Behar

Le fait que cette année nous lisions ces deux Parachiot, souvent séparées, nous incite à conclure qu’une leçon importante doit être tirée de chacune d’entre elles et de la combinaison des deux.

Trois termes sont utilisés pour évoquer le mont Sinaï. Il s’agit soit du « mont Sinaï », soit de « Sinaï », ou encore de « Behar », comme dans notre Paracha. Chacun évoque un niveau différent. Le Midrach indique que D.ieu choisit le mont Sinaï, pour donner la Torah, car c’était la moins élevée des montagnes. Il est donc ici question de mêler humilité (« la moins élevée ») et fierté (« des montagnes »). Le terme « Sinaï », quant à lui, met l’accent sur l’humilité et « Behar » insiste sur la fierté.

Chacun de ces trois niveaux s’applique à des moments différents. Généralement, il nous faut faire preuve des deux éléments. L’humilité est indispensable, ce qui ne signifie pas pour autant que nous ne devions pas manifester de la fierté, « un huitième de huitième de fierté », pour nous assurer que l’on nous traite avec l’estime que nous méritons. A d’autres moments, c’est sur l’humilité qu’il nous faut insister. Pour recevoir la Torah, il était absolument nécessaire que nous manifestions un effacement absolu de notre personne et l’on sait bien que Moché était « le plus humble des hommes sur la surface de la terre ».

Cependant, parfois, notre approche doit également souligner notre fierté. Bien qu’à propos de celui qui est orgueilleux le Talmud proclame : « D.ieu dit : ‘lui et Moi ne pouvons résider dans le même monde’ », à des occasions très spécifiques, il faut savoir faire preuve de fierté. Le Talmud déclare que « tous les enfants d’Israël sont des enfants de rois ». Un roi ne peut renoncer à l’honneur qui lui est dû.

Ce principe s’applique dans nos relations avec les nations du monde. Bien qu’il nous soit dit de ne pas être provocateurs et que « la loi du pays est la loi », cela ne s’applique que lorsque ces principes n’entrent en aucune façon en contradiction avec la Torah et les Mitsvot. Le cas échéant, nous devons prendre conscience du fait que « nos âmes ne sont jamais parties en exil », rester fermes, de toutes nos forces, et ne céder à aucune concession. Quand un Juif se trouve confronté à quelque chose qui pourrait affaiblir sa relation avec le Judaïsme et avec D.ieu, « les plus légers et les pécheurs d’Israël sacrifieront leur vie, montrant de la force et de la fierté dans le Judaïsme ».

Ce type de fierté n’entre pas en contradiction avec l’humilité. Un roi n’avait pas le droit d’honorer quiconque en public mais en privé, il convenait qu’il honore les Sages. Le Rambam loue le roi Yehochaphat qui se levait de son trône lorsqu’un Sage pénétrait son espace privé, l’embrassait, l’appelant : « mon Maître, mon professeur ».

Be’houkotaï

Be’houkotaï décrit les mitsvot que l’on appelle ‘houkim, « décrets ». Ce sont les lois irrationnelles dont il est dit : « Tu n’as pas la permission d’y réfléchir ». Elles dépassent totalement tout entendement humain.

Ce qui est étonnant est le fait que juste après la phrase « si tu observes Mes décrets… », D.ieu promet des bénédictions matérielles et des bénédictions spirituelles. Comment ces promesses peuvent-elles être en accord avec la nature irrationnelle des ‘Houkim ? Il semblerait que ces bénédictions constituent elles-mêmes une raison de les accomplir : celle de recevoir ces récompenses !

En fait, cet engagement que D.ieu nous demande à l’égard des ‘Houkim doit s’étendre à toutes les catégories de lois, celles qui sont d’emblée logiques (ne pas tuer, par exemple) ou celles que D.ieu rend rationnelles (le Chabbat ou les Fêtes). Il nous faut toutes les accomplir non parce que nous les comprenons mais parce que « D.ieu nous a sanctifiés par Ses commandements et nous (les) a ordonnés ».

Quand bien même nous réalisons que nous serons récompensés si nous les accomplissons, et l’inverse, le cas échéant, notre véritable intention doit être exclusivement d’accomplir la volonté de D.ieu. Chaque Mitsva établit un lien entre le Juif et D.ieu mais notre implication doit aller encore au-delà : il s’agit d’unir notre âme divine à D.ieu. C’est là la leçon de Be’houkotaï : accomplir les Mitsvot parce qu’elles émanent de la volonté Divine.

Behar-Be’houkotaï

Apparemment, ces deux Parachiot semblent, par nature, contradictoires. Behar met l’accent sur la fierté alors que Be’houkotaï insiste sur l’effacement de soi devant la transcendance de D.ieu.

Mais en fait, chacune de ces attitudes est nécessaire au moment opportun. Avant de prier, il nous faut méditer sur « l’humilité de l’homme », c’est le service de Be’houkotaï. Après la prière, l’on étudie la Torah. Et bien que l’humilité soit une caractéristique qui doit définir le Peuple juif, lorsqu’il s’agit des « guerres de la Torah », il nous faut adopter une position de force, le service de Behar.

La combinaison de ces deux services peut trouver une application dans nos relations à l’égard de notre prochain. Nous devons aimer notre prochain « comme nous-mêmes » mais en même temps, veiller à le « rapprocher de la Torah », c’est-à-dire, adopter une position forte et ne pas abaisser la Torah à son niveau.

C’est en aimant notre prochain, en le rapprochant de la Torah, avec une joie véritable, que nous nous avançons vers l’Ere Messianique.

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