En 2013, j’ai trouvé quelque chose sur Internet qui a changé ma vie en profondeur. Je ne me souviens plus comment ou pourquoi mais je me suis mise à chercher sur You Tube quelque chose de juif – moi qui ne suis allée à la synagogue à Yom Kippour qu’une seule fois dans ma vie !

Je ne sais par quel subtil algorithme je suis tombée sur une minuscule photo du visage rond et poupin de Mirel Levitin admirant sa bougie de Chabbat. J’ai cliqué. J’ai regardé la vidéo d’une famille ‘hassidique se préparant soigneusement et affectueusement pour Chabbat. La star était Mirel avec sa grande sœur Rivka. Toutes deux répétaient, simplement mais avec conviction, les dialogues du livret d’Ellen Emerman : «Est-ce bientôt Chabbat ?» (éditions Hachai – Maayanot). Elles faisaient les courses. Elles pétrissaient la ‘Halla. Elles préparaient le repas de Chabbat. Elles mettaient la table. Elles mettaient une pièce dans la boîte de Tsedaka (charité).

Et, finalement, elles allumaient les bougies de Chabbat.

Jusqu’à ce moment, Mirel demandait à chaque étape si c’était déjà Chabbat et sa Maman, patiemment, répondait : «Non, pas encore !». Mais une fois que les bougies étaient allumées, que Mirel et Rivka avaient récité la bénédiction, le visage de Mirel passait de l’anticipation à une joie débordante quand sa mère lui répondait enfin : «Oui Mirel, maintenant c’est Chabbat !».

Alors que la mère et les deux filles Levitin se tenaient toutes les trois devant les bougies et priaient du plus profond de leur cœur, elles se souhaitèrent mutuellement «Chabbat Chalom !» avec un tel bonheur que je pouvais distinguer, de l’autre bout du pays, à travers les ondes d’Internet comment tout brillait et resplendissait, d’une manière si différente, si spéciale, si belle et surtout les visages de Mirel, Rivka et Hendel. La première fois que je regardais ce clip, j’en fus émue aux larmes.

Bien vite je devins obsédée par cette vidéo et je l’ai regardée, depuis, des dizaines, des centaines de fois ces derniers mois. La dernière fois que j’ai jeté un coup d’œil, elle avait été visionnée plus de 285.300 fois. Je pense très sérieusement qu’une bonne partie de ces 285.300 étaient de mon fait.

Un jour, je mâchonnais un sandwich tout en regardant encore une fois ce clip et je réalisai alors que j’en connaissais toutes les réparties… Y compris les mots de la bénédiction sur les bougies ! Je décidai que je pouvais essayer de les répéter avec Mirel, Rivka et Hendel. Et, tant qu’à faire, je me suis dit que ce serait mieux avec de vraies bougies. Je cherchai des bougies parfumées que j’avais une fois achetées dans un magasin de cosmétiques et je réalisai soudain qu’on était vendredi après-midi ! J’allais moi aussi allumer mes bougies de Chabbat ! J’espère que je les ai allumées avant le coucher du soleil pour ce tout premier Chabbat mais cela, seul D.ieu le sait !

Dès que les bougies furent allumées, quelque chose d’extraordinaire arriva, quelque chose qui est arrivé de nombreuses fois depuis, durant les nombreux vendredis après-midi de ma première année d’observance de cette Mitsva quand je me disais : «Ah non ! Pas aujourd’hui ! J’ai besoin de ce jour en plus ! Juste ce jour ! Je vais sauter ce Chabbat, juste celui-ci !». Quand j’allumais les bougies, tournais mes mains comme pour ramasser toute leur lumière des flammes près de mes yeux en prononçant la bénédiction, quelque chose remua dans mon âme. Maintenant que les bougies étaient allumées, maintenant que j’avais pris sur moi cette grande responsabilité de prononcer la bénédiction, de me souvenir du Chabbat et de le sanctifier, j’avais apporté dans le monde quelque chose de nouveau, que je ne souhaitais pas abandonner.

Ce vendredi, alors que j’allumai mes bougies, je décidai d’observer ce vendredi soir selon les lois traditionnelles du Chabbat. Je savais que cela signifiait ne pas allumer l’électricité, ne pas utiliser l’ordinateur, ne pas écrire, ne pas conduire et ne pas toucher l’argent. Je me souviens avoir dormi avec un coussin sur mes yeux pour ne pas être gênée par la lumière qui était restée allumée. J’ai passé mon temps d’une manière fort agréable comme je ne l’avais pas fait depuis au moins quinze ans : me demander que faire de moi. C’était différent mais finalement assez agréable. Suffisamment pour que le lendemain matin, je décidai de continuer. Je me souviens avoir apporté quelques livres dans mon jardin, m’être étendue sur une serviette sur le gazon pour lire et regarder le ciel en pensant : «C’est si étrange ! Si différent de tout ce que j’ai fait jusqu’à présent ! J’ignore si je recommencerai mais peu importe pour aujourd’hui, parce qu’aujourd’hui, c’est Chabbat !».

De fait, depuis, grâce aux Levitin – et surtout Mirel et Rivka – j’ai respecté tous les Chabbatot. Ce qui, au début, était un combat hebdomadaire entre les forces du bien et les autres (et qui se résolvait comme par enchantement à la dernière minute devant la lumière de mes bougies) est devenu un plaisir enchanteur que j’attends chaque jour de la semaine avec le sourire.

Je lis plus que je n’ai jamais lu. Mes meilleures idées pour régler mes grands problèmes me viennent toujours dans le calme de Chabbat. Rien n’a été perdu. Mais j’ai tant gagné ! Je ressens maintenant que ma vie est bien plus remplie et intéressante parce que, chaque semaine, je lui donne du sens. Je redécouvre D.ieu et tous ces plaisirs tranquilles qui montent à la surface seulement parce que nous créons de la place pour eux. Apprécier les amis, se promener, lire, prier et se concentrer, contempler la beauté de l’univers, compter mes bénédictions. Etre intensément reconnaissante pour le fait que je suis ici sur terre pour une vie précieuse.

Merci Mirel et Rivka ! Merci à vous toutes ! Et… Chabbat Chalom !

N’Shei Chabad Newsletter – L’Chaim N° 1381

Traduit par Feiga Lubecki

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