C’est ma ‘Havrouta, mon compagnon d’étude du mercredi. Il ne peut pas venir chez moi, alors je viens chez lui. C’était un Israélien, traditionnaliste. Il avait même étudié en Yechiva et était passé devant le Rabbi qui lui avait donné un dollar à remettre à la Tsedaka (charité). C’est un golden-boy, il a joué à la Bourse. Depuis vingt ans, il habite en Russie et s’occupe de pétrole. Il avait occupé une position élevée dans la compagnie nationale Gazprom puis avait monté sa propre affaire, florissante. Mais maintenant – soyez-en épargné – il purge une troisième année (sur six) en prison à Tioumen : on l’a dénoncé et, de plus, on lui a confisqué tous ses biens.
Dernièrement, il m’a donné une conférence enflammée, rien que pour moi, à propos de la recherche pétrolifère. C’est très intéressant, si, si, je vous assure ! Et j’en ai retiré de grandes leçons de vie, de vie ‘hassidique. Si, si…
La première étape pour toute recherche de ce genre, m’a-t-il doctement expliqué, c’est d’obtenir l’avis d’un géologue compétent qui sera capable de vous indiquer où creuser. Sinon, on peut creuser durant de longs mois et dépenser un argent fou pour rien : toutes ses instructions doivent être suivies à la lettre.
Ensuite il faut creuser. Selon lui, partout dans la terre, il y a du pétrole, le tout est de savoir à quelle profondeur et il est donc préférable de choisir là où le gisement est le plus proche de la surface. Dans le temps, on ne pouvait creuser que deux kilomètres mais maintenant, on dispose d’engins plus sophistiqués qui peuvent creuser jusqu’à cinq kilomètres ! Bien évidemment, ceci élargit considérablement la possibilité de trouver du pétrole.
Cette étape dure plusieurs mois et il est impossible de prévoir combien de temps cela prendra pour arriver au gisement de pétrole tant convoité. Cela peut prendre des mois et c’est parfois désespérant. Il est donc nécessaire d’avoir une confiance absolue dans le géologue qui est responsable de tous les efforts et de tout l’argent investi dans cette entreprise. Quand vous êtes sûr de votre « pro », vous êtes tranquille ; même les longs mois qui semblent ne servir à rien augmentent au contraire votre excitation, chaque mètre creusé rapproche du but, du véritable trésor.
Son discours enflammé m’a fait réfléchir…
« Vous serez pour moi une terre précieuse, parole de D.ieu ! », proclame le verset de la Torah. De même que les plus grands spécialistes ne seront jamais capables – par leur seule intelligence – de découvrir tous les trésors que D.ieu a disséminés sous la terre, de même personne ne sera capable de déceler tous les trésors enfouis dans l’âme juive.
C’est ainsi, avec cet exemple merveilleux, que le Baal Chem Tov, considérait le peuple juif : si seulement nous cherchions sérieusement, si nous investissions toutes nos forces, nous pourrions découvrir des trésors infinis dans chaque membre de ce peuple !
Quand, il y a quelques années, nous nous sommes installés, mon épouse, mes enfants et moi-même à Tioumen, en Sibérie, nous ignorions ce que nous allions y découvrir et surtout quand. Nous avons investi toute notre énergie, toutes nos forces dans cette entreprise : sans la bénédiction du Rabbi, nous aurions pu douter de la réussite mais, D.ieu merci, nous avions une réponse claire et une confiance absolue que l’endroit où le Rabbi nous envoyait, l’endroit que le « spécialiste » nous indiquait était celui où nous avions toutes les chances de dévoiler des trésors inattendus. L’élément qui nous incita à continuer durant des semaines et même des mois – alors que nous ne constations apparemment aucun progrès visible – c’était la confiance absolue qu’avec chaque jour qui passait, nous creusions encore une couche et encore une couche de terre épaisse qui, finalement, livrerait ses trésors spirituels.
Oui, D.ieu merci, nous avons creusé et nous avons vu des réussites ! Durant ces quelques années, nous avons trouvé des trésors plus précieux que l’or, des âmes pures qui se sont épanouies de toutes leurs forces vives. Si, la première fois que nous avons « creusé », quand nous sommes arrivés, nous ne connaissions personne, aujourd’hui notre cercle d’amis s’élargit de jour en jour et de plus en plus de Juifs se joignent par centaines à nos divers programmes d’étude, de prières et de bonnes actions.
C’est cet exemple et son explication que j’ai racontés lors de la fête d’anniversaire d’un Juif de Moscou, Rav Barou’h BenTsion Gurevitch qui nous a énormément aidés au début de notre Chli’hout, quand nous sommes arrivés à Tioumen. Et, à la fin de mon discours, je lui ai offert deux souvenirs de notre ville. Le premier, en allusion à l’exemple donné par le Baal Chem Tov, était un avant-goût de ce qu’on trouve à profusion dans notre région : une fiole enchâssée dans un bloc de marbre et qui contient un liquide plus précieux que l’argent : de l’or noir ! Du pétrole !
Mais ceci n’était qu’un « exemple » des véritables trésors que l’on trouve dans notre région. J’en avais amené un autre, plus réel et indépendant des cours de la Bourse : une âme pure qui s’est révélée après plus d’un an de recherches passionnées, un jeune homme qui, il y a à peine un an, ignorait qu’il était juif, ignorait ce que cela pouvait signifier et qui, maintenant, D.ieu merci, respecte le Chabbat, mange cachère, met les Téfilines tous les jours de semaine et avance pas à pas dans l’étude de la Torah.
C’est cela le véritable trésor qu’on peut trouver chez nous et que les Chlou’him du monde entier dévoilent jour après jour, là où ils se sont installés, avec la bénédiction du spécialiste qui les a envoyés, le Rabbi.
De l’or noir ? Non, de l’or pur !
Rav Yerachmiel Gorelik – Chatz Lelo Minyane
Traduit par Feiga Lubecki
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- Publication : 19 novembre 2022