Rambam 3 Chapitres

Notons que bon nombre de ces lois ne sont pas la halakha, c'est-à-dire la pratique observée dans les communautés juives. Elles ne sauraient donc en aucun cas être prises comme référence. Veuillez noter également que cette version est un premier essai qui fera l'objet de corrections ultérieures.

23 Iyar 5784 / 05.31.2024

Lois de la sanctification du [nouveau] mois : Chapitre Dix-huit

1. Il est connu et il est clair que même si le calcul indique que la lune apparaîtra une nuit, il est possible qu'elle soit visible, et il est possible qu'elle ne le soit pas, du fait des nuages qui la recouvrent, ou du fait du lieu [duquel on espère la voir], qui est u ne vallée, ou obstrué par une haute montagne à l'ouest, ce qui empêche ceux qui s'y trouvent de la voir, même si elle est grosse, comme s'ils se trouvaient dans une vallée. Car la lune n’est pas visible, même si elle est grosse, pour celui qui se trouve dans un lieu bas. Par contre, il est possible que celui qui se trouve au sommet d'une montagne élevée la voit, même si elle est toute petite. Et de même, elle pourra être visible pour celui qui habite au bord de mer, ou celui qui voyage en bateau sur la mer Méditerranée, même si elle est toute petite.

2. Et de même, en hiver, un jour qui est dégagé, la lune sera plus visible qu'en été. Car en hiver, un jour dégagé, l'air est clair et les cieux apparaissent plus brillants, parce qu'il n'y a pas de poussière qui se mélange dans l'air. Par contre, en été, l'air est comme enfumé, du fait de la poussière, et la lune apparaît petite.

3. A chaque fois que tu trouveras les deux limites concernant l'arc de l'apparition et la première longitude justes suffisantes [pour qu'elle soit visible d'après les calculs], la lune sera toute petite, et elle ne sera visible que dans un lieu très élevé. Et si l'arc de l'apparition et la première longitude sont larges et ont quelques degrés de plus que leur limite minimale, la lune apparaîtra grande; sa taille et sa visibilité croîtront proportionnellement à l'arc [de l'apparition] et la première longitude.

4. C'est la raison pour laquelle il convient à la cour rabbinique de prêter attention à ces deux facteurs que sont le temps [la saison] de l’apparition et le lieu [où les témoins l'on aperçue]; ils [les juges] demandent aux témoins: à quel endroit l'avez-vous vue? Car si l'arc de l'apparition est minime et que le calcul montre qu'elle n'est visible que de justesse, par exemple, si l'arc de l'apparition est 9 degrés et 5 minutes, et la première longitude est 13 degrés, et que les témoins déclarent l'avoir vue, si cela se passe en été ou dans un lieu bas, on les suspecte, et on les interroge beaucoup. Et si cela se passe en hiver, ou dans un lieu élevé, il est certain qu'elle est visible, à moins qu'il y ait des nuages qui font obstruction.

5. [Soit le cas suivant:] des témoins voient la lune en son temps, et viennent témoigner; la cour rabbinique accepte [leur témoignage] et sanctifie ce premier mois. Après, ils [les juges] comptent 29 jours à partir du jour qui a été sanctifié. La nuit du trente, la lune n'apparaît pas, parce qu'il est impossible qu'elle apparaisse, ou parce que les nuages la recouvrent. La cour rabbinique attend toute la journée du trente, comme nous l'avons expliqué, mais les témoins ne viennent pas. Ils ajoutent un jour à ce mois, et le Roch ‘Hodech de ce second mois a lieu le trente et unième jour, comme nous l'avons expliqué.

6. Puis, ils [les juges] comptent 29 jours à partir du jour qui a été sanctifié pour le second mois. La nuit du trente, la lune n'apparaît pas. Si l'on dit qu'on ajoute également un jour à ce mois, [c'est-à-dire] qu'on en fait [un mois de] trente jours, et qu'on fixe le Roch ‘Hodech du troisième mois le trente et unième jour [à partir du Roch ‘Hodech du second mois], de cette manière, il est possible que la lune n'apparaisse pas non plus le trentième jour de ce mois-ci, et que l'on continue à ajouter un jour au mois, et que l'on établisse des mois de trente jours toute l'année. Ainsi, il sera possible que le dernier mois, la lune apparaisse la nuit du 25 ou du 26; et il n'y a pas de cas plus risible et plus abaissant que cela.

7. Ne dis pas que ceci, à savoir que la lune n'apparaisse pas toute l'année durant, est quelque chose qui n'est pas fréquent. Plutôt, cela arrive souvent; de nombreuses fois ceci, ou quelque chose de semblable arrivera dans les régions où la saison des pluies est longue et les nuages nombreux. Car nous ne disons pas que la lune ne sera pas visible toute l'année, mais plutôt, qu'elle ne sera pas visible au début des mois et qu'elle sera visible par la suite. Parfois, elle [la nouvelle lune] ne sera pas visible, car il est impossible qu'elle apparaisse, et [même] les mois où il est possible qu'elle apparaisse, elle ne sera pas visible du fait des nuages ou parce que personne n'y prêtera attention, à cause de sa petitesse [du croissant].

8. [Tous ces problèmes sont résolus grâce à] une tradition parmi les sages, transmise depuis Moïse notre maître: quand la [nouvelle] lune n'est pas visible au début des mois, mois après mois, la cour rabbinique fixe un mois long de 30 jours et un mois court de 29 jours. Et de même, ils [les juges] calculent et fixent un mois long et un mois court, selon le compte, sans sanctifier [ces mois]. Car on ne sanctifie [le nouveau mois] que sur la base de l'apparition [de la nouvelle lune]. Parfois, ils peuvent établir un [mois] long après un [mois] long ou un [mois] court après un [mois] court suivant ce qui leur semble [correct] d'après le compte.

9. Ils prêtent toujours attention dans leur calcul au fait que si la lune apparaît le mois suivant, qu'elle apparaisse en son temps ou la nuit du jour qui suit, mais non la nuit d'avant, c'est-à-dire la nuit du 28. Grâce à tous les calculs de l'apparition [de la lune] que nous avons exposés, il t'est possible de savoir quand elle [la lune] est susceptible d'apparaître et quand il est possible qu'elle n'apparaisse pas. C'est sur cela [ce compte] que nous nous appuyons et que nous fixons un mois long après un autre, ou un mois court après un autre. On n'établit jamais moins de quatre, ni plus de 8 mois longs dans l'année. Et même dans le cas de ces mois que l'on allonge en s'appuyant sur le calcul, on célèbre ce mois long par un festin, comme nous l'avons dit dans le troisième chapitre.

10. A chaque fois que tu trouves dans le Talmud différents éléments qui montrent que la cour rabbinique s'appuie sur le compte, ou qu'il est une tradition depuis Moïse sur le Sinaï que ceci leur a été transmis, et qu'ils ont le pouvoir législatif d'écourter ou d'allonger [un mois]. Et de même, le fait qu'il [Rabbi] ait déclaré 9 mois écourtés dans une année [embolismique; il déclara que le mois d'Adar ajouté pour cette année serait court plutôt que long], et tout ce qui est semblable, cela [ces passages du Talmud] s'explique[nt] par ce principe essentiel [que nous avons énoncé précédemment qui s'applique] lorsque la lune n'apparaît pas en son temps [plusieurs mois de suite].

11. Et de même, ce qu'ont dit nos sages, à savoir que l'on ajoute un jour à un mois quand cela est nécessaire, s'applique dans le cas de mois que l'on déclare longs en s'appuyant sur le calcul, [de sorte qu']un mois est long et un mois est écourté. Ils [les juges] ont le droit d'établir deux mois pleins l'un après l'autre ou d'écourter [deux mois l'un après l'autre]. C’est [seulement] lorsque la [nouvelle] lune n'est pas visible en son temps que l’on déclare des mois “longs” du fait de la nécessité. [Cependant,] lorsque la lune apparaît en son temps, c'est-à-dire dès qu'elle commence à apparaître après sa conjonction avec le soleil, on sanctifie toujours.

12. Tous ces principes s'appliquent lorsqu'il y a une cour rabbinique, et que l'on s'appuie sur la vision [des témoins]. Par contre, à l'époque actuelle, on ne s'en remet qu'au calcul basé sur le [mouvement] moyen [du soleil et de la lune], qui est simple [et répandu] dans tout Israël, comme nous l'avons expliqué dans ces lois.

13. Il est expliqué dans les livres d'astronomie et de géométrie que si la lune apparaît dans la Terre d'Israël, elle apparaîtra dans tous les pays du monde qui sont à l'Ouest de la Terre d'Israël et à la même latitude. Et si le compte montre qu'elle ne sera pas visible dans toute la Terre d'Israël, il est possible qu'elle soit visible dans d'autres pays qui sont à l'Ouest de la Terre d'Israël et à la même latitude. C'est pourquoi si la lune apparaît dans un pays qui est à l'Ouest de la Terre d'Israël, il n'y pas là de preuve qu'elle est apparue dans la Terre d'Israël. Plutôt, il est possible qu'elle ne soit pas apparue en Terre d'Israël.

14. Par contre, si la lune n'est pas visible au sommet des montagnes dans les pays de l'Ouest à la même latitude que la Terre d'Israël, il est certain qu'elle n'est pas apparue en Terre d'Israël.

15. Et de même, si la nouvelle lune n'apparaît pas en Terre d'Israël, il est certain qu'elle n'est pas apparue dans tous les pays qui sont à l'Est de la Terre d'Israël et à la même latitude. Et si elle apparaît en Terre d'Israël, il est possible qu'elle apparaisse dans les pays de l'Est, et il est possible qu'elle n'apparaisse pas. C'est la raison pour laquelle si elle est apparue dans un pays qui est à l'Est de la Terre d'Israël et situé à la même latitude, il est certain qu'elle est apparue en Terre d'Israël. Et si elle n'apparaît pas dans les pays de l'Est, cela n’est pas une preuve, et il est possible qu'elle soit apparue en Terre d'Israël.

16. Tous ces principes concernent les pays de l'Ouest et de l'Est situés à la même latitude, c'est-à-dire qui sont entre 30 et 35 degrés au nord [de l'équateur]. Mais s'ils sont situés plus ou moins au nord, cela dépend d'autres principes, car ils ne sont pas à la même latitude que la Terre d'Israël. Ces principes que nous avons expliqués concernant les villes situées à l'Est et à l'Ouest dans la Terre d’Israël [n'ont pas d'utilité directe puisque seule la vision de la lune en Terre d'Israël est importante. Plutôt, ils] n'ont pour fin que d'éclaircir toutes les lois de l'apparition [la lune] pour agrandir la Tora et la glorifier. Cela ne signifie pas que les habitants de l'Est ou de l'Ouest s'appuient sur leur vision de la lune ou que ceci porte à conséquence. Plutôt, on ne s'appuie toujours que sur la sanctification de la cour rabbinique dans la Terre d'Israël, comme nous l'avons expliqué à plusieurs reprises.

Lois de la sanctification du [nouveau] mois : Chapitre Dix-neuf

1. Puisque les sages ont dit que, parmi les questions posées aux témoins, on leur demandait dans quelle direction la lune était inclinée, il me semble adéquat d'expliquer comment calculer cet élément. Je ne serai pas précis, car cela n'influe aucunement sur l'apparition [de la lune]. Le début de ce calcul consiste à déterminer en premier lieu l'inclinaison des constellations.

2. L'orbite qui passe au centre des constellations et sur lequel se déplace le soleil ne passe pas directement au centre du monde, de l'Est à l'Ouest. Plutôt, il est incliné au-dessus de l'équateur qui passe autour du centre de la Terre, [légèrement] au nord et au sud. La moitié est inclinée vers le nord et la moitié est inclinée vers le sud.

3. Il y a deux points auxquels l'orbite du soleil rencontre l'équateur qui passe autour du centre de la Terre. Le premier point est le début de la constellation du Bélier. Le second point en face est le début de la constellation de la Balance. Ainsi, il y a six constellations qui sont inclinées vers le nord, du début [de la constellation] du Bélier à la fin [de la constellation] de la Vierge. Et six sont inclinées vers le sud, du début de la constellation de la Balance à la fin de la constellation du Poisson.

4. Au début de la constellation du Bélier, les constellations commencent à s'incliner légèrement et s'éloigner vers le nord de l'équateur, jusqu'au début du Cancer. Le début [de la constellation] du Cancer est éloigné au nord de l'équateur d'environ 23 degrés et demi. Puis, les constellations commencent à se rapprocher de l'équateur petit à petit jusqu'au début [de la constellation] de la Balance, qui est à la même latitude que l'équateur. A partir de [la constellation de] la Balance, ils commencent à s'incliner et à s'éloigner vers le sud, jusqu'au début [de la constellation] du Capricorne. Le début [de la constellation] du Capricorne est au sud de l'équateur à 23 degrés et demi; Puis, les constellations se rapprochent petit à petit de l'équateur jusqu'au début [de la constellation] du Bélier.

5. Le début [de la constellation] du Bélier et le début [de la constellation] de la Balance tournent donc autour de l'équateur. C'est la raison pour laquelle si le soleil est situé à leur début [de ces deux constellations], il ne sera pas incliné vers le nord, ni vers le sud. Il se lèvera à l'Est et se couchera à l'Ouest, et le jour et la nuit seront égaux dans tout le monde.

6. Il est maintenant clair pour toi que chaque degré [dans la sphère céleste] des constellations est incliné vers le nord ou vers le sud, et leur inclinaison a une mesure spécifique. La plus grande inclinaison ne sera pas supérieure à approximativement 23 degrés et demi.

7. Voici les mesures des inclinaisons, selon le nombre de degrés des constellations, en commençant par la constellation du Bélier: [Un point situé à] 10 degrés [dans la sphère céleste] sera incliné de 4 degrés. [Un point situé à] 20 degrés [dans la sphère céleste] sera incliné de 8 degrés. [Un point situé à] 30 degrés [dans la sphère céleste] sera incliné de 11 degrés et demi. [Un point situé à] 40 degrés [dans la sphère céleste] sera incliné de 15 degrés. [Un point situé à] 50 degrés [dans la sphère céleste] sera incliné de 18 degrés. [Un point situé à] 60 degrés [dans la sphère céleste] sera incliné de 20 degrés. [Un point situé à] 70 degrés [dans la sphère céleste] sera incliné de 22 degrés. [Un point situé à] 80 degrés [dans la sphère céleste] sera incliné de 23 degrés. [Un point situé à] 90 degrés [dans la sphère céleste] sera incliné de 23 degrés et demi.

8. Et si un nombre comprend des unités, fais la moyenne des inclinaisons [par interpolation linéaire], comme nous l'avons expliqué pour le soleil et la lune. Comment [cela s'applique-t-il]? [Un point situé à] 5 degrés [dans la sphère céleste] sera incliné de 2 degrés. Et si le nombre de degrés est de 23, l'inclinaison sera de 9 degrés. Et de même pour toutes les unités avec les dizaines.

9. Et dès lors que tu connais l'inclinaison des degrés de 1 à 90, tu peux déterminer l'inclinaison de tous [les points de la sphère céleste], comme nous l'avons expliqué pour la latitude de la lune. Si le nombre est compris entre 90 et 180, soustrais-le à 180. S'il est compris entre 180 et 270, soustrais-lui 180. Et s'il est compris entre 270 et 360, soustrais-lui 360. Puis, détermine l'inclinaison du résultat, qui est l'inclinaison [exacte] du nombre donné, sans ajout, ni soustraction.

10. Si tu veux déterminer le nombre de degrés de l'inclinaison de la lune au nord ou au sud de l'équateur, détermine au préalable l'inclinaison du degré qui est la position exacte de la lune, et la direction de cette inclinaison, au nord ou au sud. Puis, détermine la première latitude et regardes si elle est au nord ou au sud. Si la latitude de la lune et l'inclinaison de son degré sont dans la même direction, c'est-à-dire si elles sont toutes les deux au nord ou au sud, additionne-les. Et si elles sont dans deux directions [opposées], c'est-à-dire que l'une est au nord et l'autre est au sud, soustrais le plus petit nombre au plus grand nombre, et le résultat correspond à la distance de la lune de l'équateur dans la direction où le plus grand nombre est incliné.

11. Comment [ce principe s'applique-t-il]? Si l'on désire connaître l'inclinaison de la lune par rapport à l'équateur la nuit de l'apparition, le 2 Iyar de la présente année [4938]. On sait déjà que le degré de [où était située] la lune était 19 degrés dans la constellation du Taureau. Son inclinaison vers le nord était donc à peu près 18 degrés. La latitude de la lune était approximativement de 4 degrés au Sud. Soustrais le plus petit nombre du plus grand, il reste 14 degrés. La lune était donc éloignée à 14 degrés au Nord de l'équateur, car le plus grand nombre, qui est 18 degrés est [incliné] vers le Nord. Et tout ce calcul est une approximation et n'est pas exact, car cela ne porte pas à conséquence pour l'apparition [de la lune].

12. Si tu désires savoir dans quelle direction la lune apparaîtra inclinée, détermine sa distance de l'équateur. Si elle est située sur l'équateur ou à 2 ou 3 degrés au nord ou au sud, elle apparaîtra à l'Ouest et son croissant apparaîtra incliné vers l'Est.

13. Si elle est inclinée vers le nord de l'équateur, elle apparaîtra au nord-ouest, et son croissant apparaîtra incliné vers le sud-est.

14. Si elle est inclinée vers sud de l'équateur, elle apparaîtra au sud-ouest, et son croissant apparaîtra incliné vers le nord-est. Et son inclination augmentera proportionnellement à sa distance [de l'équateur].

15. Parmi les questions posées aux témoins, on leur demande: “à quelle hauteur l'avez-vous vue?”. Il est possible de déterminer ce critère par l'arc de l'apparition: lorsque l'arc de l'apparition est court, la lune donne l'impression d'être proche de la Terre. Et lorsqu'il [l'arc de l'apparition] est long, elle [la lune] donne l'impression d'être élevée par rapport à la Terre. La hauteur à laquelle la lune apparaît augmente proportionnellement avec la longueur de l'arc de l'apparition.

16. Ainsi, nous avons exposé les calculs de tous les critères nécessaires à la détermination de l'apparition [de la lune] et l'interrogatoire des témoins, de sorte que tout soit connu des hommes avisés; il ne leur manquera pas certaines voies de la Thora et ils n'auront pas besoin de les rechercher dans d'autres livres. “Recherchez le livre de D.ieu et lisez-le. Aucun d'entre eux ne manquera”.


FIN DES LOIS DE LA SANCITIFICATION DU MOIS, AVEC L'AIDE DE D.IEU

Lois des Jeûnes

Il y a un commandement positif, qui est d'implorer D.ieu dans un moment de grande détresse pour que celle-ci n'atteigne pas la communauté

L'explication de ce commandement se trouve dans les chapitres suivants:

Premier Chapitre

1. Il est un commandement positif d'implorer [D.ieu] et de sonner des trompettes pour chaque malheur afin qu'il n'atteigne pas la communauté, ainsi qu'il est dit: “contre l'ennemi qui vous harcèle, vous sonnerez des trompettes”, c'est-à-dire [ce verset fait référence à] chaque chose qui vous importune comme la sécheresse, une épidémie, les sauterelles, ou ce qui est semblable; implorez, et sonnez [des trompettes].

2. Ceci fait partie des chemins du repentir, à savoir que lorsque vient un malheur, que l'on implore et que l'on sonne [des trompettes], tous sauront que ce mal est venu du fait de leurs mauvaises actions, comme il est dit: “c'est vos fautes qui ont fait pencher, etc.”. Et c'est cela [le repentir] qui permettra d'écarter le malheur.

3. Par contre, s'ils n'implorent pas [D.ieu], ni ne sonnent [des trompettes], mais disent: “cette chose nous est arrivée naturellement, ce malheur est un hasard”, c'est une forme de cruauté qui les conduit à poursuivre leurs mauvaises actions; ce malheur donnera naissance à d'autres malheurs. C'est ce qui est écrit dans la Thora: “vous êtes allés à Mon encontre, Je vous témoignerai Moi aussi une hostilité courroucée”, ce qui signifie que lorsque Je vous enverrai un malheur pour que vous reveniez [à Moi], si vous dites que c'est un accident, Je vous ajouterai le courroux de ce malheur.

4. Et il est [un commandement] d'ordre rabbinique de jeûner pour chaque malheur qui atteint la communauté jusqu'à être pris en pitié par les cieux. Durant ces jours de jeûne, on implore [D.ieu] dans la prière, on adresse des supplications et on sonne des trompettes seulement. Et si l'on se trouve dans le Temple, on sonne avec des trompettes et un choffar. Le [son du] choffar est écourté et les [sonneries des] trompettes sont allongées, car la mitsva du jour consiste à [sonner] des trompettes. On ne sonne simultanément des trompettes et du choffar que dans le Temple, comme il est dit: “Avec des trompettes et un son de choffar, sonnez devant le Roi D.ieu”.

5. Ces jeûnes institués pour la communauté du fait des malheurs ne se succèdent pas jour après jour. Car la majorité de la communauté ne pourrait pas supporter cela. Au début, on ne décrète des jeûnes que le lundi, le jeudi qui suit, et le lundi suivant. Et ainsi, [on continue] dans cet ordre, [qui est] lundi, jeudi, et lundi, jusqu'à être pris en pitié.

6. On ne décrète pas de jeûne pour la communauté le Chabbat, ni les fêtes. Et de même, on ne sonne [en ces jours] ni de choffar, ni des trompettes; on n'implore pas et on n'adresse pas de supplications dans la prière, sauf dans le cas d'une ville assiégée par des gentils, [de l'inondation] d'un fleuve, ou d'un bateau qui coule en mer; même un individu qui est poursuivi par des gentils, des bandits ou un terrible vent, jeûne de ce fait le Chabbat, [dans les cas précédemment cités,] on implore et on adresse des supplications dans la prière pour eux [ceux qui sont dans cette détresse]. Néanmoins, on ne sonne pas, si ce n'est pour rassembler le peuple afin de leur venir en aide [ces juifs en danger] et de les sauver.

7. Et de même, on ne commence pas par décréter un jeûne Roch ‘Hodech, pendant Hannouca et Pourim, ou pendant ‘Hol Hamoed. Et s'ils ont commencé [avant 'Hannouca ou Pourim], ne serait-ce qu'un jour [avant] à jeûner et que cela [l'un des jeûnes selon l'ordre indiqué] tombe l'un de ces jours [cités ci-dessus], on jeûne et termine [son jeûne ; il n’y a pas d’interdiction à cela].

8. Ces jeûnes que l'on pratique du fait de malheurs ne sont pas pratiqués par les femmes enceintes, les femmes qui allaitent, et les enfants. Il est permis de manger la nuit [qui précède le jeûne], en dépit du fait que l'on jeûne le lendemain, sauf pour les jeûnes [institués] du fait [du manque] de la pluie, comme cela sera [prochainement] expliqué. Et pour tout jeûne concernant la communauté ou un particulier pour lequel l'on peut manger la nuit [qui le précède], il est de même permis de manger jusqu'à l'aube, à condition de ne pas avoir dormi; mais si l'on dort, on ne peut pas recommencer à manger.

9. De même que la communauté jeûne du fait d'un malheur la concernant, ainsi un particulier jeûne pour un malheur qui le concerne. Comment [cela s'applique-t-il]? S'il est malade, ou errant dans le désert, ou prisonnier en prison, il peut jeûner, implorer la pitié [Divine] dans sa prière, et dire anénou [passage de la prière récité à l'occasion de jeûnes] à chaque prière. [Cependant,] il ne doit pas jeûner le Chabbat, les fêtes, Roch ‘Hodech, Hannouca et Pourim.

10. Tout jeûne qu'un particulier ne s'est pas imposé lorsqu'il faisait encore jour [la veille] n'est pas [considéré comme] un jeûne. Comment s'impose-t-il [un jour de jeûne]? Quand il récite la prière de Min'ha [la veille du jour où il souhaite jeûner], il dit après sa prière: “demain, je serai dans le jeûne”, et se résout en son cœur à jeûner le lendemain. Et même s'il mange la nuit [qui précède son jeûne], cela ne porte pas à conséquence. Et de même, s'il se résout en son cœur, et s'impose de jeûner trois ou quatre jours successifs, même s'il mange chaque nuit [entre ses jeûnes], cela ne porte pas à conséquence. Et [dans ce dernier cas,] il n'est pas nécessaire d’avoir l’intention [de s'imposer] chaque [nouveau] jour [de jeûne] le jour de la veille [mais une seule décision globale suffit].

11. S'il s'impose dans la journée de jeûner le lendemain seulement, et jeûne [comme il l'a décidé], et décide la nuit [qui suit] de jeûner un second jour [le jour qui suit], même s’il est encore dans son jeûne, cela [le second jour de jeûne] n'est pas [considéré comme] un jeûne, parce qu'il ne se l'est pas imposé quand il faisait encore jour [le jour précédent]. Et il est inutile de dire que s'il mange et boit la nuit [qui suit son premier jeûne], puis se lève le matin et décide de jeûner, que cela n'est aucunement [considéré comme] un jeûne.

12. Celui qui fait un mauvais rêve doit [dans certains cas] jeûner le lendemain pour revenir [à D.ieu], prêter attention à ses actes et les examiner, et se repentir; il doit jeûner même le Chabbat. Il récite anénou dans chaque prière, bien qu'il ne se soit pas imposé [ce jour de jeûne] quand il faisait encore jour [le jour précédent]. Et celui qui jeûne le Chabbat doit jeûner un autre jour pour avoir renoncer au plaisir du Chabbat.

13. Un homme peut prendre un jeûne de quelques heures, à condition de ne rien manger le reste de la journée. Comment [cela s'applique-t-il]? S'il a été occupé par ses affaires et n'a pas mangé jusqu'à la mi-journée, ou la neuvième heure [relative], et décide de jeûner les heures qui restent de la journée, il peut jeûner ces heures et réciter anénou [dans la prière], car il s'est imposé son jeûne avant ses heures de jeûne. Et de même, s'il mange et boit, puis commence à jeûner le reste de la journée, cela est [considéré comme] un jeûne pour quelques heures.

14. Celui qui est en train de jeûner, soit du fait d'un malheur qui l'a atteint, soit du fait d'un [mauvais] rêve, soit avec la communauté du fait d'un malheur général, ne doit pas se plonger dans les délices, se laisser aller à de la légèreté, ni être gai et avoir le cœur joyeux. Plutôt, il doit être préoccupé, et [comme] en deuil, dans l'esprit du verset: “Comment l'homme vivant peut-il se plaindre, l'individu, de ses [propres] fautes?”. Il lui est permis de goûter un met, même de la quantité d'un revi'it, à condition de ne pas avaler, mais de goûter et de recracher. S'il oublie et mange, il termine son jeûne.

15. Un individu qui jeûne du fait d'une maladie, puis guérit [pendant son jeûne], [ou qui jeûne] du fait d'un malheur qui est écarté [pendant le jeûne], doit terminer son jeûne. Celui qui se rend d'un endroit où on [la communauté] jeûne dans un endroit où on ne jeûne pas doit terminer son jeûne. S'il se rend d'un endroit où on ne jeûne pas dans un endroit où on jeûne, il doit jeûner avec eux [les membres de la communauté]. S'il oublie, mange et boit, il ne doit pas le montrer devant eux, ni se plonger dans les délices.

16. Si une communauté jeûne du fait [du manque] de la pluie et que la pluie tombe [pendant le jeûne], si elle tombe avant la mi-journée, ils [les membres de la communauté] ne doivent pas terminer leur jeûne, mais ils mangent, boivent, et lisent le grand hallel. Car on ne lit le grand hallel que lorsque l'on est rassasié et que l'on a le ventre plein. Et si c'est [la pluie tombe] après la mi-journée, étant donné que la majorité du jour est passée en état de sainteté [du jeûne], ils terminent leur jeûne. Et de même, s'ils jeûnent du fait d'un malheur, et que celui-ci est écarté ou du fait d'un décret, et que celui-ci est annulé: si c'est avant la mi-journée, ils ne terminent pas [leur jeûne], et si c'est après la mi-journée, ils terminent [leur jeûne].

17. Pour chaque jour de jeûne que l'on décrète sur la communauté du fait de malheurs, le tribunal rabbinique et les anciens s'assoient dans la synagogue, et font le bilan des actions des habitants de la ville après la prière du matin jusqu'à la mi-journée, et ils éliminent la cause des fautes. Ils les mettent en garde [les habitants], ou recherchent les hommes violents et ceux qui commettent des fautes et les séparent [du reste de la communauté], [ils recherchent] les hommes forts et les abaissent, et tout ce qui ressemble à cela. Et entre la mi-journée et le soir, un quart du jour, on fait la lecture des bénédictions et des malédictions de la Thora, comme il est dit: “La morale de D.ieu, mon fils, ne rejette pas, et ne déteste pas Sa réprimande”, et on lit la haphtara dans un [passage des] prophète[s] qui traite des remontrances du fait d'un malheur. Et le dernier quart de la journée, on récite la prière de Min'ha, on adresse des supplications, on implore et on se confesse [à D.ieu] selon son aptitude.