Dans l’avancée qui, jour après jour, nous conduit aux grandes fêtes de Tichri, à Roch Hachana et à Yom Kippour, il existe des étapes. Il y a comme des jours différents qui, tout à coup, font apparaître une lumière nouvelle et relancent, de ce fait même, l’effort entrepris par chacun. Ce Chabbat, nous en rencontrons un : le 18 Elloul ou, pour reprendre la terminologie hébraïque, le « ‘Haï Elloul – Elloul vivant ».

Commençons par un peu d’histoire : c’est à cette date, respectivement en 1698 et en 1745, que naquirent le Baal Chem Tov, fondateur du ‘hassidisme, et Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi, fondateur du ‘hassidisme ‘Habad. Cette seule constatation aurait suffi à faire du 18 Elloul une journée à part ; ne s’agit-il pas de deux de nos plus grands sages qui ont fondamentalement renouvelé notre manière de vivre le judaïsme ?

Cependant, la tradition va beaucoup plus loin quand elle les nomme « les deux grands luminaires ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit : comme un luminaire éclaire ce qui l’entoure, comme il révèle à tous ce qui, jusque là, avait été négligé, comme il crée un lieu de vie où tous se rassemblent, ainsi le Baal Chem Tov et Rabbi Chnéour Zalman furent ceux qui apportèrent au monde bien des éléments qui lui faisaient, en ce temps, si cruellement défaut et que l’histoire regroupa sous le nom de « ‘Hassidisme ».

On le sait aujourd’hui : une certaine connaissance des choses, une certaine vision et une certaine compréhension, clés du bonheur d’être juif, y étaient contenues.

Il a été souvent relevé que, entre le 18 Elloul et Roch Hachana s’écoulent exactement douze jours. Ce n’est, bien sûr, pas un hasard – en existe-t-il un ? Ces douze jours correspondent, nous dit-on, aux douze mois de l’année car la période est à la Techouva, au plus authentique des retours à D.ieu. Dès lors, ces douze jours sont une chance littéralement prodigieuse de réparer, au fil du temps, mois après mois de l’année écoulée. Une telle approche pourrait renvoyer à quelque forme de la désespérance ; chacun n’est-il pas conscient de ses propres insuffisances ? Le 18 Elloul se traduit donc, dans son appellation hébraïque, par « Elloul vivant » car il donne vie à toute l’œuvre spirituelle à accomplir.

En ces temps où nos efforts sont tendus dans la préparation intérieure à l’année nouvelle, ce jour est bien précieux, à la fois pour la leçon qu’il nous donne et pour la force dont il nous gratifie. Il faut savoir retenir l’une et l’autre afin que, demain, nous méritions que nous soit accordée la merveilleuse année dont rêvent tous les hommes.

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