Lettre n° 6798
Par la grâce de D.ieu,
5 Nissan 5719,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du 29/3, qui m’est parvenue avec retard. Vous m’écrivez que vous vous trouvez parmi vos amis, qui ne sont pas religieux, que ceci a une influence sur vous, qu’il est difficile de lutter contre les personnes que l’on côtoie à son travail. Vous me demandez que faire en pareil cas. Vous me dites aussi que vous avez des diplômes universitaires, mais vous ne précisez pas dans quel matière. Il est sans doute inutile de vous souligner que le comportement de l’individu se déduit, bien souvent, de celui de la collectivité qui est, en l’occurrence celle du peuple juif. Si l’on adopte la conception que vous exposez, selon laquelle on doit se conformer à l’attitude de son environnement, on peut se demander si, d’emblée, les enfants d’Israël se seraient constitués en tant que peuple. Et, même si, contre toute attente, il en avait été ainsi, ils auraient dû, d’après ce que vous écrivez, disparaître totalement dès leur sortie du désert et leur installation dans le pays de Canaan. En effet, ils ont toujours été la minorité d’entre les nations. Et, pendant les trois millénaires qui se sont écoulés depuis lors, ils ne se sont préservés que par leur spécificité.
S’ils avaient eu l’attitude que vous décrivez et s’ils avaient imité les sept peuples, lors de leur entrée dans le pays de Canaan, ils auraient subi le même sort qu’eux et ils auraient rejoints ces nations qui, de nos jours, ont totalement disparu. Il en fut de même pour l’exil de Babel, qui suivit la destruction du second Temple, de même également pour l’exil de Rome. Or, de Babel et de Rome, il ne reste que des vestiges. Il en aurait été de même pour eux s’ils avaient revendiqué le droit de vivre en leur ressemblant. En fait, avec l’aide de D.ieu, ils se sont maintenus sur le droit chemin, ont eu conscience qu’ils devaient conserver un comportement vrai et une vie juive, qui est l’ego profond et intérieur de chaque Juif. C’est là ce qui a assuré leur continuité et leur pérennité. Certes, les peuples auprès desquels vivent les Juifs ont adopté un autre comportement. Mais, en les imitant, on est déconsidéré à leurs yeux car, au final, une telle attitude, ne peut nullement susciter l’honneur et le respect, ni auprès des autres, ni auprès de sa propre personne.
L’attitude juive, collective et individuelle, a survécu à Babel, à Rome et à d’autres civilisations encore. Tous les peuples qui étaient plus nombreux et l’ont manifesté par l’émission de différents décrets, ont disparu, alors que les Juifs sont toujours présents, ainsi qu’il est dit : “ Vous vous trouvez tous, en ce jour… ”. Comme on l’a dit, on ne possède plus que des vestiges de ces peuples, emplissant les musées et rien d’autres. Ce qui vient d’être dit s’applique également dans un contexte de persécutions et de pogromes, ce qu’à D.ieu ne plaise, comme c’est le cas, par exemple, pour nos frères se trouvant dans les pays subissant l’influence bolchevique. En revanche, on peut comprendre à quelle point est négative l’approche de ceux qui n’ont pas été confrontés à une telle épreuve et se trouvent dans un pays où chacun peut faire ce que bon lui semble, mais qui souhaitent, néanmoins, imiter la majorité, sans aucune motivation rationnelle.
Bien entendu, il n’est pas toujours facile d’être différent de la majorité, mais il n’est pas aisé non plus d’avoir une attitude basée sur la justice et la droiture, de ne pas transgresser les Interdits : “ Tu ne convoiteras pas ”, “ Tu ne voleras pas ”. Parfois, on ne vole pas par crainte de la police. Mais, en tout état de cause, personne ne prétendra qu’il faut systématiquement choisir la voie la plus aisée. On peut en citer pour preuve les années de l’enfance. En effet, chaque enfant préfère jouer plutôt que de se consacrer à ses études, pendant de nombreuses années. Puis, par la suite, il commencera à percevoir la différence, ce qui a résulté du choix de la voie la plus facile, celle du jeu.
Le principe précédemment énoncé, selon lequel il est toujours juste de suivre la majorité, a conduit les allemands vertueux, pendant la période hitlérienne, à dire : “ Des dizaines de millions d’allemands brûlent des Juifs à Auschwitz. Pourquoi me distinguerai-je d’eux ? Ne convient-il pas de se conformer à la majorité ? ”. Je ne veux pas en dire plus car je suppose que, pour un jeune homme, il est inutile de multiplier les preuves du fait que telle n’est pas la finalité de l’existence, que l’on ne peut se limiter à ce qui réduit l’effort et se fondre au plus vite dans son entourage.
Vous connaissez également cette autre comparaison. Les minéraux sont plus nombreux que les végétaux et ces derniers que les animaux. Les animaux sont eux-mêmes plus nombreux que les hommes. Parmi ceux-ci, les autres peuples sont plus nombreux que les Juifs et, même parmi les Juifs… Pour autant, personne ne dira que la mission et la finalité d’un végétal consistent à devenir un minéral et qu’un homme doit éprouver le désir d’être un animal. Que D.ieu vous donne la force d’avoir un raisonnement droit et de ne pas être victime de votre propre volonté, en recherchant ce qui est le plus aisé et le moins coûteux. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles, de même que pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,
Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,
5 Nissan 5719,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du 29/3, qui m’est parvenue avec retard. Vous m’écrivez que vous vous trouvez parmi vos amis, qui ne sont pas religieux, que ceci a une influence sur vous, qu’il est difficile de lutter contre les personnes que l’on côtoie à son travail. Vous me demandez que faire en pareil cas. Vous me dites aussi que vous avez des diplômes universitaires, mais vous ne précisez pas dans quel matière. Il est sans doute inutile de vous souligner que le comportement de l’individu se déduit, bien souvent, de celui de la collectivité qui est, en l’occurrence celle du peuple juif. Si l’on adopte la conception que vous exposez, selon laquelle on doit se conformer à l’attitude de son environnement, on peut se demander si, d’emblée, les enfants d’Israël se seraient constitués en tant que peuple. Et, même si, contre toute attente, il en avait été ainsi, ils auraient dû, d’après ce que vous écrivez, disparaître totalement dès leur sortie du désert et leur installation dans le pays de Canaan. En effet, ils ont toujours été la minorité d’entre les nations. Et, pendant les trois millénaires qui se sont écoulés depuis lors, ils ne se sont préservés que par leur spécificité.
S’ils avaient eu l’attitude que vous décrivez et s’ils avaient imité les sept peuples, lors de leur entrée dans le pays de Canaan, ils auraient subi le même sort qu’eux et ils auraient rejoints ces nations qui, de nos jours, ont totalement disparu. Il en fut de même pour l’exil de Babel, qui suivit la destruction du second Temple, de même également pour l’exil de Rome. Or, de Babel et de Rome, il ne reste que des vestiges. Il en aurait été de même pour eux s’ils avaient revendiqué le droit de vivre en leur ressemblant. En fait, avec l’aide de D.ieu, ils se sont maintenus sur le droit chemin, ont eu conscience qu’ils devaient conserver un comportement vrai et une vie juive, qui est l’ego profond et intérieur de chaque Juif. C’est là ce qui a assuré leur continuité et leur pérennité. Certes, les peuples auprès desquels vivent les Juifs ont adopté un autre comportement. Mais, en les imitant, on est déconsidéré à leurs yeux car, au final, une telle attitude, ne peut nullement susciter l’honneur et le respect, ni auprès des autres, ni auprès de sa propre personne.
L’attitude juive, collective et individuelle, a survécu à Babel, à Rome et à d’autres civilisations encore. Tous les peuples qui étaient plus nombreux et l’ont manifesté par l’émission de différents décrets, ont disparu, alors que les Juifs sont toujours présents, ainsi qu’il est dit : “ Vous vous trouvez tous, en ce jour… ”. Comme on l’a dit, on ne possède plus que des vestiges de ces peuples, emplissant les musées et rien d’autres. Ce qui vient d’être dit s’applique également dans un contexte de persécutions et de pogromes, ce qu’à D.ieu ne plaise, comme c’est le cas, par exemple, pour nos frères se trouvant dans les pays subissant l’influence bolchevique. En revanche, on peut comprendre à quelle point est négative l’approche de ceux qui n’ont pas été confrontés à une telle épreuve et se trouvent dans un pays où chacun peut faire ce que bon lui semble, mais qui souhaitent, néanmoins, imiter la majorité, sans aucune motivation rationnelle.
Bien entendu, il n’est pas toujours facile d’être différent de la majorité, mais il n’est pas aisé non plus d’avoir une attitude basée sur la justice et la droiture, de ne pas transgresser les Interdits : “ Tu ne convoiteras pas ”, “ Tu ne voleras pas ”. Parfois, on ne vole pas par crainte de la police. Mais, en tout état de cause, personne ne prétendra qu’il faut systématiquement choisir la voie la plus aisée. On peut en citer pour preuve les années de l’enfance. En effet, chaque enfant préfère jouer plutôt que de se consacrer à ses études, pendant de nombreuses années. Puis, par la suite, il commencera à percevoir la différence, ce qui a résulté du choix de la voie la plus facile, celle du jeu.
Le principe précédemment énoncé, selon lequel il est toujours juste de suivre la majorité, a conduit les allemands vertueux, pendant la période hitlérienne, à dire : “ Des dizaines de millions d’allemands brûlent des Juifs à Auschwitz. Pourquoi me distinguerai-je d’eux ? Ne convient-il pas de se conformer à la majorité ? ”. Je ne veux pas en dire plus car je suppose que, pour un jeune homme, il est inutile de multiplier les preuves du fait que telle n’est pas la finalité de l’existence, que l’on ne peut se limiter à ce qui réduit l’effort et se fondre au plus vite dans son entourage.
Vous connaissez également cette autre comparaison. Les minéraux sont plus nombreux que les végétaux et ces derniers que les animaux. Les animaux sont eux-mêmes plus nombreux que les hommes. Parmi ceux-ci, les autres peuples sont plus nombreux que les Juifs et, même parmi les Juifs… Pour autant, personne ne dira que la mission et la finalité d’un végétal consistent à devenir un minéral et qu’un homme doit éprouver le désir d’être un animal. Que D.ieu vous donne la force d’avoir un raisonnement droit et de ne pas être victime de votre propre volonté, en recherchant ce qui est le plus aisé et le moins coûteux. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles, de même que pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,
Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,