Le cœur de notre être
A Roch Hachana, notre service divin tourne autour de l’idée du couronnement de D.ieu, notre Roi. Tout au long de l’année, nous considérons la souveraineté de D.ieu comme un fait établi et nous nous lions à Lui par le biais de Ses commandements, les mitsvot. A Roch Hachana, cependant, nous nous concentrons sur l’essence de notre relation avec D.ieu, acceptant Sa souveraineté dans un hommage qui embrasse toute notre existence. En prenant cet engagement, jaillit l’étincelle Divine essentielle qui se trouve au fond de notre être.
Cette expression de notre potentiel spirituel a des répercussions dans les relations que nous entretenons avec les hommes tout comme dans celles qui nous unissent à D.ieu. En rendant hommage à un roi mortel, les nobles les plus distingués et les sujets les plus humbles s’inclinent ensemble. Cet acte d’unisson dans leur soumission les élève tous ensemble. Il en va de même pour nous. Les Juifs, quel que soit leur niveau de compréhension et de raffinement personnel, sont joints et s’unissent dans l’acceptation de la souveraineté de D.ieu.
Ce lien qui rassemble des êtres si différents va bien plus loin qu’un hommage partagé. Au niveau le plus profond de l’âme, là où l’homme fait un avec D.ieu, il n’existe aucune division entre un homme et un autre. Reconnaître notre unité avec D.ieu dans la relation roi-sujet révèle donc cette unité fondamentale qui réunit le Peuple Juif tout entier.
Un tout corporel
L’unité du Peuple Juif peut trouver son illustration dans la métaphore classique du fonctionnement du corps humain. Bien que le corps comporte des organes de fonctions et structures bien différentes, tous opèrent ensemble dans un organisme vivant unique. Par le même biais, bien que le Peuple juif soit constitué de nombreux individus, chacun possédant ses propres caractéristiques, il fonctionne comme une seule unité vibrante.
L’unité du corps humain se manifeste de deux manières.
Tout d’abord, bien que les membres et les organes diffèrent dans leur forme et leur fonction, ils travaillent dans une harmonie totale, chacun contribuant par un élément qui lui est propre et nécessaire au fonctionnement du corps. Les pieds, par exemple, offrent la mobilité qui permet aux sens d’être exposés à un large éventail de stimuli, donnant à leur tour au cerveau la possibilité de collecter et d’utiliser ces informations.
D’autre part, l’unité du corps se manifeste par une conscience de la personne dans sa globalité, son «moi». Les divers organes ne se perçoivent pas comme des entités indépendantes, séparées, mais comme les parties d’un tout corporel. Quand une personne souffre de l’orteil, la douleur n’est pas ressentie exclusivement par le pied.
Le corps juif collectif se caractérise également par ces aspects de l’unité. Les qualités et les personnalités divergentes, qui différencient chaque individu, sont complémentaires. Car même lorsque nous fonctionnons individuellement, nous faisons partie d’une entité collective à laquelle contribuent nos différences.
La prise de conscience de cette identité partagée doit affecter la qualité de nos relations mutuelles. Chaque Juif possède son propre potentiel et sa propre personnalité. Quand un individu constate qu’il partage une communauté avec son prochain, il peut alors apprécier ces différences et les envisager comme des ressources à partager et non comme des menaces et des sujets de dissension.
L’unité juive se manifeste également à un niveau plus profond, dans l’unicité fondamentale de l’âme, partagée entre chacun de nous. Nous avons tous une part du «Moi» essentiel, non le «moi» de notre individu, de notre conscience subjective, mais le véritable «Moi» du potentiel divin qui existe de manière égale en chacun de nous.
Développer ce lien interne
Les deux dimensions de l’unité sont liées. C’est parce que nous avons conscience d’une essence unique, cette «partie» de notre âme qui est une «partie de D.ieu», que nous pouvons tous nous réunir même lorsque nous fonctionnons avec notre individualité propre. Mais pour pouvoir apprécier ce lien essentiel et spirituel que nous partageons, il nous est nécessaire de prendre chaque jour conscience de cette identité et de ce dessein partagés.
Roch Hachana est (littéralement) «la tête de l’année», un moment où nous nous penchons sur le cœur de notre relation, à la fois avec D.ieu et avec les hommes. C’est la raison pour laquelle c’est le second type, transcendant, d’unité qui est mis en lumière en ce jour. Tout comme la tête contrôle le fonctionnement des différents membres du corps, se concentrer, à Roch Hachana, sur notre unité profonde conduit à la coopération et aux efforts communs tout au long des jours de l’année à venir.
Roch Hachana est le Jour du Jugement, un temps où D.ieu détermine ce que sera notre futur pour l’année qui vient. En se tenant unis, tous ensemble comme un peuple unique, nous permettons une année de bénédictions. Comme nous le disons dans nos prières ; «Bénis nous, notre Père, tous comme un».
Le Baal Chem Tov explique ce concept en comparant la relation qu’entretient D.ieu avec le Peuple Juif à celle d’un père et ses nombreux enfants. Quand ce père est-il vraiment heureux ? Quand il voit ses enfants maintenir entre eux de bonnes relations, pleines d’amour. De la même façon, explique le Baal Chem Tov, quand D.ieu observe que notre peuple est uni et perçoit des liens d’amour véritable entre nous, Sa joie s’exprime dans d’abondantes bénédictions pour le succès dans toutes nos entreprises de la nouvelle année. Cela inclut, bien sûr, la bénédiction ultime, l’arrivée de la Rédemption. Que cela se produise immédiatement !
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- Publication : 21 septembre 2019