Editorial
Une semaine pour mieux vivreUne semaine déjà ! L’écoulement du temps surprend toujours.
Les jours passent parfois sans même que l’on s’en
rende bien compte et c’est brutalement que l’on s’aperçoit
que le calendrier avance, que les heures ont fini irrémédiablement
par former des semaines. Cela fait déjà une semaine
que le mois d’Elloul a commencé, porteur à la fois d’effort, de
recherche et d’espoir. Certes, le temps jusqu’à Roch Hachana
est encore loin d’être écoulé. Toutefois, ce n’est sans doute pas
sans un certain vertige que l’idée monte à la conscience : une
semaine déjà!
Ce sont trois mots simples qui, dans leur brièveté, remettent
tout à coup les choses à leur place. Pendant ce temps, pourtant
si court d’une certaine manière, le monde a connu des agitations
sans fin. Des drames terribles, des catastrophes dues à
l’inconscience ou à la furie de l’homme ou encore à sa profonde
fragilité, parfois trop bien cachée sous les dehors d’une
orgueilleuse puissance – tout cela a touché l’humanité jusqu’au
coeur pendant une seule petite semaine. Le temps a
continué d’avancer, charriant les attentes, les malheurs et
aussi les milliers de petits ou grands bonheurs dont l’existence
est faite. Nous le savons aussi, le temps continuera ainsi sereinement
son cours comme s’il était, par essence, indifférent à
ce qu’il croise sur sa route et dont il est pourtant naturellement
le support.
Et si, finalement, c’était l’homme qui faisait le temps ? Et si,
finalement, celui-ci n’était pas aussi aveugle qu’il semble, s’il
dépendait d’abord de ceux qui le vivent en conscience ?
Lorsque le monde paraît suivre un chemin traversé d’obstacles,
que la justice et le bien paraissent se heurter aux hautes
murailles de l’ignorance et de la haine, cela n’est-il pas aussi dû
à tous ceux qui l’habitent ? N’est-ce pas aussi nos cauchemars
qui se projettent sur l’écran que nous lui fabriquons ? Une
semaine d’Elloul, c’est tout un univers. Il est dès aujourd’hui
possible de vivre autrement.
L’ambition est grande mais l’homme peut l’être aussi. Le temps
en est venu ; l’appel d’Elloul retentit aux oreilles de qui veut
entendre. Le voyage auquel il invite a commencé mais chacun
peut toujours s’y joindre – c’est un de ses prodiges. Il s’agit de
ne plus attendre : si nous le voulons, un monde nouveau va
naître.
H. Nisenbaum
Etincelles de Machiah
Par l'étude de la TorahLe Zohar enseigne (Béréchit 8d) que le fait de ne pas étudier la Torah
entraîne que «le temps de l’exil se prolonge avant la venue de
Machia’h». En conséquence, par l’étude tant de l’aspect révélé que de
l’aspect profond de la Torah, on supprime l’obstacle.
(D’après Likoutei Si’hot vol. XII, p.237)
Vivre avec la Paracha
Un mariage célesteDu passage: “quand un homme
prend une femme et vit avec
elle... et elle sort... et elle
devient...”, nous apprenons
qu’un homme peut épouser
une femme par une remise
d’argent, un contrat de mariage
ou en ayant des relations
conjugales. Bien que ces trois
formes soient adéquates, la
coutume adoptée est celle
d’acquérir une femme par une
remise d’argent (Kessef) ou
d’un objet revêtant une valeur
monétaire (Chavah Kessef).
Il existe deux manières d’envisager
le fait de contracter un
mariage par l’argent : la femme
prend l’argent et par ce geste
se trouve mariée ou bien en se
mariant, elle acquiert l’argent
qui lui est donné.
Dans un contexte spirituel, ces
deux vues ont une validité
équivalente. Car au sens mystique,
la phrase “une femme
est acquise par son mari” se
réfère à l’union entre D.ieu et
le Peuple Juif.
Tout comme dans un mariage
physique, on retrouve, dans le
mariage entre D.ieu et les
Juifs, les deux aspects : l’acquisition
par l’époux de son
épouse et l’interdiction qui
s’ennuit pour elle d’être à quiconque
d’autre. Le Peuple Juif
s’attache à D.ieu et s’en trouve
conséquemment séparé des
plaisirs profanes qui pourraient
entraver cette relation.
Tout comme dans un mariage
physique ces deux aspects ne
peuvent être séparés, il en va
de même pour le mariage spirituel
entre D.ieu et les Juifs.
Selon les mots du ‘Hovot
HaLevavot : “il est impossible
d’implanter en nos coeurs
l’amour de D.ieu alors que réside
en nous l’amour de ce
monde”.
A la lumière de ce qui précède,
nous pouvons comprendre le
sens profond de la coutume
usuelle de procéder au mariage
par le biais de l’argent ou
d’un objet possédant une certaine valeur. Car le mot hébreu pour
argent, “Kessef”, dénote également
l’amour et le désir : le service spirituel
d’amour de D.ieu, dont le but principal est
de parvenir à l’union avec Lui.
Nous pouvons également comprendre
comment les deux vues du mariage mentionnées
plus haut, à savoir que par l’acquisition
de l’argent, une femme se trouve
mariée ou bien qu’en se mariant la
femme acquiert l’argent, sont également
adéquates au sens spirituel.
L’acquisition de l’argent (Kessef ou
amour) fait allusion au mariage du Juif
avec D.ieu. Le terme hébreu pour mariage,
Kiddouchin (ce terme signifiant séparation
ou détachement) implique que le
mariage d’un Juif à D.ieu est lié à sa séparation
des affaires profanes.
A l’intérieur même de ce mariage du
Peuple Juif à D.ieu existent deux types de
services en ce qui concerne la première
étape de l’union : “du bas vers le haut” ou
“du haut vers le bas”.
Dans le service du “ bas vers le haut ”, les
Kiddouchin viennent d’abord ; l’individu
doit d’abord se retirer des plaisirs du
monde. Il se trouve alors envahi d’un
amour pour D.ieu : “l’acquisition par le
Kessef”. En d’autres termes, avec cette
forme de service, une personne commence
par “se détourner du mal” et par la
suite acquiert l’attitude positive de “faire
le bien”.
Dans le service du “haut vers le bas”,
l’ordre est inversé. Une fois que la personne
aime D.ieu : “l’acquisition par le
Kessef”, cette émotion suscite un état de
Kiddouchin par lequel elle se distance
des plaisirs de ce monde.
La raison sous-jacente à la différence
dans ces approches “du bas vers le haut”
ou “du haut vers le bas”, réside dans le
fait que ce sont là deux types différents
de services spirituels. Le premier consiste
à servir D.ieu d’une manière logique,
dans une progression ordonnée. Un service
logique et ordonné implique que l’on ne
peut atteindre un amour pour D.ieu sans
d’abord s’être séparée de son amour pour
la matérialité.
Le second type de service, toutefois,
transcende les liens de la logique. Ici, quel
que soit l’état spirituel actuel de l’homme,
il se dévoue entièrement à la Divinité.
Cela à son tour lui permet de se séparer
des désirs et des plaisirs de ce monde
matériel.
(Basé sur Likouteï Si’hot Vol. XIX pp. 215-219)
Le Coin de la Halacha
Comment doit-on conserverles fascicules contenant des paroles de Torah?
La plupart des prospectus contenant des paroles de Torah portent la
mention : «Merci de veiller à la sainteté de ces feuillets». Une fois qu’on
a terminé de le lire, il convient de le mettre à la «Gueniza», c’est-à-dire
un endroit spécialement conçu pour conserver les parchemins usés des
rouleaux de la Torah,des Mezouzot et Téfilines. Il convient d’abord de se
renseigner s’il en existe dans la synagogue qu’on fréquente. Ces parchemins
et papiers sont, par la suite, enterrés respectueusement par la
‘Hevra Kadicha (la «société sainte» chargée des derniers devoirs).
Certains décisionnaires estiment que des papiers imprimés n’ont pas la
même sainteté que les parchemins écrits à la main. Cependant, même
selon cette opinion, le fait qu’on a lu ces papiers afin d’apprendre la
Torah les transforme en «objets de culte» comme les Tsitsits ou le
feuillage de la Souccah : celui-ci, bien que prévu pour ne durer que neuf
jours, a servi à une Mitsva, doit être brûlé et en tous cas, ne doit pas être
traité de façon méprisante.
Celui qui ne peut apporter ces fascicules de Torah à la «Gueniza» devra
les envelopper soigneusement et préférablement les brûler : dans ce
cas, on devra, au préalable, s’assurer que le papier ne contient aucun
des Noms de D.ieu en hébreu, en toutes lettres. Il est donc préférable de
confier ces papiers à la «Gueniza».
Nos Sages affirment : «Quiconque respecte la Torah – ce qui inclut les
feuillets ou journaux qui en contiennent les explications – mérite que
son corps soit respecté par les créatures».
F. L. (d’après Rav Yosef Ginsburgh)
De Recit de la Semaine
Les garantsRabbi Aquiba est resté célèbre dans l’histoire
juive pour sa remarquable érudition
talmudique. Bien qu’il n’ait entamé l’étude
de la Torah qu’à l’âge de quarante ans, il devint le
plus grand maître de sa génération, réunissant
24.000 étudiants avides d’assister à ses cours.
Mais on sait moins qu’il était aussi dévoué aux
causes charitables et qu’il collectait de grosses
sommes pour racheter les prisonniers et nourrir
les familles nécessiteuses.
Il voyageait souvent très loin pour réunir les
fonds nécessaires. Un jour, alors qu’il comptait
l’argent qu’il avait réussi à obtenir, il réalisa que
malheureusement, il était encore loin du compte:
«Où pourrai-je trouver l’argent qui manque ?» se
dit-il.
Soudain, il eut une idée : non loin de là, au bord
de la mer, habitait une femme très riche. C’était
une Romaine et, bien qu’elle ne fût pas juive, elle
croyait en D.ieu, se conduisait de façon morale et
avait beaucoup d’admiration pour les Sages juifs.
Tôt le lendemain matin, Rabbi Aquiba se rendit
dans le luxueux palais de cette noble dame.
Quand elle réalisa qui était son invité, elle le fit
entrer et le pria de s’asseoir. Elle écouta attentivement
Rabbi Aquiba qui expliquait son projet et
détaillait les causes charitables pour lesquelles il
oeuvrait. Elle réfléchit et déclara respectueusement
: «Je suis tout à fait d’accord pour vous
prêter l’argent – bien qu’il s’agisse d’une grosse
somme – mais qui se portera garant pour le remboursement
?».
Rabbi Aquiba était pris au dépourvu:
«Choisissez qui vous voulez !» répondit-il.
Perdue dans ses pensées, la femme regardait la
mer. Tout en écoutant le bruit des vagues, elle
sourit et dit : «Je déclare que le D.ieu d’Israël et
la mer seront les garants que l’argent me sera
rendu à la date convenue !»
C’est ainsi que Rabbi Aquiba put repartir, soulagé
d’avoir trouvé la somme nécessaire pour les
familles pauvres qui comptaient sur lui.
Le jour où il dût rembourser sa dette, il était
malade, incapable de trouver un messager qui
pourrait rapporter l’argent à sa bienfaitrice.
Celle-ci attendait patiemment, elle avait
confiance en Rabbi Aquiba mais ne pouvait s’empêcher
de s’inquiéter : «Où est-il ? Peut-être ne
viendra-t-il pas ! Peut-être n’aurais-je pas dû lui
prêter tant d’argent !».
Comme elle avait bon coeur, elle tenta de se
rassurer : «Il est sans doute malade ou n’a pas
réussi à trouver l’argent. Quoi qu’il en soit, je lui
pardonne, mais j’ai besoin de l’argent aujourd’hui!
».
Alors que le soleil se couchait, elle se rendit sur
la plage et se mit à prier : «Seul Vous, D.ieu, savez
pourquoi Rabbi Aquiba n’est pas encore venu !
Peut-être est-il malade ou a-t-il oublié. Mais j’ai
besoin de l’argent aujourd’hui ! Vous, D.ieu et la
mer, vous êtes ses garants ! Je compte sur vous
pour me rendre l’argent !»
Ayant fini sa prière, elle regarda la mer et, à sa
grande surprise, elle aperçut un magnifique
coffre balancé par les flots et poussé vers elle
par les vagues. Elle le prit, l’ouvrit et découvrit
une véritable fortune en pièces d’or et pierres
précieuses.
A l’autre bout de la mer, une princesse s’était
promenée le long du rivage. Elle était suivie par
sa servante qui portait un coffre rempli d’or et de
pierres précieuses, un cadeau offert par de
nobles visiteurs. Soudain, sans raison, la princesse
avait saisi le coffre et l’avait jeté dans la
mer. La servante horrifiée avait bien tenté de le
récupérer mais en vain : de hautes vagues
l’avaient déjà entraîné au loin.
Dès que Rabbi Aquiba fut rétabli, il se présenta
chez la dame romaine pour lui rendre l’argent.
Mais elle refusa en souriant : «Vous ne me devez
absolument rien. Votre D.ieu a déjà remboursé la
somme !».
Et elle raconta l’histoire étonnante du coffre
que la mer avait rejeté à ses pieds : «J’ai compté
l’argent, j’ai pris ce qui m’était dû et je vous
donne le reste pour que vous le distribuiez à tous
ceux autour de vous qui en ont tant besoin !».
Traduit par Feiga Lubecki