Le verset Bechala’h 14, 2 dit : «Parle aux enfants d’Israël(1) et qu’ils reviennent, qu’ils campent devant Pi Ha ‘Hirot(2)». Le Me’hilta explique : «Qu’étaient donc ces rocs (‘Hirot) ? Ils n’étaient pas inclinés, mais verticaux. Ils n’étaient pas séparés, mais tout du long. Ils n’étaient pas arrondis, mais carrés. Ils n’étaient pas bâtis par les hommes, mais l’œuvre de D.ieu. Et, ils avaient des yeux ouverts(3)».

On peut s’interroger, à ce propos : pourquoi le Midrash décrit-il, avec tant de précision, la forme précise de ces rocs(4) ? On peut donc penser qu’il explique, de cette façon, la raison pour laquelle le campement des enfants d’Israël devant Pi Ha ‘Hirot permit au Pharaon d’affirmer : «Ils sont égarés dans le pays, le désert s’est refermé sur eux»(5). En effet, la disposition des rocs, dans cet endroit empêchaient les enfants d’Israël de s’enfuir, s’ils l’avaient voulu(6).

Voici la signification qu’il faut donner aux différents éléments dont fait mention le Midrash précédemment cité :

«Ils n’étaient pas inclinés, mais verticaux» : il ne s’agissait pas de rocs inclinés que l’on peut escalader pour se sauver(7). Ils étaient verticaux, comme une muraille et il était donc impossible de les franchir.

«Ils n’étaient pas séparés, mais tout du long» : Il n’y avait pas d’ouverture, entre les rocs(8). Ils entouraient de toute part l’endroit dans lequel ils campaient(9).

«Ils n’étaient pas arrondis, mais carrés» : Les rocs n’étaient pas arrondis, ce qui aurait permis de pratiquer aisément une ouverture(10) dans les points de contact entre ces rocs, là où ils sont les plus étroits. Ils avaient une forme cubique, de sorte que leur épaisseur était partout la même.

«Ils n’étaient pas bâtis par les hommes, mais l’œuvre de D.ieu» : Il était donc particulièrement difficile de les détruire, puisque, d’une manière naturelle, une construction humaine peut être détruite plus aisément qu’une création céleste(11).

Toutefois, l’analyse des différents points présentés par le Midrash conduit à se poser la question suivante : si ces rocs étaient l’œuvre de D.ieu, ce qui veut dire qu’ils furent créés de cette façon, comment pouvaient-ils être cubiques, alors que, selon un principe établi(12), «rien n’est carré depuis les six jours de la création»(13) ?

C’est pour répondre à cette question que le Midrash ajoute :

«Et, ils avaient des yeux ouverts» : Les rocs n’étaient pas lisses. Ils avaient des creux, en forme d’yeux(14). Ils n’étaient donc pas totalement cubiques et ils ne contrevenaient donc pas au principe selon lequel : «rien n’est carré depuis les six jours de la création»(15).

(Discours du Rabbi, Likouteï Si’hot, tome 16, page 513)

 Notes :
(1) Alors qu’ils étaient en chemin pour quitter l’Egypte.
(2) Il s’agit d’un nom de lieu qui signifie, textuellement, «l’entrée des rocs».
(3) La suite du texte analysera toutes ces expressions.
(4) Quelle est l’importance de toutes ces précisions ? Pourquoi ne pas s’en tenir simplement à un nom de lieu?
(5) Et, ils ne seront donc pas en mesure de quitter l’Egypte, ils devront faire demi-tour. C’est le verset suivant, Bechala’h 14, 3, qui rapporte les propos du Pharaon.
(6) Et, de fait, certains d’entre eux déclarèrent effectivement: «faisons demi-tour et retournons en Egypte».
(7) Même s’il est difficile d’envisager que tout un peuple le fasse, avec ses vieillards et ses jeunes enfants.
(8) On verra, à ce propos, le Yerouchalmi, au début du traité Chabbat et le Arou’h, à l’article: «séparés».
(9) Il était donc impossible de les contourner.
(10) Même si, d’emblée, celle-ci n’existait pas.
(11) Par nature plus dure, plus solide.
(12) Selon le Yerouchalmi, à la fin du traité Maassérot, dans le traité Nedarim, chapitre 3, au paragraphe 2 et dans le traité Chevouot, chapitre 3, au paragraphe 8, de même que la Tossefta, à la fin du traité Maassérot.
(13) La forme naturelle de la création est arrondie.
(14) Qui étaient ces arrondis, en l’occurrence.
(15) Comme l’explique le Yerouchalmi, à la même référence.

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