Editorial
Une merveilleuse humanitéIl existe des moments où une sorte de miracle paraît se produire. Alors qu’à l’instant précédent, malgré la décision sans cesse renouvelée de regarder les choses de manière positive, on se surprenait parfois à désespérer du monde, voici que, brutalement, les hommes apparaissent pour ceux qu’ils sont essentiellement : bons, compatissants, préoccupés de l’autre. Certes, il a fallu pour cela qu’un cataclysme terrible dévaste des pays entiers. Cependant, il faut savoir s’en rendre compte : l’émotion sincère soulevée a un aspect merveilleux et rassurant. Décidément, les hommes sont extraordinaires.
C’est ainsi dans la solidarité qu’ils expriment les merveilleux d’eux-mêmes et c’est alors que l’on se prend à rêver. Si l’humanité est si naturellement capable de bonté et d’amour, que ne pourrait-elle pas réaliser en mettant en œuvre cette formidable puissance ? Pourquoi faut-il attendre des évènements dramatiques pour que de si précieuses aptitudes se révèlent ? Tout se passe comme si des trésors cachés gisaient au fond de chacun qui ne demandent qu’à se révéler mais que, parfois, seule la tragédie est capable de déchirer le “voile épais” qui les recouvrent.
Et si, finalement, c’était simplement le monde et son appel incessant, le quotidien et ses soucis qui détournaient l’homme de ce qu’il est vraiment. D’une certaine manière, ce qui se révèle à présent, c’est que chacun est doté d’une sorte de moral, de rectitude innées. La tentation de l’oubli est grande, qui, au lendemain d’un tel éveil, ramènerait chacun à la torpeur coutumière. Pourtant cela peut être combattu. Il est possible que l’humanité reste humaine. Il n’y faut peut-être qu’un effort, une simple décision. C’est un monde littéralement meilleur qui attend, comme un prélude à la venue de Machia’h.
Etincelles de Machiah
Le bout du tunnelLa venue de Machia’h fait l’objet de l’espoir constant et de l’attente impatiente du peuple juif. Chacun sait que la nouvelle ère qui commencera alors sera celle de tous les bonheurs et que sera enfin satisfaite la recherche ultime de la spiritualité.
Pourtant, le texte de la Michna (traité Sotta 49c) nous prévient de la survenance d’une autre réalité : “A la veille de la venue de Machia’h, la malédiction de chaque jour sera plus lourde que celle du jour précédent”. Une telle prophétie est manifestement bien sombre. Quel bien peut-il donc en sortir ?
En fait, cette annonce est nécessaire. Si le texte en question ne nous avait pas avisé de ce qui allait se passer à ce moment, nous l’aurions vécu comme une suite d’événements incompréhensibles. Nous aurions pu véritablement perdre tout espoir. Au contraire, à présent qu’il nous est enseigné que ces épreuves ne seront que temporaires et qu’elles doivent être d’abord considérées comme un signe avant-coureur de la Délivrance, nous sommes capables de garder courage et de parachever notre tâche : faire venir le Machia’h par nos actions.
(d’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch
19 Tévet 5742)
Vivre avec la Paracha
Bo : une nuit brûlante « Ils mangeront la chair [de l’offrande pascale] cette nuit-là, rôtie dans le feu, avec des matsot et des herbes amères. Ne la mangez pas cuite à moitié ni cuisinée ni bouillie dans l’eau, seulement rôtie dans le feu. » Chemot 12 :8-9
Nous expérimentons la vie comme une chaîne infinie de besoins et d’aspirations. Nous désirons quelque chose et souffrons de son absence, et dépensons nos énergies et nos capacités à l’obtenir. Et quand notre but est atteint, notre plaisir et notre satisfaction sont de courte durée: déjà le feu du désir consume à nouveau notre vie.
Il se peut que par moments, nous envions la tranquillité de ceux qui sont libres d’ambition mais ce sont ces lutteurs sans repos que nous admirons et imitons. Dans notre expérience personnelle, nous considérons ces périodes de quête agitée comme les paroxysmes de notre vie. Car nous sentons que si la personne tranquille est en paix avec elle-même, celle qui se bat est reliée à quelque chose de plus grand qu’elle-même, quelque chose de plus que le «ici et maintenant».
Trois offrandes
Dans le douzième chapitre de Chemot, D.ieu communique à Moché les lois du Korban Pessa’h, l’offrande pascale.
D’une façon générale, la Torah est un document pratique. Les événements qui y sont décrits sont presque toujours des événements concrets, et les mitsvot qu’elle commande sont en général des actions matérielles. Mais les maîtres de la Cabbale et de la ‘Hassidout insistent sur le fait que chaque mot de la Torah possède également un lien avec la dynamique spirituelle de notre vie. Chaque loi de la Torah, chaque membre et chaque organe de son corps, a un élément qui lui correspond dans l’âme de la Torah.
Il en va de même pour les lois de l’offrande pascale. Outre leur observance concrète, elles s’adressent également à la vie intérieure de notre âme. Mais avant de discuter de certaines des applications spirituelles du Korban Pessa’h, il nous faut jeter un regard plus précis sur ses lois pratiques.
Quand le Temple se tenait à Jérusalem, chaque maisonnée juive y apportait un agneau ou un chevreau, le 14 Nissan, le jour précédant la fête de Pessa’h. L’animal était sacrifié dans la cour du Temple, son sang aspergé sur l’autel et certaines de ses parties étaient brûlées sur l’autel. Puis il était rôti sur un puits au-dessus duquel brûlait un feu. La nuit qui suivait, la première de Pessa’h, l’on mangeait cette viande avec de la Matsah et du Maror (herbes amères), ce qui constituait les trois étapes du Séder. (Aujourd’hui, la viande de Pessa’h est représentée au Séder par l’Afikomane, un morceau de Matsah que l’on mange à la fin du repas)
Plusieurs types de sacrifices étaient offerts au Temple, mais l’offrande pascale était unique en bien des aspects, car elle était régie par une série de lois qui ne s’appliquaient qu’à elle. Certaines de ces différences sont spécifiées dans le traité talmudique de Zeva’him (56b), où cette offrande est comparée à deux autres: l’offrande du premier-né et l’offrande de la dîme.
En quelques mots, la Torah ordonne au Juif d’apporter les premiers-nés de son bétail ou de son troupeau comme offrande à D.ieu. Doit aussi être offerte la dîme des animaux nés dans le troupeau. Les offrandes des premiers-nés, de la dîme et de Pessa’h appartiennent toutes à une classe d’offrandes appelée: “kodachim kalim” et elles se ressemblent dans la procédure à accomplir sur l’autel ; mais les lois qui concernent leur consommation sont différentes pour l’offrande pascale.
Les offrandes des premiers-nés et de la dîme peuvent être consommées pendant deux jours et une nuit (le jour de l’offrande, la nuit qui suit et le lendemain jusqu’au coucher du soleil) alors que l’offrande pascale ne peut être mangée que la nuit qui la suit et seulement jusqu’à minuit. Une autre différence réside dans le fait que les offrandes des premiers-nés et de la dîme peuvent être accommodées de n’importe quelle façon ( bouillies, cuisinées, rôties, à l’étouffée, etc.) alors que l’offrande pascale doit être grillée dans un feu au-dessus d’un puits et ne peut être préparée autrement.
Tous ces détails et ces différences ont leur correspondance dans la vie intérieure de l’âme.
Le premier, le dernier et par-dessus
Les enseignements de la Cabbale décrivent notre monde fondé sur dix attributs divins d’où dérivent la forme spirituelle et la substance de la réalité. C’est pourquoi le chiffre dix représente l’ordre spirituel des choses que D.ieu a instituées dans Sa création. Les premiers-nés représentent le niveau le plus élevé et la dîme, le niveau le moins élevé de ces révélations (c’est pourquoi d’ailleurs, l’offrande des premiers-nés est consommée par les Cohanim qui représentent le service de D.ieu le plus élevé alors que celle de la dîme est mangée par le fermier qui l’a apportée). Ensemble, ils embrassent l’ensemble de la réalité créée.
Pessa’h, comme son nom l’indique, se réfère à ce qui transcende cet ordre, à ce qui passe par-dessus le processus de la création. L’offrande pascale est ainsi nommée parce qu’elle atteste le fait que selon tous les critères naturels, les Juifs ne méritaient pas plus la vie que les Egyptiens. Pessa’h représente le fait que D.ieu fit abstraction des règles elles-mêmes par lesquelles Il régit Son monde, et notre réciprocité à Son égard qui nous fait nous élever au-dessus des diktats de la nature et de la normalité dans notre dévotion à Lui.
Cela explique la différence dans la consommation de cette offrande.
Comme nous l’avons noté, cette vie peut être considérée comme un cycle d’aspirations et de réalisations, d’envies et de gratifications. Les métaphores communes pour ces deux états sont l’eau et le feu. Le feu connote la soif et l’aspiration vers le haut; l’eau suggère l’installation et la satiété.
Une vie normale, une vie définie par l’ordre de l’évolution, est nourrie à la fois d’eau et de feu. Certains repas sont accommodés plongés dans l’eau du contentement, d’autres possèdent moins de liquide pour tempérer le feu de la vie. L’on peut même, à l’occasion, consommer un rôti, ressentir un élan, un désir qui reste inassouvi sans la moindre gratification.
Cependant, l’offrande pascale ne peut être expérimentée que d’une seule façon, rôtie dans le feu. Quand une âme cherche D.ieu, et non les étincelles de divinité que l’on peut trouver dans la création et expérimenter dans un comportement spirituel conventionnel, mais D.ieu Lui-Même comme Il transcende l’existence et la réalité, elle est consumée par un désir incessant. Car l’homme ne peut rien capturer de l’essence divine. Il ne peut qu’y aspirer, son âme étant un feu pur, sans même une goutte d eau pour étancher sa soif, sans même un ustensile pour contenir sa ferveur.
Un repas du soir
Les offrandes des premiers-nés et de la dîme étaient mangées pendant deux jours et une nuit. L’offrande pascale n’etait mangée que la nuit.
Dans le cours de notre histoire, nous avons eu l’expérience de jours de lumière divine et de nuits d’obscurité spirituelle. D’une manière générale, il y eut deux ères de lumière, les périodes au cours desquelles le premier et le second Temples manifestaient la présence divine dans notre monde. Entre ces deux jours, il y eut une nuit brève, l’exil babylonien de soixante-dix ans lorsque le Temple gisait en ruines et que le peuple d Israël etait exilé de la Terre Sainte.
Apres la lumière du second jour, nous fûmes plongés dans la plus obscure des nuits, dans l’exil que nous vivons encore aujourd’hui, imprégné par la souffrance et les persécutions, confondu dans le doute et la discordance spirituelle et marqué par le voilement quasi total de la face de D.ieu.
Une relation normale avec D.ieu ne semble avoir été perçue que pendant les deux jours et la nuit qui précédèrent notre exil actuel. Il y eut des moments où D.ieu Se manifesta Lui-même à l’homme, même à Babylone apparurent des prophètes et des manifestations d’immanence divine. Mais quand le soleil se coucha au second jour, la chair des offrandes des premiers-nés et de la dîme ne pouvait plus être consommé. La vérité divine ne pouvait plus être perçue dans les œuvres de la nature ou accessibles selon le processus normal d’engagement spirituel. L’homme ne pouvait plus obtenir de gratification dans sa vie spirituelle, car voir le divin etait devenu un rêve impossible.
Dans cette nuit des nuits, l’aspiration de l’homme pour le Divin est un feu qui ne s’éteint pas, un désir irréalisable, un amour qui ne peut être consommé. Mais pour ces mêmes raisons, elle est plus profonde et plus vraie que les concoctions d’eau et de vin du passé. Dans cette nuit des nuits, notre aspiration vers D.ieu n’est pas mitigée par un plateau de gratifications. Elle passe par-dessus tous les systèmes et les processus pour arriver à l’essence de D.ieu, une aspiration infinie pour un objectif infini.
Le Coin de la Halacha
Comment se prépare-t-on à un voyage ?Nos Sages affirment : « Les forces du mal accusent (le voyageur) au moment du danger ». On a donc la coutume de chercher à accomplir davantage de Mitsvot (commandements de D.ieu) propices à la protection avant et pendant le voyage :
- la Tsédaka (charité) car il est dit dans les Téhilim (Psaumes 85. 14) : « La justice (charité) marchera devant lui et il engagera ses pas dans le chemin ».
- l’accompagnement : « Si on accompagne son ami de quelques pas, (le voyageur) ne souffrira de rien ». Ainsi l’hôte veillera à raccompagner son invité de quelques pas et Rabbénou Ba’haï écrit qu’il s’agit là de la conclusion de la Mitsva de l’hospitalité. Le Rambam (Maïmonide) écrit : « La récompense pour avoir accompagné l’invité est plus grande que pour toute l’hospitalité qu’on lui a offerte ». Ainsi on protège l’invité, on le mène dans la bonne direction, on l’honore et on lui montre qu’on s’inquiète de son bien-être. La ‘Hassidout explique que, du fait qu’on honore « l’image de D.ieu » qui est en l’homme, on attire aussi l’influence de D.ieu qui protègera ce voyageur.
- Torah : l’étude de la Torah est obligatoire à tout moment et particulièrement durant un voyage : « Et tu en parleras… quand tu seras en chemin » (Deutéronome 6. 7). Le mérite de l’étude de la Torah protège et sauve encore plus que toutes les autres Mitsvot. On emportera donc des livres de Torah en format de poche et on se répétera mentalement des passages de Torah, Michnayot, Téhilim et Tanya qu’on aura appris par-cœur.
Le Rabbi de Loubavitch a conseillé de garder dans la voiture un Siddour (livre de prières), un ‘Houmach, des Téhilim (Psaumes) dans lesquels on pourra étudier à l’arrêt. On aura également une boîte de Tsédaka.
On prendra avec soi des brochures d’explications sur le judaïsme qu’on pourra distribuer à d’autres Juifs qu’on rencontrera en voyage.
On aura soin d’emporter boisson et nourriture même si on a commandé un repas cachère.
F. L. (d’après Rav Yossef Ginsburgh)
De Recit de la Semaine
« Je veux, dit l’enfant… »Le 10 Chevat est le jour de la Hilloula de Rabbi Yossef Yts’hak Schneersohn.
Sara et son frère étaient issus d’une famille très peu pratiquante mais avaient cependant reçu quelques cours de Talmud Torah dans le centre Chabad-Lubavitch situé près de chez eux, dans le New Jersey. Ces cours avaient intéressé son frère mais n’avaient eu que peu d’impact sur elle.
Elle avait décidé de chercher la spiritualité ailleurs. Elle s’était inscrite à un séminaire sur la scientologie ou une secte du même genre mais comme celui-ci ne commençait que deux semaines plus tard, elle décida de passer un Chabbat chez Loubavitch.
Ce Chabbat, comme tous les autres dans cette petite ville, fut calme, agréable sans plus. Sara se demandait d’ailleurs pourquoi elle s’était rendue dans ce centre juif. Dès la sortie des étoiles, elle prit sa valise et se dirigea vers la sortie. En passant devant le bureau du directeur, elle voulut le saluer et le remercier par pure courtoisie mais il semblait très occupé par des coups de téléphone incessants : apparemment il préparait un programme de conférences et elle s’approcha en souriant pour attirer son attention. Quand il vit qu’elle s’apprêtait déjà à partir, il lui fit signe d’attendre qu’il termine de téléphoner. Il lui expliqua alors que d’ici une heure, un conférencier de renom, Rav Shlomo Zalman Hecht de Chicago allait s’adresser aux étudiants : « Il est extraordinaire. Ses discours sont sérieux mais fourmillent d’anecdotes plus fantastiques les unes que les autres ! »
Après tout, pourquoi pas ? se dit-elle.
Sara posa ses valises et aida les autres étudiants à disposer les chaises. Rav Hecht arriva. Il était âgé, près de soixante-dix ans, mais son sourire était sincère et son regard paternel et réconfortant. C’est vrai que son discours était passionnant.
Au bout de quelques minutes, il changea soudain de conversation. « Mes amis, excusez-moi pour cette digression mais je me souviens justement maintenant d’une histoire qui m’est arrivée et que je voudrais vous faire partager.
« Il y a très longtemps, juste après la Seconde Guerre Mondiale, j’ai quitté Chicago pour me rendre en entrevue privée chez le précédent Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Yts’hak, que son souvenir soit béni.
« J’entrai dans le bureau, tendis au Rabbi le papier sur lequel j’avais écris les questions qui me préoccupaient mais, au lieu de le lire, le Rabbi me demanda : « Rav Hecht, savez-vous qui était ici, dans ce bureau, juste avant vous ? Rav Boyer, le célèbre philanthrope ! »
« Les yeux du Rabbi étaient rouges comme s’il avait pleuré.
« Je trouvais cela très étrange parce que le Rabbi n’avait pas l’habitude de révéler à d’autres de quoi les visiteurs précédents avaient discuté avec lui sous le sceau de la confidentialité. Mais le Rabbi continua : « Rav Boyer revient d’un voyage qui l’a conduit dans les camps de réfugiés en Allemagne et les autres pays d’Europe. Il y a vu des rescapés, des survivants au cœur et au corps brisés, tout ce qui reste du judaïsme autrefois florissant ». Le Rabbi pleurait maintenant sans pouvoir s’arrêter.
« Rav Boyer m’a expliqué que, bien qu’il ne soit pas un ‘Hassid, il tenait à me voir à cause d’un jeune garçon qu’il avait aperçu tandis que celui-ci errait dans un camp. Cet enfant de douze ans portait une Kippa. Ses vêtements et ses chaussures étaient si usés, si déchirés et si fins qu’il faisait vraiment pitié. Il était évident que, comme tous les autres, il avait perdu toute sa famille. Rav Boyer lui a tendu un billet de dix dollars (presque une fortune dans ces circonstances) mais le garçon a secoué la tête et, en yiddish, a déclaré qu’il n’acceptait pas de cadeau et n’avait besoin de rien.
« Rav Boyer a insisté : « Je veux, dit l’enfant…, si vous voulez vraiment m’offrir quelque chose, offrez-moi un billet pour les Etats-Unis pour que je puisse aller voir le Rabbi de Loubavitch à New York ! »
« Rav Boyer a été stupéfait : il avait devant lui un rescapé de l’enfer, qui ne possédait plus rien, même pas des vêtements corrects mais qui ne désirait qu’une chose : voir son Rabbi ! Combien ses parents s’étaient-ils investis dans son éducation pour qu’il soit sorti aussi fort de cette épreuve !
« Bien entendu, Rav Boyer n’avait pas les moyens nécessaires pour lui offrir un tel cadeau mais il a promis à l’enfant que, dès qu’il retournerait à New York, il se rendrait chez moi et c’est ce qu’il a fait, en me donnant le nom de l’enfant pour que je le bénisse.
« Puis j’ai demandé à Rav Boyer de me raconter encore ce qu’il avait vu dans les camps et comment il avait pu aider, matériellement et spirituellement, les réfugiés (le Rabbi se remit à pleurer en évoquant la détresse des Juifs d’Europe).
« A la fin, j’ai demandé à Rav Boyer ce que je pouvais faire pour lui et il m’a demandé une bénédiction. Je lui ai souhaité donc de tirer beaucoup de satisfaction de ses descendants ».
« Puis le Rabbi changea de conversation et se mit à répondre aux questions que j’avais écrites ».
* * *
Rav Hecht s’excusa encore devant l’auditoire pour avoir brusquement ressenti l’envie de raconter cette histoire puis continua son discours.
A la fin, tous les étudiants l’applaudirent et sortirent en le remerciant. Mais une jeune fille restait figée sur sa chaise, la tête entre les mains : elle pleurait ! C’était Sara.
Rav Hecht et le directeur du centre ‘Habad s’approchèrent d’elle pour savoir ce qui n’allait pas. Elle leva la tête, essuya ses yeux et leur sourit : « Excusez-moi si je me suis laissée emporter par l’émotion : mais voyez-vous, Rav Boyer, c’était mon grand-père ! La bénédiction qu’il a reçue, il y a des dizaines d’années, devait être pour mon frère et moi ! D.ieu vous a fait évoquer justement cette histoire pour que je l’entende ! »
Bouleversée elle annula sa réservation pour le programme de la secte auquel elle comptait participer et décida de mener à présent le style de vie qui donnerait à son grand-père (et à des centaines de générations de grands-pères avant lui) la véritable satisfaction, celle de savoir que leurs descendants s’investissaient totalement dans leur judaïsme.
Elle habite maintenant à Crown Heights où elle élève sa nombreuse famille.
Rav Touvia Bolton
Traduit par Feiga Lubecki