Dans son commentaire des premiers mots des Dix Commandements : «Je suis, ‘Ano’hi’, l’Eternel ton D.ieu…», le Midrach statue: «le mot Ano’hi est d’origine égyptienne».
Les Dix Commandements englobent toute la Torah et donc toutes les Mitsvot, comme cela est expliqué dans les Azharot de Rabbi Saadia Gaon. Cela explique également la raison pour laquelle les Dix Commandements comportent 620 lettres, correspondant aux 613 Mitsvot originelles et aux 7 commandements d’origine rabbinique.
Dans les Dix Commandements eux-mêmes, les deux premiers sont de nature encore plus générale : le premier commandement : «Ano’hi» inclut tous les commandements positifs alors que le second «Tu n’auras pas…», renferme tous les commandements négatifs. Leur importance est telle que le Peuple Juif entendit ces deux Commandements de D.ieu Lui-même.
Pour ce qui est des commandements eux-mêmes, «Ano’hi» précède «Tu n’auras pas devant toi…», préséance qui n’est pas simplement due à leur ordre d’apparition mais également à leur ordre d’importance. 
Cela se comprend également du contenu du commandement. La seconde injonction : «tu n’auras pas d’autres dieux devant Moi» évoque la possibilité qu’un individu entretienne, à D.ieu ne plaise, l’idée d’avoir «d’autres dieux».
Le premier commandement d’Ano’hi : «Je suis l’Eternel ton D.ieu Qui t’a sorti de la terre d’Egypte, de la maison d’esclavage» ne laisse aucune place à une pensée inconvenante. Nul besoin donc de prévenir contre le concept de dieux étrangers. Ano’hi, premier mot du premier commandement lui-même, englobe toute la Torah. Bien plus, Ano’hi, «Je suis», se réfère à l’Essence de D.ieu Lui-même, «quelque chose qui ne peut être évoqué par aucun nom ni suggestion».
Comment est-il donc possible que le mot Ano’hi, soit d’origine égyptienne ? Comment expliquer que les manifestations de la Divinité soient évoquées par des noms en Langue Sainte : Havaya : «l’Eternel» et Eloké’ha : «ton D.ieu» alors que le mot qui désigne l’Essence même de D.ieu est d’origine égyptienne ?
La question a encore plus de poids si l’on garde à l’esprit que parmi «les soixante-dix-sept langues de l’humanité», divisées selon leur qualité et leur rang, la langue égyptienne occupe la dernière position, l’Egypte étant «l’abomination de la terre»? Pourquoi donc la Torah utilise-t-elle, pour exprimer l’Essence Divine, un mot égyptien?
D.ieu désirait que, dès le premier mot qu’Il prononcerait au Matan Torah, Don de la Torah, en soit connu le but. Et c’est ce qui se produisit par l’utilisation du mot Ano’hi. La révélation d’Ano’hi, de l’Essence de D.ieu, avait pour objectif la langue égyptienne. Cela signifie que l’intention ultime du Matan Torah était d’attirer la Divinité non seulement dans la Langue Sainte mais également dans toutes les autres langues, y compris l’égyptien.
Si l’intention divine n’avait eu comme projet que d’attirer la sainteté dans une langue déjà sainte et sacrée, il n’eût pas été nécessaire d’utiliser les manifestations extraordinaires que D.ieu révéla et dont nous fûmes les bénéficiaires en cette occasion.
Le but du Matan Torah est que la sainteté de l’Essence Divine descende même dans le domaine des «soixante-dix langues», même dans la langue égyptienne.
Il en va de même pour le service de l’homme quand il cherche à se lier avec D.ieu. La révélation du Ano’hi peut s’obtenir et s’acquérir tout particulièrement par l’intermédiaire de «la langue égyptienne». Tant que nous ne descendons pas en «Egypte» et que nous nous consacrons à la Torah et à la prière (c’est à dire à la Langue Sainte) pour elles-mêmes, quelque spirituel que soit ce service, nous ne pouvons atteindre qu’un degré limité de la Révélation Divine, symbolisé par les «Noms» de D.ieu.
En ne servant D.ieu que de manière rationnelle, nous ne pouvons que parvenir à nous lier au niveau de «Eloké’ha». Le nom divin Elokim se réfère, en effet, à la Divinité circonscrite dans l’intellect et la nature. En servant D.ieu de manière supra rationnelle, nous pouvons établir une relation avec Havaya, le Nom Ineffable où présent, passé et futur ne forment qu’un. Cependant, ces formes de service ne nous permettent pas d’atteindre l’Essence de D.ieu. C’est spécifiquement par un service aux prises avec les niveaux les plus bas, en travaillant et raffinant le monde matériel, jusqu’à «la langue égyptienne» que nous pouvons nous unir à Ano’hi. Car, comme le dit le verset : «Voici, les Cieux et les Cieux des Cieux ne peuvent Te contenir et pourtant cette maison (matérielle) le peut!»
La leçon est claire : nous ne pouvons agir en ne nous consacrant qu’à une quête spirituelle personnelle. Nous devons également nous préoccuper de sanctifier le monde, de le transformer en réceptacle pour la Divinité.
Et il en va de même pour notre vie spirituelle. Ne nous occuper que de l’étude de la Torah, la prière et l’accomplissement des Mitsvot ne suffit pas. Il nous revient de connaître D.ieu et de nous lier à Lui«dans toutes tes voies», c’est-à-dire également dans les occupations matérielles permises, celles qui appartiennent au niveau de «l’Egypte».

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