Seul à seul dans un face à face avec D.ieu, sur le Mont Sinaï, Moché apprit les détails de la construction du Tabernacle, le Temple portatif décrit dans la Paracha de cette semaine. Il allait s’agir du centre spirituel des Juifs, voire du monde entier, le lieu de la révélation de la Présence divine.
Le Tabernacle était fait de lourdes planches de bois, posées verticalement. Chaque planche était soutenue à sa base par un lourd bloc d’argent dans lequel elle s’encastrait. Les planches étaient recouvertes d’or et solidement fixées les unes aux autres. Elles formaient les murs du Tabernacle et des rideaux superposés en constituaient le toit.
A l’intérieur du Tabernacle étaient disposés la Menorah, une Table et un autel pour les encens, tous faits d’or. Derrière des rideaux magnifiquement brodés, apparaissait le Kodech Hakodachim, le Saint des Saints, renfermant l’Arche d’or. Y étaient enfermées les Tables en saphir sur lesquelles avaient été gravés les Dix Commandements et que Moché avait rapportées du Mont Sinaï.
Il y a bien longtemps que Moché construisit ce Sanctuaire et, sous la forme du Temple, il sera à nouveau édifié à Jérusalem. Mais il existe également un Sanctuaire intérieur, dans le cœur de chaque homme et de chaque femme. Les détails du Sanctuaire matériel décrits dans la Sidra nous aident à comprendre comment nous pouvons construire ce Sanctuaire intérieur pour que la Présence de D.ieu se révèle également, à l’intérieur de chacun d’entre nous.
Le bois d’acacia, avec lequel était fabriqué le Sanctuaire, possède, en hébreu, un nom étrange: atsé chittim. On peut le traduire par “le bois de la folie”.
En fait, ce nom va nous aider à comprendre le but du Sanctuaire et celui de la vie.
Il existe un niveau de comportement normal, ordinaire et civilise. C est la norme. Un comportement bas, vulgaire et grossier signifie agir d une façon inferieure a la norme: c est une forme de folie dont émergent toutes formes de mal et de fautes.
Mais il existe également une autre forme de folie qui implique que l’on aille au dessus de la norme. On l’appelle “folie de sainteté”. Par foi, dévouement, dévotion et amour, la personne va au-delà de la norme de la rationalité conventionnelle, elle commet des actes qui paraissent déraisonnables ou peuvent être exceptionnels. Imaginez un homme décidant de mettre les Téfilines chaque jour ou une femme entreprenant de transformer toute sa cuisine pour la rendre complètement cachère.
Le Judaïsme est basé sur la force que génèrent de telles décisions. Nous avons survécu pendant des milliers d’années grâce à la force de cette “folie sacrée”, à notre volonté d’aller, en certaines occasions, au-delà de la norme conventionnelle. Le pas que nous franchissons alors répare les erreurs et les excès de notre folie inférieure et déplaisante. Le mal se voit transformer en bien, l’obscurité en lumière. Et c’est grâce à ce processus que nous construisons notre Sanctuaire intérieur.
C’est la raison pour laquelle le Tabernacle décrit dans notre Paracha était construit de ce bois “le bois de la folie”. Mus par un désir de progresser, nous allons au-delà de la raison dans le règne de la folie sacrée et nous révélons ainsi la radieuse Che’hina, la Présence de D.ieu qui illumine le Sanctuaire de notre cœur, de notre maison, de notre vie et en dernier ressort, depuis le Temple de Jérusalem, le monde entier.

Les couleurs de l’âme.
Le monde que D.ieu a créé pour nous est très beau. L’un de ses aspects particulier en est la couleur: le ciel bleu et le bleu plus profond de la mer, les montagnes marron et vert, les couchers du soleil rougeoyants etc. Les couleurs possèdent également une signification spirituelle. On peut en avoir un aperçu dans la façon dont elles apparaissent dans la Paracha de cette semaine, dans la description qui nous est donnée de la construction du Tabernacle, prototype du Temple de Jérusalem. Les murs étaient, comme nous l’avons vu, construits de planches de bois couvertes d’or, posées sur des socles d’argent. Ces murs étaient presque entièrement recouverts d’une tenture faite tout spécialement tissée. En outre, il y avait également les vêtements des prêtres. La Torah cite tout ce qu’incluaient ces tissus dans une liste que l’on peut lire au début de la Paracha: la laine bleue, la laine écarlate, le lin blanc…

Des couleurs! Quel est leur sens?
Que signifient donc les couleurs dans le sanctuaire du cœur? Voici comment Rabbi Yossef Its’hak, le précédent Rabbi, l’explique.
Le bleu exprime notre crainte devant l’infinie grandeur du Divin. Toute l’immensité de notre univers que décrivent les astronomes n’est rien par rapport à D.ieu dont l’infinitude dépasse le monde. Cette idée fait naître un sens de crainte: le bleu.
Et pourtant les Cabbalistes nous disent que la même idée implique également un sentiment différent, une soif passionnée de se lier avec D.ieu, au-delà du monde, au-delà de la vie elle-même, un amour passionné pour D.ieu: l’écarlate.
La combinaison de ces deux sentiments, la crainte et l’amour violent, conduit à la perception de notre propre petitesse, une conscience de notre pitoyable insignifiance par rapport à la grandeur infinie de D.ieu. De cette perspective, l’on considère sa propre personne avec compassion, comme en observant de haut un petit moi, exclusivement préoccupé par lui-même… Cet amalgame de bleu et de rouge donne le violet.
Mais il existe aussi une autre forme d’amour de D.ieu. Non l’amour enflammé qui s’épanouit au-dessus de l’univers mais un amour qui coule comme de l’eau pure, conscient de ce qui est intime, recherchant la proximité avec D.ieu et l’amour de D.ieu pour nous. Ce chaleureux sens d’amour et de bonté aimante est blanc.
Ce sont là les couleurs de l’âme, les émotions avec lesquelles nous nous lions à D.ieu dans notre propre Sanctuaire: le bleu, l’écarlate, le violet et le blanc.

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