Lettre n° 8492
Par la grâce de D.ieu,
“ Entre les oppressions ”(1) 5722,
que ces jours se transforment
en allégresse et en joie,
A monsieur Moché,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre, avec ce qui y était joint. Faisant référence aux publications du Merkaz Le Inyaneï ‘Hinou’h, vous me demandez s’il est légitime d’éduquer les enfants à croire aux miracles, s’il convient de les leur enseigner(2). Vous exprimez votre attitude négative, en la matière et vous me demandez si vous avez le droit de critiquer ceux qui ne partagent pas votre avis, sur cette question. Je dois vous dire, tout d’abord, et j’espère que vous voudrez bien m’en excuser, que je ne peux même pas imaginer que vous ne croyiez pas aux miracles. Car, même s’il y a eu des périodes en lesquelles on a pu penser qu’ils n’existent pas, il n’en est pas de même en la nôtre. Si un Juif prétend actuellement ne pas croire au surnaturel, c’est uniquement parce qu’il veut se convaincre qu’il en est ainsi. Tout d’abord, les Juifs qui ont survécu aux camps de concentration ont observé des miracles évidents. De plus, quiconque comprend ce qui s’est passé et ce qui se passe encore, pour peu qu’il garde les yeux ouverts et rejettent les influences négatives, n’a nul besoin de “ croire ” aux miracles, puisqu’il les observe de ses yeux de chair.
La réponse à la question que vous me posez est donc bien évidente. Si, envers les adultes, qui ont un sens et une approche critiques, on doit toujours exprimer et écrire la vérité, combien plus doit-on respecter le principe selon lequel : “ Tu t’éloigneras de toute parole mensongère ” envers les enfants, qui font pleinement confiance à leurs parents et surtout à leurs professeurs. Bien entendu, nul n’est habilité à critiquer les enseignants et les éducateurs pour cela, car ceci aurait pour effet d’anéantir la confiance que les enfants leur portent.
Vous me posez la question suivante : si l’on parle des miracles à l’enfant, puis qu’il en attend un et que celui-ci ne se produit pas, cela n’est-il pas dommageable pour lui ? Tout d’abord, comme cela vient d’être dit, cela ne justifie pas qu’on lui cache la vérité. De plus, votre question n’a pas sa place dans notre discussion car, si l’on relate à l’enfant ou à l’élève un miracle qui s’est produit dans le passé ou même il y a une minute, sans rien lui cacher, on ne lui donne nullement l’assurance qu’un même miracle se produira également le lendemain. Ainsi, lorsque l’on sollicite l’aide de D.ieu, Il peut l’accorder d’une manière surnaturelle, comme Il l’a fait pour une personne, pour une seconde et pour de nombreuses autres. Mais, nul n’en déduira que D.ieu doit(3) exaucer intégralement chaque prière. On peut uniquement constater que cela est possible. Plus la prière est fervente, plus celui qui la formule est méritant et plus il est probable qu’il en soit ainsi.
Vous commencez votre lettre en précisant que vous avez été professeur dans une école du cercle ouvrier. Cette précision a pour but, semble-t-il, de justifier votre conception de la croyance en les miracles. Pour autant, je ne vois en cela aucune justification, car de nombreux éducateurs et dirigeants des écoles du cercle ouvrier croient en les miracles et organisent leur existence quotidienne en conséquence. Sans doute connaissez-vous des cas concrets mieux que moi.
Pour conclure, je considère qu’il est de mon devoir, de même que de mon mérite, d’aborder un autre point, en relation avec la précision que vous me donnez, le fait que vous avez été un enseignant, ce qui veut dire que vous avez des capacités pour éduquer et pour influencer. A cette occasion, je voudrais vous souligner que quiconque possède certaines capacités doit aussi leur assigner un objectif. Il lui incombe d’en faire usage non seulement pour lui-même, mais aussi pour tous ceux qui l’entourent, dans les proportions les plus larges. Si l’on se dit que tous les aspects du monde sont étroitement liés, en relation l’un avec l’autre, on en conclura que le fait de ne pas se servir de ses capacités, ou, en tout cas, pas à la mesure de ce que l’on pourrait faire, n’est pas “ a private business ”(4), comme on dit ici, mais bien un obstacle au bon fonctionnement de son environnement.
Conformément à leur habitude, nos Sages ont exprimé cette idée également en une courte sentence. Ainsi, notre grand maître, le Rambam, dit, dans ses lois de la Techouva, chapitre 3, au paragraphe 4 : “ Tout au long de l’année, un homme doit considérer qu’il est moitié méritant, moitié coupable et que le monde entier l’est également. S’il commet une seule faute, il fera pencher lui-même et le monde entier dans le sens de la culpabilité. Il causera alors la perte. Inversement, s’il accomplit une Mitsva, il fera pencher lui-même et le monde entier dans le sens du mérite. Il causera ainsi le salut et la délivrance ”. Avec mes respects et dans l’attente de vos bonnes nouvelles,
Notes
(1) Entre deux jeûnes liés à la destruction du Temple, le 17 Tamouz et le 9 Av.
(2) Voir, à ce sujet, le Séfer Itvaadouyot 5746, tome 3, à la page 192.
(3) Le Rabbi souligne le mot : “ doit ”.
(4) Une affaire personnelle.
“ Entre les oppressions ”(1) 5722,
que ces jours se transforment
en allégresse et en joie,
A monsieur Moché,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre, avec ce qui y était joint. Faisant référence aux publications du Merkaz Le Inyaneï ‘Hinou’h, vous me demandez s’il est légitime d’éduquer les enfants à croire aux miracles, s’il convient de les leur enseigner(2). Vous exprimez votre attitude négative, en la matière et vous me demandez si vous avez le droit de critiquer ceux qui ne partagent pas votre avis, sur cette question. Je dois vous dire, tout d’abord, et j’espère que vous voudrez bien m’en excuser, que je ne peux même pas imaginer que vous ne croyiez pas aux miracles. Car, même s’il y a eu des périodes en lesquelles on a pu penser qu’ils n’existent pas, il n’en est pas de même en la nôtre. Si un Juif prétend actuellement ne pas croire au surnaturel, c’est uniquement parce qu’il veut se convaincre qu’il en est ainsi. Tout d’abord, les Juifs qui ont survécu aux camps de concentration ont observé des miracles évidents. De plus, quiconque comprend ce qui s’est passé et ce qui se passe encore, pour peu qu’il garde les yeux ouverts et rejettent les influences négatives, n’a nul besoin de “ croire ” aux miracles, puisqu’il les observe de ses yeux de chair.
La réponse à la question que vous me posez est donc bien évidente. Si, envers les adultes, qui ont un sens et une approche critiques, on doit toujours exprimer et écrire la vérité, combien plus doit-on respecter le principe selon lequel : “ Tu t’éloigneras de toute parole mensongère ” envers les enfants, qui font pleinement confiance à leurs parents et surtout à leurs professeurs. Bien entendu, nul n’est habilité à critiquer les enseignants et les éducateurs pour cela, car ceci aurait pour effet d’anéantir la confiance que les enfants leur portent.
Vous me posez la question suivante : si l’on parle des miracles à l’enfant, puis qu’il en attend un et que celui-ci ne se produit pas, cela n’est-il pas dommageable pour lui ? Tout d’abord, comme cela vient d’être dit, cela ne justifie pas qu’on lui cache la vérité. De plus, votre question n’a pas sa place dans notre discussion car, si l’on relate à l’enfant ou à l’élève un miracle qui s’est produit dans le passé ou même il y a une minute, sans rien lui cacher, on ne lui donne nullement l’assurance qu’un même miracle se produira également le lendemain. Ainsi, lorsque l’on sollicite l’aide de D.ieu, Il peut l’accorder d’une manière surnaturelle, comme Il l’a fait pour une personne, pour une seconde et pour de nombreuses autres. Mais, nul n’en déduira que D.ieu doit(3) exaucer intégralement chaque prière. On peut uniquement constater que cela est possible. Plus la prière est fervente, plus celui qui la formule est méritant et plus il est probable qu’il en soit ainsi.
Vous commencez votre lettre en précisant que vous avez été professeur dans une école du cercle ouvrier. Cette précision a pour but, semble-t-il, de justifier votre conception de la croyance en les miracles. Pour autant, je ne vois en cela aucune justification, car de nombreux éducateurs et dirigeants des écoles du cercle ouvrier croient en les miracles et organisent leur existence quotidienne en conséquence. Sans doute connaissez-vous des cas concrets mieux que moi.
Pour conclure, je considère qu’il est de mon devoir, de même que de mon mérite, d’aborder un autre point, en relation avec la précision que vous me donnez, le fait que vous avez été un enseignant, ce qui veut dire que vous avez des capacités pour éduquer et pour influencer. A cette occasion, je voudrais vous souligner que quiconque possède certaines capacités doit aussi leur assigner un objectif. Il lui incombe d’en faire usage non seulement pour lui-même, mais aussi pour tous ceux qui l’entourent, dans les proportions les plus larges. Si l’on se dit que tous les aspects du monde sont étroitement liés, en relation l’un avec l’autre, on en conclura que le fait de ne pas se servir de ses capacités, ou, en tout cas, pas à la mesure de ce que l’on pourrait faire, n’est pas “ a private business ”(4), comme on dit ici, mais bien un obstacle au bon fonctionnement de son environnement.
Conformément à leur habitude, nos Sages ont exprimé cette idée également en une courte sentence. Ainsi, notre grand maître, le Rambam, dit, dans ses lois de la Techouva, chapitre 3, au paragraphe 4 : “ Tout au long de l’année, un homme doit considérer qu’il est moitié méritant, moitié coupable et que le monde entier l’est également. S’il commet une seule faute, il fera pencher lui-même et le monde entier dans le sens de la culpabilité. Il causera alors la perte. Inversement, s’il accomplit une Mitsva, il fera pencher lui-même et le monde entier dans le sens du mérite. Il causera ainsi le salut et la délivrance ”. Avec mes respects et dans l’attente de vos bonnes nouvelles,
Notes
(1) Entre deux jeûnes liés à la destruction du Temple, le 17 Tamouz et le 9 Av.
(2) Voir, à ce sujet, le Séfer Itvaadouyot 5746, tome 3, à la page 192.
(3) Le Rabbi souligne le mot : “ doit ”.
(4) Une affaire personnelle.