La fête de Souccot tire son nom d'un des commandements essentiels de la période : la résidence dans une Souccah, une cabane au toit de feuillage. Cette pratique est étonnante. En effet, Souccot est le temps de notre joie » et pourtant nous quittons le confort douillet de notre maison pour nous installer dans ces fragiles cabanes pendant toute une semaine. Nous devons notamment y prendre nos repas etc. Si la fête avait été fixée en été, cela aurait pu être agréable mais elle tombe en automne, alors que le temps est incertain et que la Souccah est, par définition, ouverte à tous les vents. C'est cependant bien le texte de la Torah qui nous l'ordonne : « Vous demeurerez dans des Souccot pendant sept jours ».
C'est qu'une grande leçon se cache ici. La période de Souccot, dans le calendrier agricole, c'est celle où toute la récolte a été rentrée dans la grange. Une impression de prospérité matérielle emplit l'atmosphère et on pourrait en venir à croire que, finalement, nous vivons dans un monde où nous sommes seuls maîtres de notre sort. La fête arrive alors et elle nous fait prendre conscience de la fragilité des choses. Pour cela, la Souccah rappelle les Nuées de Gloire, ces étranges nuages qui protégèrent le camp des Juifs lorsqu'ils sortirent d'Egypte, dans leur marche vers la Terre d'Israël. Elle nous dit ainsi que notre existence dépend d'abord de la protection divine et que celle-ci la garantit bien mieux que la solidité illusoire des murs de nos maisons. Il suffit d'y placer sa confiance. Lorsque nous entrons dans la Souccah, c'est tout cela qui nous entoure.
Une source de joie et d’inspiration
A l'époque où le Temple se dressait à Jérusalem, la fête de Souccot était le temps d'une joie particulière. On appelait cette cérémonie : Sim'hat Beth Hachoéva ou « Joie de la libation d'eau ». En effet, c'était le seul moment de l'année où de l'eau était versée en offrande sur l'autel en même temps que du vin. Et les Sages avaient souligné l'importance de cette cérémonie exceptionnelle. Pour cette raison, une fête ininterrompue se déroulait, pendant la semaine de Souccot, dans la cour du Temple. Les plus grands Sages y participaient. Ils dansaient ainsi plusieurs jour d'affilée sans même se donner le temps de dormir. Le Talmud précise que, pour reprendre des forces, tout en dansant, ils somnolaient sur l'épaule l'un de l'autre ! Certains d'entre eux, pour augmenter encore la joie, jonglaient avec sept flambeaux allumés. Tous les Juifs, sans exception, venaient assister à cette réjouissance extraordinaire et en tiraient une inspiration qui les accompagnait pendant toute l'année. Le Talmud dit : « De Sim'hat Beth Hachoéva, ils puisaient l'inspiration Divine ».
Nous le savons : le Temple, tant que le Machia'h n'est pas venu, ne se dresse pas à Jérusalem et, pour cette, raison, on pourrait penser qu'une telle joie n'est plus possible. Au contraire, précisément parce que le temps nous paraît plus obscur, la joie doit être plus grande. D'autant plus que rien ne disparaît jamais de la Torah. Aussi, il nous appartient de reproduire cette allégresse. Plus encore, aujourd'hui le monde nous semble bien éloigné de tout cela. On peut le qualifier de « Rechout Harabim » - domaine public ou de la division. Par notre joie du service de D.ieu, en dansant dans l'espace public, nous pouvons, à présent, en faire, un « Rechout Heya'hid » - domaine privé ou, plus littéralement, domaine de l'Unique, de D.ieu.
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- Publication : 26 septembre 2017