Cette semaine nous introduit à une période différente de toutes les autres. Bien sûr, chacun aura relevé que nous rencontrons ainsi le 11 Nissan, à l’orée des fêtes à présent si proches. 11 Nissan, le 123ème anniversaire de la naissance du Rabbi : ce jour, par ce qu’il incarne, est en soi porteur d’une puissance précieuse pour chacun. C’est un jour qui nous permet de mieux percevoir les changements du monde et combien nous pouvons toujours les développer, pour le Bien. N’est-ce pas là une manière de vivre cette date comme un jour de libération ?

Car la liberté est un acquis auquel nul ne peut renoncer, et la fête de Pessa’h nous en rappelle les contours. Celle-ci a, justement en notre temps, des accents d’une actualité surprenante. Certes, elle nous raconte une histoire d’il y a plus de 3500 ans, une sortie de cette Egypte antique qui n’existe plus que dans les livres d’histoire et une libération d’une servitude depuis longtemps abolie. Pourtant, en filigrane, elle nous dit aussi comment le plus puissant empire d’un temps ne résiste pas à l’élan d’un peuple qui, répondant à l’appel de D.ieu, va vers son destin. Elle nous dit que, au cœur de la dureté d’une époque cruelle, affrontant des événements inhumains, des pouvoirs et des hommes déterminés à les faire disparaître, nos ancêtres entreprirent pourtant le voyage éternel, portés par une vision qui les mena au-delà d’eux-mêmes, jusqu’au Sinaï pour y recevoir la Torah puis jusqu’à la Terre donnée par D.ieu. « Nos ancêtres » a-t-on dit, comme une préfiguration de ce que nous sommes.

C’est tout cela que nous revivons, peut-être avec encore plus de force, pendant ces soirs de Pessa’h où, sur chaque table juive, s’élève le grand chant de la liberté. C’est ce que nous revivons aussi pendant toute la semaine de la fête, comme un entre-deux du passé et du présent, en attendant l’avenir. Même quand les nuages semblent monter, nous savons que rien ne peut arrêter la liberté que nous avons en cœur. Liberté d’agir avec fidélité à cet héritage, liberté de faire que le monde soit meilleur, liberté d’avancer de degré en degré jusqu’au temps ultime, celui de Machia’h.