Dans les communautés séfarades, quand le maître de maison s’apprête à prononcer la bénédiction sur le vin lors de la cérémonie du Kiddouch, il la précède de : «Savri Maranane» et tous les convives répondent : «Le’haïm». De fait, on explique que le maître de maison demande ainsi aux convives s’ils désirent se rendre quitte du Kiddouch grâce à lui et ils répondent «Le’haïm» qui signifie «oui», en Araméen.
Une autre explication : du temps où le Sanhédrine (le tribunal rabbinique) avait la compétence requise pour prononcer une condamnation à mort, on faisait boire une boisson fortement alcoolisée aux (très rares) personnes condamnées à mort afin de diminuer leur angoisse et leur souffrance. C’est ainsi que le Talmud déclare : «Le vin n’a été créé que pour consoler les endeuillés et pour punir les méchants» comme il est dit (Proverbes 31. 6) : «Donnez une liqueur forte à la personne désespérée et du vin aux angoissés». Quand on récite le Kiddouch, les convives répondent donc «Le’haïm», «A la vie» car cette coupe de vin n’est pas destinée à atténuer la souffrance d’une victime mais au contraire à augmenter la joie des convives.
La première fois que le vin est mentionné dans la Torah, c’est à propos du fruit défendu mangé par Adam et ‘Hava (Eve) : selon un Midrach, il s’agissait de raisin ; plus explicitement, la Torah mentionne Noa’h (Noé) qui a bu du vin et s’est enivré avec les conséquences fâcheuses que l’on sait. Ces deux occurrences étaient donc négatives : c’est pourquoi, lorsqu’on boit le vin du Kiddouch, on souhaite que ce soit «pour la vie» et la bénédiction, selon l’expression des ‘Hassidim.

F. L. (d’après Rav Yosef Ginsburgh)

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