La fête de Souccot dérive son nom de l’une des Mitsvot particulières de la fête: la Mitsva de la Souccah. Pendant sept jours, nous résidons dans la Souccah, une cabane au toit de feuillage. Il nous est enjoint de quitter notre résidence permanente pour vivre dans une résidence temporaire. Durant une semaine entière, la Souccah doit devenir notre lieu de résidence permanent et notre maison, notre résidence temporaire . Dans la Souccah, il nous faut utiliser une belle vaisselle, manger, boire, étudier la Torah et même passer nos loisirs.

La Torah elle-même propose une explication pour cette Mitsva. « Pour que votre génération sache véritablement que J’ai fait vivre les Enfants d’Israël dans des Souccot quand Je les ai fait sortir d’Egypte ».

Ainsi la Mitsva de la Souccah vient-elle nous rappeler la manière dont nos ancêtres passèrent les quarante années de leur périple dans le désert. Ils vécurent dans un désert aride et terrifiant, grouillant de serpents et de scorpions, un lieu où il n’y avait ni eau ni nourriture. Et tout au long de ces années, D.ieu pourvut à leurs besoins. Ils étaient nourris par de la nourriture divine, la Manne, ils se désaltéraient au puits de Miryam. La nuée assurait que leurs habits ne s’abîment ou ne se salissent et les protégeait des insectes et reptiles. En d’autres termes, durant ces quarante ans, ils eurent une perception empirique, concrète de la Hachga’hah Pratit, la Providence divine. Tout le monde pouvait réellement constater, non seulement l’existence de D.ieu, mais Son implication directe dans la vie de chaque individu, subvenant à tous les besoins et s’impliquant dans tous les détails, les plus infimes de la gestion du monde. Avec l’exode et les quarante années du désert, tout cela devint clairement visible, à l’œil nu.

Mais cela est aussi réel en tous temps, en tous lieux. Aujourd’hui tout autant qu’aux jours de Moché !

La Mitsva de Souccot nous rappelle ce principe fondamental. Tout au long de l’année, nous vivons dans une maison solide, dans un refuge protecteur que nous construisons, achetons ou louons, en fonction de nos ressources individuelles. Tout au long de l’année, nous vivons une vie qui suit un certain modèle, une routine quotidienne et l’ordre des lois naturelles. Tant que ce modèle naturel perdure, il est facile d’oublier la réalité de la vérité ultime. Il est facile d’oublier que le monde dans son ensemble, chaque individu et chaque existence sont totalement dépendants de D.ieu Qui a créé et soutient l’univers.

C’est la raison pour laquelle il nous est commandé de sortir du doux cocon de notre foyer, de cette structure permanente pour résider dans une cabane au toit de feuilles, exposée aux dangers des éléments.

Si nous habitons un lieu précaire, pendant une semaine, c’est pour nous rappeler la réalité de la vie, pour nous rappeler la vérité de ce monde. Car qu’est notre vie dans ce monde sinon une résidence provisoire, un lieu de passage, une existence précaire dont nous ne pouvons rien prédire du jour au lendemain ?

Vivre dans la résidence précaire qu’est la Souccah, cabane qui peut être emportée par n’importe quelle tempête, totalement exposée, nous renvoie à la vie de nos ancêtres et imprime en nous le principe de la Providence Divine.

Au début de la nouvelle année, après Roch Hachana et Yom Kippour, maintenant que nous avons tous été bénis par le Tout-Puissant pour une année douce et bonne, avec la vie, la santé, la paix et la prospérité, nous ne devenons pas arrogants et imbus de nous-mêmes. Avant de nous replonger dans des préoccupations envahissantes, pour vivre selon les exigences de la matérialité environnante, nous pénétrons dans la Souccah avec humilité. Nos proclamons et réaffirmons avec une conviction profonde que ce ne sont pas notre force et notre puissance personnelles qui nous apportent santé et richesse mais c’est « Hachem Eloké’ha », ton D.ieu personnel Qui donne tout ce qui existe, tout ce que l’on possède.

Et nous le faisons de concert avec une autre Mitsva, liée à ces jours. La Mitsva de Vessama’hta Be’hagé’ha, « tu te réjouiras dans tes fêtes », avec joie. Car quelle plus grande joie peut-on ressentir sinon celle de savoir que le Tout-Puissant est éternellement à nos côtés , qu’Il nous bénit et nous protège avec bonté !