Editorial
Des mois et des hommesLe calendrier est bien loin d’être sans influence profonde et réelle sur la vie des hommes. Il est clair qu’il modèle d’abord les rythmes sociaux et que son avancée indique à tous à quelle activité particulière ils doivent préférablement se livrer dans la période. En ce qui concerne, plus spécifiquement, le calendrier juif, il va bien au-delà de ce type de considération. Car il n’est pas qu’un instrument de suivi des jours qui passent mais il est étroitement lié à la structure même des choses. Ce n’est ainsi pas en vain que les Sages y ont associé des significations spirituelles essentielles et ont su montrer comment la coloration de chaque mois correspond à une déclinaison différente du Nom de D.ieu.
Le mois de Kislev, qui commence à présent, ne fait pas exception à cette règle. Mois de lumière, il est à la fois celui de ‘Hanoucca et celui du 19 Kislev, Roch Hachana de la ‘Hassidout. Même si plusieurs siècles séparent l’apparition de ces deux célébrations, plus d’un trait leur est commun. De fait, dans un cas comme dans l’autre, c’est de lumière qu’il s’agit. Dans un cas comme dans l’autre, les forces de l’obscurité redoublent d’efforts pour empêcher son émergence et, dans un cas comme dans l’autre, elles sont défaites. A ‘Hanoucca, c’est l’empire grec qui veut détacher les Juifs de leur attachement éternel à D.ieu et à Sa Torah. Le 19 Kislev, c’est l’enseignement du ‘Hassidisme, donné par Rabbi Chnéor Zalman, l’auteur du Tanya, que l’on veut entraver. Nous connaissons la suite : par nature, la victoire appartient toujours à la lumière…
C’est ainsi que nous entrons dans le mois de Kislev. Nous sommes armés de l’expérience du temps, nous savons que rien ne peut empêcher que, jour après jour, la clarté gagne et que, peu à peu, le monde s’illumine. Dans la période où nous sommes, cela structure la conduite de chacun. Nos actes peuvent être ceux de «porteurs de lumière». Si certains pouvaient, jusqu’ici, avoir l’impression de difficultés sur leur chemin, celles-ci, à présent, s’évanouissent, chassées par le jour qui se lève. Il suffit, finalement, de savoir regarder les choses. Car, si le mois recèle une puissance, nous en sommes les acteurs. A l’orée de ce nouveau temps, il nous revient d’en saisir tout ce qu’il nous apporte. Afin que nos jours ne soient plus que ceux de la Lumière.
Etincelles de Machiah
Toujours se préparer au «Chabbat»« Souviens-toi du jour du Chabbat pour le sanctifier»(Ex. 20:8). A propos de ce verset, Rachi commente : «Prenez garde à vous souvenir toujours du jour du Chabbat : si quelque chose de beau se présente à toi, garde-le pour le Chabbat.»
Il en est de même pour la Délivrance future. Même lorsqu’on se trouve dans les jours profanes du temps d’exil, il faut se souvenir toujours de la Délivrance et s’y préparer. Elle est «le jour qui est entièrement Chabbat et repos pour l’éternité.»
(d’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch – 11 Sivan 5744)
Vivre avec la Paracha
Toledot : la ressemblanceIl y a bien longtemps vivait un homme qui représentait le paroxysme de l’amour. Il aimait D.ieu et toutes Ses créatures. Sa maison était ouverte à tous les voyageurs, son cœur à chaque homme dans le besoin. C’est de cet homme dont l’attribut divin d’amour dit : “tant qu’il était là, je n’avais rien à faire car il faisait mon travail à ma place” (Sefer HaBahir).
Cet homme avait deux fils. L’aîné était affectueux, sensuel et extraverti. Le second fils, cependant, possédait plutôt une nature introvertie : un homme silencieux et réservé, doué d’une auto discipline qui tendait vers la rigidité. La différence entre eux s’accentua quand ils se marièrent et eurent des enfants : le fils aîné engendra un clan célèbre pour sa nature passionnée et son hospitalité démonstrative, alors que le second fils eut lui-même un fils qui prit de lui une sévérité poussée à l’extrême, devenant un guerrier sans cœur et un meurtrier de sang-froid. Le fils aîné est le fils de son père, disait-on. Le deuxième fils semblait avoir acquis sa nature ailleurs.
On n’avait pas réussi à faire la différence entre la similitude et l’apparence.
Les cyniques de l’époque
La Parachah Toledot (Genèse 23-26) qui relate la vie et la progéniture d’Its’hak commence par ces mots : «voici la descendance d’Its’hak, fils d’Avraham ; Avraham engendra Its’hak».
Mais Its’hak a déjà été identifié comme le fils d’Avraham, pourquoi le verset répète-t-il qu’Avraham engendra Its’hak ? Rachi (Rabbi Chlomo Yits’haki, 1040-1105, auteur des commentaires de la Torah les plus fondamentaux) explique :
Les cyniques de la génération disaient que Sarah était devenue enceinte d’Avimélè’h puisqu’elle n’avait pu réussir à enfanter pendant toutes ces années passées avec Avraham. Que fit D.ieu ? Il fit en sorte qu’Its’hak ressemble à Avraham, afin que tous puissent attester qu’Avraham avait engendré Its’hak. C’est là le sens du verset : Its’hak (est certainement) le fils d’ Avraham (puisqu’il y a la preuve que) Avraham a engendré Its’hak.
L’explication de Rachi présente plusieurs points étonnants :
a) La Torah établit clairement qu’Avimélè’h ne toucha pas Sarah. Pourquoi devrions-nous être concernés par ce que les cyniques de cette époque pouvaient dire ?
b) Par ailleurs, si la Torah, pour quelque raison que ce soit, trouve nécessaire de faire allusion à cette preuve, n’aurait-elle pas dû le faire lors du récit de la naissance d’Its’hak ? Pourquoi attendre le récit de son mariage et la naissance de ses enfants, plusieurs décades plus tard ?
c) L’implication en est que la ressemblance entre Avraham et Its’hak est un événement extraordinaire orchestré par D.ieu pour attester de la paternité d’Its’hak (Que fit D.ieu ? Il forma l’apparence d’Its’hak…) Mais n’est-il pas tout à fait naturel qu’un fils ressemble à son père ?
Les trois éléments patriarcaux
Nous Sages nous disent que les trois Pères de la nation juive, Avraham, Its’hak et Yaakov incorporent les trois attribut de ‘Hessed (amour, bienveillance), Gvourah (sévérité, rigueur) et Tiférèt (harmonie et vérité). Le ‘Hessed d’Avraham était illustré par son amour prodigieux pour D.ieu, sa campagne pour les condamnés, et ses efforts durant toute sa vie pour éclairer ses prochains. La Gvourah d’Its’hak s’exprimait dans sa grande crainte de D.ieu, et sa parfaite auto discipline. L’attribut de Yaakov, Tiférèt, était son aptitude à l’harmonie et à la vérité : sa capacité à intégrer les différentes qualités de son âme en un tout harmonieux. Dans Yaakov, les aspirations au ‘Hessed et à la Gvourah se réunissaient dans un caractère qui embrassait tout et supportait tout, un caractère avec la cohérence et la détermination qui sont les caractéristiques de la vérité. C’est pourquoi Yaakov put persévérer et prospérer sous une diversité de conditions qu’il devait rencontrer dans sa vie, incluant ses années en Terre Sainte sous la tutelle des grands érudits de son temps, son emploi au service de Lavan le fourbe, sa confrontation avec Essav et son séjour dans l’Egypte dépravée.
De nos trois Patriarches, nous avons hérité ces trois composantes du caractère juif. D’Avraham nous tenons notre philanthropie légendaire et notre conscience sociale. A Its’hak nous devons notre crainte de D.ieu innée et notre retenue morale. Yaakov imprègne nos âmes du don de la vérité : notre engagement à l’étude et la connaissance de la Torah, la force ultime qui harmonise les différentes tendances de l’âme et de la création et le secret de notre persévérance à travers les convulsions de l’histoire.
Comme le démontre l’exemple de Yaakov, ’Hessed et Gvourah ne s’excluent pas mutuellement. Bien au contraire, appliqués correctement, chacun de ces sentiments complète et renforce l’autre. En fait, un ‘Hessed qui ne serait pas diminué par la Gvourah et une Gvourah qui ne serait pas tempérée par le ‘Hessed est contraire à leurs desseins.
Pour donner un exemple: un père qui serre son enfant dans ses bras constitue expressément un acte de ‘Hessed ; mais s’il venait à serrer son enfant avec une force de l’intensité de son amour, il l’écraserait fatalement, à D.ieu ne plaise. Ainsi pour que son acte de ‘Hessed soit véritablement d’amour, il lui faut le réprimer avec de la Gvourah. La même chose s’applique à chaque forme d’amour ; il faut un courant de respect mutuel, de pudeur et de retenue dans les relations, faute de quoi il risque de se désintégrer en un pseudo amour intéressé et aliénant qui est tout sauf le rapprochement des individus.
Par le même biais, l’application de la justice est un comportement classique de Gvourah, dont le but est d’établir une société civilisée. Mais un code légal et pénal qui n’est pas temporisé par de la compassion écrasera la société qu’il veut préserver. Ou bien, pour citer encore un exemple de Gvourah, la soumission à l’autorité est cruciale dans le fonctionnement de n’importe quelle institution commune, que ce soit une armée, une usine ou une classe ; mais un soldat, un ouvrier ou un étudiant seraient intimidés au point d’en devenir incompétents si leurs supérieurs n’entretenaient avec eux une certaine relation d’affinité et de compassion.
C’est la raison pour laquelle l’harmonie et la vérité sont les deux facettes de Tiférèt. Un amour sans réserve n’est pas plus qu’un amour retenu, pas plus qu’une justice sans concession ne l’est plus qu’une justice mitigée de compassion. Bien au contraire quelque chose est plus vrai et durable quand ses contraires sont dépassés et unis pour valider ses propres principes et desseins.
Ecrit sur le visage
C’est là que réside le sens profond de la spéculation des cyniques de cette génération quant à la paternité d’Its’hak.
Ichmaël, le fils d’Avraham enfanté par la servante égyptienne de Sarah, Agar, leur paraissait être le véritable fils d’Avraham : gai, extraverti et généreux, il était apparemment fait du même moule qu’Avraham ; en fait, il possédait encore plus de passion que son père. Par contre, l’introverti et stoïque Its’hak semblait difficilement être le fils de son père.
Et puis Its’hak se maria et engendra des fils jumeaux. Le plus jeune, Yaakov, était un homme doux, studieux et l’on pouvait discerner en lui à la fois la réserve de son père et la bonté de son grand-père. Mais Essav, l’aîné, était un produit absolu de la sévérité de son père, tout comme Ichmaël avait hérité et poussé à leur extrême les passions de son père. La disparité entre père et fils semblait maintenant plus délimitée : le véritable héritier d’Avraham en ‘Hessed était Ichmaël alors que la Gvourah d’Its’hak, plus tard amplifiée par Essav, représentait une nouvelle tendance anti avrahamique, parmi ses descendants.
La vérité est tout autre. La passion d’Ichmaël était une corruption et non une amplification de l’amour d’Avraham, tout comme la cruauté d’Essav était une perversion de l’introversion de son père. Le seul et véritable héritier d’Avraham était Its’hak, car bien que ce dernier fût émotionnellement différent voire contraire à son père, ils étaient tous deux impliqués à utiliser leurs caractères respectifs au service de leur Créateur plutôt qu’à la satisfaction de leurs tendances personnelles. En fait ce n’est que par Its’hak qu’Avraham pouvait se développer en Yaakov, la synthèse parfaite de l’amour et de la crainte, de la dissémination et de la retenue, de la passion et de l’implication.
Et c’est de cette vérité que D.ieu attesta quand Il fit le visage d’Its’hak identique à celui d’Avraham. Ce n’était pas un phénomène surnaturel, puisque la ressemblance d’Its’hak à Avraham n’était pas extérieure : extérieurement ils étaient bien différents, mais elle tenait à leur caractère et à leur tempérament, à l’essence même de leur volonté et de leur âme. Néanmoins, D.ieu désirait que leur apparence reflète cette similitude quintessencielle et la Torah nous le relate pour en faire une leçon éternelle : en tant qu’enfants d’Avraham, Its’hak et Yaakov, nous avons aussi en nous la force d’unir nos caractères différents en un but intrinsèque commun et exprimer cette unanimité dans notre dessein sur la face de notre vie.
Le Coin de la Halacha
Est-il permis de manger quand on porte les Téfilines ?Tant que l’homme porte sur son bras et sa tête les Téfilines, il ne doit pas en détourner son attention. Ceci est déduit du verset évoquant le «Tsits» (la «couronne») que portait le Grand Prêtre dans le Temple : «Il sera sur son front, continuellement» et les Sages expliquent : il ne doit pas en détacher son esprit. Sur ce «Tsits» n’apparaissait qu’une seule fois le Nom de D.ieu tandis qu’il est écrit plusieurs fois sur les parchemins contenus dans les Téfilines. A plus forte raison, devra-t-on faire attention quand on les porte.
«Détourner son attention», au sens strict, signifie : se conduire avec légèreté, en plaisantant ou en s’occupant un peu trop de ses besoins matériels. A l’époque de la Guemara, certaines personnes portaient leurs Téfilines toute la journée et parvenaient à ne pas en détacher leur attention.
Il est recommandé, quand on porte ses Téfilines, de les toucher de temps en temps afin de se souvenir de D.ieu et de rester sérieux dans ses pensées, paroles et actions.
Il est interdit de porter les Téfilines lors d’un vrai repas, de crainte qu’on ne s’enivre. Il est cependant permis de se servir si une collation est offerte à la synagogue, par exemple pour un anniversaire, une Bar Mitsva etc… On peut ainsi goûter des gâteaux, des boissons et des fruits.
Nombreux cependant sont ceux qui préfèrent s’abstenir et ils mériteront d’être bénis pour cela.
F. L. (d’après Rav Yosef Ginsburgh)
De Recit de la Semaine
Avez-vous vu mon camion ?Bizarre.
C’est ce que ressentit Motti Elmalem quand il se réveilla ce matin-là, tôt comme à son habitude. Pourquoi la chaise était-elle renversée ? Et les vêtements jetés parterre ? Il comprit immédiatement : il avait été cambriolé !
Premier réflexe : il se précipita dans la chambre des enfants. D.ieu merci, ils dormaient tous paisiblement. Le reste de la maison n’avait pas été dérangé, les appareils électriques et l’ordinateur familial étaient en place. Il retourna dans sa chambre, vérifia ses vêtements : son portefeuille avait disparu ! Et les clés !
La camionnette !
Il se précipita dehors : sa camionnette avait disparu elle aussi. Il faillit s’évanouir. Jamais il n’avait ressenti un tel désespoir. Il se mit à sangloter nerveusement au point que sa femme se réveilla. D’un coup d’œil, elle comprit la gravité de la situation.
De fait, c’était les économies de vingt années de travail qui s’étaient envolées. Il venait d’acheter enfin cette camionnette et l’avait remplie de tous ses outils et de centaines de pièces détachées pour la climatisation. Tout ce qu’il avait réussi à se procurer à la sueur de son front avait été volé.
Et il n’avait même pas achevé de payer le véhicule. Mais surtout : il n’avait pas encore eu le temps de l’assurer !
Pétrifié, il ne parvenait pas à réfléchir. Son épouse avait du mal à le réconforter : le vol de voitures en Israël est une plaie qui ne trouve pas facilement de solution.
Puis – soudain – une phrase étrange lui revint à l’esprit : «Tout ira bien !». Il fronça les sourcils : «Attend… Cette phrase est plus longue… Ah oui ! Pense bien et tout ira bien ! Pense bien, Motti, et tout ira bien !» se répéta-t-il.
Quand avait-il entendu cela ? Seulement quelques jours auparavant. Après avoir acquis sa camionnette, il avait souhaité la recouvrir d’une affiche publicitaire. Pour cela il s’était rendu dans un magasin spécialisé et tandis que les ouvriers s’affairaient autour de sa commande, il avait rencontré Rav Noam Dekel, émissaire du Rabbi pour la région de Yoknoam, rabbin apprécié de sa communauté. Motti l’avait interpellé : «Rav Noam ! Venez admirer mon nouveau véhicule qui me permettra de développer mes affaires ! Grâce à lui je pourrai élargir mon champ d’action. Connaissez-vous peut-être un moyen pour le protéger, une sorte d’amulette par exemple ?»
«Bien sûr ! répondit Rav Dekel avec son célèbre sourire. Il expliqua alors à Motti que le Rabbi avait demandé à ce qu’il y ait dans chaque véhicule une boîte de Tsedaka (charité) et un livre de ‘Hitat (‘Houmach - Bible - Tehilim – Psaumes - et Tanya). Puis il ajouta : «Que vas-tu écrire sur ta camionnette ? Bien sûr, tu mettras ta propre publicité, mais tu pourrais aussi proposer un peu de judaïsme. Certainement, si tu utilises ton véhicule pour répandre la Torah, cela attirera la bénédiction surtout si tu te conformes par une conduite exemplaire au message écrit !»
«D’accord ! Que puis-je écrire?»
«Ici, sur le côté gauche, écris : ‘Voici ! Machia’h arrive !’ Et de l’autre côté, écris une phrase encourageante… Que penses-tu de : ‘Pense bien, tout ira bien ?’ »
Motti n’hésita pas une seconde et transmit le message aux ouvriers. Ainsi ces phrases familières pour les ‘Hassidim l’accompagneraient continuellement et contribueraient certainement à sa réussite professionnelle.
«Le fait est que ces deux phrases me plurent tout de suite. Instinctivement, je ressentais qu’elles deviendraient le symbole de mon entreprise ».
«Pense bien, tout ira bien !» répétait Motti tout en regardant, angoissé, la place vide sur le parking…
A 11 heures du matin, le téléphone sonna. C’était le responsable du poste de frontière de la Samarie : «Motti Elmalem ? Vous a-t-on dérobé un véhicule cette nuit ? Pouvez-vous présenter immédiatement?»
Il n’en croyait pas ses oreilles. Non, on ne se moquait pas de lui. Son frère qui était venu le réconforter le convainquit de répondre à la convocation. Ensemble ils se rendirent au poste militaire non loin de Beth El. Au bout de deux heures de route, Motti se frotta les yeux : sa camionnette était là, en parfait état.
Après vérification des documents nécessaires, les deux frères Elmalem entrèrent dans le véhicule où se trouvait déjà Yossi, un jeune officier qui s’intéressait depuis quelques temps à la Torah et commençait à respecter certaines Mitsvot. Yossi donna à Motti une tape amicale sur l’épaule : «Tu as bien de la chance ! Il faut que je te montre ce qui a permis de récupérer ta voiture. Regarde !» Et il indiqua les lettres rouges au-dessus de la publicité pour les climatiseurs : «Voici ! Machia’h arrive !» C’est grâce à cette phrase que tu retrouves ta camionnette !
En effet, Yossi était de garde cette nuit-là à l’entrée du territoire palestinien de Samarie. Dans sa jeep garée non loin du point de passage il surveillait le trafic avec ses camarades.
«Tu dois savoir que nous ne sommes pas des policiers et nous ne nous occupons pas d’intercepter les véhicules volés. Nous n’avons comme mission que d’assurer la sécurité, ce qui exige déjà une attention de tous les instants. Quand cette camionnette s’est présentée, nous avons failli la laisser passer mais soudain j’ai aperçu cette phrase en lettres rouges et je me suis dit que ce véhicule n’avait vraiment rien à faire à Che’hem (Naplouse). J’ai donc ordonné au conducteur de se garer de côté tout en avertissant par talkie-walkie mes camarades : «Une camionnette suspecte avec un slogan sur la venue de Machia’h !». Les soldats ont immédiatement entouré le véhicule mais le conducteur avait déjà réussi à s’enfuir en se cachant dans les vergers alentour. Nous sommes entrés dans la camionnette : «Regarde ce que nous avons trouvé sur le siège avant, à côté du conducteur : ce poignard t’appartient-il ?». Motti était pétrifié : «Bien sûr que non !» Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il comprit à quel attentat il avait échappé. Auparavant, le voleur n’avait pas été seul à «visiter» sa maison ! Le poignard aussi !
«Je tremblais comme une feuille ! Si l’un de nous s’était réveillé pendant le hold-up, le voleur se serait certainement servi de son grand couteau ! Qui sait comment cela se serait terminé ?»
Heureux de la tournure des événements Motti Elmalem est rentré chez lui avec sa camionnette et tout son contenu : «Je compris que j’avais été témoin d’un miracle évident. Je devais faire quelque chose ! En accord avec mon épouse, j’ai décidé de ne plus travailler Chabbat et de me rendre régulièrement à la synagogue Or Mena’hem ‘Habad non loin de chez nous. Grâce aux conseils de Rav Dekel, nous avons appris petit à petit à nous détendre le Chabbat, à nous consacrer davantage à nos quatre enfants. Même les enfants m’ont demandé dimanche : «Papa ! C’était formidable ce Chabbat à la maison ! Nous allons recommencer, n’est-ce pas ? Tu prendras encore une journée de repos, Chabbat prochain ?». Petit à petit, j’ai découvert un trésor qui était caché chez moi, dans ma maison : la famille, les enfants, la tradition, les valeurs éthiques…
J’ai même tenu à préciser sur les papiers remis à la compagnie d’assurance que ma camionnette ne sortait pas du parking pendant Chabbat… »
Y. Yossefi
Hadachot Chabad
traduit par Feiga Lubecki