Samedi, 24 juillet 2021

  • Vaet’hanan
Editorial

 Quand la joie nous appelle !

Avançons donc encore au fil du temps. Le tout début de la semaine nous a vus vivre une fois de plus les drames du 9 Av. Une fois de plus, nous avons dit les terribles événements, matériels et spirituels, de la destruction du Temple et de l’exil. Mais, une fois de plus aussi, nous avons profondément ressenti que ce jour est également celui de l’attente impatiente de l’avènement des temps messianiques, de la Délivrance. Le peuple juif est familier de ces idées apparemment paradoxales, de ces temps où il est possible de trouver des raisons de sincère tristesse avec celles d’un ardent espoir. Mais, nous le savons, lorsque ce dernier sentiment est là, rien ne peut durablement lui résister. Et même si l’exil historique de notre peuple est incontestablement bien trop long, la victoire finale est certaine : nous retournerons sur notre terre avec la Présence Divine, comme les prophètes l’ont annoncé de tous temps.

Et voici que le déroulement du temps continue de nous entraîner. L’image est impressionnante. Après le 9 Av, c’est le 15 du mois qui est en perspective. Le simple énoncé de cette date suffit à soulever comme un feu d’artifice. Le Talmud ne nous enseigne-t-il pas : « Il n’y avait pas de jour de fête pour Israël comme Yom Kippour et le 15 Av ? » Si le premier ne nécessite pas d’explication, comment comprendre le second ? Certes des événements positifs s’y déroulèrent mais cela peut-il justifier le placement de cette journée à un tel niveau. Certes également, nous sommes alors un 15 du mois où, relèvent les Sages, « la lune se tient dans sa plénitude », symbole de perfection spirituelle. Mais, si cette raison mystique garde toute sa valeur, ce phénomène se reproduit chaque mois. Pourquoi le souligner particulièrement à l’occasion de celui de Av ? C’est que, justement, ce mois a été celui d’une terrible chute. Alors, qu’à la suite, il y ait une élévation fait que celle-ci ne peut être que plus grande et susciter une allégresse sans limites.

Ce 15 Av doit donc être vécu avec cœur et enthousiasme. La joie y est réelle, elle est celle de l’espoir dont nous savons qu’il se réalisera très bientôt, la venue de la Délivrance ultime.

Etincelles de Machiah

 Une révélation infinie

Quand le Machia’h arrivera, tous les justes, les patriarches et Moïse reviendront de là où ils se trouvent, au plus haut du Gan Eden. Ils ressusciteront alors dans des corps matériels. Pourtant, puisque, spirituellement, ils connaissent déjà les plus grandes élévations, à quoi bon tout cela ?

C’est que, à ce moment, la révélation de D.ieu dans le monde, sera infiniment supérieure à ce qu’il en apparaît au Gan Eden.

(D’après Likoutei Torah Bamidbar p. 49a)

Vivre avec la Paracha

 Vaet’hanane

Moché dit aux Enfants d’Israël que D.ieu ne lui a pas permis d’entrer en Terre Sainte et qu’il ne pourra la contempler que du haut d’une montagne. Il poursuit la répétition de la Torah, évoquant les événements sans précédent qui se sont produits depuis la sortie d’Égypte. Il prédit que des générations futures se détourneront de D.ieu, pratiqueront l’idolâtrie, perdues parmi les nations, mais qu’elles reviendront à D.ieu et Ses commandements.

La Paracha inclut les Dix Commandements, le Chema Israël, les Mitsvot de l’amour du prochain, de l’étude de la Torah, des Tefilines et des Mezouzot.

La Paracha commence par la supplique de Moché pour entrer en Terre d’Israël. Nos Sages relatent que Moché pria 515 fois pour entrer en Terre Sainte. Il est évident que Moché ne se souciait pas de voir ou de goûter les fruits du pays. Il voulait y entrer parce que c’était « la Terre Sainte ». Mais pourquoi était-ce si important pour lui ? Après tout, lors de trois occasions, il avait passé quarante jours, seul avec D.ieu sur le Mont Sinaï. Quelle expérience spirituelle pouvait-elle dépasser celle-là ? Que pouvait lui apporter le fait de pénétrer en Terre d’Israël ?

Nos Sages expliquent que Moché voulait entrer en Terre Sainte pour accomplir les mitsvot, les commandements de D.ieu. L’accomplissement d’un grand nombre d’entre elles est relatif à la Terre Sainte, ses récoltes, etc. En dehors d’Israël, l’on ne peut observer ces injonctions.

Cependant, Moché avait reçu la Torah toute entière, y compris les lois concernant ces commandements. Il savait et comprenait chacune de leurs dimensions et bien plus que la façon de les observer : leur signification spirituelle. Que pouvait donc lui apporter de plus leur simple observance concrète ?

Pour répondre à ces questions, il nous faut comprendre l’importance du respect des mitsvot, dans un sens cosmique. Certaines religions considèrent la méditation, la prière et l’étude comme le but ultime des efforts humains. Car ces actes élèvent l’homme au-dessus de son statut physique et de sa dimension matérielle pour le connecter avec le spirituel. Elles considèrent que l’observance d’actes rituels sert à maintenir un lien entre la religion et les gens simples, incapables de s’impliquer dans les activités spirituelles évoquées plus haut. Ou bien elles les envisagent comme moyens de créer un certain climat. Après tout, les activités que nous accomplissons influencent notre pensée et en se lançant dans différentes actions, il nous est plus facile d’atteindre différents états de méditation.

Le Judaïsme a sur le sujet une perspective différente.

Il faut accomplir les mitsvot, parce que D.ieu désire que nous les accomplissions. Pourquoi ? Nous ne le savons pas et nous n’avons pas besoin de le savoir. Nous savons qu’Il désire leur observance et que c’est une raison suffisante pour nous motiver à les observer.

La prière, la méditation et l’étude élèvent une personne au-dessus de la matérialité, mais seulement dans une certaine mesure. Après tout, ces activités dépendent de notre esprit et de nos émotions. Or, nos pensées et nos sentiments ne peuvent dépasser le niveau d’un mortel. C’est la raison pour laquelle nos Sages avancent qu’avant le Don de la Torah, il y avait un décret qui séparait le monde et D.ieu, parce que notre esprit et notre cœur ne pouvaient L’atteindre par eux-mêmes.

Comment donc pouvons-nous L’atteindre ? En faisant ce qu’Il dit. Le mot mitsva partage une racine étymologique avec le mot tsavta, qui signifie « lien ». Parfois, l’observance des mitsvot peut susciter en nous des pensées et des sentiments et parfois non. Mais tout cela est immatériel. L’essence profonde des choses est qu’en accomplissant une mitsva, nous nous lions à D.ieu comme Il existe, dans Ses propres termes.

Cela va encore bien plus loin. Les mitsvot représentent de notre part un « service » car elles étendent ce lien au monde matériel, en englobant ces objets concrets avec lesquels la mitsva est observée. Quand un juif donne une pièce à la charité, tout comme lorsqu’il accomplit n’importe quelle mitsva avec un objet matériel, il établit un lien entre cet objet et la Sainteté de D.ieu.

C’est ce type de lien auquel aspirait Moché. Et c’est pour cette raison qu’il pria D.ieu de lui permettre d’entrer en Terre d’Israël pour qu’il puisse y observer les mitsvot.

Perspectives

Certains commentateurs expliquent que l’intention de Moché était encore plus profonde car il était homme à ne jamais penser à entreprendre des accomplissements spirituels individuels. Il était totalement et absolument dévoué à son peuple. Pourquoi donc désirait-il pénétrer en Terre Sainte ?

Parce qu’étant celui qui avait guidé le Peuple Juif vers sa terre, il se serait révélé comme le Machia’h et toutes les épreuves, toutes les tribulations qui ont accablé le Peuple juif, depuis lors, auraient été évitées.

Pourquoi donc ses prières ne furent-elles pas exaucées ? On peut avancer, à un premier niveau, que le Peuple Juif n’était pas méritant. Leurs péchés et leur manque de foi en D.ieu, tout au long des quarante années d’errance dans le désert, avaient affecté leur statut spirituel et ils n’étaient pas prêts pour recevoir le Machia’h.

Mais à un niveau plus profond, ce n’est pas en guise de punition que la venue de Machia’h fut retardée. La raison en est que le monde n’avait pas encore été assez raffiné pour le recevoir. Si la prière de Moché avait été acceptée, la venue de Machia’h se serait produite contre la nature du monde et cela serait allé à l’encontre du but lui-même de la Rédemption Ultime. Car il ne s’agira pas simplement d’une Révélation de la Divinité dans Ses termes mais également du raffinement de ce monde matériel et de l’intériorisation de cette Révélation. Le monde n’était pas prêt à cela à l’époque de Moché. Tel est le but des milliers d’années de service divin qui ont suivi : préparer le monde et lui permettre d’intérioriser les révélations de l’Ere messianique.

Le Coin de la Halacha

 Qu’est-ce que Tefilat Hadérèkh, la prière du voyageur ?

- Quiconque entreprend « un long voyage » (de plus de 4 km environ en-dehors des zones habitées) doit réciter Tefilat Hadérèkh, car tout voyage implique un danger.

- Quel que soit le moyen de locomotion employé (même pour une longue promenade à pied), on récite Tefilat Hadérèkh.

- Certains ajoutent des versets ou même des chapitres entiers avant ou après Tefilat Hadérèkh mais l’essentiel reste la prière elle-même avec la bénédiction qui la conclut.

- Il est préférable – si c’est possible – de s’arrêter et de rester debout pour réciter Tefilat Hadérèkh. Certains préfèrent manger ou boire avant Tefilat Hadérèkh afin de la connecter avec une autre bénédiction.

- Il est recommandé, avant de partir en voyage, de donner de l’argent à la Tsedaka (charité). De plus, il est bon de confier à la personne qui part en voyage une somme à remettre à la Tsédaka une fois arrivé à destination : ainsi le voyageur est considéré comme « un émissaire pour une Mitsva » à qui il ne devrait rien arriver de fâcheux. Si personne ne lui confie de l’argent, le voyageur peut réserver de l’argent en s’engageant (Bli Néder – sans en faire le vœu) à le remettre à la Tsédaka en mémoire de Rabbi Meir Baal Haness.

- On ne part pas en voyage sans emporter à manger – même si on a commandé un repas cachère – et un Kéli (récipient) pour se laver les mains rituellement. On pose dans sa valise, avant tout autre objet, son Talit et ses Téfilines (quitte à les mettre dans un autre sac par la suite).

- Le Rabbi de Loubavitch recommandait de toujours emporter (en particulier dans sa voiture) un Siddour (livre de prière), un ‘Houmach (Bible), un Tehilim (Psaumes), un Tanya et une boîte de Tsédaka.

- Rabbi Yehouda Ha’hassid écrivait qu’on ne cire pas ses chaussures le jour du voyage et on évite de retourner dans la maison une fois qu’on l’a quittée.

(d’après Hali’hot Morde’hai)

Le Recit de la Semaine

 Cacherout et guérison

En 1976, Rav Yekutiel Farkash, décisionnaire bien connu de Jérusalem, eut la douleur de perdre sa fille de sept ans après une longue maladie. Les médecins de l’hôpital Hadassah Ein Kerem avaient fourni tous les efforts pour sauver sa vie et adoucir ses derniers instants.

Après les sept jours de deuil, Rav Farkash souhaita rencontrer un des médecins en particulier, pour le remercier de son dévouement. Quand le Rav entra dans son bureau, il embrassa le praticien et annonça : « Je ne peux pas vous payer pour tout ce que vous avez fait pour ma fille parce que tout l’argent du monde n’y suffirait pas mais je peux vous donner ce que le bon D.ieu m’a donné en cadeau : je peux étudier la Torah avec vous ! »

Rav Farkash savait très bien à qui il s’adressait : ce médecin avait émigré d’Afrique du sud et n’avait jamais eu le moindre contact avec le monde juif pratiquant. De fait, il représentait déjà la troisième génération qui s’était éloignée du judaïsme. Pourtant le docteur accepta la proposition et, ensemble, ils décidèrent d’étudier le Tanya. Chaque semaine, le lundi à 18 heures, Rav Farkash se rendait dans la luxueuse villa du médecin dans le quartier cossu de Rassco et ils étudiaient très sérieusement. L’homme était décidé à comprendre et argumentait : ceci mena à des discussions animées et une intense réflexion sur la pratique effective des Mitsvot.

Le Tanya possède une lumière qui peut pénétrer l’âme et l’illuminer. Peu de temps après, le docteur demanda à Rav Farkash de lui acheter une paire de Téfilines, de lui montrer comment les mettre et il s’engagea à les mettre chaque jour. Au fur et à mesure de leur étude, le médecin se mit à accomplir davantage de Mitsvot.

Ce n’était pas toujours très facile. Quand il se mit à progresser dans le domaine religieux, sa femme s’y opposa fermement. Finalement, ils arrivèrent à une sorte de compromis : il était libre de se conduire comme il le voulait mais il n’était pas question qu’il impose des changements à sa famille. Tous les arguments pour tenter de la convaincre échouèrent, elle refusait de changer quoi que ce soit dans sa façon de vivre.

Deux ans passèrent ainsi. Juste avant la nouvelle année juive, en septembre 1977, Rav Farkash se rendit comme d’habitude au domicile du docteur mais, à peine était-il entré qu’il remarqua qu’il y avait un problème. La maison était obscure, les volets étaient fermés… Le médecin était tendu et très triste.

- Que se passe-t-il ? demanda le Rav, très surpris.

- Un véritable cauchemar ! répondit l’homme. Depuis plusieurs jours, ma femme ressent des contractions musculaires qui la font terriblement souffrir au point qu’elle ne parvient plus à dormir. Depuis plusieurs jours, elle ne dort plus et ne s’assoupit que quelques instants. Bien entendu, elle s’affaiblit à vue d’œil… Nous avons effectué tous les examens possibles, j’ai utilisé mes relations avec tous mes collègues spécialistes dans différents domaines et nul ne parvient à trouver la raison de son mal mystérieux ou à la soulager.

- Si ce cas est tellement spécial et que les médecins ne savent pas en trouver la cause, proposa Rav Farkash, je suggère que vous écriviez au Rabbi de Loubavitch : vous avez besoin de sa bénédiction !

- Je ne pense pas que je peux entreprendre pareille démarche sans l’accord de ma femme, soupira le médecin en hochant tristement la tête. Je suis presque sûr qu’elle refusera. Vous la connaissez…

- Dans ce cas, laissez-moi lui parler !

Rav Farkash, avec beaucoup de tact envers cette femme au bord de l’épuisement, lui expliqua doucement les grandes capacités spirituelles du Rabbi, la force de ses bénédictions qui engendraient des miracles et son amour de tout le peuple juif. Comme prévu, la dame refusa tout d’abord :

- Le Rabbi connaît-il mon dossier médical ? demanda-t-elle d’une voix lasse.

- De nombreuses personnes se sont tournées vers le Rabbi, continua Rav Farkash et ont vu leur situation s’améliorer dans toutes sortes de domaines.

Elle accepta finalement. Dès son retour chez lui, Rav Farkash écrivit une lettre au Rabbi, téléphona à New York et lut sa lettre à l’un des secrétaires qui la réécrivit et la transmit au Rabbi (qui se souvient qu’il n’existait pas alors les moyens modernes de communications… ?)

La réponse du Rabbi ne tarda pas : « Cacherout des aliments et des boissons. Je le mentionnerai auprès du tombeau de mon beau-père, le Rabbi (Yossef Its’hak) ».

Rav Farkash savait combien il serait difficile de convaincre cette dame de s’engager à manger cachère exclusivement. Néanmoins, il se rendit le soir même chez le docteur et, bien qu’il fût très tard, frappa à la porte et rapporta fidèlement le message du Rabbi. La fatigue de cette dame était telle qu’elle accepta plus facilement que prévu.

Dès le lendemain, une équipe de jeunes gens experts dans ce domaine se rendit chez elle avec un chalumeau pour cachériser sa cuisine. Le lendemain, Rav Farkash téléphona et ce fut la dame elle-même qui décrocha :

- Rav Farkash ! C’est incroyable ! Je ne ressens plus aucune contraction musculaire. J’ai dormi huit heures d’affilée sans plus ressentir de douleur !

Par la suite, elle déclara : « Le Rabbi est un homme très intelligent ! Il ne m’a pas demandé de devenir pratiquante mais m’a juste conseillé de manger cachère ! ».

Rav Farkash lui expliqua patiemment que le Rabbi « n’inventait pas de Mitsvot pour apporter la guérison » mais donnait des conseils qui apportaient un soulagement physique et spirituel. Il continua à l’encourager à respecter les lois de la cacherout malgré les difficultés d’adaptation du début.

Sa maladie mystérieuse avait complètement disparu, la famille devint de plus en plus pratiquante et, aujourd’hui, les enfants et petits-enfants le sont à 100%.

L’histoire ne s’arrêta pas là.

Le fils de Rav Farkash se trouve être Chalia’h (émissaire) du Rabbi à Buenos Aires. Un jour, alors qu’il faisait ses courses dans une épicerie cachère et que l’épicier l’appelait par son nom, un autre client sursauta :

- Vous êtes Rav Farkash ? Je veux dire le fils de celui qui raconte dans la vidéo comment il lui était arrivé un miracle du Rabbi avec la femme du docteur, comment il avait réussi à la persuader de manger cachère ? Écoutez : je m’appelle Israël (Miguel) Rhine, j’habite à Asunción, au Paraguay. L’année dernière, j’étais très malade et les médecins désespéraient de ma guérison. En surfant sur YouTube, je visionnais cette vidéo qui m’impressionna tant que je l’ai regardée plusieurs fois. Je me suis dit que c’était peut-être ce qu’il me fallait et j’ai décidé de manger cachère. J’en ai parlé au « Loubavitch » de ma ville qui a accepté de venir cachériser ma cuisine et j’ai guéri progressivement. D’ailleurs je suis venu à Buenos Aires uniquement pour remplir ma valise de produits cachères ! Je vous en prie, dites à votre père de ma part que je n’ai pas assez de mots pour le remercier !

 Menachem Ziegelboim - JEM

Traduit par Feiga Lubecki

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