Cette semaine, nous avons hébergé un invité très spécial, Yarin Ashkenazi. Il faisait partie d’un groupe appelé Belev E’had. Cette organisation caritative offre aux soldats israéliens handicapés un voyage à New-York, avec toutes sortes d’attractions mises à leur portée : survol de la ville en hélicoptère, escapade en moto, visite des plus célèbres lieux touristiques…

Yarin est un sergent d’une unité d’élite, la Brigade Guivati. Il y a dix-huit mois, il a été blessé dans un attentat à la voiture bélier : un terroriste palestinien a jeté son véhicule sur lui à 100 km à l’heure. Malgré le choc terrible, Yarin a réussi à tirer sur la voiture qui se retourna sur elle-même mais le renversa encore une fois, le blessant horriblement à la tête et aux jambes.

Le terroriste parvint à sortir de sa voiture et, animé d’une haine furieuse, se mit à poursuivre d’autres soldats avec une hache ! Heureusement, un des soldats eut la présence d’esprit de tirer et le neutralisa, l’empêchant ainsi de faire d’autres victimes.

A la fin de son séjour à New York, je demandai à Yarin quel avait été le moment le plus marquant de sa visite, celui dont il se souviendrait toujours avec joie et inspiration. Je supposai qu’il me répondrait que c’était une des attractions dont New-York est remplie et qui font la joie des nombreux touristes. Mais sa réponse me surprit car je sais qu’en tant que véritable Sabra (né en Israël donc connu pour son franc-parler), Yarin a l’habitude d’exprimer tout haut ce qu’il pense :

- Ce qui m’a le plus impressionné, c’est l’heure que nous avons passée au Ohel du Rabbi, au cimetière Montefiore de Queens. J’ai été très ému !

- Tu as prié là-bas ? Pourquoi ?

- J’ai prié pour une bénédiction.

- Quelle bénédiction ?

- J’ai demandé au Rabbi de pouvoir me renforcer dans l’étude de la Torah et la pratique des Mitsvot !

- Et… As-tu ressenti que tu avais reçu une réponse ?

- Oui, affirma Yarin d’un ton assuré. C’est la première fois, depuis que j’ai été blessé, qu’au cours de ce voyage avec l’association Belev E’had, j’ai entièrement respecté Chabbat ! Je n’ai pas répondu au téléphone et je n’ai pas regardé mes e-mails ! J’ai passé un véritable Chabbat !

J’étais stupéfait !

Voilà un homme, jeune, qui a souffert énormément ces quelques dix-huit mois. Quand il avait été transporté à l’hôpital après l’attentat, les médecins avaient tenté de le ranimer par trois fois sans succès. Le médecin-chef avait déclaré qu’ils essaieraient encore une fois avant d’abandonner : cette tentative ultime l’avait ramené à la vie. Mais après cela, il avait dû subir une opération extrêmement périlleuse : les chirurgiens avaient recousu son crâne. Puis il avait dû réapprendre à marcher, à parler, à manger, à rire, à sourire et retrouver ces milliers de petites fonctions de base que tout enfant pratique instinctivement.

Mais quand il avait eu la possibilité de prier auprès du tombeau du Rabbi et de solliciter une bénédiction, qu’avait-il demandé ? Il avait demandé d’avoir la force d’accomplir la Torah et les Mitsvot !

Il y a 49 ans, le jour de Sim’hat Torah, le Rabbi de Loubavitch avait raconté une histoire. Il avait reçu une lettre d’un jeune étudiant russe. A l’époque, ce jeune homme était encore de l’autre côté du Rideau de Fer, opprimé par la dictature communiste, persécuté parce que juif et manquant cruellement des objets de base. Dans sa lettre, il n’avait présenté au Rabbi qu’une seule requête : il n’avait pas demandé une amélioration de sa situation financière ou la possibilité de quitter l’Union Soviétique : il avait supplié le Rabbi de le bénir afin qu’il puisse mieux se concentrer dans sa prière !

Quand le Rabbi avait raconté cette histoire, il avait pleuré, beaucoup pleuré. Et il avait remarqué : ce jeune homme n’avait pas demandé une amélioration de sa situation. Bien qu’il fût soumis à de nombreuses privations et humiliations en Union Soviétique, il n’avait pas demandé la liberté. Tout ce qui lui importait, c’était de pouvoir mieux servir D.ieu !

En repensant à cet épisode, je crois sincèrement que le Rabbi a reçu une seconde lettre de ce genre avec la requête de Yarin la semaine dernière ! Yarin n’avait demandé que d’avoir la force – non pas de vivre normalement – mais de mieux respecter le Chabbat !

A nous maintenant de remercier Yarin pour son courage en tant que soldat d’Israël prêt à protéger son peuple ! A nous d’émuler son exemple en demandant sincèrement au Rabbi sa bénédiction pour mieux comprendre la Torah et respecter ses commandements !

Rav Uriel Vigler - COLlive

Traduit par Feiga Lubecki

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