La Paracha évoque avec force détails l’épisode de la Manne, la nourriture céleste qui nourrit le Peuple juif pendant son séjour de quarante ans dans le désert.

En ce qui concerne la Manne, le Talmud relève que le verset déclare : « lorsque la rosée tombait sur le campement, durant la nuit, la Manne se posait sur elle. » (Bamidbar 11 :9). Il semblerait donc, à la lecture de ce verset que la Manne descendait à l’intérieur du campement.

Cependant, un verset affirme également : « les gens sortaient la (la Manne) ramasser ». Cela semble donc impliquer que les gens devaient sortir du camp pour l’obtenir.

Une autre référence indique même : « les gens s’éloignaient et ramassaient (la Manne) ». En d’autres termes, ils devaient emprunter un long chemin pour la recevoir. 

Comment concilier ces trois versets ?

Le Talmud répond que ces versets évoquent trois catégories différentes de Juifs. Les Justes trouvaient la Manne directement devant l’entrée de leur tente. Les hommes « moyens » devaient parcourir une courte distance pour la ramasser. Les impies, quant à eux, devaient aller plus loin.

La Manne est décrite dans la Torah comme « le pain du ciel ». C’est en fonction de ces mots que certains Sages affirment que la bénédiction que l’on prononçait sur la Manne était « Qui fait sortir le pain du ciel ».

La différence entre le pain matériel et le pain céleste est que le premier requiert une grande mise en œuvre pour le préparer. De plus, il produit des déchets. Il n’en va pas de même avec la Manne. Aucune forme de travail n’était nécessaire pour sa fabrication et de plus, elle n’engendrait aucun déchet.

Cette nourriture très particulière fut consommée par tous les Juifs dans le désert, nourrissant les pieux, les gens moyens et les impies. Et même chez ces derniers, elle ne produisait aucun déchet. En d’autres termes, elle gardait sa nature essentielle, quel que soit le type de Juifs qui la consommaient.

Et non seulement la Manne elle-même n’était sujette à aucune détérioration mais elle allait jusqu’à engendrer un changement pour le mieux chez ceux qui l’absorbaient : elle avait pour effet de raffiner, y compris les impies.

C’est la raison pour laquelle nos Sages, de mémoire bénie, déclarent que c’est en mangeant la Manne, que le peuple juif put mériter de recevoir la Torah et de l’expliquer.

Ainsi, l’effet de la Manne fut-il ressenti par chacun des 600 000 Juifs qui reçurent la Torah. Car de fait, chaque Juif a une contribution unique à faire. En mangeant la Manne, même celui qui se trouvait au plus bas devenait capable de révéler et d’expliquer la part unique de la Torah qui lui revenait.

Et quand bien même il est vrai que, même après avoir consommé de la Manne, certains des impies le restaient et ne s’élevaient pas même à la catégorie intermédiaire, elle avait néanmoins un effet positif sur eux.

A la lumière de ce qui précède, nous pouvons mieux comprendre le conseil de nos Sages : « si l’on ignore la Paracha que l’on doit lire Chabbat, il faut lire la partie qui évoque la Manne car elle fut transmise le Chabbat. »

Cette déclaration demande à être élucidée. De nombreuses parties de la Torah furent prononcées le Chabbat et notamment le passage contenant les Dix Commandements. Pourquoi ne pas réciter ce passage-là lorsque l’on a un doute concernant le passage à lire ?

Mais si l’on se réfère à ce qui précède, l’explication en devient compréhensible car une relation très particulière unit la Manne et le Chabbat.

La nature de la Manne était telle que même lorsqu’elle descendait, depuis son domaine spirituel dans ce monde, elle ne perdait aucune de ses caractéristiques spirituelles, à tel point que même lorsqu’elle était absorbée par un impie, elle ne produisait aucun déchet et allait même jusqu’à le raffiner.

L’on retrouve les mêmes caractéristiques dans le Chabbat. La sainteté du Chabbat est si grande que bien que ce soit une Mitsva de se délecter ce jour dans les plaisirs matériels, l’on nous assure néanmoins que, contrairement aux jours de la semaine, où le fait de trouver de la satisfaction dans les délices de la matérialité nous alourdit, ce délice du Chabbat n’affecte pas notre spiritualité. Bien au contraire, il devient lui-même une Mitsva.

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