Dans la Paracha de cette semaine, D.ieu commande à Moché de faire le dénombrement du Peuple juif. Après le recensement général, il devra procéder à un recensement séparé de la tribu de Lévi, incluant la tribu des Prêtres, les Cohanim. La Torah indique que Aharon, le Grand Prêtre, se joignit à Moché dans le décompte de la tribu de Lévi : « Tous les recensements des Lévi que Moché et Aharon comptèrent… » (Bamidbar 3 :39).

Questions

  • Dans le verset que nous venons de citer, le mot « et Aharon » (Veaharon) possède cinq points, un au-dessus de chaque lettre. Pourquoi ces cinq points ?
  • Le Zohar (III,157a) affirme que dans chaque passage de la Torah où Moché et Aharon apparaissent ensemble, à une exception près, Aharon est décrit comme le bras droit de Moché. Notre passage, où le nom d’Aharon est surmonté de ces points, constitue l’exception. Cela semble impliquer qu’ici Aharon est considéré comme agissant de son propre chef. Pourquoi dans ce verset en particulier ?
  • Rachi dit que le nom d’Aharon est surmonté de points pour nous enseigner que bien que membre de la tribu de Lévi, il ne fut pas inclus dans le recensement de cette tribu. Pourquoi ?

Deux rôles

Aharon portait deux casquettes. Tout d’abord, il était l’assistant de Moché.

C’est au nom de Moché qu’il apporta le message de D.ieu au Pharaon et qu’il frappa l’eau et la terre pour amorcer la plaie du sang, la plaie des grenouilles et la plaie de la vermine.

Il enseigna la Torah au Peuple juif, une fois que Moché l’eut transmise. Il aida Moché à opérer le recensement.

Mais par ailleurs, Aharon était le Cohen Gadol, le Grand Prêtre. Il occupait donc cette fonction tout seul. Son service consistait à allumer chaque jour les sept lampes de la Menorah (Candélabre) dans le Sanctuaire. Allumer les lampes symbolise le fait d’apporter de l’inspiration aux sept catégories de Juifs.

(Les sept catégories de Juifs correspondent aux sept sefirot ou traits de caractères tels qu’ils sont décrits dans la Kabbale. Par exemple, certains Juifs se caractérisent en étant particulièrement gentils et généreux. Ils appartiennent à la catégorie de la Sefirah de ‘Hessed. Pour certains c’est Guevoura qui les définit, étant essentiellement attachés à la rigueur et la vérité. D’autres encore, naviguent entre ces deux traits dans un mode de compassion : Tiféret.)

Comme l’explique le « Avot de Rabbi Nathan », Aharon, le Cohen Gadol, se devait d’être aussi souvent que possible, dans le Temple, s’élevant vers D.ieu. Et pourtant, il quittait fréquemment son poste et se rendait vers l’extérieur du campement pour y rencontrer des Juifs qui s’étaient écartés, des Juifs qui étaient sortis du chemin, pour leur faire savoir à quel point on avait besoin d’eux. Son amour pour D.ieu et pour ses prochains les inspiraient et les faisaient revenir à la communauté juive. Dans la même veine, Aharon était un expert dans les conseils matrimoniaux et aidait à sauver de nombreuses relations.

Cela explique les cinq points sur son nom, ce qui fait allusion aux cinq niveaux de ‘Hessed (bienveillance) dont il faisait preuve, comme cela est expliqué dans la Kabbale.

Une catégorie à part entière

Nous pouvons désormais comprendre pourquoi Aharon ne fut pas inclus dans le recensement. Rachi dit (Bamidbar 1 :49) : « La tribu de Lévi était comptée séparément des autres tribus d’Israël car il convient que les légions d’un Roi soient comptées séparément. » C’est pour la même raison qu’Aharon ne faisait pas partie du recensement de la tribu de Lévi : il formait une catégorie de par lui-même. Son rôle possédait tellement de facettes et était tellement précieux qu’il ne pouvait être compté ni inclus dans un recensement général. Il était au-dessus de toute catégorisation, au-delà de toute énumération.

Nous pouvons également saisir le sens de la suggestion du Zohar selon laquelle, dans ce verset, « Aharon agit de son propre chef ». Le Zohar veut dire que bien qu’a priori Aharon ait servi comme bras droit de Moché, et dans ce sens, fut son second dans le commandement, la Torah révèle ici, dans le décompte de la tribu de Lévi, qu’il jouait un autre rôle. Il est ici reconnu pour sa contribution unique en tant que Grand Prêtre et pacificateur au sein du Peuple juif.

Le cinquantième jour

On lit toujours la Paracha Bamidbar avant la fête de Chavouot, qui commémore le Don de la Torah sur le Mont Sinaï. Comment ce verset est-il lié à Chavouot ?

A propos du Don de la Torah, il est dit : « Israël campa devant la montagne » (Chemot 19 :2). Rachi commente : « Ils étaient comme un seul peuple avec un seul cœur ». Les Juifs étaient en unité complète et c’était là le moyen et le mérite nécessaires pour être les réceptacles de la Torah. Par le même biais, par son approche et son entreprise pacifiques, Aharon avait apporté l’unité dans la communauté.

Ainsi, Aharon, l’archétype de la bonté et de l’amour représente les qualités que nous devons intégrer pour recevoir la Torah le cinquantième jour.

Soyez parmi les disciples d’Aharon

Le rôle d’Aharon est explicitement défini dans les Pirké Avot, « les Maximes de nos Pères ».

« Hillel dit : ‘soyez parmi les disciples d’Aharon, aimant la paix, poursuivant la paix, aimant toutes les créatures de D.ieu et les rapprochant de la Torah’ ».

En outre, le Rambam, Maïmonide, nous dit qu’aujourd’hui, alors qu’il n’y a pas de Temple, chacun peut devenir, métaphoriquement bien sûr, un Cohen. L’on peut même devenir un Cohen Gadol si l’on consacre sa vie à servir D.ieu, à s’attacher à D.ieu et à aller à l’aide de ceux qui se sont égarés et qui sont moins heureux.

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