Chaque jour, nous concluons la prière de la Amida (18 Bénédictions) en louant D.ieu «Qui bénit Son peuple dans la paix». Et lorsqu’ils décrivent les bénédictions dont D.ieu nous gratifie lorsque nous suivons Sa volonté, nos Sages affirment : «la paix équivaut à toutes les autres bénédictions». En fait, nos Sages expliquent que Chalom, le terme hébreu pour «paix», est l’un des noms de D.ieu Lui-même.

Pourquoi la paix joue-t-elle un rôle si fondamental dans notre héritage juif ?

Chaque âme humaine est «une véritable partie de D.ieu En-Haut». Il s’ensuit donc que l’être humain possède le désir naturel de donner à cette étincelle divine l’opportunité de s’exprimer. Elle cherche à grandir dans la compréhension, dans un environnement harmonieux, sans être obligée de se confronter aux conflits extérieurs.

Malheureusement, cela n’est pas toujours possible. Nous vivons dans un monde matériel qui, de par sa nature même, encourage l’égocentrisme et la quête de satisfactions personnelles. Dans de telles circonstances, la quête du développement spirituel peut souvent conduire à des conflits d’intérêt et parfois même à de véritables et tangibles conflits.

Faire la guerre

Ces concepts sont évoqués en allusion dans le nom de la Paracha de cette semaine, Ki Tétsé, qui commence ainsi : «quand tu sortiras en guerre contre tes ennemis». Dans l’environnement naturel de l’âme, les mondes spirituels, il n’y a pas de conflits.

Cependant, lorsque l’âme «sort» de cet état et descend dans notre monde matériel, elle est confrontée à des challenges qui peuvent nécessiter de s’engager dans des combats.

Car l’existence matérielle présente deux aspects. Notre monde a été créé parce que D.ieu «désirait une résidence dans les mondes inférieurs», c’est-à-dire que l’univers physique peut servir de résidence pour D.ieu, être un lieu où se révèle Son Essence.

Cependant, comme l’implique l’expression «mondes inférieurs», l’existence de D.ieu n’est pas réellement apparente, dans notre environnement.

Bien au contraire même, la nature matérielle du monde semble écarter la Divinité.

La tentative pour réconcilier ces deux élans contradictoires se caractérise souvent par une situation de conflit.

Telle est la conception de la Torah pour la guerre : il s’agit d’un combat pour transformer jusqu’au plus petit élément d’existence en demeure pour D.ieu. C’est pour cette raison que la Torah commande aux Juifs de combattre pour conquérir la terre de Canaan et ainsi transformer un pays, célèbre pour son état de dépravation, en Erets Israël, une terre dont il est dit que «les yeux de l’Eternel ton D.ieu sont sur elle depuis le début de l’année jusqu’à la fin de l’année».

Cela va encore plus loin. Même lorsqu’aucun commandement explicite n’indique qu’il faut faire la guerre, le potentiel en est toujours présent, pour faire reculer les frontières de la sainteté et lui permettre de prendre possession de domaines précédemment régis par la matérialité.

Découvrir nos ressources

Il ne faut pas craindre d’entreprendre de tels efforts. Bien au contraire, on est assuré de la bénédiction divine. Il y est fait allusion dans l’expression du verset précité : al oyvé’ha, que l’on traduit par «contre tes ennemis» mais qui signifie littéralement «sur tes ennemis». Cela nous apporte la promesse que même lorsque l’âme descend dans notre monde matériel et relève des défis, elle possède toujours la force de les surmonter. Puisque l’âme est une «véritable parcelle de D.ieu», elle reste constamment au-dessus de l’influence du monde, elle possède la force de surmonter tous les obstacles et de transformer son environnement.

Plus encore, c’est le défi de la «bataille» lui-même qui fait surgir la force essentielle que possède l’âme. Car une telle confrontation oblige la personne à puiser en elle-même ses forces les plus profondes. Cette quête de force fait à son tour jaillir une prise de conscience de notre nature divine profonde. Et c’est ainsi que nous pouvons surmonter tous les challenges et disséminer la Divinité dans toutes les situations. Nous devenons par là-même les partenaires de D.ieu et exprimons ouvertement le but divin de la Création.

Les conflits intérieurs

Ce concept de «guerre» est également approprié à notre vie. Commentant le verset : «et vous verrez… la différence entre celui qui sert D.ieu et celui qui ne Le sert pas», nos Sages définissent «celui qui sert D.ieu» comme : «celui qui revoit son sujet 101 fois», et «celui qui ne Le sert pas» comme : «celui qui revoit son sujet 100 fois».

Dans le Tanya, Rabbi Chnéor Zalman explique que dans ce domaine, la coutume voulait que l’étudiant revoie son sujet d’étude 100 fois. C’est pourquoi c’était lors de la cent et unième fois que la personne allait au-delà de sa pratique usuelle, ce qui la distinguait comme étant : «celui qui sert D.ieu». Car seul celui qui se bat pour élever sa nature mérite un tel titre.

Un homme doit se donner des défis. Et cela signifie plus que s’engager à un progrès graduel. «Servir» D.ieu implique de casser notre nature individuelle et montrer qu’il n’y a pas de limites dans notre engagement envers Lui.

Cette entreprise implique une guerre constante. Un homme peut en effet atteindre un certain niveau d’accomplissement spirituel et puis «se reposer sur ses lauriers». Mais il lui faut constamment lutter pour avancer encore.

Ces «batailles» intérieures, nécessaires pour enclencher cet engagement permettent au potentiel Divin, inné et illimité en chacun de nous, dans notre âme, de jaillir. Et l’effet de ces efforts se répercute sur le monde en général. Car l’aspect de la Divinité qui transcende toutes limites est activé par chacune de nos tentatives pour dépasser nos propres limites.

 Les ultimes batailles

Parce que la tâche de raffiner le monde est souvent comparée à une bataille, l’un des critères donnés pour identifier le Machia’h, le chef qui motivera l’humanité à accomplir son but, est qu’il «mènera les guerres de D.ieu». Car il est possible que la tâche de raffiner le monde requiert un réel conflit pour que Machia’h «remplisse le monde de justice», en détruisant la force des méchants.

Cependant, cela n’est qu’une étape. En dernier ressort, Machia’h «vaincra toutes les nations qui l’entourent… et rendra parfait le monde entier, (motivant toutes les nations) à, ensemble, servir D.ieu, introduisant ainsi l’ère où «il n’y aura ni famine ni guerre, ni envie ni compétition… (et) l’occupation du monde entier sera exclusivement de connaître D.ieu».