Dans les livres, la lumière !
Alors que la fête de ‘Hanouccah vient à peine de se terminer et que sa lumière – et, plus largement, l’idée même d’illumination – emplit encore notre esprit et notre cœur, voici qu’en ce tout début de semaine, c’est encore de lumière qu’il s’agit. De fait, si celle-ci est précieuse par sa présence physique, comment peut-on oublier que son éternité est comme en dépôt dans les livres ? Souvenons de la fameuse anecdote : le Baal Chem Tov fut un jour interrogé par un de ses disciples, inquiet quant au sort de ses biens en ces temps troublés. Avant de répondre, le Baal Chem Tov prit un livre de Zohar et y regarda. Plus tard, la réponse qu’il avait faite se révéla évidemment juste. A la question « pourquoi avoir regardé dans un Zohar ? », il répondit : « Lorsque D.ieu créa l’univers, nos Sages enseignent qu’Il y mit une lumière qui permettait de voir d’un bout du monde à l’autre. Les hommes ne l’ayant pas méritée, Il cacha cette lumière prodigieuse. Où la mit-Il ? Dans les livres ». En ce domaine, rien n’a changé. La véritable lumière, qui éclaire cœur, âme et esprit s’y trouve toujours. C’est dire que la date du 5 Tévèt, qui vit des livres saints revenir dans la bibliothèque amassée par le Rabbi pour l’usage de tous, est un jour important car il est jour, justement, de lumière. Jour de joie, jour de retrouvaille avec les livres et avec l’étude, il est, comme par nature, notre jour.
Faut-il y voir la signification du fait que se succèdent ainsi, avec très peu d’intervalle, le 5 Tévèt, une lumière qui monte, et le 10 du mois, début du siège de Jérusalem par les armées venues de Babylone ? Entre une lumière qui apparaît, éternelle, et cette dernière date, signe annonciateur d’une obscurité nouvelle, peut-il y avoir un quelconque rapport ? Les commentateurs relèvent que, en hébreu, le mot employé par le texte pour dire que l’envahisseur « mit le siège » peut également se traduire par « il soutint ». Et de préciser : le siège et sa terrible conclusion – la destruction du Temple – n’étaient pas inéluctables, même à ce moment. Si les Juifs étaient revenus à D.ieu de tout leur cœur, les Babyloniens auraient « soutenu » le Temple et la Ville. Cela n’a pas été le cas, tout s’est donc mué en un « siège ». Mais comment auraient-ils pu le faire ? Peut-être est-ce justement là le lien ? Par le Livre et par les livres. La lumière y est toujours et elle continue de nous éclairer. En cette semaine si ambivalente, sachons en être les porteurs pour que, dès demain, elle règne sur le monde tout entier.
Les Mitsvot du temps de Machia’h
Faisant référence à l’époque messianique, le Talmud (traité Nida 61b) enseigne : « Les Mitsvot seront annulées dans les temps futurs ». Lorsqu’on sait que le texte de la Torah souligne, par ailleurs, l’éternité absolue des commandements, on ne peut que s’interroger sur le sens de cette phrase.
En fait, elle signifie que les Mitsvot, au niveau spirituel où elles existent aujourd’hui, seront comme « inexistantes » par rapport aux révélations infinies du temps de Machia’h. Aussi, l’effet spirituel qui découle de notre accomplissement actuel est, lui, infiniment supérieur à celui qui sera produit par ce même accomplissement aux temps messianiques.
(D’après Hemchè’h 5672, vol.III, p.1279)
Vayigach
Yehouda s’approche de Yossef pour le supplier de libérer Binyamine, offrant sa propre personne comme esclave à la place de son jeune frère. Devant la loyauté qui anime ses frères les uns à l’égard des autres, Yossef leur révèle son identité. « Je suis Yossef. Mon père est-il toujours vivant ? ».
Les frères sont envahis de honte et de remords mais Yossef les console en leur disant : « Ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici mais D.ieu. Tout a été ordonné d’En-Haut pour nous sauver de la famine ainsi que toute la région ».
Les frères se précipitent à Canaan avec les nouvelles. Yaakov vient en Égypte avec ses fils et leurs familles, soixante-dix âmes en tout, et retrouve son fils bien-aimé après vingt-deux ans de séparation. En chemin, il reçoit la promesse divine : « Ne crains pas de descendre en Égypte ; car Je ferai de toi une grande nation. Je descendrai avec toi en Égypte et il est sûr que Je vous ferai remonter ».
Yossef amasse de la richesse pour l’Égypte en vendant de la nourriture et des grains durant la famine. Le Pharaon donne à la famille de Yaakov la fertile région de Gochen pour qu’elle s’y installe et les Enfants d’Israël prospèrent dans leur exil égyptien.
La Torah et la Haftara :
réconciliation des dirigeants
Yossef, le vice-roi d’Egypte accuse son frère Binyamine d’avoir volé son gobelet d’argent et menace de l’incarcérer.
La Paracha Vayigach décrit, de façon poignante, la confrontation entre Yehouda et Yossef, Yehouda exigeant la libération de Binyamine, ce qui va pousser Yossef à révéler à ses frères sa véritable identité et leur rapprochement.
Yossef est roi et Yehouda est le dirigeant de ses frères. Deux chefs se confrontent puis se réconcilient.
Ce thème trouve son écho dans la Haftara (sélections des prophètes que l’on lit chaque semaine après la Paracha et dont le thème renvoie à l’idée principale de la Paracha). Là aussi, le prophète Yé’hezkiel (Ézekiel) décrit comment, dans la future Ère Messianique, les deux règnes rivaux de jadis, ceux de Yossef et de Yehouda, seront unifiés et à ce moment : « J’en ferai une nation… et un roi régnera pour eux tous… Et Mon serviteur David sera leur prince à tout jamais… et les nations sauront que Je suis D.ieu ».
Un examen plus profond de ces deux sources fait apparaître que la Torah et la Haftara discutent de ce thème de la réconciliation de façon diamétralement opposée.
Lisons les versets d’ouverture de la Paracha :
« Et Yehouda s’approcha de Yossef et dit : ‘Je t’en prie, mon maître ! Ton serviteur veut maintenant dire quelque chose que mon maître écoutera, ainsi s’il te plaît, ne te mets pas en colère contre ton serviteur, car tu es comme le Pharaon’. »
Dans cette Paracha, c’est Yehouda qui s’approche et s’humilie devant l’extrêmement puissant Yossef. Yossef est le vice-roi d’Egypte, il domine. Il est comme le Pharaon aux yeux de Yehouda. Et Yehouda, est, de façon servile, obligé d’implorer Yossef de libérer son frère Binyamine.
Observons à présent, en les opposant, les versets qui amorcent la Haftara :
« Un roi sera pour eux tous… et Mon serviteur David (qui est de la tribu de Yehouda) sera leur prince à tout jamais. »
Il est clair ici que la prédiction prophétique indique que dans un processus de réconciliation et d’unification, ce sera Yehouda (dans la personne du Machia’h, son descendant) qui prédominera. Et Yossef, et les tribus qui descendent de lui, seront intégrés à Yehouda.
Le véritable Yehouda
Quand nous nous intéressons de plus près à la façon dont Yehouda apostrophe Yossef, nous observons, qu’en réalité, même dans la Torah, il est celui qui domine.
Si nous considérons le fait que Yossef est un dirigeant puissant et qu’en dépit de cette position importante, Yehouda se dirige vers lui, sans même lui en demander la permission, cela démontre déjà que Yehouda est loin d’être soumis.
De plus, son intonation docile et servile va à l’encontre de son affirmation. Comme l’observe Rachi, à propos des mots : « s’il te plaît, ne te mets pas en colère » : « il lui parla durement ».
Le Midrach va encore plus loin :
« Le terme Vayigach, ‘et il s’approcha’, indique qu’il était prêt à la guerre. »
Il continue :
« Yossef trembla et fut terrifié. Il dit : ‘Malheur à moi, il risque de me tuer’ ; Yossef le redoutait malgré la présence d’Égyptiens dans sa cour. »
Le comportement rude de Yehouda est en contraste absolu avec l’attitude si docile de la Paracha de la semaine passée qui décrit comment : « ils tombèrent devant lui sur le sol ».
Qu’est-ce qui provoqua le changement du comportement de Yehouda ?
Quand il apprit que Yossef allait emprisonner son frère Binyamine, sa colère s’enflamma. L’engagement de ramener son frère à son père, sain et sauf, l’enhardit au point d’aller jusqu’à risquer sa propre vie pour le libérer.
Nous constatons donc que la relation entre Yehouda et Yossef, décrite dans la Torah, est cohérente avec celle de la Haftara où Yehouda est le dirigeant qui domine.
Les graines sont semées
Nous pouvons dès lors comprendre pourquoi quand Yaakov décida de se rendre en Égypte, il envoya Yehouda en explorateur, à Gochen. Quelle est la raison de cette initiative ?
Yaakov connaissait la nature du défi qui attendait le Peuple juif en Égypte. Pour assurer qu’il résisterait aux pressions de la vie égyptienne, Yaakov avait besoin d’envoyer quelqu’un qui exhiberait de la force pour confronter la royauté, la puissance en contrôle en exil. C’est l’attitude de Yehouda, illustrée par son attitude devant Yossef qui permettrait aux Juifs de résister à la pression de l’assimilation à une culture étrangère.
L’effronterie de Yehouda eut une portée encore plus grande. Avec cette approche fière et imposante, dans sa rencontre avec Yossef, qu’il pensait être le représentant en chef du Pharaon, Yehouda planta les graines de la réunification ultime du Peuple juif, à l’époque du Machia’h, quand « David, Mon serviteur sera leur prince à tout jamais. »
Quel était le véritable rôle de Yehouda ?
Pour nous permettre de mieux appréhender le message que nous devons tirer de cet épisode, nous devons résoudre un problème qui se soulève à partir de l’analyse que nous venons de voir.
La « bravade » de Yehouda s’avéra inutile. Yossef n’était pas l’adversaire qu’il devait dominer. Cela en avait seulement l’apparence. Et, en dernier ressort, Yossef, et non Yehouda, était le véritable maître de l’Égypte, celui qui permit à ses frères de survivre et même de se développer en Égypte. Et pourtant, c’est à Yehouda que revint tout le crédit !
C’est ainsi que la question subsiste : en réalité, qu’ajouta au leadership de Yossef l’attitude de dirigeant qu’adopta Yehouda, dans sa provocation ? Même sans Yehouda, il semblerait que le Peuple juif aurait pu maîtriser la situation, compte tenu du rôle de Yossef.
Deux approches du pouvoir dans les conditions de l’exil : Yossef et Yehouda
En réalité, deux approches sont possibles dans l’exercice de la « puissance » juive dans les temps du Galout (Exil). La première, nous le verrons, dérive du paradigme de Yossef pour le rôle de dirigeant, et la seconde est basée sur le modèle de Yehouda. Et c’est ce dernier qui est le précurseur du leadership du Machia’h, son descendant, qui incorporera celui de Yossef et les unira.
La première forme de contrôle de notre situation en Galout a ses limites. Elle doit se conformer aux lois de la nature et aux normes sociales. C’est le modèle de Yossef. Il dirige l’Égypte mais sa puissance s’appuie sur le système dont il fait partie intégrante, elle en dérive et en est limitée. S’il est vrai que Yossef est réellement « le dirigeant sur toute la terre », il occupe cette position selon le bon gré du Pharaon. Le Pharaon l’affirme lui-même quand il dit à Yossef : « ce n’est que par la vertu du trône que je serai plus grand que toi ». Yossef est toujours connecté, bien que très subtilement, aux conventions et aux paramètres du monde qui l’entoure. Et c’est dans ces paramètres qu’il peut diriger l’Égypte et accueillir ses frères.
La seconde forme se présente lorsque le Juif se tient au-dessus des contraintes de la nature et certainement au-dessus des forces les plus oppressives de l’exil. Cette dynamique de Yehouda peut dicter aux forces comment elles doivent se comporter, tout comme Yehouda parla avec effronterie à Yossef, qu’il pensait n’être que le leader de l’Égypte.
En fait, une personnalité semblable à Yehouda peut même altérer les normes de la société. Yehouda ne demanda pas la permission à Yossef pour s’approcher de lui et s’adresser à lui. Il fut indifférent à l’étiquette du palais et aux conventions sociales. Et pourtant, ce fut l’effronterie de Yehouda qui conduisit Yossef au point où « il ne put plus se retenir ». Cette approche hardie résultat en la réconciliation avec Yossef, la prospérité et le contrôle sur l’Égypte dont les Juifs purent initialement jouir, ce sur quoi se conclut la Paracha de cette semaine.
Précurseur du futur
Nous pouvons désormais comprendre le lien étroit entre la Paracha et la Haftara.
Le courage que manifesta Yehouda dans sa rencontre avec Yossef venait de son attachement à D.ieu Qui transcende les paramètres du monde. Cette vaillance pava le chemin et est le catalyseur qui fera venir la Rédemption ultime où se réalisera dans toute sa force : « Mon serviteur David sera leur prince à tout jamais », car l’impact complet de la force divine de combiner les opposés : vivre dans un monde matériel tout en le transcendant, sera manifeste.
Une question subsiste toutefois. Si l’intrépidité de Yehouda dans sa rencontre avec Yossef est emblématique de sa supériorité sur son frère, pourquoi devait-elle se manifester par cette rencontre et cette supplication ? N’y a-t-il pas une contradiction inhérente entre le fait d’être en même temps hardi et humble ?
La réponse à cette question est qu’en fait Yehouda dépendait de Yossef pour réaliser son potentiel. Pour que se révèle sa force supérieure, il devait être inspiré par Yossef. En intériorisant les qualités de Yossef, Yehouda fut capable de réaliser son propre potentiel spirituel. Aussi, bien que son approche suggère qu’il était, d’une certaine façon, subordonné à Yossef, cela ne se limitait pas sa supériorité. Il s’ouvrait aux énergies spirituelles de Yossef ce qui démontrerait son rôle unique de leader ultime.
Appliquer le courage de Yehouda aujourd’hui
Nous vivons des moments uniques. Dans le passé, tous les « Yehouda », avec leur courage et leur détermination, étaient restreints, par différentes contraintes et décrets gouvernementaux. Par contre, notre génération a été le témoin d’un changement incroyable pour le bien. Les nations du monde ne nous empêchent pas d’observer notre Torah et de vivre librement en tant que Juifs et elles nous assistent également.
Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire pour les Juifs de limiter leur expression religieuse à l’intérieur de leur foyer. Le monde juif est réceptif au Judaïsme et le monde non juif aux sept lois noa’hides.
Comme l’a dit le précédent Rabbi de Loubavitch, tous les préparatifs pour la Rédemption ont été accomplis. Maintenant notre mission consiste à introduire la Rédemption dans la réalité du monde matériel.
Quand nous marchons dans les pas de Yehouda dans sa rencontre courageuse avec Yossef, en démontrant une approche à la Torah, nullement intimidée, nullement désolée mais majestueuse, cela même est la manière de permettre la réalisation des mots du prophète dans la Haftara : « Mon serviteur David sera leur prince à tout jamais ».
Que signifie le mot « cachère » ?
Plusieurs éléments peuvent être qualifiés de « cachère », c’est-à-dire conformes aux lois de la Torah : les pensées, les paroles et les actions et surtout la nourriture.
- Les animaux : seuls sont cachères les animaux ruminants et aux sabots fendus (bovins, ovins), les poissons avec nageoires et écailles ainsi que les volailles de basse-cour comme transmis par la tradition.
- Les animaux doivent être abattus selon le procédé de la Che’hita, avec un couteau très bien aiguisé, par un Cho’het (sacrificateur qui a étudié pendant de longues années). Le sang est interdit et doit donc être extrait de la viande par cachérisation (avec gros sel et eau).
- Tout produit animal (laitages, œufs, miel…) doit être issu d’un animal cachère, donc si possible sous surveillance rabbinique.
- Les fruits et légumes non-cuisinés sont permis – sauf les produits issus du raisin (vin et jus de raisin) dont la production doit être surveillée par un Juif. Les fruits et légumes d’Israël sont soumis aux lois des prélèvements et seront achetés dans les magasins avec attestation de cacherout.
- La vaisselle (la cuisinière, l’électro-ménager, l’évier…) doit être réservée à un usage cachère.
- On ne mélange pas les produits carnés (viande, charcuterie…) et lactés (lait, laitages…).
- Les produits manufacturés (plats cuisinés, gâteaux…) doivent être produits sous surveillance rabbinique – sauf s’ils figurent sur une liste de cacherout.
Les lois de la cacherout sont nombreuses et parfois complexes ; elles doivent être étudiées avec attention et appliquées scrupuleusement.
Une alimentation cachère renforce la santé physique et mentale du Juif. La femme juive est particulièrement responsable de la cacherout de sa cuisine et veille à ce que, même tout petits, ses enfants mangent cachère.
(d’après Rav Chimone Guedassy – Chmirat Hacacherout)
Le fascicule protecteur
On le sait, de nombreuses actions ont été entreprises dès le début de la guerre actuelle pour alléger le quotidien des populations comme des soldats : nourriture, douches et machines à laver ambulantes, soins médicaux et distribution de lunettes… Les besoins spirituels sont eux aussi pris en compte avec fabrication de quantité de Tsitsits, longues queues pour mettre les Tefilines et aussi distribution de fascicules, avec courtes prières et explications sur le sens des Tefilines par exemple.
Une telle initiative avait été lancée par le précédent Rabbi, Rabbi Yossef Yits’hak Schneerson qui avait fait distribuer des livrets aux soldats juifs américains engagés dans la Seconde guerre mondiale. Outre des réflexions sur la nécessité pour les soldats (encore davantage que les civils) de placer leur confiance en D.ieu, dans la joie, le Rabbi avait fait imprimer le texte du Chema Israël et de quelques Tehilim (Psaumes). Rav Zeev Riterman a lui aussi fait imprimer et distribuer parmi les soldats israéliens de tels fascicules auxquels il avait ajouté les explications du Rabbi quant à l’importance de mettre les Tefilines pour « inspirer la crainte à toutes les nations du monde », selon la formulation employée par la Torah. Pour les soldates, il avait ajouté des paroles d’encouragement pour allumer les bougies avant Chabbat et ainsi éclairer le monde d’une lumière sainte. Plus d’une fois, ces fascicules ont amené des changements positifs et ont même permis à certains de se poser des questions et d’arriver aux bonnes conclusions - en se rapprochant du judaïsme. Rav Riterman a aussi distribué à l’époque ces fascicules dans le Gouch Katif, la portion de la bande de Gaza alors habitée par des Israéliens – jusqu’à leur évacuation forcée lors du « désengagement » en 2005, quand ce territoire est malheureusement devenu « judenrein, vide de Juifs ».
« Sept ans plus tard, raconte-t-il, une femme est entrée dans le Beth ‘Habad de la ville de Mitspé Ramon. Elle a expliqué à Rav Slonim qu’elle s’était rapprochée du judaïsme au point de mener une vie juive complète car, lors de son service militaire, leur position avait un jour été assiégée, dans l’endroit où elle montait la garde avec d’autres camarades à Netsarim, pendant un jour et demi, sans que l’armée ne vienne à leur rescousse et ne leur apporte munitions ou nourriture. Les terroristes tiraient sans interruption dans leur direction. Il se trouve que, juste avant cette attaque, un Loubavitch leur avait distribué ces livrets et, alors que les balles fusaient dans tous les sens, tous ensemble ces soldats avaient crié Chema Israël – comme indiqué dans ces feuillets. Elle s’était alors promis que, si elle en réchappait, elle s’impliquerait davantage dans la Torah et les Mitsvot. Elle avait, depuis, gardé précieusement dans son sac ce fascicule sur lequel était imprimée l’adresse du Beth ‘Habad de Mitspé Ramon (qui avait financé cette campagne). Et elle a tenu sa promesse…
* * *
Chaï Nagar, un ‘Hassid, soldat de la prestigieuse unité Golani, effectuait son service militaire à Kfar Darom, non loin de Gaza. Après le repas de Chabbat, les soldats allèrent se coucher. Il avait été convenu que Chaï monterait la garde depuis une heure du matin jusqu’à trois heures. A cinq heures, Chaï se réveilla en entendant des salves incessantes de tirs. Il s’apprêta à sortir en courant : leur position était entourée des trois côtés par des camps de réfugiés arabes. Il se dirigerait vers le nord. Instinctivement, il tendit la main sous son oreiller, là où un soldat dépose chaque soir son arme, mais il n’y avait rien. Il s’avère que le soldat qui dormait à côté de lui avait, par erreur, tiré l’arme vers lui. Celui qui connaît les consignes de Tsahal sait qu’une telle erreur ne peut absolument pas se produire selon les lois de la nature. Et ceci fut le premier miracle : si Chaï avait jailli immédiatement hors de sa position, qui sait ce qui aurait pu lui arriver ! En effet, le terroriste avait prévu qu’un soldat sortirait : il n’aurait plus qu’à tirer sur lui puis à lancer des grenades dans la chambre ouverte… C’était justement le moment de changement des gardes : les deux soldats de garde étaient descendus réveiller les camarades chargés de les remplacer. Le terroriste en aperçut un, Barou’h Chnir et le tua sur le coup. Il n’avait pas vu le deuxième, Sharone qui riposta immédiatement en tirant sur le terroriste. Celui-ci put encore malheureusement tirer sur Sharone qui succomba lui aussi.
Les autres soldats s’étaient évidemment réveillés en entendant tous ces coups mais ne comprirent pas de suite ce qui se passait. Un d’entre eux, Dékel, dont le lit était situé juste à côté de celui de Chaï, tout près de la porte, était, lui, tout à fait réveillé. Il saisit son arme et, d’une balle, blessa le terroriste à la jambe. Il tenta de tirer une deuxième fois mais son fusil s’enraya. Le terroriste en profita pour tenter de saisir une grenade : en une seconde, tout pouvait exploser. Exaspéré, Dékel donna un coup sur son fusil et celui-ci fonctionna à nouveau : il tira un coup vers la tête du terroriste, le tuant enfin. On trouva sur son corps une grenade à moitié dégoupillée et d’autres armes qui auraient pu, D.ieu préserve, provoquer encore d’autres victimes.
Au matin, tous reprirent le fil des événements ou plutôt des miracles. Tout d’abord, le fait que Sharone avait pu tirer par surprise et empêcher le terroriste d’entrer. Puis le fait qu’ils ne s’étaient pas tous précipités dehors comme l’avait pourtant prévu le terroriste. Ensuite, comment expliquer que Dékel n’ait pas été endormi après une garde épuisante ? C’est là que Dékel révéla le secret : pendant son tour de garde, comme il avait sur lui le fascicule avec la lettre du Rabbi quant à l’importance des Tefilines, il avait décidé de le lire en entier après son tour et c’est ainsi qu’il était resté éveillé jusqu’à cinq heures du matin (en effet, un soldat de garde n’a évidemment pas le droit de lire pendant son service). Il raconta qu’en entendant les salves fatales, il avait vraiment eu l’impression que le Rabbi était avec lui et l’aidait dans chacun de ses tirs. Lui aussi conserva précieusement ce livret qui lui avait sauvé la vie, à lui ainsi qu’à ses camarades.
Par la suite, Chaï fut nommé responsable du recrutement des soldats Golani et veilla à ce que chaque soldat en possède un exemplaire.
Un autre soldat, cette fois près du village de Dougit dans le Gouch Katif, accepta de mettre les Tefilines, bien qu’il ne comprenne pas comment la Torah pouvait affirmer (comme le Rabbi le citait souvent) que cela inspirait la crainte aux nations alentour. C’est alors qu’un autre soldat, non juif, d’origine russe, remarqua avec stupéfaction : « Je ne comprends pas ce qui se passe ! Toute la journée, les terroristes montaient le siège autour de notre position et, tout à coup, ils sont rentrés dans leurs tentes, comme terrorisés ! ».
Israël Cho’het – Kfar Habad 2034
Traduit par Feiga Lubecki