Samedi, 13 juillet 2024

  • Houkat
Editorial

 3 Tamouz, 30 ans

Un jour de Hilloula est toujours un moment essentiel, tant dans le calendrier juif que dans la conscience de chacun. Ce moment, qui marque le départ de ce monde d’un de nos maîtres, est celui où, d’année en année, l’âme concernée s’élève de degré en degré dans l’infini. Elle entraîne alors avec elle tous ceux qui sont fidèles, plus qu’à sa mémoire, à ses enseignements et aux actions qu’il a suscitées et encouragées. Le 3 Tamouz est le jour de la Hilloula du Rabbi, et cette année est la trentième que nous commémorons.

Il faut garder en tête que ce jour ne peut pas être vécu comme une simple journée ordinaire. Bien sûr, des milliers de personnes se rendent en ce jour sur son tombeau et l’atmosphère de présence spirituelle, d’attachement inaltérable y est sensible. Mais cela n’est certainement pas suffisant. Trente ans après l’événement, il nous appartient d’entreprendre une véritable introspection. Car le Rabbi ne nous a pas laissé un héritage, même riche et profond. Il nous a désigné un chemin à suivre. Fait d’ouverture à tous, d’amour du prochain, de diffusion de la connaissance et de partage du judaïsme, ce chemin a la qualité de toutes les choses éternelles. Il est là, au-devant de nous, de façon immuable et il continuera de l’être jusqu’à son aboutissement.

Cet aboutissement est celui que les hommes, et en particulier le Peuple juif, ont attendu depuis toujours : la venue du Machia’h, l’avènement de ce nouveau temps où  tout prendra son plein sens avec la réalisation de l’intention ultime, la « demeure de D.ieu » ici-bas. Il ne s’agit pas ici d’un espoir fou ou d’un rêve évanescent. C’est d’une réalité à construire qu’il est question. Alors que le trentième 3 Tamouz passe sous nos regards, il nous appartient de nous élever avec lui et de parvenir enfin à ce but attendu. Nous en avons la force et, dans cet anniversaire, elle est encore accentuée. Au-delà du spectacle parfois affligeant que nous donne le monde, agir est pour nous une responsabilité et un devoir. Agir dans le sens que le Rabbi nous a enseigné et que nous portons en nous. Agir pour l’unité de notre peuple et pour notre unité collective avec D.ieu et sa Torah. Ainsi, nous accomplirons l’intention primordiale de la création et, très bientôt, nous serons tous dans le Temple reconstruit avec le Machia’h à notre tête.

Etincelles de Machiah

 Concrètement, l’attente

Dans son Michné Torah, Maïmonide (Hil’hot Mela’him, chap. 11) expose les lois relatives à Machia’h. Il y souligne notamment une double nécessité : « Crois en lui…, attend sa venue ». Il a déjà été indiqué qu’il ne s’agit pas là d’une simple répétition ayant valeur d’insistance mais que, au contraire, de nombreux sens peuvent y être trouvés. Ainsi, « attendre sa venue » implique une attitude active qui va au-delà de la simple foi en la réalité des prophéties le concernant. Il en résulte qu’apparaît ici une obligation spécifique : celle d’étudier les lois qui portent sur Machia’h.

(d’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch)

Vivre avec la Paracha

 ‘Houkat

D.ieu enseigne à Moché les lois de la « Vache Rousse ».

Après quarante ans d’errance dans le désert, le Peuple Juif arrive dans le désert de Tsin. Myriam quitte ce monde et le peuple, privé du puits de Myriam, réclame de l’eau. C’est alors que Moché va frapper le rocher pour qu’en jaillisse de l’eau (au lieu de lui parler). L’eau jaillit mais ni Moché ni Aharon ne pourront entrer en Terre Sainte.

Aharon meurt et lui succède son fils Elazar. Le peuple parle encore une fois contre D.ieu et Moché et une épidémie le frappe, enrayée par un serpent d’airain brandi par Moché.

Moché mène des batailles contre les rois Si’hon et Og, conquiert leurs terres, à l’est du Jourdain.

 

Trois conditions humaines : trois perspectives

L’arbre, le rocher, le blé et le vin

Dans la Paracha de cette semaine, le Peuple juif se trouve confronté à une nouvelle crise. Miryam a quitté ce monde et désormais, le rocher miraculeux qui les approvisionnait en eau dans le désert, par son mérite, a cessé de les abreuver. Que font les Hébreux ? Ils se plaignent à Moché qui leur répond : « Pourrions-nous faire sortir de l’eau de ce rocher ? » Il se met alors à frapper le rocher et l’eau commence à s’en écouler. D.ieu réprimande alors Moché pour ne pas avoir parlé au rocher comme Il le lui avait ordonné.

Le Baal Hatourim note que le mot « Hamine » (« de [ce rocher] ») se retrouve dans deux autres textes bibliques. Dans le livre de Beréchit, lorsque D.ieu confronte Adam pour avoir mangé le fruit interdit, Il lui pose une question rhétorique : « As-tu mangé de l’arbre que Je t’ai ordonné de ne pas manger ? » La encore, la Torah emploie le mot « Hamine ».

Un troisième texte utilise le terme « Hamine ». Dans le Livre des Rois (II: 6), alors qu’une famine dévastatrice s’abat sur Chomron, une femme interpelle le roi pour qu’il lui vienne en aide. Il répond : « D’où vais-je t’aider ? En grain ou en vin ? »

Il est un axiome que lorsque la Torah utilise la même expression dans plusieurs endroits, cela a pour but de nous inciter à en rechercher le lien. Même quand cela semble représenter des sujets différents, un fil rouge doit les relier.

Quel lien y a-t-il donc entre l’Arbre de la Connaissance interdit, le rocher frappé par Moché et le triste aveu du roi qu’il ne possédait ni grain ni vin ?

Une réflexion plus profonde fait apparaître qu’ils représentent trois perspectives erronées, concernant la condition humaine, sur la manière dont nous nous percevons nous-mêmes.

Les questions de D.ieu et le défi d’Adam

Quand D.ieu interpela Adam en lui demandant s’il avait mangé de l’arbre interdit, il semble évident que D.ieu, omniscient, ne cherchait pas à savoir si c’était vrai ou faux. Cette question était plutôt la continuation d’une interrogation précédente : « qui t’as dit que tu étais nu ? ». Adam, au lieu de répondre aux questions, met le blâme sur sa femme.

En réalité, l’on pourrait affirmer qu’en lui demandant qui lui a dit qu’il était nu, D.ieu rejetait la notion-même de cette nudité. La gêne d’Adam n’avait pas été provoquée par le seul fait de l’exposition de sa nudité mais plutôt, comme le statue Rachi, par le fait qu’il se sentait spirituellement nu.

D.ieu lui avait initialement demandé : « Ayéka », « où es-tu ? ». Selon Rabbi Chnéor Zalman (auteur du Tanya et fondateur du mouvement ‘Habad-Loubavitch), cette question que D.ieu adressait à Adam et à chaque juif en particulier signifie : « où en es-tu dans ta vie spirituelle, par rapport à là où tu devrais être ? ».

Si nous lisons entre les lignes, voilà ce que répond Adam : « Je n’ai rien à montrer pour moi-même ! Je suis nu et profondément honteux de moi-même. Je suis dépourvu et vide de quoi que ce soit de positif. »

Inutile de dire que D.ieu n’accepta pas cette remarque si pleine d’autodénigrement :

« Comment peux-tu te dénigrer au point d’affirmer que tu es nu ? Pourquoi ne regarder que tes défauts. Tu as une âme. Il faut juste que tu lui permettes de s’exprimer afin qu’elle ne soit pas écrasée par le mal que tu viens d’absorber de l’extérieur. »

Adam finit par saisir qu’en fait l’homme est essentiellement bon et que le mal est extérieur. Il conclut que s’il est vrai que l’âme est pure, c’est le corps qui représente le mal et la négativité. Il se tourne donc vers sa femme et la juge être la force extérieure qui a causé son déclin.

Finalement, D.ieu rejette également cette approche et force Adam et ‘Hava à en venir à la conclusion que le responsable est le serpent. C’est une force extérieure qui s’impose à l’âme (métaphoriquement représentée par Adam) et au corps (métaphoriquement représenté par ‘Hava). Non seulement l’âme est-elle pure et innocente mais le corps lui-même n’est pas intrinsèquement mauvais. Tout le mal vient de l’extérieur et peut exercer une force puissante sur notre corps innocent et notre âme sainte. Il nous revient alors de déterminer jusqu’où ce mal extérieur peut nous pénétrer.

En bref, la question de D.ieu sert à démontrer à Adam que le mal n’est pas intrinsèque mais extérieur. Il vient du fruit interdit et non de lui-même. Il vient de la séduction du serpent qui le pousse à consommer le fruit et non de son intériorité.

La perspective de Moché

Revenons à la remarque de Moché : « Pourrions-nous faire sortir de l’eau de ce rocher ? ».

Par ces mots, il se référait aux Juifs qui se plaignaient du manque d’eau. Il les comparait à un rocher car il ressentait qu’ils étaient devenus terriblement insensibles et ressemblaient à de durs rochers dont aucune eau ne pouvait s’écouler. Il se demanda donc : « Comment extraire de l’eau d’un rocher physique si le peuple lui-même s’est tellement endurci ? » Moché estimait que le monde matériel était affecté par l’état spirituel du peuple. Si leur cœur avait été ouvert, l’eau s’en écoulerait librement.

Peut-être était-ce la perte de Miryam qui avait créé un vide de réceptivité féminine au spirituel, ce qui empêchait le miracle de l’eau de perdurer. Une fois l’élément représenté par Miryam absent de leur vie, ils avaient perdu la capacité à extraire les eaux nourricières et rafraîchissantes, associées avec Miryam, dans leur cœur et leur âme. Cela se manifestait donc par l’impossibilité d’obtenir de l’eau du rocher.

Bien sûr Moché ne pensait pas qu’ils avaient perdu leur essence spirituelle. Mais il estimait que leur bonté intrinsèque avait été supprimée par la négativité de l’extérieur. Si bien qu’outre le fait de frapper le rocher, il utilisa à leur encontre des mots de reproches durs.

D.ieu n’était pas d’accord avec cette vision sombre de la condition humaine. Selon Rachi, D.ieu « réprimanda » Moché de n’avoir pas parlé au rocher. Nul n’est besoin d’être dur pour libérer le bien inhérent et la foi. Des mots prononcés avec le cœur peuvent accomplir la tâche.

La perspective du Roi Salomon

Dans le tragique épisode de la famine à Chomron, où les gens sont acculés à des actes horribles, à cause de la famine, le roi ne voit aucune qualité salvatrice chez le peuple parce qu’il ne voir rien de positif en lui-même. « D’où puis-je t’aider ? » dit-il à la femme. Il sent qu’il n’y a rien de bon en lui. La famine matérielle est une manifestation d’une absence de quoi que ce soit de positif dans le domaine spirituel. Dans son esprit, rien ne peut être fait pour faire sortir ce qui s’exprimerait par du grain ou du vin.

Ne règnent qu’un vide total et le désespoir.

A ce moment-là, le prophète Elicha intervient et prédit une disparition totale de la famine et une période d’abondance extraordinaire.

Une fois de plus, D.ieu démontre une évaluation inappropriée de notre état spirituel.

Quand bien même nous sommes tombés dans l’abîme, nous pouvons transformer la situation et la rendre favorable.

Les trois leçons

Il se peut que nous ne nous sentions pas méritants pour recevoir le Machia’h et la Rédemption finale.

Trois approches peuvent être adoptées quand nous nous penchons sur notre état spirituel.

La première consiste à voir le négatif et à se sentir totalement dénudés.

La leçon tirée de la première occurrence du terme « Hamine » indique que nous devons prendre conscience que nous avons de merveilleux vêtements tissés à partir de toutes les pensées positives, les mots positifs et les actions positives auxquels nous nous livrons en tant que peuple, en dépit de toutes les difficultés de l’exil.

Quand un Juif se lamente sur sa nudité spirituelle, il doit répéter la question posée par D.ieu à Adam : « Qui t’a dit que tu étais nu ? ».

Le Talmud déclare que « même les pécheurs d’Israël sont emplis de Mitsvot comme une grenade est pleine de grains. »

La seconde approche avec laquelle nous pouvons jeter un regard négatif sur nous-mêmes est de nous centrer sur le manque de sensibilité que nous éprouvons à l’égard des sujets spirituels, à cause de l’exil. Nous apprenons de l’épisode avec Moché que quand bien même nous faisons parfois preuve d’indifférence, nul n’est besoin de frapper le rocher. De douces paroles d’encouragement et d’inspiration suffiront à faire fondre la personnalité la plus endurcie.

Enfin, la troisième leçon est liée au manque de grains (la métaphore pour la connaissance de la Torah) et de vin (la métaphore pour les enseignements mystiques du Judaïsme qui permettent de susciter la joie) dans notre vie. Nous nous sentons usés et vides de substance. Par rapport à nos pères, nous manquons de dévotion et de connaissance de la Torah.

Pour contrer cette vision pessimiste, nous est rapporté qu’après que le roi d’Israël eut exprimé une vision désespérée, Elicha renversa toute la situation.

On peut dire la même chose de notre génération. Quand bien même nous nous considérons, nous-mêmes ainsi que notre génération, non méritants, nous savons que, de façon imminente, le Machi’ah va venir, inverser le cours des choses et nous faire pénétrer dans une époque où le monde entier sera rempli de la connaissance de D.ieu. Nous aurons à la fois une abondance de grains et de vin de la Torah.

Le Coin de la Halacha

 Manger à l’extérieur

- Si vous avez l’intention de manger du pain pendant une sortie, assurez-vous de disposer d’un Kéli (récipient) et d’eau pour vous laver les mains rituellement : soit vous prévoyez d’emporter de l’eau, soit vous pouvez utiliser de l’eau d’une fontaine, d’une rivière ou d’un lac (non-salé).

- S’il n’y a pas d’eau, la loi recommande de marcher jusqu’à 18 minutes pour en trouver. Si vous savez que, même après 72 minutes de marche, vous ne trouverez pas d’eau, il est possible d’envelopper les mains d’un gant (ou d’un tissu) et de manger le pain sans le toucher. Si vous ne disposez pas d’un Kéli, vous pouvez tremper vos mains une fois dans une rivière ou un lac puis réciter la bénédiction : « Barou’h… Al Chetifat Yadayim » (au lieu de : Al Netilat Yadayim).

- Ne posez pas la nourriture ou la vaisselle cachère sur une surface non-cachère, même si elle est propre. Prévoyez une nappe ou toute autre protection.

- Pour un barbecue, prévoyez votre propre matériel afin de cuire la viande sur un grill et le poisson sur un autre grill, à moins de nettoyer soigneusement et de cachériser le grill (en le portant à très haute température : c’est compliqué et déconseillé). On peut éventuellement envelopper le poisson (ou la viande) dans une double couche de papier aluminium.

- On récite le Birkat Hamazone (prière après le repas) à l’endroit où on a mangé – à moins d’avoir prévu dès le début du repas de le faire ailleurs.

- Si on mange dehors Chabbat, on doit veiller à ne pas renverser de liquide sur le sol ou les plantes. Il est donc recommandé de ne pas servir de boisson dans un jardin ou une forêt.

 (d’après Rav Yehouda Shurpin - chabad.org)

Le Recit de la Semaine

 « Ne juge pas l’emballage… »

Je suis responsable, outre mon rôle d’aumônier militaire, des activités pour les étudiants juifs de Toulouse (où j’ai été nommé Chalia’h du Rabbi en 1986 sous l’autorité de Rav Yossef Y. Matusof).

J’ai une fois reçu un coup de fil d’une maman très inquiète :

- Mon fils ‘Hagaï (nom d’emprunt) poursuit des études dans une des grandes écoles de Toulouse, m’informa-t-elle. Pouvez-vous l’inviter pour un Chabbat par exemple ou au moins le contacter ?

- Bien sûr, la rassurai-je, je suis là pour cela et je serais très heureux de le connaître !

Quelques jours plus tard, je téléphonai à ce jeune homme et l’invitai à passer Chabbat avec nous. Je lui donnai notre adresse et il accepta en précisant qu’il viendrait en métro.

- Je vous attendrai à la sortie du métro, ajoutai-je.

Ce vendredi soir, j’emmenai mes deux garçons et nous sommes allés attendre notre invité à la sortie du métro. Les enfants bavardaient gaiement en toute innocence tandis que nous attendions. Les gens qui sortaient de la station semblaient tous être d’un certain âge, des gens qui revenaient du travail et qui se hâtaient de rentrer chez eux. Le seul à se détacher du lot pour ainsi dire était un gaillard assez impressionnant, tout de noir vêtu. Son pantalon était bardé de chaînes de fer, il arborait des piercings sur chaque endroit possible et toutes sortes de bijoux de pacotille. Grimé dans le pur style satanique, il portait des bottes clinquantes de combat et avait une démarche décidée et conquérante.

- Non ! Ce n’est pas lui que j’attends ! Pas possible ! pensai-je sur le coup.

Mais si !

Il s’arrêta devant moi (moi aussi, j’étais reconnaissable, mais différemment, avec ma barbe et mon chapeau…) :

- Rav Sebag ?

Je repris mes esprits et compris que, ben oui, c’était lui !

Je l’accueillis aussi chaleureusement que ma surprise le permettait et nous avons pris le chemin de ma maison. Certainement les gens qui nous voyaient marcher côte à côte ne cachaient pas leur étonnement, pour ne pas dire qu’ils s’arrêtaient comme hypnotisés par ce spectacle surréaliste. Mes enfants avaient perdu toute envie de bavarder et se serraient contre moi, comme terrorisés à l’idée que cet étrange individu allait entrer dans leur maison. Discrètement, ils lui jetaient des coups d’œil anxieux tout en se pelotonnant contre moi.

Nous avions d’autres invités ce soir-là et je dirigeai le repas comme d’habitude : prières, chants, exposé sur la Paracha tandis que mes enfants racontaient ce qu’ils avaient appris à l’école juive cette semaine et une histoire sur le Rabbi. ‘Hagaï écoutait poliment, se comportait correctement puis prit congé en nous remerciant.

Une fois tous nos invités partis, ma femme respira enfin :

- Je crois que cette fois, Gabriel, tu as exagéré ! As-tu remarqué comment les enfants étaient terrifiés ? Ils ont à peine parlé, ils n’ont fait que répondre à tes questions du bout des lèvres et se serraient contre moi !

- Que veux-tu, répondis-je en levant les bras au ciel. C’est un Juif et nous devons l’aider ! Je l’avais promis à sa mère…

Quelques années plus tard, alors que je me rendais, comme chaque année aux États-Unis, dans la synagogue du Rabbi avec un groupe d’étudiants juifs français, un jeune homme barbu, portant la Kippa et étudiant avec assiduité un discours ‘hassidique m’aborda amicalement :

- Rav Sebag ! Quel plaisir de vous revoir ici. Je me souviens de la dernière fois que vous m’avez invité chez vous ! La meilleure soupe de poulet que j’ai jamais goûtée !

- Heureux de vous revoir ! Mais, euh… rappelez-moi quand vous êtes venu chez moi ?

- Je suis sûr que vous vous souvenez de moi. Et même vos enfants s’en souviennent certainement. Vous n’avez pas pu oublier toutes les chaînes et les piercings que je portais. Et le maquillage provoquant…

- Incroyable ! C’était donc vous ? répondis-je, ahuri, en admirant sa chemise blanche, son costume de Chabbat bien repassé…

- Eh oui ! Ma mère avait tellement insisté pour que je vous rende visite un Chabbat ! J’avais finalement cédé mais j’avais mis pour ainsi dire toutes les chances de mon côté pour que, horrifié, vous refusiez de me laisser entrer chez vous : des chaînes de fer, des vêtements déchirés, une démarche menaçante… Je voulais vous provoquer pour pouvoir annoncer à ma mère que j’avais fourni un effort, que je lui avais obéi mais que vous n’étiez pas aussi ouvert et accueillant qu’elle le croyait… Mais vous m’avez traité gentiment comme si de rien n’était, même si j’ai remarqué évidemment les regards angoissés de vos enfants. L’inspiration que vous avez communiquée ce Chabbat à tous les convives a eu un profond impact sur moi. J’ai décidé de creuser un peu plus dans mon propre jardin si on peut s’exprimer ainsi et je me suis enfin intéressé au judaïsme authentique. J’ai commencé à étudier sérieusement et maintenant, c’est moi qui enseigne dans une Yechiva !

‘Haya Hazan au nom de Rav Gavriel Sebag

Illumi’Nations - COLlive

Traduit par Feiga Lubecki