au xquel les je rends visite chaque vend r edi
après-midi à Wilkes Barr en Pennsylvanie. Je l’aide
à mettre les Téfilines puis nous discutons de
divers sujets, aussi bien du judaïsme que de l’actualité.
Un jour, nous avons évoqué le thème de la
famille. Je fus alors stupéfait d’entendre que
David avait deux frères et une soeur – mais
n’avait pas eu de contact avec eux depuis... 60
ans! Lui-même était un vieux célibataire et estimait
qu’il était normal de couper les ponts avec
un frère ou une soeur, une fois que ceux-ci se
marient et fondent leur propre famille.
Un an auparavant, par curiosité, il avait obtenu
quelques renseignements: un des frères s’était
installé en Californie, il y avait soixante ans de
cela! L’autre frère et la soeur se trouvaient à
Washington. Il se sentait trop faible pour effectuer
d’autr es recherches mais esp é ra it qu’en
été, il serait plus courageux et tenace.
En entendant cela, je lui expliquai immédiatement
que sa façon de voir était erronée. Des
frères et soeurs ressentent naturellement une
certaine proximité, ils sont issus des mêmes
parents qui seraient heureux de les savoir en
bons termes mais David avait ses principes et y
tenait.
Finalement je déclarai à David que, de nos
jours, grâce à Internet, il n’est pas si difficile (du
moins je le pensais) de localiser des gens et je
me ferai un plaisir de l’aider. Mais il répliqua que
si des membres de sa famille venaient à sonner
à sa porte, il prendrait ses valises et quitterait la
ville! Je finis néanmoins par obtenir l’accord de
David que, si j’arrivais à en localiser un, je lui
enverrai un message de sa part, leur souhaitant
de vivre “jusqu’à 120 ans” selon la formule traditionnelle.
Ce ne fut pas aussi simple que je le croyais
mais finalement j’obtins de “white pages.com”
toute une liste de personnes portant les noms
que je cherchais. Après de nombreux et vains
coups de téléphone, je trouvais enfin Murray,
âgé lui aussi d’environ 80 ans: il était expertcomptable
et se sou vena it d’un gra nd fr è r e
David, perdu de vue depuis longtemps. Il évoqua
son autre frère qui éta it pha r macien à
Washington; leur soeur était décédée deux ans
plus tôt. J’informai Murray de ma relation avec
son frère David perdu de vue depuis si longtemps
et lui transmis son message. Il répondit
en souhaitant lui aussi une longue vie à David
mais se montra très agité quand il entendit que
David ne désirait pas lui parler. Il répliqua que,
dans ce cas-là, lui aussi ne voulait pas avoir de
contact avec lui. Je racontai alors à Murray une
parole connue du premier Rabbi de Loubavitch: le
coeur d’une personne peut influencer le coeur de
l ’ au tr e. Je lui proposai donc d’ex pr i mer son
amour fraternel de sorte que David en fasse de
même.
Un de mes amis qui se tenait à côté de moi me
dit de suggérer à Murray de mettre les Téfilines
comme David le faisait chaque vendredi: le mérite
de la Mitsva les rapprocherait certainement. Il
accepta.
Au cours de la conversation, Murray m’informa
que 20 ans auparavant, quand leurs parents
étaient décédés, le troisième frère, Jack avait
loué les serv ices d’un avo cat pour tenter de
retrouver David mais sans résultat. De fait les
deux frères s’étaient persuadés qu’il était décédé.
Tôt le lendemain, je me rendis chez David et lui
annonçai que j’avais retrouvé son frère mais
que, malheureusement, sa soeur n’était plus de
ce monde. Je lui demandai s’il voulait parler avec
son frère sur mon téléphone portable. Il répondit
qu’il le ferait volontiers le vendredi suivant mais
je lui fis remarquer que 60 ans de silence étaient
bien suffisants et qu’il était inutile de rajouter
encore quelques jours! Finalement il accepta et
j’ appelai Mu r ray. Ils se pa r l è r ent du ra nt 45
minutes. On avait l’impression qu’un bouchon
venait de sauter, qu’une porte s’était enfin ouverte.
En raccrochant, David était rayonnant: il me
remercia avec émotion et me serra la main.
Le lendemain j’appelai Murray et il me dit que
cela avait été le meilleur jour de sa vie. Sa femme
me dit qu’il semblait avoir rajeuni, qu’ils avaient
tous des deux été agréablement su rpris que
David se souvienne des détails de leur mariage
qu’eux-mêmes avaient oublié. Elle me dit aussi
qu’elle avait envoyé un message à Jack, le troisième
frère qui se trouvait à l’étranger à ce
moment et qu’il avait été follement content de la
bonne nouvelle. Tous deux se rendraient bientôt
sur la tombe de leurs parents pour leur faire partager
leur joie.
Grâce à Internet, des frères se sont retrouvés.
Grâce à Machia’h, tous les Juifs se retrouveront,
dans la joie et l’allégresse!
Chmouel Melamed
Traduit par Feiga Lubecki
Note de l’éditeur. Bien que l’auteur ait intitulé son
article: “Les Téfilines relient une famille”, nous avons
préféré l’intituler “Un amour sans conditions”; ce titre
souligne l’énorme “Ahavat Israël”, l’amour dont ce
jeune Loubavitch, étudiant de Yechiva, a fait preuve
pour un autre Juif