La Paracha de cette semaine propose une merveilleuse image d’une vie de plénitude dans laquelle chaque individu et le Peuple Juif dans son ensemble se consacrent à D.ieu, à Sa Torah et à Ses enseignements. En réponse, D.ieu pourvoit en abondance à leurs besoins.
«Si tu suis Mes statuts et que tu observes Mes enseignements, Je te donnerai la pluie en temps voulu. La terre donnera ses produits et les arbres des champs donneront leurs fruits… J’accorderai la paix sur la Terre et tu dormiras sans peur… Mais si tu ne M’écoutes pas et que tu ne gardes pas ces lois… tu planteras tes semailles en vain parce que tes ennemis les mangeront… tu fuiras même quand personne ne te poursuivra… »
Le problème est que, pour le Peuple Juif sur la Terre d’Israël, cet état idyllique ne dura pas. L’âge d’or de l’histoire juive eut lieu à l’époque du Roi Chlomo (Salomon), il y a trois millénaires, quand la paix régnait en Israël et que le premier Temple se tenait à Yérouchalaïm. Mais après la mort de Chlomo, débuta une terrible période de luttes et l’idolâtrie commença à se répandre culminant avec une longue période d’exil et de souffrances. Ces tristes événements sont également prédits dans la Paracha, dans une partie que le ‘hazan lit dans la Torah à voix basse. Cependant, cette Paracha porte aussi en elle la promesse que viendra un temps où cette harmonie sera rétablie, avec la venue du Machia’h.
Nous est présentée une évocation harmonieuse et pacifique qui est la réalité intérieure et la destinée du Peuple Juif. Hélas, cette réalité profonde est souvent cachée par des événements atroces et des périodes sombres de l’histoire.
L’effet de l’enseignement juif dans la vie de chaque individu est de lui révéler cette beauté profonde et de révéler cette réalité cachée dans l’ici et le maintenant. En observant le Chabbat et les autres aspects de la vie juive, par la prière et l’étude de la Torah, nous accédons à cette intériorité et nous la rendons sensible dans notre quotidienneté.
Cette force est également exprimée par le célèbre Sage, auteur du Zohar, Rabbi Chimon bar Yo’haï. L’anniversaire de sa disparition, le trente-troisième jour du Omer tombe toujours à proximité de notre Paracha. Il est célébré par les enfants et les jeunes, partout dans le monde, par des parades, des feux de camp et des sorties.
Le mot Zohar signifie «radiance» et il est un fait que les enseignements du Zohar illuminent la Torah. Le Zohar, en relation avec cette Paracha, enseigne les principaux concepts de la Cabbale qui seront plus tard transmis, de façon plus accessible, sous forme d’ouvrages comme le Tanya de Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi.
Rabbi Chimon se distinguait par sa force extraordinaire de révélation. Les enseignements de la ‘Hassidout nous disent que, pour lui personnellement, l’exil et la destruction n’avaient pas de réalité. Il voyait clairement leur véritable essence. Mais il possédait également la force de la révéler à autrui. Le Midrach relate un incident lors duquel il révéla à ses élèves la récompense qu’ils obtiendraient dans le Monde Futur. Pour nous aussi, l’héritage de ses enseignements traduit la vision lumineuse qui se trouve au cœur du Judaïsme et de la vie.

Le sens et le chaos
Quelle est la relation entre la bonté, la générosité, la bienfaisance et le succès matériel ? La bonté conduit-elle à la santé et à la prospérité ? Cette question qui se trouve au cœur de la quête de sens de chacun est souvent discutée dans les enseignements du Judaïsme.
Le passage de la Paracha que nous avons préalablement cité souligne deux images : celle de la «Rédemption», c’est-à-dire d’une plénitude nationale et individuelle et celle du Galout (exil), le morcellement et le conflit.
La première représentation, celle de la Rédemption, dépeint un état où l’union règne entre les aspects matériel et spirituel de la vie. Une bonne action engendre un effet positif dans le monde matériel. Le corps et l’âme sont en harmonie, à chaque niveau de l’être. Les gens servent D.ieu et donc les semailles poussent et la paix règne. La vie a un sens.
La seconde représentation, celle du Galout, vient en punition. Et pourtant, l’état de Galout n’est pas simplement cela pas plus qu’il n’est seulement des souffrances et du chaos. Le Galout est une séparation de l’esprit avec la matière.
Dans une situation d’exil, la bonté de l’individu peut ne pas être immédiatement rétribuée en termes matériels. Parfois, les semences pousseront, parfois non. Et même si elles poussent, il se peut que l’ennemi s’en empare. Une incertitude constante règne. Le Galout est la dislocation entre la matière et l’esprit, entre le corps et l’âme. Les gens bons peuvent être frappés de maladies horribles et de douleurs ; les mauvais semblent souvent jouir de paix et de prospérité.
A un niveau plus profond, même en Galout existe une relation entre nos actes et les événements qui s’ensuivent. Mais tout cela est régi par une logique divine infinie qui n’est pas complètement accessible à notre intellect. Pour la comprendre il nous faudrait être capable de prendre en compte les royaumes spirituels, le monde des âmes. Nous pourrions alors apprécier certains processus de l’existence qui doivent se déployer. Si le panorama spirituel entier nous était accessible, nous verrions véritablement la récompense précise pour chaque action individuelle. Mais cela n’est pas visible dans le monde matériel qui se déploie devant nous.
Cependant le fait-même que nous sachions qu’il existe une réalité plus profonde constitue en soi un pas en avant. Bien que nous vivions dans le monde du Galout si cruel décrit dans les «remontrances» de la Paracha, nous pouvons être conscients qu’attendre derrière l’ombre le monde de la Rédemption peut être une approche alternative pour vivre.
Et dans les versets qui ferment ces remontrances, la Torah promet que la Rédemption est l’état dans lequel nous vivrons et celui auquel nous reviendrons.
C’est la raison pour laquelle nous devons faire tout ce qui est possible pour permettre à notre monde actuel et quotidien d’atteindre ce but ultime dans lequel le corps et l’âme, l’esprit et la matière, D.ieu et l’existence sont unifiés. Chaque avancée dans l’observance de la Torah rapproche la venue de Machia’h.

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