Je suis un homme d’affaires, un industriel.

Malgré les sombres pronostics des connaisseurs en la matière et malgré notre propre sens des affaires, nous avons investi en Israël, sachant à l’avance que c’était un investissement à perte. Nous l’avons envisagé comme un don charitable, une façon de donner la Tsedaka parce que, logiquement, cette affaire n’avait aucune chance de rapporter un jour des bénéfices.

Alors pourquoi l’avons-nous fait ?

Nous nous sommes lancés dans cette entreprise parce que le Rabbi nous avait demandé de le faire et parce que nous écoutons le Rabbi. Et malgré les prédictions les plus pessimistes, malgré notre sens des affaires qui nous assurait qu’il n’y avait aucune chance, nous avons réussi. Et pas seulement en termes israéliens mais même à l’échelle de valeurs des États-Unis, D.ieu merci !

La seule explication que je puisse trouver, c’est que la terre d’Israël est particulièrement bénie par D.ieu, ce que le Rabbi pouvait comprendre bien mieux que n’importe quel homme d’affaires averti. D’autant plus que le Rabbi avait lancé et suivi cette affaire depuis le début.

Tout commença en 1951, avec le décès de ma mère alors que je n’avais que quatre ans ; mon père, survivant de la Shoah, se retrouvait seul pour s’occuper de nous, ses trois jeunes enfants. C’était un ‘Hassid de Bobov et nous habitions dans le quartier de Bushwick, à Williamsburg. Un ami lui suggéra d’aller demander une bénédiction au nouveau Rabbi de Loubavitch qui venait d’accepter de succéder à son défunt beau-père. Le Rabbi voulut lui donner cinquante dollars mais mon père refusa : il était trop fier pour prendre de l’argent. Cependant, le Rabbi le bénit et cette bénédiction a accompagné notre famille depuis ce jour.

Moi-même, je me suis marié avec la fille de Rav David Deutsch qui était particulièrement proche du Rabbi et qui possédait une affaire de plastiques dans laquelle il m’embaucha.

Après la terrible guerre de Kippour en 1973, mon beau-père demanda au Rabbi que pouvait-il faire pour aider Israël. Il pensait que le Rabbi lui conseillerait d’envoyer des chèques conséquents à des organisations Loubavitch charitables opérant en Terre Sainte mais le Rabbi répondit : « Ouvrez une affaire en Israël. Les nouveaux immigrants ont besoin de travail. Construisez une usine, vous réussirez et vous permettrez à de nombreuses familles de vivre correctement ! ».

Mon beau-père estimait que c’était une entreprise insensée et, au début, négligea de s’en occuper. Mais le Rabbi insistait et, à chaque fois que nous allions demander une bénédiction, il demandait : « Rav David, où en est l’affaire en Israël ? ». Or ni mon beau-père, ni aucun de ses fils ou gendres n’était intéressé par celle-ci. Tous nos conseillers financiers nous prévenaient que c’était de la folie. Donc mon beau-père expliqua au Rabbi que nous nous en occupions – ce qui était vrai – mais que nous avions des problèmes avec la bureaucratie israélienne – ce qui était vrai aussi. Pour commencer une affaire sur place, nous avions besoin de papiers à n’en plus finir, de permis du gouvernement, de l’approbation de ministres et de municipalités. J’étais responsable de ce projet et, après des voyages incessants, je conseillais à mon beau-père de tenter de convaincre le Rabbi que c’était impossible. Moi-même j’en discutai avec le Rabbi en 1976 mais, loin de se laisser apitoyer, le Rabbi répliqua : « Comment voulez-vous monter une affaire là-bas sans vous trouver sur place ? ». Je tombais des nues mais le Rabbi poursuivit : on était en été et c’était le moment idéal pour monter en Israël – au moins pour un an – puisque les enfants pourraient commencer l’année scolaire en septembre ! Pour moi, ce projet d’Alyah à la va-vite était pire qu’une peine de prison mais, pour ma femme, c’était une très bonne idée ! Ainsi, suite au conseil du Rabbi, nous avons déménagé à Na’hlat Har ‘Habad à Kyriat Malachi dans un appartement qui n’occupait que le quart de la surface de notre maison à Crown Heights.

Au bout d’un an, je n’en pouvais plus et je suppliai presque le Rabbi de nous laisser rentrer « chez nous ». Il répondit énigmatiquement : « Les mauvais moments sont passés maintenant. Tout deviendra plus facile à partir d’aujourd’hui ! ».

Et c’est effectivement ce qui se passa. Toutes les portes s’ouvrirent pour nous, aussi bien dans les ministères et les mairies que les banques. Mon carnet d’adresses se remplissait des noms de personnalités prestigieuses. A un moment donné, on me présenta au Premier ministre, le regretté Mena’hem Begin qui me stupéfia en m’annonçant : « La dernière fois que j’étais chez le Rabbi, il m’a parlé de vous ! J’espère que, dorénavant, vous n’aurez plus de problèmes ! ».

C’est ainsi que notre usine – Flocktex Industries – démarra enfin et produisit le célèbre tissu IMPALA, une sorte de velours dense et souple, spécialement destiné à la fabrication de rideaux car il ne laissait pas passer la lumière bien qu’il ne fût pas doublé. De plus, nous étions les premiers au monde à l’avoir mis au point et il fut très demandé, surtout en Angleterre mais aussi dans le monde entier. Au début, le marché anglais fut difficile à percer parce qu’on nous y demandait un traitement ignifuge. Nous avons réussi à mettre au point un procédé et l’avons testé dans nos laboratoires mais nos clients se montraient encore méfiants, exigeant un certificat de leurs propres experts. Par trois fois, je demandai une bénédiction au Rabbi qui se montra très étonné de cette requête : je réalisai alors que, pour une raison que j’ignore, le test anglais n’était pas conduit correctement. J’envoyai donc notre principal chimiste sur place pour surveiller la procédure qui finit par s’avérer concluante.

Après ce succès chèrement gagné, la demande explosa littéralement et nous avons construit une deuxième puis une troisième usine. Aujourd’hui, nous ne sommes pas la plus grosse entreprise privée en Israël mais notre velours est considéré comme le meilleur en termes de qualité et de style, ce qui nous vaut une réputation internationale.

Tout ceci ne serait pas arrivé sans le conseil, la détermination et la bénédiction du Rabbi. Nos conseillers financiers nous avaient unanimement suppliés de convaincre le Rabbi qu’il ne comprenait rien aux investissements et à la finance et qu’aucune affaire ne pouvait réussir en Israël.

Bien que nous en étions persuadés nous aussi, nous avons suivi le conseil du Rabbi. Et grâce à cela, nous procurons du travail à plus d’une centaine de familles. Tout le mérite en revient au Rabbi.

Meïr Zeiler - JEM

Traduit par Feiga Lubecki

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