Un héritage éternel

Nous désirons tous ne pas être oubliés. Nous désirons que notre vie apporte quelque chose de pérenne au monde. Tel est le message de la Paracha de cette semaine : Toledot ; un homme peut laisser un héritage qui se perpétuera après son départ.

Nos Sages offrent deux définitions du mot Toledot.

D’une part, il signifie «progéniture» (Rachi Beréchit 25 :19). Cela inclut ses enfants biologiques et ses enfants «spirituels», c’est-à-dire tous ceux à qui il a enseigné. Et tous perpétuent son influence.

Mais Toledot signifie également «les chroniques de sa vie et ses expériences». Quand l’existence d’une personne est pleine de sens, les histoires sur sa vie apportent l’inspiration aux générations futures.

Une fontaine de source intérieure

A qui la Torah choisit-elle d’associer le message de Toledot ? A Its’hak. Deux caractéristiques reflètent la nature du Service Divin d’Its’hak. Contrairement à son père Avraham, il ne quitta jamais Erets Israël et par ailleurs, il consacra ses efforts à creuser des puits (Beréchit 26 :18…).

Avraham disséminait la Divinité dans les lieux où il séjournait. Il «proclamait au monde entier qu’il n’y a qu’un D.ieu et qu’il convient de Le servir. Il voyageait de ville en ville et de pays en pays, rassemblant les gens et proclamant (l’existence de D.ieu)».

Its’hak, quant à lui, ne quitta jamais la Terre Sainte et même alors qu’il résidait à l’intérieur du pays, nous ne rencontrons pas beaucoup d’histoires qui relatent ses efforts pour aller vers les autres. Son Service Divin se concentrait sur l’intériorité.

C’est l’idée que renvoie son occupation de creuser des puits. Creuser un puits implique qu’il faut ôter des couches de terre pour découvrir les sources cachées des eaux vives. Dans une perspective spirituelle, «creuser» signifie travailler pour atteindre l’essence de D.ieu qui est en nous et la faire écouler en une source de force intérieure. Chacun d’entre nous possède une Néchama, «véritable parcelle de D.ieu». Chaque entité vit par une étincelle divine. Le but d’Its’hak était d’activer ces potentiels innés, de les faire jaillir à la surface et des les utiliser pour initier un changement positif.

C’est ainsi que la conscience de D.ieu devient partie intégrante de notre vie. Elle ne reste pas dans un état de dépendance par rapport aux enseignements reçus par d’autres mais vient de notre propre vision intérieure. Et cela va nous permettre de faire résider la Présence Divine dans chaque aspect de l’existence.

C’est dans ce contexte que nos Sages interprètent le verset : «Réside sur cette terre» (Beréchit 26 :2) comme signifiant «Fais en sorte que la Présence Divine réside sur cette terre», aide le monde à exprimer son essence divine.

L’intériorité qui conduit à l’extérieur

Il est sûr qu’il s’agit là d’une approche louable dans le Service Divin mais pourquoi est-elle associée avec le nom Toledot, qui signifie «progéniture» ? Il aurait semblé plus approprié d’associer le concept de Toledot avecle Service Divin d’Avraham car lui chercha activement à communiquer à tous la conscience de D.ieu.

Mais en donnant à cette Paracha le nom de Toledot, nos Sages soulignent le fait que l’intériorité d’Its’hak suscite également une «progéniture». Le Service Divin d’Its’hak et l’influence positive générée attiraient l’attention des gens et les motivaient à suivre son exemple. C’est dans cette veine que la Paracha relate qu’ Avimélè’h, roi des Philistins, et son général Pi’hol, rendirent visite à Its’hak et lui dirent : «Nous avons vu que D.ieu est avec toi» (Beréchit 26 :28).

Le Service Divin d’Its’hak leur apporta la conscience de la présence active de D.ieu dans le monde. En fait, cette prise de conscience suscitée par Its’hak fut plus permanente que celle qui avait été générée par Avraham car elle émanait des hommes eux-mêmes. Itsh’ak intériorisait le lien avec D.ieu et permettait à ceux qui l’entouraient de percevoir l’influence Divine.

Communiquer à nos enfants

Dans son sens le plus complet, notre désir de ne pas être oublié se concentre sur nos enfants. Nous voulons qu’ils continuent et développent encore davantage nos principes et nos valeurs. Et c’est là que se soulève une difficulté : les enfants d’Its’hak étaient Essav et Yaakov. Yaakov, certes, perpétua et développa le Service Divin d’Its’hak. Mais Essav ? Il rejeta complètement l’approche de son père. Et ce qui rend la chose encore plus difficile à comprendre tient au fait que la plus grande partie de la Paracha concerne Essav. De fait, à propos du verset «Et voici la progéniture d’Its’hak», le Midrach statue que le mot Toledot se réfère spécifiquement à Essav.

Bien que la conduite d’Essav ne démontrât pas ouvertement qu’il était le fils d’Its’hak, le lien avec son père existait quand même. Cela apparaît dans la déclaration de nos Sages selon laquelle la tête d’Essav fut enterrée «sur le giron d’Its’hak son père» (Targoum Yonathan, Beréchit 50 :13).

Par le même biais, nos Sages expliquent que, contrairement à Ichmaël qui n’est pas considéré comme un héritier d’Avraham, Essav est l’un des héritiers d’Its’hak. Car l’abri de l’âme d’Essav, sa tête, contenait des étincelles divines puissantes, associées à Its’hak.

C’est pour cette raison qu’Its’hak désira donner sa bénédiction à Essav plutôt qu’à Yaakov. Car, en tant que père, Its’hak luttait constamment pour motiver Essav à mener une vie conforme à son potentiel spirituel et il pensait que lui accorder ces bénédictions l’aiderait en ce sens.

(Cela donne à chaque parent une leçon concernant ses enfants, même si, à D.ieu ne plaise, leur conduite, comme celle d’Essav, est déficiente. Un parent ne doit jamais renoncer et doit continuer à développer sans fin le potentiel inhérent à son enfant. Puisque «tous les Juifs sont responsables les uns des autres» (Chavouot 39a), cette leçon, s’applique non seulement à nos enfants mais à chaque membre de la Nation juive. Nous devons, pour citer la Michnah (Avot 1 :12), «aimer les créatures et les conduire à la Torah».)

Cependant, le modèle selon lequel D.ieu gère le monde veut qu’Essav ne découvre pas son potentiel spirituel de façon indépendante. Mais c’est plutôt par l’intermédiaire du service spirituel de Yaakov et de ses descendants que se révèleront ces ressources. 

Cela transparaît dans les efforts du Peuple Juif, dans le présent exil, identifié comme «l’exil d’Edom (Essav)»,  pour révéler le potentiel spirituel que possède Essav.

L’aboutissement de ces efforts adviendra à l’Ere de la Rédemption quand «les sauveteurs monteront sur le Mont Sion pour juger la montagne d’Essav et la souveraineté appartiendra à D.ieu». C’est alors que les énergies puissantes que possède Essav feront surface et pourront s’exprimer de manière adéquate. Que cela se produise dans le futur immédiat.

(D’après Likouté Si’hot, Vol. XV, p. 191 ;

Vol. XXV, p. 123)

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