Samedi, 20 juillet 2024

  • Balak
Editorial

 L’éternelle victoire

Vive la liberté ! C’est cette exclamation qui peut retentir en cette nouvelle semaine qu’éclaire les 12 et 13 Tamouz, dates de la libération de Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn, le précédent Rabbi de Loubavitch, des prisons puis de l’exil soviétiques. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, d’une liberté retrouvée qui ne concerna pas seulement son bénéficiaire, le Rabbi Précédent, mais qui fit souffler un vent nouveau dont les effets se firent encore sentir bien longtemps plus tard. A cette époque, le pouvoir stalinien avait imaginé que la violence pouvait venir à bout de l’éternel judaïsme. Il avait rêvé d’anéantir une vision par la force de l’arbitraire et le terrorisme des hommes sans morale. De fait, beaucoup crurent que la réussite de son entreprise était inévitable. Beaucoup se dirent qu’une poignée d’hommes ne peut résister durablement à un tel écrasement et que toute la grandeur du Rabbi Précédent ne pourrait rien y faire. Certes, il avait tenu tête à l’intimidation et, malgré la férocité de ses ennemis, avait réussi à maintenir un réseau clandestin d’écoles juives, de bains rituels etc. Mais pour combien de temps ? Son emprisonnement était la conséquence logique de cet entêtement irrationnel, pensa-t-on sans doute.

Le 12 Tamouz apporta sa réponse éclatante. Rien ne résiste à la justice, à la vérité, à la confiance en D.ieu et à l’assurance que tout cela donne. Pas plus que l’obscurité, aussi profonde soit-elle, ne peut espérer vaincre la lumière, la force et la violence ne peuvent espérer l’emporter sur de telles notions. Ce recul de l’immense puissance soviétique d’alors, la reconnaissance des implications de ce recul manifestèrent qu’une nouvelle époque était en train de naître. De fait, le Rabbi Précédent fut libéré de prison, relâché de son exil et autorisé à quitter le pays aux conditions que lui-même posa. Il continua son œuvre outre-atlantique et on sait aujourd’hui les résultats qu’elle produisit.

Cette histoire n’est pas seulement celle d’un héroïsme ancien ou d’une victoire du passé, qui nous intéresserait, au mieux, au titre d’une nostalgie de grandeur. Elle est d’abord, plus qu’un exemple, une leçon pour notre temps. Nous savons que, dans bien des endroits du monde, et particulièrement dans ces régions si chères au cœur du Peuple juif, la violence, la barbarie aveugle, l’oppression sont les moyens choisis pour faire entendre leur voix – celle de la terreur – par ces hommes qui renient tout sentiment humain. Parfois on peut légitimement s’interroger : est-il possible de continuer d’être des porteurs de lumière parmi les serviteurs de l’obscurité ? Alors, ne l’oublions pas : la lumière vainc toujours et pour l’éternité.

Etincelles de Machiah

 Tout est entre nos mains

Le Tanya (chap. 37) enseigne : « Cet accomplissement ultime du temps de Machia’h et de la résurrection des morts, qui est la révélation de la Lumière Divine infinie dans ce monde, dépend de nos actions et de notre travail pendant tout le temps de l’exil ».

La période actuelle est celle des « talons de Machia’h », au sens où elle précède immédiatement sa venue. Ainsi, chacun doit ressentir cette idée constamment dans son service de D.ieu quotidien. Lorsqu’on ressent profondément et sincèrement que l’effort que l’on fait, la Torah que l’on étudie hâtent la venue de la Délivrance et entraînent le monde à son parachèvement en faisant la « résidence de D.ieu ici-bas », alors il est bien clair que l’on ne peut que redoubler d’enthousiasme afin de mener le processus à son terme aussi vite que possible

(d’après Likouteï Si’hot, vol. XXI, p.18)

Vivre avec la Paracha

 Balak

Balak, roi de Moav, engage le prophète Bilaam pour maudire le Peuple juif. Incapable d’y parvenir, ce sont des paroles de bénédictions qui sortent de sa bouche ainsi que la prédiction de la venue de Machia’h.

Le peuple faute avec les filles de Moav qui le poussent à pratiquer l’idolâtrie. L’un des princes de tribu conduit publiquement une princesse Midianite dans sa tente. Pin’has les tue alors tous les deux, ce qui met immédiatement fin à la plaie qui s’était abattue sur le peuple.

Mais qui était Zimri ?

Israël s’installa à Chittim et le peuple commença à se prostituer avec les filles des Moabites. Elles invitèrent le peuple aux sacrifices pour leurs dieux et le peuple mangea et se prosterna devant leurs dieux. Israël s’attacha à Baal Péor, et la colère de l’Eternel s’embrasa contre Israël.

L’Eternel dit à Moché : « Prends tous les dirigeants du peuple et amène-les devant l’Eternel, face au soleil et alors la colère enflammée de l’Eternel partira d’Israël ». Moché dit aux Juges d’Israël : « Chacun de vous devra tuer les hommes qui se sont attachés à Baal Péor ».

« Et un homme israélite vint et amena la femme midianite à ses frères, devant les yeux de Moché et devant les yeux de l’entière congrégation des Enfants d’Israël, alors qu’ils pleuraient devant l’entrée de la tente d’Assignation. »

« Pin’has, le fils d’Elazar, fils d’Aharon le Cohen, vit cela, se leva de la congrégation et prit un glaive entre ses mains. Il suivit l’homme israélite dans la chambre et il le planta [à travers] tous les deux (l’homme israélite et la femme), à travers son estomac, et la plaie cessa de s’abattre sur les enfants d’Israël. Ceux qui étaient morts lors de la plaie furent au nombre de vint-quatre mille ».

Pour comprendre le fond de cette sombre histoire, quelques observations sont nécessaires.

Tout d’abord, un verset ultérieur met un nom et un visage à cet anonyme « homme israélite » qui afficha sa compagne midianite « devant les yeux de Moché et devant les yeux de l’entière congrégation ». Son nom était Zimri fils de Salou et il n’était pas un vulgaire pécheur mais un prince d’Israël, le dirigeant de la tribu de Chimone.

Il est aussi intéressant de relever le récit de la confrontation publique entre Zimri et Moché, telle qu’elle est rappelée dans le Talmud.

Zimri attrapa Kozbi [la midianite] par ses cheveux nattés et l’amena à Moché : « Fils d’Amram, cette femme m’est-elle interdite ou permise ? Et si tu dis qu’elle est interdite, qui t’a permis, à toi, la fille de Yitro [qui est également une femme midianite] ? A ce moment-là, la loi qui préconise que celui qui a du zèle peut tuer celui qui cohabite avec une idolâtre échappa à Moché, et tout le peuple pleura bruyamment ; et c’est là le sens de ce qui est écrit : « Et ils pleuraient à l’entrée de la Tente d’Assignation ».

Il n’y a rien de terriblement inhabituel dans la première partie de cette malheureuse histoire de promiscuité, d’idolâtrie, de colère Divine et de punition. Nous avons déjà rencontré ces thèmes, dans la Bible, à une ou deux occasions. Ce n’est qu’au milieu du récit que les faits prennent une nouvelle tournure.

Le comportement de Zimri est sans précédent. Jamais un prince d’Israël ne s’est comporté de façon pécheresse, défendant publiquement le mariage mixte et par extension la destruction de la cellule familiale juive !

Cette profanation spectaculaire du Nom de D.ieu et de Sa loi, et l’attaque personnelle contre l’intégrité religieuse de Moché, tout particulièrement perpétuée par un serviteur public et un modèle, est choquante et demande à être expliquée. Le moment d’amnésie peu habituel de Moché ne fait qu’intensifier le sens mystérieux qui domine ce drame.

Un pécheur bien intentionné

La clé pour comprendre les actions de Zimri réside dans le récit talmudique des événements qui ont conduit à la confrontation entre Moché et Zimri.

Quand des membres de la tribu de Chimone virent que la punition capitale s’abattait sur ceux de leur tribu qui s’étaient adonnés au culte idolâtre de Baal Péor, ils se rendirent chez Zimri, fils de Salou : « Ils prononcent la peine capitale contre des membres de notre tribu et toi, notre chef, tu restes assis et silencieux ! » Que fit alors Zimri ? Il se leva, rassembla vingt-quatre mille Israélites et ils se rendirent chez Kozbi, une femme midianite. Il lui dit : « Cohabite avec moi… »

Le comportement odieux et sacrilège de Zimri n’était pas motivé par le goût de la rébellion mais par son profond engagement à l’égard du peuple qu’il représentait. Il décida de démontrer que même un homme honorable comme lui, choisi par D.ieu pour être un prince d’Israël, n’était pas insensible au plaisir charnel et à la séduction. S’il pouvait succomber à la tentation, les membres de sa tribu, plus matérialistes, ne devraient-ils pas être traités moins sévèrement et ne pas subir la peine capitale ? Bien plus encore, le serviteur privilégié de D.ieu, Moché lui-même, n’avait-il pas épousé l’une de ces femmes « interdites » ?

Cette lecture du Talmud, plus bienveillante à l’égard de Zimri, n’est pas une tentative pour le blanchir mais émerge du récit de la Torah elle-même. Un regard plus attentif au moment de l’escapade de Zimri révèle qu’il fut lent à imiter les siens. Ce n’est qu’après que D.ieu les eut condamnés qu’il s’approcha de Kozbi. Il n’était pas possible que sa passion l’ait dévoré après qu’il fut au courant de la sentence de peine de mort encourue ?

C’est par cette confrontation publique déshonorante et infamante avec Moché que Zimri vint représenter l’idéal du dirigeant juif qui veut sacrifier son bien-être personnel et son statut spirituel jusqu’à commettre ici une faute, pour protéger son peuple.

Ce sont les profondeurs de cette image et de cet héritage dépravés qui mettent en lumière la force de son engagement à l’égard du peuple qu’il aime.

En quoi cela me concerne-t-il ?

Nous vivons une période d’ignorance et d’indifférence croissantes de la jeunesse à l’égard de son héritage. Il est facile de considérer comme acquis nos connaissances et notre héritage et d’ignorer l’éloignement et le désintéressement qui gagnent la communauté.

De Zimri, nous devons apprendre à sacrifier quelques-uns de nos luxes spirituels, l’attention portée exclusivement à notre propre développement spirituel et nous tourner vers ceux, dans notre peuple, qui ont besoin de notre aide.

Même si nous ne sommes pas très savants, nous connaissons tous au moins une personne qui l’est encore moins.

De Zimri, nous pouvons apprendre à ne pas craindre de paraître être un perdant car c’est cela qui fait un véritable gagnant.

Le Coin de la Halacha

 Qu’est-ce que le 17 Tamouz ?

Cette année, le jeûne du 17 Tamouz sera le mardi 23 juillet 2024.

On ne mange ni ne boit depuis le matin à 3h 58 (en Ile-de-France) jusqu’à la tombée de la nuit 22h 29 (en Ile-de-France). On récite la prière « Avinou Malkénou » le matin et l’après-midi.

C’est en ce jour que Moché Rabbénou (Moïse notre Maître) brisa les premières Tables de la Loi à la suite du péché du veau d’or. Bien plus tard, le sacrifice quotidien fut interrompu lors du siège de Jérusalem. Une première brèche apparut ce jour-là dans les murailles de la ville sainte. Enfin, Apostomos installa une idole dans le Temple et brûla un rouleau de la Torah, toujours un 17 Tamouz.

Durant les trois semaines suivantes, jusqu’au 9 Av (mardi 13 août 2024), on augmente les dons à la Tsedaka. On évite d’acheter de nouveaux vêtements et on ne prononce pas la bénédiction « Chéhé’héyanou » (par exemple pour un fruit nouveau). On ne se coupe pas les cheveux et on ne célèbre pas de mariage. On évite de passer en jugement.

Suite à l’appel du Rabbi, à partir du 17 Tamouz, nous intensifions l’étude des lois de la construction du Temple (dans le livre d’Ezékiel, le traité Talmudique Midot et le Rambam - Maïmonide).

Durant les neufs jours qui précèdent le 9 Av (à partir du dimanche soir 4 août 2024), on ne mange pas de viande et on ne boit pas de vin.

Par contre, on assistera à un Siyoum (ou on l’écoutera à la radio juive), ce qui est une joie permise durant cette période.

Le Recit de la Semaine

 Des directives surprenantes

La décision était prise : il fallait faire monter en Israël, le plus secrètement possible, tous les Juifs de Tunis.

On était en 1982. Retranché à Beyrouth, le chef terroriste Yasser Arafat avait obtenu de pouvoir s’enfuir vivant avec ses hommes à Tunis, sous la protection du gouvernement français. Bien entendu, le gouvernement israélien suivait de près ce développement soudain et craignait pour la sécurité des Juifs de Tunis.

On estimait que cette communauté comptait environ 5000 personnes qui seraient en grave danger avec la présence dans la ville de centaines de terroristes armés et animés d’une haine impitoyable. Le Mossad (service secret israélien) dépêcha plusieurs envoyés incognito afin de persuader les Juifs de Tunis de préparer leurs bagages, de vendre leurs maisons et de monter en Israël. Mais, bien vite, ces espions réalisèrent que leurs efforts étaient vains, qu’il y avait un homme qui ruinait leurs efforts en assurant qu’il n’y avait rien à craindre : cet homme, c’était Rav Nissan Pinson, l’envoyé fidèle du Rabbi de Loubavitch. Certainement, en agissant ainsi, il ne faisait que transmettre le message du Rabbi.

On décida alors d’envoyer de toute urgence auprès du Rabbi celui qui allait par la suite devenir le chef du Mossad, Ephraim Halevy. Celui-ci s’était déjà rendu auparavant chez le Rabbi à New York et connaissait donc un peu son envergure spirituelle et son influence sur ses ‘Hassidim.

Dès que l’homme du Mossad entra dans le bureau, le Rabbi confirma à Halevy qu’effectivement, c’était lui qui enjoignait aux Juifs de Tunis de rester sur place et de ne pas céder à la panique. Très surpris que le Rabbi sache déjà pourquoi il venait, Ephraim Halevy confia, sous le sceau du secret, tout ce qu’il savait sur la situation : certainement, estimait-il, il possédait des informations alarmantes que le Rabbi ne pouvait pas connaître. Le Rabbi affirma que lui aussi était parfaitement au courant de la situation et qu’il en déduisait qu’il n’y avait pas lieu de craindre pour la sécurité des Juifs de Tunis : « Je ne me joindrai pas à ceux qui sèment la panique, martela le Rabbi. Il n’est pas nécessaire de détruire une communauté ! Si des Juifs veulent monter en Israël, pourquoi pas ? Mais il est interdit de détruire complètement une communauté ! ».

Effectivement, la communauté juive vécut paisiblement et subsiste à Tunis jusqu’à aujourd’hui.

Déjà dans sa jeunesse, Rav Nissan Pinson avait fait preuve d’une abnégation sans borne au service du judaïsme. Né en Russie, il avait suivi les cours de Torah clandestins car interdits par le gouvernement soviétique. Arrêté pour ce genre de « crime », son grand-père avait été exilé en Sibérie dans des conditions effroyables et n’était jamais revenu. Son père aussi avait été obligé de fuir de ville en village de peur d’être arrêté et ce n’est que grâce à d’innombrables miracles que la famille avait pu sortir du « paradis communiste de Russie ». Arrivés aux États-Unis, Rav Pinson et son épouse espéraient pouvoir enfin mener une vie tranquille dans ce pays de liberté mais le Rabbi de Loubavitch avait d’autres plans pour eux. En 1953, le Rabbi les envoya renforcer la communauté juive du Maroc. Et en 1960, nouveau rebondissement : le Rabbi envoya le couple Pinson en Tunisie. En effet, de nombreux rabbins de Tunis étaient montés en Israël et il fallait encadrer et restructurer cette communauté. Pourtant, la situation était angoissante : le chef de gouvernement, Habib Bourguiba ne cachait pas son amitié pour le communisme et s’exprimait ouvertement contre Israël. La population agissait de même et plus d’une fois, Rav Pinson subit crachats, humiliations et même jets de pierres de la part de jeunes garçons fanatisés. Mais, à chacune de ses lettres angoissées, le Rabbi répondait invariablement de ne pas avoir peur.

Après la guerre des Six Jours en juin 1967, l’angoisse fut à son comble : la synagogue de Tunis fut incendiée alors qu’il s’y trouvait une centaine de Sifré Torah. Bouleversé, Rav Pinson envoya un télégramme au Rabbi : devait-il partir ? Le Rabbi répondit : « Aujourd’hui, la communauté a besoin de vous plus que jamais ! »

En 1969, les autorités menacèrent de fermer toutes les institutions de Torah et il était question de chasser toute la famille Pinson. La réponse du Rabbi surprit tout le monde : il demandait qu’on lui fasse parvenir, à New York, un Séfer Torah de Tunis et, grâce à cela, les mauvais décrets disparaîtraient ! Rav Pinson n’avait pas le droit de quitter le pays et ce fut donc son épouse, la Rabbanit Ra’hel et son fils Yossef Its’hak qui furent chargés de cette mission. Le Rabbi demanda que, dans le plus grand secret, on vérifie la cacherout du Séfer Torah et qu’on l’introduise dans le Arone Hakodech (arche sainte) de la grande synagogue au 770 Eastern Parkway. « Demain, ajouta le Rabbi, je serai appelé à monter à la Torah et on lira dans ce Séfer Torah ; après cela, tout ira bien pour les Juifs de Tunis ! ». Et le Rabbi annonça aussi qu’il prononcerait un Maamar (discours ‘hassidique).

Le vendredi 22 Elloul, à 17h 30, le Rabbi, déjà vêtu de ses vêtements de Chabbat, demanda qu’on apporte le Séfer Torah dans son bureau. Seuls quelques ‘Hassidim mis au courant furent autorisés à y entrer. La Rabbanit Pinson posa sur le bureau une bouteille d’alcool qu’elle avait rapportée de Tunis. Après la prière, tous sortirent de la pièce et le Rabbi resta seul un long moment avec le Séfer Torah tandis que tous attendaient anxieusement à l’extérieur. Certainement le Rabbi agissait dans les mondes supérieurs pour l’annulation de mauvais décrets.

Puis la porte s’ouvrit, le Rabbi sortit, tenant dans ses bras le Séfer Torah qu’il partit remettre toujours discrètement dans le Arone Hakodech.

On apprit peu après que les décrets avaient été annulés et que la vie reprenait normalement à Tunis.

Pendant près de 50 ans, Rav Nissan Pinson s’occupa avec un dévouement incroyable des Juifs de Tunis et y opéra une véritable révolution spirituelle en créant des écoles et d’autres institutions. Il décéda en 2008 à l’âge de 89 ans.

Mena’hem Shaikevitz

Si’hat Hachavoua N° 1957

Traduit par Feiga Lubecki