Semaine 50

  • Vayigach
Editorial
La lumière, et après ?

Chacun peut en faire constamment l’expérience : nul ne peut regarder le soleil en face. Sa lumière, pourtant si généreuse et bénéfique, n’est pas à la dimension de l’homme. S’il n’y prend garde, elle peut même lui causer des dommages irréparables. On serait presque tenté de dire que c’est là chose bien naturelle. Cette lumière est puissante, qui s’en plaindrait ? Cette puissance est, pour nous, porteuse de vie. Si dommage il y a, ce n’est pas de son fait mais bien du fait de l’imprudence des hommes. Et pourtant une lumière si positive ne devrait-elle pas l’être sans restriction ? Ne pourrions-nous rêver d’un monde où toute clarté n’apporte avec elle que des éléments de joie, de construction et non l’inverse ? Sans doute n’est-ce pas seulement en fonction de tels critères qu’il faut définir les lumières de ‘Hanouccah. Du reste, leur portée a déjà fait l’objet d’autres développements par ailleurs. Mais ne faut-il pas, alors que les jours de cette fête lumineuse avancent, en prendre aussi conscience : ces lumières sont d’une puissance inégalée mais aussi d’une humanité sans pareille.
De fait, voici des lumières dont la clarté et la chaleur réconfortent. Voici que, quand le froid règne – au dehors mais parfois également dans les cœurs – les lumières de ‘Hanouccah sont comme une renaissance pour chacun. Le monde en apparaît comme baignant dans un éclat doré, auréolé d’une douceur nouvelle et d’une espérance grandissante. Pourtant, ces lumières sont loin d’être faibles ou évanescentes. « Elles ne disparaissent jamais » déclarent nos Sages et cette affirmation, tout à la fois bénédiction, promesse et constatation, atteste de leur force éternelle.
C’est alors que point la conclusion de la fête. Au sommet du chandelier, les flammes s’ajoutent jour après jour, prouvant – s’il en était besoin – que la lumière a pour talent de toujours aller en grandissant, chassant l’obscurité chaque jour davantage. Et puis, pourrait-on croire, tout s’arrête inéluctablement : les huit jours de ‘Hanouccah s’achèvent. L’illumination du monde n’a donc plus de support. Est-ce le grand retour de l’obscurité qui aurait attendu, à la lisière de notre conscience, que son temps revienne ? La conclusion de ‘Hanouccah n’est pas une fin. Elle est un début. Un processus d’éclairement est toujours une œuvre longue qui demande l’effort de chacun. Parfois, l’acteur de lumière peut croire qu’il n’avance qu’à tâtons. Il n’en est rien. Après ‘Hanouccah, d’année en année, rien n’est plus jamais pareil. A présent, la flamme, la lumière sont en nous. A nous de faire en sorte – par nos actes, notre vie – qu’elle se diffuse à l’extérieur.
Etincelles de Machiah
Les Mitsvot du temps de Machia’h

Faisant référence à l’époque messianique, le Talmud (traité Nida 61b) enseigne : « Les Mitsvot seront annulées dans les temps futurs ». Lorsqu’on sait que le texte de la Torah souligne, par ailleurs, l’éternité absolue des commandements, on ne peut que s’interroger sur le sens de cette phrase.
En fait, elle signifie que les Mitsvot, au niveau spirituel où elles existent aujourd’hui, seront comme « inexistantes » par rapport aux révélations infinies du temps de Machia’h. Aussi, l’effet spirituel qui découle de notre accomplissement actuel est, lui, infiniment supérieur à celui qui sera produit par ce même accomplissement aux temps messianiques.
(D’après Hemchè’h 5672, vol.III, p.1279)
Vivre avec la Paracha
Vayigach

Dans la Paracha Vayigach, nous sommes les témoins de la réconciliation entre Yossef et ses frères et des retrouvailles entre Yossef et son père Yaacov. La tension dramatique amorcée dans la Paracha Vayéchev, lors de la «disparition» de Yossef est désormais apaisée. La famille élue a retrouvé son unité et Yaacov peut enfin envisager de consacrer les jours qui lui restent à vivre à préparer ses descendants à leur destinée : celle de devenir la nation qui méritera de recevoir la Torah, leur guide et outil pour accomplir le but ultime de la Création : transformer le monde en une Demeure pour D.ieu. En outre, une intrigue secondaire trouve également son issue dans cette Paracha : le conflit idéologique entre Yossef d’une part et tous ses frères (guidés par Yéhouda) de l’autre.
Le conflit spirituel qui opposait Yossef à Yehouda se concentrait sur l’approche la plus efficace pour diffuser la conscience de D.ieu. Yossef préférait l’engagement dans l’activité du monde, l’utilisation de ses institutions, de sa culture, de sa technologie et de son énergie émotionnelle à des fins spirituelles. Ses frères, sous la direction de Yehouda, préconisaient de rejeter le monde, ses attraits et ses périls et avaient choisi de se consacrer sans fin à la tâche de progresser dans leur propre sainteté, inspirant ainsi le reste de l’humanité à éventuellement se joindre à eux et à les imiter. Les préférences distinctes de Yossef et de ses frères se reflétaient dans leurs occupations respectives : là où Yossef était devenu un gestionnaire et un homme d’état habile, ses frères avaient choisi d’être bergers, se mêlant à peine aux gens et disposant de temps considérable pour méditer sur la grandeur de la nature et pour communier avec D.ieu.
Bien que chacune de ces deux approches possédât chacune des qualités incontestables, Yaacov avait montré, comme nous l’avons lu précédemment, qu’il préférait la démarche de Yossef. Mais alors que Yaacov avait raison de reconnaître que l’approche de Yossef était la mieux à même de combattre le parti pris «anti divin» du monde, celle de Yehouda était tout aussi essentielle et en fait, complémentaire à celle de Yossef.
Les défauts de l’attitude de Yossef sont qu’elle laisse trop de place à un orgueil vain. Quand bien même notre dévouement à D.ieu est grand, le fait même que nous devions utiliser notre propre intelligence, notre créativité, notre ruse, notre sens de l’initiative et notre courage pour mener à bien nos saints projets peut laisser grandir en nous un sentiment d’autosatisfaction. En dehors de l’effet désastreux que cela pourrait avoir sur notre propre relation avec D.ieu, cette vanité risque également de contrecarrer nos chances de succès dans la diffusion de la Présence Divine. En effet, la plus infime présence d’orgueil dans notre esprit nous empêche de reconnaître ce même défaut dans notre environnement et de l’éradiquer.
Yehoudah personnifiait l’aspiration désintéressée à s’absorber dans la présence de D.ieu. Quand nous adoptons son attitude, nos interactions avec le monde qui nous entoure sont caractérisées par le sens du sacrifice de soi sans aucune pensée pour une quelconque rétribution. La synthèse du dévouement altruiste de Yehouda et de la puissance de Yossef nous permet donc d’exercer tous les talents que nous a donnés D.ieu, sans devenir la proie d’une autosatisfaction pernicieuse.
C’est la raison pour laquelle cette Paracha est nommée Vayigach («et il s’approcha»), se référant à la façon dont Yehouda s’approcha de Yossef. Pour pouvoir assurer le succès de notre mission, nous, les «Yossef», devons permettre aux «Yehouda» de nous approcher et de nous compléter.
Comme nous l’avons vu, Yaacov préférait les qualités de Yossef à celles de Yehouda parce qu’il avait compris que c’était celles-là qui seraient nécessaires au Peuple Juif pour survivre, s’épanouir et accomplir son but durant le long voyage qui allait le conduire aux temps messianiques. Mais une fois ce but atteint, il ne sera plus nécessaire de donner la prééminence à Yossef et à son approche car alors l’altruisme de Yehouda constituera notre conscience dominante. C’est la raison pour laquelle Yehouda est l’ancêtre direct du Machia’h. C’est tout particulièrement cette qualité qui nous conduira en dehors de l’état d’esprit de l’exil et nous mènera à la Rédemption.
En fait, alors que nous nous en approchons, le plateau de la balance s’incline déjà en faveur de Yehouda. D’une part nous voyons que le monde, au fil du temps, devient plus réceptif aux messages du Judaïsme. Les obstacles qui rendaient la vie juive si difficile dans certaines parties du monde ont disparu. D’autre part, plus le mal sent sa fin approcher, plus son opposition à la sainteté devient féroce. C’est la raison pour laquelle l’antisémitisme et l’anti religiosité injurieuse sont également en plein essor, sans parler de la séduction croissante exercée par toutes les formes de plaisirs matériels. Dans une telle période, la seule réponse que nous puissions apporter est une bonne dose du sens de sacrifice de soi de Yehouda.
C’est un fait acquis que le sens du sacrifice a été essentiel pour nous durant notre long exil. Sans cette qualité nous n’aurions pu survivre à ses horreurs. Plus encore, le dévouement sincère à l’accomplissement de la volonté de D.ieu par la pratique de Ses commandements est ce qui nous fait pénétrer, doucement mais sûrement, dans la Rédemption. En ce sens, le fait que Yehouda s’approche de Yossef est un présage de la Rédemption. Quand il arriva près de Yossef, Yehouda ignorait que c’était son frère. Mais en exigeant un comportement éthique d’une personne qu’il imaginait être un despote immoral, Yehouda suscita la révélation de la vérité.
La leçon que nous pouvons tirer de cette Paracha est donc de maintenir l’équilibre adéquat entre la créativité et l’altruisme, de toujours se rappeler que la clé pour surmonter à la fois notre exil personnel et notre exil général est de cultiver l’état d’esprit de la Rédemption. Ne pas se tenir à l’écart de notre destinée mais plutôt assumer notre rôle d’ambassadeurs de la Torah dans le monde nous permet de survivre à l’exil et de hâter la Rédemption, ce qui aura pour conséquence d’apporter l’unité et la paix à toute l’humanité.
Le Coin de la Halacha
Comment prend-on soin des livres de Torah ?

Selon les décisionnaires, on peut accomplir de nos jours l’obligation d’écrire un Séfer Torah (un rouleau de la loi) en achetant des livres de Torah (en hébreu ou en toute autre langue) qui seront la base de l’étude.
On prendra soin de toujours mettre les livres à l’endroit. Si on voit un livre à l’envers, on le retournera. Cela arrive souvent lorsque de jeunes enfants prennent des livres et ne savent pas encore les remettre en place.
On ne place aucun objet sur un livre de Torah. Si on empile des livres, on placera le ‘Houmach (l’un ou l’autre des cinq livres de la Torah écrite) au sommet.
On ne s’assoit pas sur un banc ou un lit sur lesquels se trouvent des livres de Torah à moins que ceux-ci ne soient surélevés, par exemple sur une boîte.
On ne laisse pas un livre ouvert quand on est obligé d’en interrompre l’étude. On ne pose pas non plus le livre à l’envers pour garder la page : on insèrera plutôt un marque-page ou une feuille de papier dans le livre qu’on fermera, par respect.
On n’utilise pas un livre de Torah pour s’abriter du soleil, ou comme éventail, ou encore comme marque page dans un autre livre.
On n’utilise pas un livre de Torah pour redresser des papiers tordus ; on n’insère pas d’argent ou de papiers importants dans ces livres pour les cacher. On peut néanmoins se servir d’un papier comme marque-page ou insérer un papier sur lequel on prendra des notes après l’étude dans ce livre.
On n’utilise pas un livre de Torah pour se cacher ou pour cacher ce qu’on est en train d’écrire, comme les élèves le font couramment en classe.
La couverture usée et détachée d’un livre de Torah n’est pas jetée mais placée dans un endroit où on la garde soigneusement («Guéniza») avant de l’enterrer.
Sur la page de garde, avant d’écrire son nom, on écrira : «LaHachem Haaretz Oumeloa» («la terre et tout ce qu’elle contient appartiennent à D.ieu»).

F. L. (d’après Rav Eliézer Wenger)
De Recit de la Semaine
Un minibus dans le Minnesota

Après un bref séjour dans le Minnesota, mon épouse et moi-même nous apprêtions à reprendre l’avion pour retourner en Israël. Pour nous rendre à l’aéroport, nous avions emprunté un minibus qui nous prit à l’hôtel mais s’arrêta plusieurs fois en cours de route pour prendre d’autres passagers. Le conducteur et moi-même avions eu le temps de lier connaissance et nous avons bavardé. Alors que nous arrivions à la dernière étape, il remarqua : «Monsieur le rabbin ! L’homme que je vais emmener maintenant est juif ! Il a plus de quatre-vingt dix ans et est un vétéran de la seconde guerre mondiale. Le voici ! Comment allez-vous, mon ami ? Regardez, je vous ai même amené un rabbin cette fois-ci !»
Ce vieux Juif était très ouvert. Malgré le froid de ce mois de février, il portait un bermuda et une chemise à manches courtes et… un collier en or avec une grande étoile de David. Il me serra la main et, tout heureux de parler en yiddish, me demanda :
- Ah ! Vos Macht a Yid ? (Comment va un Juif ?)
- Barou’h Hachem, D.ieu soit loué ! répondis-je.
Il se dirigea vers le fond du minibus. Je le suivis tout en prenant mes Téfilines au passage et lui proposai de les mettre.
- Comment moi ? Vous n’y pensez pas ! Non merci !
- Vous êtes juif, n’est-ce pas ?
- Bien sûr ! affirma-t-il d’une voix forte.
- Alors si vous êtes juif, vous ne pouvez pas être normal, n’est-ce pas ? Je veux dire : si nous, les Juifs, nous étions normaux, il y a longtemps que nous aurions disparu ! D’accord ?
- Exact ! reconnut-il, intrigué.
- Alors faites ce que les Juifs ont fait depuis plus de 3300 ans ! Mettez les Téfilines ! A votre âge, pourquoi vous inquiéter de ce que diront les autres ?
- C’est vrai ! reconnut-il. Il releva sa manche gauche, répéta la bénédiction après moi et je lui mis les Téfilines sur le bras et la tête ; il récita le «Chema Israël» puis enleva les Téfilines. Le tout avait pris moins de cinq minutes mais cela avait suffi à attirer l’attention de tous les passagers qui avaient regardé, s’étaient regardés les uns les autres, avaient haussé les épaules et s’étaient remis à observer le paysage.
Nous nous sommes serrés la main et je suis retourné à mon siège. L’homme assis derrière moi me demanda ce que représentaient ces boîtiers noirs ; je lui expliquai la signification des Téfilines puis il me demanda si je connaissais «la vérité» des évangiles etc. et ce que j’en pensais. Je répondis que si les Juifs les avaient acceptés, ils cesseraient de faire justement ce que ce vieil homme venait de faire – ce qu’il admit comme étant vraiment impressionnant – ainsi que les autres commandements de la Torah.
Il sourit et résuma : «Je suppose que nous n’avons gardé que le côté spirituel et non les rites concrets, n’est-ce pas ?»
Il réfléchit puis demanda: «Et que se passe-t-il quand un non-Juif épouse une femme juive ? Parce que c’est ce que j’ai fait…»
Je répondis comme il le savait déjà : les enfants sont juifs. Puis je lui demandais s’il désirait savoir en quoi croient les Juifs : «Nous croyons que D.ieu est infini, qu’Il crée l’univers constamment et qu’Il le fait par amour, tout simplement. Il est infiniment proche de nous et écoute toutes nos prières. Alors il n’est pas nécessaire de prier à des esprits, des fantômes ou même à d’autres Juifs, ceux que la Bible appelle «les enfants uniques de D.ieu».
Il me remercia, nous nous serrâmes la main et, deux minutes plus tard, un jeune homme assis à côté de moi déclara qu’il avait écouté notre conversation : « Vous avez affirmé que D.ieu est infini, n’est-ce pas ? Donc cela signifie qu’Il est infiniment strict. Donc quand Adam pêcha avec l’arbre de la connaissance, il provoqua une tache indélébile ! Alors comment pouvons-nous obtenir le pardon pour un pêché infini alors que nous sommes des êtres finis ? »
J’étais un peu surpris par la question qui semblait très circonstanciée. Il commença à répondre lui-même avec les dogmes chrétiens : «C’est pourquoi D.ieu envoya Son fils unique…» mais je l’interrompis et continuai : « C’est pourquoi D.ieu envoya Avraham pour nous montrer comment réparer le péché d’Adam ! »
Ceci le déstabilisa complètement, il n’avait jamais entendu une telle réponse. Je continuai : «Ce que vous dites à propos de la sévérité infinie de D.ieu est certainement vrai. Mais vous devez aussi admettre qu’Il est infiniment bon, n’est-ce pas ?»
- Oui, je suppose…
- Alors, à votre avis, qu’est-ce qui est plus fort : Sa bonté ou Sa sévérité ?
Il haussa les épaules et je lui prouvais que la bonté de D.ieu était plus grande : «Considérez que D.ieu a créé des trillions et des trillions d’animaux, de poissons, d’oiseaux, d’insectes, de protozoaires… Chacun avec un système respiratoire, digestif, nerveux etc. : le plus petit disfonctionnement dans seulement l’un de ces systèmes peut être fatal ! Ce qui prouve l’infinie sévérité de D.ieu ! Mais par ailleurs, D.ieu continue de créer tous ces êtres ! Ce qui prouve bien que la bonté de D.ieu est infiniment plus grande que Sa sévérité ! Tel est le message d’Avraham, concluais-je et voici la mission pour laquelle les Juifs ont été «choisis», c’est-à-dire pour enseigner au monde combien D.ieu est bon et proche de chacun d’entre nous !»
Je tiens à faire remarquer que toute cette conversation s’était tenue sur un ton amical, loin de toute polémique ou agressivité. Ce qui permit à mon interlocuteur de réfléchir sereinement aux idées que j’avais exposées et qui allaient à l’évidence à l’encontre de tout ce qu’il avait entendu jusqu’à présent.
« Savez-vous pourquoi tout ceci vous perturbe ? » continuai-je, « c’est parce que vous pensez trop à vous-même et à la mort ! Pensez à la vie ! Pensez à votre Créateur ! Alors votre vie prendra un autre sens ! Ceci effacera le péché d’Adam. »
Il me serra la main d’un air entendu.
Nous étions arrivés à l’aéroport, à son terminal et il devait descendre. Alors qu’il attrapait sa valise, je l’entendis interpeller l’homme qui m’avait parlé auparavant : «Papa ! C’est bien ta valise ?»
Ce n’est que deux heures plus tard, alors que ma femme et moi-même étions déjà dans notre avion que je réalisai que ce jeune homme était le fils de ce non-Juif qui m’avait parlé auparavant. Il était Juif et je n’avais pas profité de l’occasion pour lui mettre les Téfilines ! J’espère qu’un autre Loubavitch plus intelligent que moi réussira à le faire très bientôt et qui sait ? Qui peut connaître la suite de l’histoire ?

Rav Tuvia Bolton
www.ohrtmimim.org
traduit par Feiga Lubecki