Le verset (Vaéra 7, 12) dit : «le bâton d'Aharon avala leurs bâtons» et la Torah relate, à ce propos, que, lorsque Moché et Aharon s'apprêtaient à se rendre chez le Pharaon, D.ieu dit à Moché que, si le Pharaon demandait : «vous devez donner un signe, il lui faudrait demander à Aharon de jeter son bâton devant le Pharaon».
C'est effectivement ce que fit Aharon, mais le Pharaon appela ses conseillers et ses sorciers. Chacun d'entre eux jeta, à son tour, son bâton et : «ils devinrent des serpents. Mais, au final, «le bâton d'Aharon avala leurs bâtons».
Cet épisode, le jet à terre des bâtons et leur transformation en serpents, doit être expliqué et, avant cela, on doit comprendre, au préalable, ce miracle des bâtons appartenant aux sorciers qui sont avalés par celui d'Aharon. Quelle est la nature d'un tel miracle dont D.ieu ne dit rien, quand il s'adressa à Moche ?
La description donnée par la Torah fait la preuve que les miracles et les plaies n'avaient pas pour unique objet de punir l'Egypte. Ils avaient pour but, en outre, de briser l'opposition de l'Egypte à D.ieu .
La 'Hassidout explique que, selon la conception du monde des Egyptiens, D.ieu n'a aucune influence sur la création et il ne la dirige pas. Selon eux, le monde, après avoir été créé, a été totalement livré aux forces de la nature.
C'est précisément cette conception que D.ieu brisa au moyen des plaies. Chacune d'elles supprima un certain aspect de cette idéologie de l'Egypte. Et, comme introduction générale à toutes ces plaies et à ce qu'elles devaient faire disparaître, il y eut le miracle du bâton d'Aharon qui avala tous les autres.
Aharon représente, en l'occurrence, le domaine de la sainteté et son bâton est la force divine qui en émane. Le serpent est représentatif de l'Egypte, ainsi qu'il est dit : «l'Egypte et le grand serpent qui rampe dans son fleuve». En transformant le bâton en serpent, Aharon montra au Pharaon que l'existence de l'Egypte et du serpent qui la symbolisait, émanait, en fait, du domaine de la sainteté.
En réponse, le Pharaon fit venir ses conseillers et ses sorciers, qui avaient une conception opposée à celle d'Aharon. Leurs bâtons devinrent également des serpents et ils signifièrent, par cette transformation, que l'Egypte possédait des forces propres, qu'elle ne recevait pas celles du domaine de la sainteté.
La réponse de D.ieu fut celle que l'on a dite : «le bâton d'Aharon avala leurs bâtons». Il montra, de cette façon, que le pouvoir de «l'autre côté» n'est qu'une illusion, qu'il ne possède aucune existence véritable face à la sainteté.
D.ieu fit ainsi la preuve au Pharaon et à ses conseillers qu'Il les dirige, car ils n'ont aucun pouvoir personnel. Cette entrée en matière eut pour effet de faire voler en éclats le point central de la conception égyptienne. Par la suite, il y eut les dix plaies, qui brisèrent, un par un, les dix aspects de l'impureté de l'Egypte.
Les détails d'un récit qui est rapporté par la Torah délivrent de nombreux enseignements pour le service de D.ieu. L'un de ces enseignements est, en l'occurrence, le suivant. Lorsque l'on s'adresse à quelqu'un, on doit lui manifester de l'amour et de la proximité, à l'image du comportement d'Aharon lui-même, duquel il est dit : «aime la paix et poursuis la paix, aime les créatures et rapproche-les de la Torah».
En menant une action éducative, on peut parfois être confronté à un homme qui se trouve dans une situation particulièrement basse, au point qu'il faille, dans un premier temps, briser le mal qu'il porte en lui, par la force. On doit alors se rappeler qu'une telle action doit être réalisée avec le bâton d'Aharon, en étant animé d'un amour sincère pour cette personne, sans faire intervenir des motivations personnelles et négatives.
Autre point, quand il est nécessaire «d'avaler» l'existence de son prochain, il faut le faire avec le bâton, non pas avec le serpent. En la matière, la différence entre un bâton et un serpent est la suivante. Le premier représente le flegme, la maîtrise de soi, alors que le second est la colère, l'émotivité.
Il est donc nécessaire d'extirper le mal que l'autre possède avec retenue, sans s'emporter, sans s'émouvoir, sans même ressentir sa propre personne, comme si l'on était un bâton sec et rigide.
(Discours du Rabbi, Likouteï Sithot, tome 26, page 49)
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- Publication : 19 janvier 2017