre la Divinité dans la matérialité.

La clé de la puissance

Ce qui précède nous permet de comprendre la suite du passage du Midrach que nous avons cité. Il demande : «Que disait-il (pendant qu’il gardait les troupeaux de Lavan) ?» et répond : «les 15 Psaumes qui commencent par Chir HaMaalot dans le Livre des Tehilim», comme cela ressort du verset : «Chir HaMaalot… dira Israël», «Israël» se référant à notre Patriarche Israël (Yaakov).

Ailleurs, le Midrach dit qu’il récitait le livre entier des Tehilim.  Apparemment, il semble difficile de comprendre la question du Midrach : «Que disait-il ?». Ce que faisait Yaakov la nuit est évident : il gardait les troupeaux de Lavan. Mais il est également évident qu’il ne se contentait pas de cette tâche. Il est clair qu’il désirait révéler des étincelles de spiritualité. Le Midrach demande en réalité : «qu’est-ce qui permettait à Yaakov d’accomplir cette mission? Comment lui était-il possible, tout en étant impliqué dans les activités matérielles que sont celles d’un berger, de maintenir son propre niveau spirituel et également de libérer des étincelles?

La réponse du Midrach est «Chir HaMaalot: Je lève mes yeux vers les montagnes. D’où viendra mon aide ?». Le mot hébreu méayine traduit par «d’où ?» signifie également «du néant». Les deux sens de ce terme sont significatifs. Le sens simple implique la prise de conscience de Yaakov qu’avec ses propres forces, il ne pouvait rien faire. Ainsi recherchait-il l’aide d’En Haut. Mais le sens figuré montre qu’il comprenait que la façon d’attirer vers lui l’assistance divine était une véritable annulation de son être. Il s’en remettrait à D.ieu : «Mon aide vient de D.ieu» et c’est ce support divin qui lui permettait de réaliser sa mission.

Par ses efforts, il révélait que D.ieu «est le Maître du ciel et de la terre». Non seulement D.ieu est-Il le Maître des Cieux (c’est-à-dire des préoccupations spirituelles, la Torah qu’étudiait Yaakov chez Ever) mais Il est aussi le Maître de la terre, les préoccupations matérielles de Yaakov à ‘Haran («le lieu qui suscitait la colère de D.ieu»).

Suivre l’exemple de Yaakov

Tous les éléments du récit concernant Yaakov peuvent ainsi nous apporter des directives dans notre service divin.

Nous devons, dans notre implication avec le monde matériel, prendre deux types de précautions.

Avant de «partir à ‘Haran», nous devons nous immerger dans l’étude de la Torah et dans la prière, sans nous impliquer dans des  préoccupations matérielles. C’est ainsi que pendant son séjour chez Ever, Yaakov était totalement absorbé dans son étude de la Torah. Et, avant de partir pour ‘Haran, «il trouva l’endroit», c’est-à-dire qu’il s’engagea dans la prière.

Mais même lorsque nous sommes à ‘Haran et que nous travaillons «pour Lavan», nous devons continuer notre service divin, en récitant, par exemple, des Tehilim. C’est ce qui suscite l’assistance divine dans l’accomplissement de notre mission.

Ce mode de comportement doit également être adopté dans notre vie quotidienne. Au début de la journée, avant de nous plonger dans le monde des affaires, nous devons consacrer un certain temps à la prière et à l’étude. La première chose à faire dès le réveil est de prier puis d’étudier. Ce n’est qu’après cela que nous pouvons entrer dans le monde séculier.

Mais en outre, nous ne devons aborder cette dernière étape qu’«avec le travail de tes mains», c’est-à-dire la dimension superficielle de notre être ; Notre esprit, quant à lui, doit être absorbé par un chapitre de Michnayot, un passage de Tanya ou un verset de Tehilim.

Enfin, lorsque nous menons nos affaires, il doit être apparent que nous sommes différents, comme il est écrit : «Moi (Moché) et Ton peuple serons distincts de toutes les nations de la surface de la terre». Un Juif doit toujours se démarquer de son environnement par la vertu de sa conduite sainte : «Connais-Le (D.ieu) dans toutes les voies».

Grandir dans la foulée de Yaakov

Cet accent sur la sainteté doit tout particulièrement apparaître dans nos méthodes éducatives. L’éducation commence par la manière dont on construit sa maison. Il ne suffit pas de dire qu’une maison juive doit être différente ou d’un niveau de sainteté supérieur mais la Torah, le judaïsme et la sainteté doivent en imprégner toutes les dimensions.

Cela apparaissait dans la conduite de nos Patriarches et précisément ici dans l’environnement établi par Yaakov. Il est écrit «Et Réouven marchait au moment de la récolte et il trouva des mandragores dans le champ» (Beréchit 30 :14). Rachi propose un commentaire sur ce verset : «Cela exprime une louange au sujet des enfants de Yaakov. Bien que ce fut le temps de la récolte, ils ne volaient rien pour le rapporter à la maison : du blé ou de l’orge. Mais ils prenaient des plantes sans propriétaire, sauvages et dont personne ne se soucie».

Les mots de Rachi : «cela exprime une louange au sujet des enfants» indiquent que cette attitude n’était pas habituelle dans cet environnement. Mais Yaakov savait que ses enfants devraient être différents. Chaque dimension de leur comportement reflétait la voie sainte de la Torah. La maison de Yaakov était différente de celles qui l’entouraient.

Nul n’est besoin de suivre la mode qui prévaut dans la société. Les enfants doivent savoir que leur père et leur mère sont différents des autres parents.

Même très jeunes, les enfants peuvent sentir ce qui fait la différence chez eux et éviter de modeler leur conduite sur celles qu’adoptent ceux qui ne leur ressemblent pas. Ils s’en vont alors, à l’instar de notre Patriarche Yaakov, pour étudier la Torah et ils mûrissent, comme Yaakov, se marient et s’impliquent dans le monde. Ils construisent une famille, travaillent tout en récitant «Chir HaMaalot» dans lequel ils se reposent entièrement sur D.ieu.

Le Coin de la Halacha

 Pourquoi les Juifs portent-ils la Kippa ?

La source principale de cette coutume se trouve dans les bénédictions du matin qu’a instituées Ezra le Scribe : en effet, chaque matin nous bénissons «D.ieu Qui couronne Israël de Tifara, beauté». Le fait de se couvrir la tête est donc appelé «beauté» car c’est l’honneur d’un Juif, un symbole de modestie et de sainteté qui incite à Yirat Chamayim, la conscience de la Présence divine et donc à la soumission devant elle.

Le Talmud relate qu’un des grands Sages était né avec une prédisposition au vol. Sa mère l’habitua, encore bébé, à garder la tête couverte et ainsi, il put venir à bout de cette fâcheuse tendance et devenir un Sage du peuple juif.

Nombreux sont ceux qui gardent la tête couverte même pour dormir.

On évite de marcher même quatre coudées (environ trois pas) sans se couvrir la tête.

Cette coutume s’étant largement répandue dans tout le peuple juif, il est interdit de nos jours de ne pas se couvrir la tête.

Se couvrir la tête avec la main n’est pas considéré comme une Kippa puisque la main fait partie du corps humain. On peut à la rigueur se servir de la main d’une autre personne le temps de réciter une bénédiction par exemple mais ce n’est évidemment pas l’idéal.

La Kippa doit pouvoir être vue sur toutes les parties de la tête.

F.L. (d’après Pinat Hahala’ha – Rav Yossef Ginsburgh)

Le Recit de la Semaine

 Un mets étrange

La famille Ben-Ari à Safed, dans le nord d’Israël, est renommée pour son hospitalité : chaque Chabbat, des dizaines d’invités se régalent à leur table, non seulement de bons petits plats mais aussi de paroles de Torah qui apportent inspiration et enthousiasme.

L’année dernière, deux semaines avant Roch Hachana, tout un groupe de soldates passèrent Chabbat à Safed et furent invitées chez les Ben-Ari. Comme il en a l’habitude, Rav Ben-Ari demanda, au cours du repas, à chaque convive de prendre la parole et d’ajouter une touche personnelle à la conversation. Certaines en profitèrent pour poser des questions plus ou moins provocantes sur le judaïsme, d’autres racontèrent des souvenirs marquants… Une femme-officier créa pourtant la surprise en annonçant tout simplement : «Grâce à ce Chabbat, j’ai décidé de devenir pratiquante !».

Bien entendu, tous la regardèrent en écarquillant les yeux. C’était là son premier Chabbat et elle n’était pas connue pour être facilement émotive. Elle expliqua :

«Je suis végétalienne : non seulement je m’abstiens de manger viande et poisson, mais je souffre aussi de la maladie céliaque et ne peux manger aucun aliment contenant du gluten. Chaque fois que je suis invitée, j’informe mes hôtes de ces restrictions : à l’armée, on connaît déjà mes besoins et on me prépare des plats spéciaux. Le fait est que mon plat favori est le quinoa : c’est non seulement nourrissant mais c’est aussi facile à préparer.

Alors que je me dirigeais vers votre maison, j’ai réalisé que je ne vous avais pas prévenu auparavant de mes besoins spéciaux. J’étais donc sûre de quitter votre maison, affamée et de mauvaise humeur puisque chez les gens pratiquants, j’ai toujours pensé qu’on ne mangeait que de la viande et beaucoup de pain et gâteaux. J’avais donc déclaré en plaisantant à une de mes amies : «S’ils nous servent du quinoa, ce sera un signe d’En Haut que je dois devenir pratiquante !»

Or, dès que je suis entrée chez vous, qu’ai-je remarqué sur la table ? Du quinoa ! Un énorme plat de quinoa ! Mon amie et moi, nous nous sommes regardées, choquées. J’ai compris que j’avais reçu un message direct du Tout Puissant !».

Rav Ben-Ari avait écouté avec stupéfaction et entreprit alors de raconter sa version du repas : 

« Nous sommes mariés depuis trente ans. Jamais nous n’avons servi de quinoa à table, ni Chabbat, ni dans la semaine. Nous n’avions jamais entendu parler de ce plat.

Dans la semaine, je me suis rendu dans le Néguev de kibboutz en kibboutz pour enseigner le judaïsme à des familles. J’ai eu l’occasion de passer la nuit chez mon ami Rav Moché Blau qui est Chalia’h (émissaire) du Rabbi dans cette région. Au milieu de la nuit, j’ai eu très faim et, comme je suis comme un membre de la famille, j’ai ouvert le réfrigérateur : j’ai aperçu un grand plat de graines et de légumes variés. Je me suis servi une assiette, c’était absolument délicieux et nourrissant. Au matin, Rav Blau m’a expliqué que c’était ce qu’on appelle du quinoa, que c’est très sain et bourré de protéines naturelles. J’ai décidé de demander à mon épouse de préparer ce plat pour Chabbat. A mon retour à Safed, je lui en ai parlé mais, comme elle n’en avait jamais entendu parler et ignorait la recette, elle tenta de me persuade d’oublier mon caprice. J’ai insisté - gentiment bien sûr - et j’ai téléphoné à Rav Blau ; de fait, c’était une de ses voisines qui l’avait préparé et elle fut ravie de m’en donner la recette. J’envoyai mon fils Yossef Its’hak acheter les graines au magasin Bio et c’est donc la première fois que mon épouse a préparé du quinoa.

Se tournant vers la jeune femme officier de Tsahal, Rav Ben-Ari conclut : «Voyez-vous, D.ieu pensait à vous depuis le début de la semaine ! Il savait que vous seriez présente à notre table de Chabbat et que le quinoa est essentiel pour votre santé. C’est Lui qui a tout arrangé de façon à ce que vous puissiez manger sainement Chabbat.

On a parfois l’impression que les récits miraculeux n’arrivent que dans la Bible, mais il suffit d’ouvrir les yeux pour discerner la main de D.ieu tout autour de nous !»

La jeune femme ne changea pas de style de vie du jour au lendemain mais elle s’engagea, pour le début, à allumer chaque vendredi soir sa bougie en l’honneur de Chabbat…

L’Chaim N° 1290

Traduit par Feiga Lubecki