3 Tamouz : un commencement

Un Tsaddik, un Juste, qui quitte ce monde n’en disparaît pas, il s’y trouve avec une intensité encore plus grande, nous enseigne le Zohar. Lorsque, au début de la semaine prochaine, reviendra le 3 Tamouz, jour où le Rabbi quitta matériellement ce monde, cette phrase, immanquablement, résonnera dans l’esprit et dans l’âme de chacun. Car, avec le déroulement du temps, chacun constate à quel point la présence du Rabbi semble être encore plus sensible avec les années. Par ses enseignements, par les actions croissantes qu’il suscite aux quatre coins du monde, le Rabbi continue de guider, conduire, vivifier des centaines de milliers de personnes, diverses tant par leur origine que par leur mode de vie, leurs opinions ou leur situation géographique.

Certains pourraient penser que la grandeur du 3 Tamouz se limite à ces considérations. Certes, ces idées expriment une actualité indéniable – et, en cela, elles sont essentielles. Toutefois, si cette date se contentait d’incarner cela, les années qui passent ne verraient rien se rajouter aux acquis antérieurs. On dirait alors que ce jour n’est qu’une commémoration, même importante, parmi toutes les autres. Or il représente bien autre chose et sans doute est-ce en cela qu’il révèle sa profondeur et son urgence pour chacun, car il est un jour d’élévation. Cela signifie que, lorsqu’il revient, d’année en année, il ne réapparaît pas au même niveau. Il entraîne toujours dans un degré plus haut et ce progrès est infini. C’est ainsi que le Rabbi lui-même s’élève également de degré en degré. Il ouvre un chemin toujours nouveau et chacun peut le suivre. Plus encore, il importe pour chacun de s’élever avec lui.

Le propre d’une voie qui monte, c’est d’exister et d’offrir le passage. Mais il appartient à l’homme de s’y engager et d’en suivre les avancées. Cette route-là est spirituelle, c’est spirituellement qu’il faut savoir l’emprunter. C’est dire que le 3 Tamouz n’est pas qu’une journée qu’il faut marquer, c’est un moment rare qu’il faut vivre par l’action et par l’étude, par le cœur et par l’esprit. Ce jour tombe en début de semaine, a-t-on dit, comme pour souligner qu’il est un signe de commencement. Parce que c’’est une période nouvelle qui s’ouvre et que notre âme sait y trouver les ressources du renouveau. Afin que l’ombre recule pour faire place à la Lumière, celle du temps de Machi’ah.


 Quelle Techouva pour quel Tsaddik ?

Le Zohar (III, 153b) enseigne que « Machia’h viendra pour faire faire Techouva aux Tsaddikim ». Au-delà de l’explication qui veut que la Techouva étant une forme à part entière du service divin, elle doit exister à tout instant et chez chacun, il en existe une autre plus profonde.

Au temps de Machia’h, une révélation divine infinie apparaîtra. Pour D.ieu, qui est désigné comme « le Tsaddik du monde » (Rachi sur Beréchit 18:28), cette révélation sera une forme de « Techouva » pour avoir retenu cette lumière pendant toute la durée de l’exil.

(D’après Or Hatorah, Vayikra, p. 235)


 ‘Houkat

D.ieu enseigne à Moché les lois de la « Vache Rousse ».

Après quarante ans d’errance dans le désert, le Peuple juif arrive dans le désert de Tsin. Myriam quitte ce monde et le peuple, privé du puits de Myriam, réclame de l’eau. C’est alors que Moché va frapper le rocher pour qu’en jaillisse de l’eau (au lieu de lui parler). L’eau jaillit mais ni Moché ni Aharon ne pourront entrer en Terre Sainte.

Aharon meurt et lui succède alors son fils Eléazar. Le peuple parle encore une fois contre D.ieu et Moché. C’est alors que survient une épidémie qui sera enrayée par un serpent d’airain brandi par Moché.

Moché mène des batailles contre les rois Si’hon et Og, et conquiert leurs terres, à l’est du Jourdain.

Cette semaine, nous lisons le récit d’un miracle. Pour la dixième fois, le Peuple juif se plaint à Moché des conditions de vie dans le désert. D.ieu entend leurs récriminations et envoie des serpents venimeux qui les mordent et en tuent de nombreux. Moché prie pour eux et D.ieu lui ordonne de fabriquer un serpent de cuivre, de l’attacher à une longue perche. Tous ceux qui auront été mordus regarderont ce serpent et seront guéris. (C’est d’ailleurs là l’origine du « caducée » des médecins, symbole de la guérison, qui représente un serpent autour d’un mat).

Nos Sages commentent : Etait-ce le serpent qui apportait la guérison ? Non, mais lorsque les Juifs regardaient vers le haut, ils tournaient leur cœur vers D.ieu et étaient alors guéris.

Le serpent est, de toute évidence, une figure symbolique, qui nous renvoie au Jardin d’Eden, où il fut la cause de la faute originelle.

Cependant, le serpent possède également un certain nombre de connotations positives. En fait, le terme hébreu pour « serpent », Na’hach, a la même valeur numérique que le mot Machia’h. Et il est bien connu qu’en hébreu, les équivalences numériques ne tiennent pas au hasard mais qu’elles indiquent un concept commun.

Troisième remarque : le mot Na’hach, « serpent », a la même racine que le mot Ne’hochèt ; « cuivre ». Ce métal, s’il est apprécié, est considéré comme utile plutôt que précieux. Les pièces de monnaie en cuivre sont bien celles qui ont la plus petite valeur !

Le cuivre peut servir à fabriquer des objets. Ils ne sont pas précieux mais utiles. Contrairement à l’or ou à l’argent, ce métal n’est pas une fin en soi mais sert d’intermédiaire fonctionnel.

Les trois idées que nous venons de mentionner sont reliées.

Le serpent symbolise le désir de l’homme pour les satisfactions matérielles. Cela ressort, de façon évidente, de la réponse de ‘Hava (Eve) à la tentation du serpent : « Elle vit que l’arbre était goûteux et désirable à l’œil ». Le désir, en soi, n’est pas un défaut. Bien au contraire, le désir peut être positif parce qu’il nous sort de l’inertie et nous pousse à agir.

Mais par ailleurs, il ne fait aucun doute que le désir peut également être néfaste.

Quand les désirs de l’homme ne se concentrent que sur la matérialité, ils l’empoisonnent, tout comme le venin du serpent. Ils le détournent de sa véritable humanité et en font un esclave de ses penchants et passions naturels.

Le serpent, le désir, doit être attaché en haut d’une longue perche, de sorte que l’homme devra lever la tête et comprendre l’intention de D.ieu. Par ailleurs, les objets en cuivre sont utiles et lui permettent d’utiliser la matérialité qu’il désire dans un but spirituel. Il s’agit ici de l’œuvre de notre vie : ne pas rechercher la spiritualité transcendante qui nous élève au-dessus des contingences matérielles mais aspirer à une solide conscience de D.ieu qui nous engage dans des activités matérielles, afin de mieux encore accomplir Son intention.

L’achèvement de ce processus aura lieu à l’Ere de Machia’h qui élèvera le monde à un niveau de conscience supérieure même à celui que possédaient Adam et ‘Hava dans le Jardin d’Eden. Eux ne savaient comment concilier le matériel et le spirituel : c’était là le cœur de leur faute. Par contre, à l’Ere de Machia’h, la Divinité sera apparente dans chaque élément qui existe, même dans ce que nous considérons maintenant comme de la pure matérialité.

Perspectives

Dans l’une des prophéties concernant la période messianique, Maïmonide statue qu’alors, la maladie n’existera pas. L’absence de maladie sera, d’une part, la conséquence naturelle des progrès des connaissances et de la profusion de la bonté qui caractérisera les Temps Futurs.

Mais ce sera également une réponse à l’atmosphère spirituelle qui régnera alors.

Dans la mystique juive, il est expliqué que ‘Holé, le mot hébreu pour « malade » a une valeur numérique de 49. Il existe 50 portes de la Compréhension dans le monde, 50 niveaux de connaissance de D.ieu et de relation avec Lui. Par sa propre initiative, l’être humain ne peut en atteindre que 49. La cinquantième porte lui est inaccessible.

Quelle est la source de toutes les maladies dans le monde ? Notre incapacité à dépasser le 49ème niveau. Consciemment ou inconsciemment, notre âme est malade d’amour pour D.ieu. Cette aspiration intérieure, jamais satisfaite, le fait d’être « malade d’amour », crée un déséquilibre qui est la racine des maladies physiques.

A l’époque de Machia’h, « la terre sera remplie de la connaissance de D.ieu comme les eaux couvrent le lit de l’océan ». Il n’y aura plus un tel manque car la conscience de D.ieu sera accessible à tous.


 Quelques coutumes liées au jour du mariage :

- Le jour du mariage est comparé à Yom Kippour car les fautes des mariés leur sont pardonnées. C’est pourquoi ils jeûnent jusqu’après la cérémonie de la 'Houpa - sauf les jours particuliers comme Roch ‘Hodech. Dans certaines communautés, les parents des mariés jeûnent également. Les mariés reviendront sincèrement à D.ieu et prendront de bonnes décisions.

- Il est d’usage que le fiancé s’immerge dans un Mikvé (bain rituel) le matin du mariage. Avant leur mariage, les mariés et leurs parents se recueilleront sur la tombe de Tsadikim et des parents disparus pour demander leurs bénédictions.

- On donnera davantage de Tsedaka (charité) le jour du mariage. On multipliera la récitation de Tehilim (Psaumes) – si possible tous les Tehilim. Avant la prière de Min’ha, le fiancé étudiera avec ferveur le chapitre 25 du Tanya. Pendant la prière de Min’ha, les fiancés récitent le Vidouy (confession) comme à Yom Kippour.

- Avant la ‘Houpa, le jeune homme vient couvrir le visage de la mariée : en effet, le visage de la jeune fille reflète à ce moment la Présence Divine et cela pourrait nuire à ceux qui la regardent. De plus, le marié démontre ainsi qu’il ne l’épouse pas pour sa beauté physique mais pour sa véritable beauté intérieure. La mariée ne porte pas de bijoux en or pour montrer qu’il ne l’épouse pas pour sa richesse mais pour sa véritable richesse intérieure. Le marié ne garde rien dans les poches.

- Les mariés sont amenés vers la ‘Houpa par deux couples mariés (si possible leurs parents).

- « Il est connu qu’au moment de la ‘Houpa, les âmes des ancêtres viennent du Monde de Vérité pour bénir leurs descendants ». (Séfer Hamaamarim de Rabbi Yossef Its’hak – d’après le Zohar).

- La ‘Houpa sera établie sous le ciel pour assurer aux mariés une descendance aussi nombreuse que les étoiles.

(d’après Cheva’h Hanisuin)


 Le meilleur moment

Cette semaine, nous avons hébergé un invité très spécial, Yarin Ashkenazi. Il faisait partie d’un groupe appelé Belev E’had. Cette organisation caritative offre aux soldats israéliens handicapés un voyage à New-York, avec toutes sortes d’attractions mises à leur portée : survol de la ville en hélicoptère, escapade en moto, visite des plus célèbres lieux touristiques…

Yarin est un sergent d’une unité d’élite, la Brigade Guivati. Il y a dix-huit mois, il a été blessé dans un attentat à la voiture bélier : un terroriste palestinien a jeté son véhicule sur lui à 100 km à l’heure. Malgré le choc terrible, Yarin a réussi à tirer sur la voiture qui se retourna sur elle-même mais le renversa encore une fois, le blessant horriblement à la tête et aux jambes.

Le terroriste parvint à sortir de sa voiture et, animé d’une haine furieuse, se mit à poursuivre d’autres soldats avec une hache ! Heureusement, un des soldats eut la présence d’esprit de tirer et le neutralisa, l’empêchant ainsi de faire d’autres victimes.

A la fin de son séjour à New York, je demandai à Yarin quel avait été le moment le plus marquant de sa visite, celui dont il se souviendrait toujours avec joie et inspiration. Je supposai qu’il me répondrait que c’était une des attractions dont New-York est remplie et qui font la joie des nombreux touristes. Mais sa réponse me surprit car je sais qu’en tant que véritable Sabra (né en Israël donc connu pour son franc-parler), Yarin a l’habitude d’exprimer tout haut ce qu’il pense :

- Ce qui m’a le plus impressionné, c’est l’heure que nous avons passée au Ohel du Rabbi, au cimetière Montefiore de Queens. J’ai été très ému !

- Tu as prié là-bas ? Pourquoi ?

- J’ai prié pour une bénédiction.

- Quelle bénédiction ?

- J’ai demandé au Rabbi de pouvoir me renforcer dans l’étude de la Torah et la pratique des Mitsvot !

- Et… As-tu ressenti que tu avais reçu une réponse ?

- Oui, affirma Yarin d’un ton assuré. C’est la première fois, depuis que j’ai été blessé, qu’au cours de ce voyage avec l’association Belev E’had, j’ai entièrement respecté Chabbat ! Je n’ai pas répondu au téléphone et je n’ai pas regardé mes e-mails ! J’ai passé un véritable Chabbat !

J’étais stupéfait !

Voilà un homme, jeune, qui a souffert énormément ces quelques dix-huit mois. Quand il avait été transporté à l’hôpital après l’attentat, les médecins avaient tenté de le ranimer par trois fois sans succès. Le médecin-chef avait déclaré qu’ils essaieraient encore une fois avant d’abandonner : cette tentative ultime l’avait ramené à la vie. Mais après cela, il avait dû subir une opération extrêmement périlleuse : les chirurgiens avaient recousu son crâne. Puis il avait dû réapprendre à marcher, à parler, à manger, à rire, à sourire et retrouver ces milliers de petites fonctions de base que tout enfant pratique instinctivement.

Mais quand il avait eu la possibilité de prier auprès du tombeau du Rabbi et de solliciter une bénédiction, qu’avait-il demandé ? Il avait demandé d’avoir la force d’accomplir la Torah et les Mitsvot !

Il y a 49 ans, le jour de Sim’hat Torah, le Rabbi de Loubavitch avait raconté une histoire. Il avait reçu une lettre d’un jeune étudiant russe. A l’époque, ce jeune homme était encore de l’autre côté du Rideau de Fer, opprimé par la dictature communiste, persécuté parce que juif et manquant cruellement des objets de base. Dans sa lettre, il n’avait présenté au Rabbi qu’une seule requête : il n’avait pas demandé une amélioration de sa situation financière ou la possibilité de quitter l’Union Soviétique : il avait supplié le Rabbi de le bénir afin qu’il puisse mieux se concentrer dans sa prière !

Quand le Rabbi avait raconté cette histoire, il avait pleuré, beaucoup pleuré. Et il avait remarqué : ce jeune homme n’avait pas demandé une amélioration de sa situation. Bien qu’il fût soumis à de nombreuses privations et humiliations en Union Soviétique, il n’avait pas demandé la liberté. Tout ce qui lui importait, c’était de pouvoir mieux servir D.ieu !

En repensant à cet épisode, je crois sincèrement que le Rabbi a reçu une seconde lettre de ce genre avec la requête de Yarin la semaine dernière ! Yarin n’avait demandé que d’avoir la force – non pas de vivre normalement – mais de mieux respecter le Chabbat !

A nous maintenant de remercier Yarin pour son courage en tant que soldat d’Israël prêt à protéger son peuple ! A nous d’émuler son exemple en demandant sincèrement au Rabbi sa bénédiction pour mieux comprendre la Torah et respecter ses commandements !

Rav Uriel Vigler - COLlive

Traduit par Feiga Lubecki

Publié dans 2017

 Gan Israël : quand les « jardins » ouvrent

Il y a comme un air de joie qui court dans les rues ces temps-ci. C’est même parfois si sensible qu’on en vient à s’interroger : l’époque y est-elle si propice, y a-t-il des événements porteurs de tant d’enthousiasme que l’on aurait, par mégarde, manqués ? Certes, nous venons de vivre, il n’y a encore pas si longtemps, la fête de Chavouot et sans doute cela est-il un véritable motif de joie intense et profonde. On l’a abondamment dit : recevoir la Torah est toujours une expérience à la fois essentielle et bouleversante. Cependant, la joie qui transpire à présent semble comme plus intime que toutes les autres, comme s’il s’agissait d’un motif quasi familial. Alors, il faut le dire : c’est bien de cela qu’il s’agit ! Nous sommes déjà sur le deuxième versant du mois de juin et, dans moins de deux semaines, commenceront les Gan Israël. Gan Israël, c’est un titre naturel pour une entreprise extraordinaire. Des centres aérés ouverts à tous, où l’enfant, pendant les vacances, dès le début du mois de juillet, peut vivre le bonheur en son plein sens – de tels centres pouvaient-ils se nommer autrement que « Jardin d’Israël » ?

Qu’est-ce donc qu’un jardin ? En ces périodes où les fleurs écloses rendent le monde plus beau, la réponse est concrètement visible par chacun. Le jardin n’est pas un endroit utilitaire, il n’est pas fait pour produire, par exemple, des céréales, bases de la vie. Il permet, en revanche, de créer un espace de pur délice, de plaisir serein. Il est, en quelque sorte, ce lieu qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. Le « Jardin d’Israël – Gan Israël » exprime cette idée de la manière la plus grande et la plus fidèle. Comme des fleurs aux mille couleurs, les enfants y trouvent l’endroit de l’harmonie et de la croissance, de la chaleur et du développement. Ils sont ce que nous avons de meilleur et, vivant dans un tel jardin, ils manifestent qu’ils portent en eux encore bien plus et bien mieux que tout ce que nous avions pu rêver.

C’est pour cela qu’un air d’allégresse flotte aujourd’hui dans les rues des villes, partout dans le monde. C’est une douce musique que celle du bonheur de donner et de recevoir, celle de l’étude et de l’amour. Elle enchante les cœurs et entraîne les âmes. Elle donne au monde entier un visage nouveau qu’il importe de savoir découvrir. Quand les enfants sont heureux, tous les hommes le sont. Il faut le dire : les Gan Israël vont, sous peu, ouvrir leurs portes. Il faut les partager, inviter ceux qui ne les connaissent pas encore. C’est un bonheur infini, plus on le donne à autrui, plus il y en a pour tous. Des phrases de Torah pleines de vie dans la bouche d’enfants heureux, c’est un avant-goût du temps prochain de la Délivrance.


 Une double lumière

Lorsqu’il est question de la nouvelle ère que Machia’h introduira, il est souvent fait référence à l’intense “lumière” Divine qui brillera alors sur le monde. Cette notion de “lumière” doit, bien entendu, être comprise dans son sens spirituel : elle désigne la révélation de D.ieu.

A ce sujet, il est enseigné que ce véritable dévoilement peut prendre deux formes. Il peut venir “d’en-Haut”, c’est-à-dire sans que le monde change fondamentalement. Dans un tel cas, la “lumière” est infinie car elle ne tient pas compte des limites de la création.

En revanche, elle peut aussi apparaître après l’élévation du monde qui parvient au niveau de cette révélation. Dans ce sens, la “lumière” en question, révélée à la mesure du monde, peut le pénétrer plus profondément. Il en ressort que chacune de ces deux formes de révélation possède sa qualité propre. Aussi est-il précisé que, lorsque le Machia’h viendra, elles seront réunies : la lumière divine apparaîtra révélée dans un monde à la mesure de l’Infini.

(D’après Likouteï Torah, Parchat Rééh 26a) 


 Kora’h

Kora’h, briguant pour lui-même la Prêtrise et le poste de dirigeant, confiés par D.ieu à Aharon et Moché, est l’instigateur d’une révolte. D.ieu donne la preuve visible aux yeux de tous de la justesse de Son choix.

D.ieu ordonne qu’une Teroumah (« prélèvement ») de chaque récolte de blé, de vin et d’huile, ainsi que chaque premier-né ovin ou bovin, ainsi que d’autres présents spécifiques, soient remis aux Cohanim (les Prêtres).

 

Diriger est une question cruciale dans la société contemporaine. Dans tous les domaines de la vie, que ce soit les affaires, la politique ou les relations sociales, nous recherchons des dirigeants qui soient visionnaires, qui puissent insuffler leur énergie dans un projet et qui y œuvrent.

C’est presque trop simple à dire, mais l’aspect le plus important dans le fait d’être un dirigeant est l’aptitude à faire des adeptes. Un homme peut être intelligent, actif et plein de qualités humaines mais s’il ne peut atteindre les autres ni les attirer, il ne pourra être un leader efficace.

Mais comment parvenir à cette adhésion ?

L’approche la plus fréquente consiste à faire appel au plus bas dénominateur commun.

Nous avons tous des désirs fondamentaux : l’argent, la satisfaction matérielle, l’honneur. Certains dirigeants « en herbe » jouent avec ces besoins, promettant, ou laissant entendre, que les élire leur permettra de les combler.

Mais de temps à autre, dans l’Histoire, nous rencontrons des dirigeants d’une nature tout autre. Ils font appel au dénominateur commun le plus élevé, enseignant à leur peuple à se concentrer sur les valeurs et les principes qui transcendent leur propre personne.

Leur message passe : en partie, parce que leur extraordinaire intégrité personnelle les fait prôner les valeurs qui sont les leurs, dans leur vie personnelle, mais aussi parce que la vérité de ce que nous sommes n’est pas représentée par nos désirs « mesquins » mais par notre âme qui est une véritable partie de D.ieu. Quand un dirigeant est capable d’exprimer son potentiel divin profond, il inspire les membres de son peuple à exprimer le leur.

Tel est le contexte dans lequel se déroula la révolte de Kora’h contre Moché, le sujet de la Paracha de cette semaine. Kora’h vint trouver Moché avec une protestation sincère : « Toute l’assemblée est sainte et D.ieu réside parmi eux. Pourquoi t’ériges-tu au-dessus de l’assemblée de D.ieu ? ». En chaque Juif repose une étincelle de D.ieu, une véritable parcelle de Son infinité. A partir de là, comment un individu peut-il prétendre les dominer ? Le potentiel divin que nous possédons tous est un facteur qui nous rend fondamentalement égaux. Une fois qu’il est admis que chaque Juif possède un tel potentiel, il ne semble pas y avoir de place pour la hiérarchie. Pourquoi donc, demanda Kora’h, Moché devrait-il représenter l’autorité suprême et Aharon agir en tant que Grand Prêtre ?

Pour répondre à ces questions, l’on peut expliquer qu’il y a une différence entre le fait de posséder un potentiel et celui de l’exprimer. Bien sûr, chaque Juif possède un potentiel divin mais il est également habité par des tendances naturelles et des attirances qui détournent son attention et le distraient, l’empêchant de se centrer sur ce don divin. Certes, nous sommes tous intrinsèquement saints. Mais nous avons également d’autres penchants innés et naturels. Le but d’un véritable dirigeant juif est de motiver son peuple à intensifier l’expression de la Divinité inhérente à chacun.

Tel était le rôle unique de Moché. Il était capable d’intégrer son potentiel divin à l’ensemble de ses qualités humaines. C’est la raison pour laquelle tous ceux qui le côtoyaient réalisaient qu’ils étaient en contact avec un saint homme et ils cherchaient alors à exprimer, eux-aussi, leur potentiel divin personnel.

Le processus se déroule en deux étapes. Au niveau de notre conscience, quand nous rencontrons un homme qui est comblé et satisfait, qui ne court pas après les satisfactions matérielles et qui pourtant se sent accompli, a atteint son but et n’est plus en quête, quand donc nous rencontrons un tel individu, naît en nous un sentiment de saine envie.

Nous sommes prêts à accepter son autorité et ses directives parce que nous sentons qu’il va nous permettre de mener une vie plus pleine et plus complète.

Mais au-delà de cela, un processus spirituel est en marche, un processus qui opère à un niveau plus profond que la pensée consciente. Entrer en contact avec une personne qui a réalisé son potentiel spirituel nous inspire à développer le nôtre. Comme une bougie incandescente qui allume tous les autres combustibles, au contact de la lumière du potentiel divin d’une personne, s’élève naturellement la Divinité présente chez tous ceux qui l’approchent.

Telle était la nature de la direction de Moché. Il n’était en rien animé d’un désir d’autosatisfaction. Il ne poursuivait aucune satisfaction matérielle et ne cherchait pas même à combler ses aspirations spirituelles. Il n’était concerné que par son peuple : par ce qui leur était bénéfique et par la manière dont ils pourraient, au mieux se réaliser.

Kora’h argumenta : « Toute l’assemblée est sainte et D.ieu réside parmi eux ». Mais c’est précisément pour cette raison qu’il était nécessaire que ce soit Moché qui endosse le rôle du dirigeant qui les encouragerait à exprimer la Divinité qu’ils possédaient.

Il ne s’agit pas seulement d’un récit du passé. Le Zohar, œuvre fondamentale de la mystique juive, parle de « l’extension de Moché dans chaque génération », expliquant que, de tous temps, il y a des Juifs qui remplissent la fonction de Moché et inspirent leurs frères à aller puiser leur potentiel spirituel inhérent. En développant une relation avec de tels « Moché », nous pouvons nous élever au-dessus de notre enveloppe superficielle et permettre à la Divinité qui est en nous de faire surface.

Perspectives

Le défi que lança Kora’h à Moché demande que l’on s’interroge sur la conception juive de l’autorité, en général. L’une des Mitsvot demande que l’on désigne un roi et chaque fois que nous récitons les Actions de Grâce, après avoir mangé, nous prions pour la restauration de la monarchie de la Maison de David. Certes, cela sera la fonction de Machia’h, qui sera un Maître mais essentiellement un roi, un guide absolu.

Parmi les explications de ce concept, l’une souligne que la monarchie terrestre est issue de notre relation avec le Roi des rois, dont elle est une extension et une analogie. Le but de la monarchie juive est d’enseigner au peuple la soumission devant le roi pour intensifier la soumission totale devant D.ieu. Faire abstraction de soi devant un roi mortel doit faire pénétrer le kabalat ol, « l’acceptation du joug divin », dans chaque dimension de notre service divin et approfondir l’intensité de notre engagement, jusqu’à ce que cela affecte notre essence elle-même.


 Coutumes liées au jour de la Hilloula du Rabbi 3 Tamouz 

(cette année mardi 27 juin 2017).

Le Rabbi avait fixé un certain nombre de coutumes à respecter à l’occasion de la Hilloula du Rabbi précédent. Ce sont ces mêmes coutumes qui ont été reprises pour le 3 Tamouz. En voici quelques-unes :

  • On allumera une bougie de vingt-quatre heures depuis lundi soir 26 juin.
  • Pendant chacune des trois prières du jour, on allumera cinq bougies devant l’officiant.
  • Le matin, on donnera de la Tsedaka (charité), au nom de chacun des membres de sa famille, pour une institution du Rabbi.
  • On consacrera un moment dans la journée pour parler du Rabbi et de sa grande Ahavat Israël (amour du prochain) à sa famille et son entourage.
  • On étudiera les chapitres de Michnayot correspondant aux lettres qui constituent le nom du Rabbi.
  • On étudiera les enseignements du Rabbi.
  • On rédigera un « Pane », « Pidyone Néfech », une lettre de demande de bénédictions (en y précisant les prénoms et les prénoms des mamans de chacun) qui sera lue sur le Ohel du Rabbi.

N° de fax du Ohel : 00 1718 723 44 44

N° de fax du Beth Loubavitch : 01 45 26 24 37

Adresse du Ohel : 226-20 Francis Lewis Blvd – Cambria Heights, New York 11411

E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.


 J’ai écrit au Ohel et…

Nous avons entamé notre Chli’hout, nos efforts pour régénérer une petite communauté juive, il y a deux ans, dans la magnifique ville montagneuse de Prescott en Arizona. Des cours de Torah pour adultes et pour enfants, une colonie de vacances, des repas communautaires : nous avons consacré beaucoup d’efforts pour l’éducation juive à tous les âges et, D.ieu merci, nous avons réussi à obtenir des fonds pour acquérir un bâtiment où concentrer nos activités. Notre ville est très étendue et nous avons calculé que l’endroit le plus propice serait dans un certain quartier.

Il n’y avait pas beaucoup de maisons à acheter et nous avons passé plusieurs mois à rechercher l’endroit idéal. Nous avons finalement repéré une structure avec, à la fois une facilité commerciale et à la fois une partie résidentielle. Le prix indiqué était au-dessus de nos moyens et nous avons donc proposé un prix bien moindre mais correct et raisonnable. Le propriétaire refusa notre offre ; il accepta cependant de baisser un peu le prix. C’était encore trop cher pour nous.

Je discutai avec d’autres Chlou’him (émissaires du Rabbi) plus expérimentés que moi dans ce domaine et je reçus des réponses mitigées. Certains estimaient qu’il était indispensable d’acquérir ce bâtiment pour développer nos activités au maximum : les dettes seraient sans doute rapidement couvertes grâce à la générosité de futurs donateurs. D’autres, par contre, nous recommandaient d’agir avec prudence envers un propriétaire qui semblait coriace.

J’envoyai un mail au Ohel, le tombeau du Rabbi à Queens, là où tant de Juifs prient pour que le Rabbi les aide et intercède en leur faveur. Je détaillais les différents conseils que j’avais reçus et concluais en indiquant que, pour le moment, je mettais toute cette affaire en attente : peut-être une autre opportunité plus intéressante se présenterait.

Nous avons donc continué nos recherches et, entre temps, le bâtiment que nous convoitions fut acquis par un autre acheteur. Je supposai donc que ce chapitre était clos en ce qui nous concernait.

Les mois passaient et nos recherches ne donnaient aucun résultat. Tout à coup, nous avons appris que le bâtiment précédent était de nouveau proposé à la vente ! Réalisant que c’était peut-être là une chance à saisir, j’écrivis au Rabbi ce qui se passait et demandai une bénédiction pour que, cette fois, nous puissions réussir à acquérir ce bâtiment vraiment idéal pour nos activités, quel qu’en soit le prix.

Je contactai notre agent immobilier en lui demandant de proposer à nouveau notre offre initiale en signalant que j’étais prêt éventuellement à « faire des efforts ». Un mois passa – sans réponse.

Un vendredi après-midi, je reçus une notification par mail : le propriétaire de notre logement actuel signalait que notre bail prenait fin dans quarante jours et qu’il n’avait pas l’intention de le renouveler ! Cela signifiait que très bientôt nous serions à la rue car il était très difficile de trouver des appartements à louer dans ce quartier – surtout dans un délai si court ! Nous étions affolés !

Nous avons immédiatement écrit au Rabbi pour faire part de notre nouveau souci. Nous avons aussi demandé s’il s’agissait là d’un signe que nous devions nous intéresser de façon plus urgente au bâtiment du futur Beth ‘Habad – qui avait l’avantage d’incorporer aussi un appartement pour une famille comme la nôtre.

Littéralement dix minutes plus tard, mon téléphone sonna : l’appelant n’était autre que notre agent immobilier. Ma femme s’écria spontanément : « Incroyable » !

De fait, il nous annonçait qu’après réflexion, le propriétaire acceptait de nous céder le bâtiment pour le prix modique que nous avions proposé à l’origine ! Bien entendu, nous n’avons pas perdu de temps et, le jour-même, nous avons signé les documents nécessaires. Comme nous disposions de la somme exigée, la transaction fut très rapide et, le jour où nous étions obligés de quitter notre ancien appartement, nous avons reçu les clés de notre nouveau Beth ‘Habad et nous avons emménagé !

Ce Beth ‘Habad est maintenant florissant et bruissant d’activités en faveur du judaïsme. La bénédiction du Rabbi s’est réalisée.

Rav Elie Filler - A Chassidisher Derher N° 56

Traduit par Feiga Lubecki

Publié dans 2017

 A quoi bon ?!

Parfois, on éprouve une sensation étrange. C’est comme une sorte de lassitude qui monte, une torpeur qui s’empare peu à peu de l’homme. Est-ce la température trop élevée ou trop basse ? Est-ce les conditions de vie trop dures ou trop faciles ? Ou tout simplement le monde et son tumulte incessant ? Alors les gestes se font plus lents ou plus lourds et les actes les plus évidents, les plus élémentaires paraissent porteurs d’interrogations. Et une question lancinante pénètre l’esprit : « A quoi bon ? » Cette simple formule, anodine en apparence, finit par prendre tant de puissance qu’elle parvient à détruire toute dynamique. On se prend à penser « à quoi bon tel acte positif, tel comportement généreux et profond, tel engagement dans ce qui donne son prix à la vie ? » Petit à petit, on échoue à trouver du sens aux choses et le goût d’accomplir n’est plus que nostalgie.

Il existe cependant un antidote à tout cela, quelque chose qui maintient l’enthousiasme de la vie dans sa pleine puissance. Cela s’appelle l’espoir. Mais il ne s’agit pas de se créer ainsi une illusion rassurante qui ne reposerait que sur une vision volontairement naïve, aveuglement qui n’ose pas dire son nom. Cet espoir-là est l’aspiration concrète à construire un édifice nouveau. Il affirme que l’homme est toujours en devenir et le monde avec lui. Il ne laisse pas passer les événements comme on laisse glisser l’insignifiance, il entreprend de les transformer.

N’est-ce pas là l’essence même de la judaïté et finalement de ce que nous sommes ? Ne jamais renoncer, se ressourcer dans le lien avec D.ieu, préserver en soi, au long du quotidien et même dans l’adversité, la volonté d’agir pour le bien : voilà donc les vertus naturelles à cultiver pour se défaire du « à quoi bon ? » Mais comment les obtenir quand tout invite au renoncement ? C’est ici qu’interviennent le choix et la liberté ultime de l’homme. Chacun détient en lui les forces de ce qu’il faut bien appeler un renouveau.

Le mot est connu, souvent cité par le Rabbi, « pense bien et tout ira bien. » Confiance aveugle ? Espérance irraisonnée voire déraisonnable ? Ou plutôt, le seul réalisme qui vaille ! Car, face aux tentations du « à quoi bon » et à ses abandons, il nous revient de dresser la grandeur de la conscience, la force de la volonté et l’infinie vision de l’espoir. De quoi changer le monde et tous ceux qui y vivent, à commencer par soi-même.


 L’attendre sans cesse

Maïmonide souligne, dans son Michné Torah (Hil’hot Mela’him, chap. 11), la nécessité de « croire en Machia’h et d’attendre sa venue ». Apparaissent donc ici deux obligations parallèles. Elles sont certes complémentaires mais elles ne peuvent pas se confondre. En fait, leur juxtaposition a une raison d’être : elle nous enseigne que, de même que l’obligation de croire en Machia’h est constante, ainsi celle d’attendre sa venue imminente est d’application continue.

(d’après Likoutei Si’hot, vol. XXVIII, p. 131)


 Chela’h

Cette Paracha évoque l’épisode des douze explorateurs envoyés par Moché en Israël. Dix d’entre eux, à l’exception de Calev et Yehochoua font un compte-rendu qui décourage les Juifs de conquérir la terre. D.ieu décrète alors qu’ils resteront encore quarante ans dans le désert et que ce sera la génération suivante qui entrera en Israël.

Des lois pour les offrandes ainsi que la Mitsva de la ‘Hallah sont détaillées.

Un homme est mis a mort pour avoir publiquement profané le Chabbat.

Enfin la Mitsva des Tsitsit est donnée par D.ieu afin que nous nous souvenions d’accomplir Ses commandements.

Le nœud de la Paracha de cette semaine se découvre dans l’épisode des explorateurs envoyés pour rapporter des informations sur la Terre d’Israël. Ils reviennent, relatant au peuple à quel point les nations qui résident sur la Terre d’Israël sont terrifiantes et combien il sera difficile, virtuellement impossible, pour les Juifs de la conquérir. Devant cette attitude, D.ieu dit à Moché que ce peuple n’est pas celui qui peut entrer dans le pays. Ils erreront dans le désert pendant encore quarante ans et ce ne sera que la future génération qui pourra s’installer en Israël.

Une phrase, prononcée par les explorateurs, dans leur rapport, nous interpelle. Ils disent au peuple : « Nous avons vu les géants, les fils du titan… Nous étions comme des sauterelles à nos propres yeux, et ainsi nous le fûmes pour eux ».

Parce qu’ils étaient envahis par la peur, cette peur devint elle-même prophétique. Ils perdirent le respect d’eux-mêmes si bien que les autres ne les respectèrent pas.

En fait, l’image que la personne projette d’elle-même à l’extérieur est un reflet de la façon dont elle se considère elle-même. Quand les explorateurs se virent impuissants, ils le devinrent et c’est également ainsi que les perçurent les Cananéens.

Mais qu’auraient-ils dû faire ? Ils se trouvaient face à des géants !

Une image positive de soi-même se doit d’être sincère. L’intention n’est pas de tromper autrui, ni même soi-même d’ailleurs, avec une bravoure affectée. Etant donné que les Cananéens étaient des géants, comment les Juifs pouvaient-ils être assez confiants pour être sûrs qu’ils pourraient les vaincre ?

En réalité, ils auraient dû réaliser qu’intérieurement, eux aussi étaient des géants. En fait, ils possédaient même une plus grande puissance que les Cananéens. Car ces derniers n’étaient puissants que physiquement. Or, quand deux peuples très forts s’affrontent dans une bataille, ils perdent tous deux. L’un peut sortir victorieux, mais il subit de lourdes pertes. Et l’issue est imprévisible car dans ce combat de deux titans, il est impossible de connaître celui qui l’emportera.

Les Juifs, quant à eux, possédaient de plus grandes ressources. Leur puissance n’était pas physique, elle était spirituelle. Ils ne partaient pas en guerre, fortifiés de leur propre puissance. Bien au contraire, ils étaient, de toute évidence, une nation plus faible. Une raison unique pouvait leur permettre de conquérir Erets Israël : D.ieu allait les assister. Et puisque D.ieu leur donnerait Son aide, peu importait la puissance de leurs ennemis.

Ils possédaient un potentiel extraordinaire pour développer une image positive d’eux-mêmes parce que la vérité de leur être était l’étincelle divine intérieure, l’âme que nous possédons tous. Et plus encore, ils avaient reçu l’assurance de D.ieu qu’Il les aiderait. Le seul défi qui leur était lancé était de bien concentrer leur attention. Au lieu de voir le monde à travers les verres myopes de l’humanité, ils étaient invités à voir les choses dans la perspective de D.ieu.

Cette invitation est lancée à chacun de nous. Nous faisons tous face au défi d’entrer en Erets Israël, c’est-à-dire de pénétrer un monde intimidant et éprouvant. Nous devons prendre conscience que nous avons la force intérieure de l’emporter parce que nous ne nous battons pas pour nous-mêmes mais pour plus que cela. Nous avons la mission de faire de ce monde une résidence pour D.ieu et rien ne peut nous empêcher d’accomplir cette mission. Habités de cet état d’esprit, nous pouvons nous lancer avec une véritable force et une confiance invétérée.

Perspectives

La lecture de la Torah se conclut par la Mitsva des Tsitsit, les fils que les hommes portent aux quatre coins de leur vêtement. Bien que les commandements qui impliquent la matérialité ne s’accomplissent que dans notre monde physique, nos Sages évoquent également la manière dont D.ieu Lui-même, pour ainsi dire, accomplit Ses propres commandements. Ceci est dit en allusion dans le verset : « Il dit Ses paroles à Yaacov, Ses statuts et Ses ordonnances à Israël ». Selon les paroles du Midrach, « un homme de chair ordonne habituellement aux autres d’accomplir des actes bien que lui-même ne s’y prête pas. Il n’en va pas de même avec le Saint Béni soit-Il : ce sont les actes que Lui-même accomplit qu’Il commande au Peuple juif d’accomplir et d’observer ».

Par notre accomplissement de la Mitsva des Tsitsit, dont nous réunissons les quatre coins tous les matins, nous hâtons l’accomplissement de cette Mitsva, exécutée par D.ieu Lui-même, la réunion du peuple juif des quatre coins de la terre. 


 Qu’est-ce que Tefilat Hadérèkh, la prière du voyageur ?

- Quiconque entreprend « un long voyage » (de plus de 4 km environ en-dehors des zones habitées) doit réciter Tefilat Hadérèkh, car tout voyage implique un danger.

- Quel que soit le moyen de locomotion employé (même pour une longue promenade à pied), on récite Tefilat Hadérèkh.

- Certains ajoutent des versets ou même des chapitres entiers avant ou après Tefilat Hadérèkh mais l’essentiel reste la prière elle-même avec la bénédiction qui la conclut.

- Il est préférable – si c’est possible – de s’arrêter et de rester debout pour réciter Tefilat Hadérèkh. Certains préfèrent manger ou boire avant Tefilat Hadérèkh afin de la connecter avec une autre bénédiction.

- Il est recommandé, avant de partir en voyage, de donner de l’argent à la Tsedaka (charité). De plus, il est bon de confier à la personne qui part en voyage une somme à remettre à la Tsedaka une fois arrivé à destination : ainsi le voyageur est considéré comme « un émissaire pour une Mitsva » à qui il ne devrait rien arriver de fâcheux. Si personne ne lui confie de l’argent, le voyageur peut réserver de l’argent en s’engageant (Bli Néder – sans en faire le vœu) à le remettre à la Tsedaka en mémoire de Rabbi Meir Baal Haness.

- On ne part pas en voyage sans emporter à manger – même si on a commandé un repas cachère – et un Kéli (récipient) pour se laver les mains rituellement. On pose dans sa valise, avant tout autre objet, son Talit et ses Téfilines (quitte à les mettre dans un autre sac par la suite).

- Le Rabbi de Loubavitch recommandait de toujours emporter (en particulier dans sa voiture) un Siddour (livre de prière), un ‘Houmach (Bible), un Tehilim (Psaumes), un Tanya et une boîte de Tsedaka.

- Rabbi Yehouda Ha’hassid écrivait qu’on ne cire pas ses chaussures le jour du voyage et on évite de retourner dans la maison une fois qu’on l’a quittée.

(d’après Hali’hot Morde’haï)


 Le 3 Tamouz avec le président Shazar

Peu de temps après notre arrivée à Houston (Texas) en tant qu’émissaires du Rabbi en 1972, le Président de la Fédération m’informa que le président d’Israël, M. Zalman Shazar, en route pour le Mexique, effectuerait une étape de quelques heures. Les notables de la communauté l’accueilleraient dans un des salons de l’aéroport et on m’invitait à les accompagner.

Je suis un Chalia’h du Rabbi et je ne prends pas de décision de ce genre sans en référer au Rabbi. Je téléphonai donc à Rav Hadakov, son secrétaire principal, en lui demandant si je devais me joindre le lendemain à la délégation.

Tandis que je lui parlais, j’entendis Rav Hadakov tenir un instant une conversation avec quelqu’un d’autre et je compris, d’après le ton de sa voix, que c’était le Rabbi qui était à côté de lui.

Je répétai ma question à Rav Hadakov et il répondit, bien entendu, par une autre question :

- Sais-tu quel jour nous serons demain ?

- Bien sûr ! Nous serons le 3 Tamouz ! répondis-je.

- Connais-tu la signification de ce jour ? continua-t-il.

Oh oui ! Je me souvenais que, lors d’un Farbrenguen (réunion ‘hassidique) le Chabbat Kora’h 3 Tamouz 1958, le Rabbi avait expliqué que, pour les ‘Hassidim, le 3 Tamouz représentait, dans son essence, une joie encore plus importante que le 12 Tamouz. (Rappelons qu’en 1927, Rabbi Yossef Its’hak, précédent Rabbi de Loubavitch, avait été emprisonné par les Soviétiques et condamné à mort pour « activités contre-révolutionnaires » c’est-à-dire pour propagation du judaïsme. Le 3 Tamouz, la sentence avait été commuée en condamnation à l’exil et, le 12 Tamouz, le Rabbi précédent avait – de façon incroyable à l’époque - été libéré complètement. Même si le 3 Tamouz, le Rabbi précédent n’avait pas eu la possibilité de reprendre ses activités à la tête du mouvement Loubavitch, il avait néanmoins été sauvé d’un terrible décret : pour les ‘Hassidim, cela avait représenté un immense soulagement. Or le président Shazar était issu d’une famille d’origine Loubavitch et comprenait parfaitement tout ce que cela impliquait).

- Vas-y ! dit Rav Hadakov. Et explique au Président Shazar tout ce que tu sais de cette date importante ! N’oublie pas d’emporter des biscuits et une bouteille de vodka pour trinquer Le’Haïm (A la Vie) avec lui !

Le lendemain, je me rendis à l’aéroport avec mon petit chargement. Quand j’arrivai dans le salon d’accueil, je ne pus que constater que l’endroit était plein à craquer, toutes les personnalités de Houston avaient tenu à accueillir le Président de l’État d’Israël ! Je me demandai comment je pourrais seulement m’approcher de M. Shazar et remplir la mission que le Rabbi m’avait confiée.

Cependant, dès que M. Shazar m’aperçut, c’est lui qui se précipita vers moi :

- Vous êtes sûrement un Loubavitch ! s’écria-t-il en me serrant vigoureusement la main. Comment va le Rabbi ? Que se passe-t-il auprès de lui ?

Il voulait tout savoir, posait de nombreuses questions sur le Rabbi et ses initiatives… Alors que tous les notables s’étonnaient que le président Shazar s’intéressât tellement à moi et au Rabbi que je représentais, j’informai M. Shazar de ce que le Rabbi m’avait chargé de lui transmettre quant à la spécificité du jour. Nous avons trinqué ensemble Le’haïm, comme deux ‘Hassidim heureux de se rencontrer, oubliant presque le protocole et toutes les autres personnes présentes. Puis il me demanda un service : il se rendait maintenant à Mexico mais, sur le chemin du retour, il passerait par New York. Pourrait-il profiter de son escale pour obtenir un rendez-vous avec le Rabbi ?

Je me précipitais vers une cabine téléphonique (qui se souvient que les portables n’existaient pas à l’époque ?) et réussis à joindre immédiatement le secrétariat du Rabbi. On me promit que la rencontre serait possible.

Quelques jours plus tard, je reçus un appel de Rav Hadakov : une entrevue privée serait arrangée le 12 Tamouz (anniversaire de la libération du Rabbi précédent) et il me demandait si je serais aussi présent à New York ce jour-là. Je compris qu’il s’agissait là presque d’une invitation personnelle de la part du Rabbi et je répondis bien sûr par l’affirmative.

Effectivement, je me rendis à New York pour le 12 Tamouz et j’eus l’honneur d’assister à la première partie de la Ye’hidout (entrevue) en présence d’autres dignitaires du mouvement Loubavitch et du gouvernement israélien. Le Rabbi me présenta même au président :

- Voici le jeune homme qui nous a prévenus de votre arrivée. Il s’appelle Shimon Lazaroff. Son grand-père, dont il porte le nom, était le Rav de Leningrad !

Et le Rabbi ajouta, non sans une pointe d’humour :

- Il habite à Houston, la ville dont on s’élance pour voyager vers la lune ! C’est la porte d’entrée vers le Ciel… !

 

Quand nous nous sommes installés à Houston en 1972, nous étions partis de rien. Aujourd’hui le mouvement Loubavitch est présent dans dix-sept villes, nous dirigeons 27 institutions, nous sommes aidés par 40 Chlou’him et nous avons influencé des centaines de Baalé Techouva (Juifs revenus à une vie de Torah) dont certains sont eux-mêmes - ou leurs enfants - devenus des cadres du mouvement Loubavitch partout dans le monde…

Rav Shimon Lazaroff – A Chassidisher Derher – Iyar 5777

Traduit par Feiga Lubecki

Publié dans 2017

 Comme d’habitude ?

L’homme s’est toujours posé la question du sens des choses. Question essentielle : ne concentre-t-elle pas toute l’interrogation sur sa place dans ce monde ? Il est vrai que, alors que les jours succèdent inlassablement aux nuits, que la vie quotidienne donne à chacun des réflexes quasi mécaniques, cette interrogation-là se fait lancinante. Ne sommes-nous pas conduits, par la pesanteur de notre environnement, par l’extrême formalisation de nos modes de vie, à reproduire plus qu’à imaginer, à faire les gestes et les actes toujours attendus en omettant de réfléchir à leur opportunité, leur pertinence ou, plus fondamentalement, leur légitimité. Tous les langages humains ont trouvé une expression merveilleuse pour désigner, et sans doute justifier, une telle manière de vivre. « Comme d’habitude » entend-on ainsi affirmer avec l’assurance de qui n’a rien à prouver. « Comme d’habitude » et tout est dit, nul besoin de préciser. La répétition d’une action, née on ne sait comment ni pourquoi, suffit donc à démontrer la nécessité de son existence et surtout de sa poursuite. Il n’y a, dès lors, jamais rien de nouveau ; tout est, décidément, affaire « d’habitude »…

C’est ainsi que, peu à peu, en viennent à se dessécher les actes les meilleurs. Tels des fleurs trop longtemps conservées, ils ont gardé les traces du temps de leur vivacité mais ont perdu ce qui les rendait si précieux : le frémissement d’une vie toujours en devenir. C’est ainsi que le sens se perd. Si tout est immuablement figé par l’habitude, si la vie avance sur un chemin irrémédiablement tracé par elle, où donc est la place de l’homme et à quoi servent ses efforts et ses aspirations ? Que peut-il subsister de l’espoir sans lequel aucun lendemain ne chantera jamais ? Enfermé dans la prison d’absurdité qu’il s’est lui-même construite, pris dans les filets de ses habitudes, l’homme ressent plus ou moins consciemment comme sa liberté n’est plus qu’un concept dénué de substance et, par conséquent, de portée.

Cependant tout homme possède une puissance infinie. Chacun peut décider de considérer lui-même et le monde d’un œil neuf. Mieux encore, chacun peut faire du monde un endroit éternellement neuf. En laissant l’habitude en arrière, en sachant que chaque chose rencontrée, chaque événement, chaque décision sont des éléments radicalement nouveaux parce que nous les faisons tels, nous pouvons leur donner un sens. Nous faisons ainsi que le monde avance dans une direction que nous lui choisissons. Brisant les chaînes qu’une certaine conception de la vie voudrait nous imposer, nous pouvons construire des nouveaux édifices. Les actes ne s’expliquent alors plus par leurs précédents mais en tant qu’ils portent en eux un autre avenir. L’homme est enfin libre, de cette liberté qui inaugure les temps nouveaux, ceux de la Délivrance.


 Elie l’annonciateur

Les prophètes ont annoncé que la venue de Machia’h sera précédée de celle du prophète Elie. C’est ainsi que nous lisons (Malachie 3:23) : “Voici que Je vous envoie Elie le prophète avant que vienne le jour de D.ieu grand et redoutable”. Une question se pose : quel est le rapport particulier entre Elie et cet événement ? Pourquoi est-ce précisément lui qui a été chargé de ce rôle d’annonciateur ?

On sait que le prophète Elie, selon le texte biblique, lorsque vint le moment de sa mort, quitta ce monde avec son corps. Les commentateurs expliquent ce prodige : Elie s’était tant spiritualisé au cours de sa vie physique que son corps pouvait entrer avec lui dans le domaine du spirituel. C’est précisément là le lien avec le temps de Machia’h. Dans cette nouvelle époque, le monde sera parvenu au plus haut de la spiritualisation et du raffinement au point que (Isaïe 40 :5) “toute chair verra que la bouche de D.ieu a parlé”. C’est ce niveau infini qu’Elie incarnait déjà en son temps.

(d’après Likouteï Si’hot, vol. II, p.610) 


 Behaaloté’ha

Aharon reçoit l’ordre d’allumer la Menorah et la tribu de Lévi est initiée au service du Sanctuaire.

Un « second Pessa’h » est institué en réponse à la demande d’un groupe de Juifs qui n’avaient pu apporter le sacrifice pascal.

D.ieu indique à Moché l’itinéraire dans le désert et le peuple juif part du Mont Sinaï où il avait campé presqu’une année.

Les Juifs réclament à Moché de la viande.

Moché demande aux 70 Anciens de l’assister dans la difficile gouvernance du peuple juif.

Miryam parle en termes critiques de son frère Moché. Elle est punie par une maladie de la peau. Moché prie pour sa guérison et la communauté entière attend sept jours jusqu’à ce qu’elle guérisse.

Le but de l’éducation

C’est par un verset unique : « éduque un enfant selon son chemin de sorte que, même lorsqu’il grandira, il ne s’en écarte pas » que le Roi Salomon communique plusieurs concepts fondamentaux de l’approche de la Torah à l’éducation.

Le but de l’éducation ne consiste pas simplement à transmettre des informations mais à modeler le caractère, à mettre l’enfant (ou l’élève) sur une voie qu’il pourra suivre tout au long de sa vie. Chaque enfant s’engagera dans un « chemin » car la vie ne nous permet pas de nous arrêter et nous subissons des changements et construisons ainsi une route. Mais un enfant doit être préparé à ces transitions, qui ne doivent pas le prendre au dépourvu. Et c’est là même le but de l’éducation : lui donner une échelle de valeurs et des principes qui lui enseigneront comment se projeter dans l’avenir, comment faire face et surmonter les défis de la vie.

Il ne s’agit pas seulement de principes abstraits mais ils doivent faire partie intégrante de sa vie concrète et être intériorisés.

Ainsi, non seulement l’enfant aura un but vers lequel se diriger mais également la force intérieure qui lui permettra de relever les défis. L’enfant, fort des principes et des valeurs sincères qu’il aura appris, sentira monter en lui une énergie qui s’exprimera dans des expériences de vie positives.

Encourager l’individualité

Il est important, dans ce processus, de prendre conscience que chaque enfant a « son chemin », sa nature individuelle. Comme le disait le Rabbi précédent, « chaque Juif a une mission spirituelle dans sa vie ». Bien que nous partagions tous le but commun de transformer notre monde en résidence pour D.ieu, chacun de nous possède des tendances et des talents particuliers. C’est leur expression qui permet au dessein Divin de se manifester selon différentes manières, ce qui touche un champ plus vaste.

Un maître ne doit donc pas pousser tous ses élèves dans une direction unique mais apprécier les dons de chacun et cultiver leur expression. Même lorsqu’il s’agit des vérités universelles de la Torah, le but ne doit pas être le conformisme mais au contraire le fait de permettre à chacun d’intérioriser ces vérités, d’une manière qui sied à sa propre nature.

Des lampes qui resplendissent

La Paracha de cette semaine, qui commence avec le commandement que reçoit Aharon d’allumer la Menorah, évoque précisément ces concepts. La Menorah symbolise le Peuple juif car le but de l’existence de chaque Juif est de diffuser la lumière Divine dans le monde : « l’âme de l’homme est la lampe de D.ieu » car « avec la lumière de la Torah et la bougie des Mitsvot », notre peuple illumine le monde.

La Menorah s’élevait en sept branches qui symbolisent sept voies dans le service Divin. Et pourtant, elle était confectionnée à partir d’un seul bloc d’or. Cela signifie que les qualités diverses des membres du Peuple juif ne les empêchent pas de former une unité essentielle. La diversité ne mène pas à la division et le développement d’une véritable unité provient de la synthèse d’élans divers, chacun exprimant ses propres talents et sa personnalité.

Des efforts indépendants

Dans l’expression du commandement de D.ieu à Aharon d’allumer la Menorah, la Torah utilise la phrase : Behaalote’ha Ete Hanérot, littéralement : « quand tu feras monter les lampes ». Rachi explique que cela signifie que le Cohen devait appliquer la flamme à la mèche, « jusqu’à ce que la flamme s’élève par elle-même » et brille de son propre chef.

L’interprétation allégorique de chacun des termes exprimés par Rachi reflète un concept fondamental.

 

La flamme : Chacun est une « lampe » potentielle. Mais une flamme réalise son potentiel lorsqu’elle produit une brillante lumière.

S’élève : Nous ne devons pas nous satisfaire de notre état présent, quelque raffiné qu’il soit. Nous devons chercher à aller plus loin, pour atteindre un service Divin d’un niveau encore plus élevé et plus complet.

D’elle-même : Il nous faut intérioriser l’influence de nos maîtres jusqu’à ce que leur lumière devienne la nôtre. Le savoir que nous avons acquis doit nous donner la force de « briller » par nous-mêmes, de façon indépendante.

Mais cela va encore plus loin.

S’élever par elle-même signifie que le désir d’aller de l’avant doit devenir notre nature-même. Nous devons continuer à chercher à progresser, quand bien même nous n’y sommes pas encouragés par les autres.

Par le même biais, lorsque nous enseignons, notre intention doit être de faire de notre élève une flamme « qui s’élève par elle-même », une lampe indépendante qui répand « la lumière de la Torah » dans son environnement.

Continuer le voyage

Behaalote’ha n’est pas simplement le début de la Paracha, c’est également son nom. Les leçons qu’il communique s’applique au contenu de tous les versets. Cela s’exprime dans la plus grande partie de la Paracha, décrivant les préparatifs et les premières étapes du voyage du Peuple juif dans le désert. Le Baal Chem Tov explique : « ces voyages se reflètent dans les voyages de chaque individu au cours de sa vie ».

Le Peuple juif ne resta pas au Mont Sinaï où il avait reçu la Torah et construit le Sanctuaire. Mais ils prirent la Torah et le Sanctuaire et se mirent en chemin à travers le désert du monde.

De la même façon, le fait d’allumer la lumière dans l’âme d’une personne, ce qui est le but de son éducation, doit lui permettre de prendre sa « lumière de la Torah » avec elle, dans ses voyages de par le monde. Et en répandant cette lumière, chacun contribue à accomplir le but de toute existence : la construction d’une demeure pour D.ieu dans notre monde matériel.

C’est dans cette veine que les voyages du Peuple juif dans le désert font aussi allusion aux périples de notre Peuple, à travers les âges, vers la réalisation de ce dessein : la révélation de la lumière du Machia’h. Et c’est alors que nous nous rejoindrons avec la reconstruction du Beth Hamikdach où nous pourrons à nouveau contempler les Cohanim allumer la Menorah. 


 Pourquoi et comment se lave-t-on les mains le matin ?

Après une nuit de sommeil, l’être humain est semblable à une nouvelle créature qui s’apprête à passer une nouvelle journée au service de son Créateur. Comme le Cohen (prêtre, descendant d’Aharon) qui devait se laver les mains avant d’entrer dans le Temple, le Juif se lave les mains dès que commence une nouvelle journée comme il est écrit : « Je me laverai les mains en propreté et j’entourerai Ton autel » (Tehilim – Psaumes 26 : 4).

De plus, durant le sommeil, l’âme quitte le corps dans une certaine mesure et des forces malfaisantes s’en emparent. Au réveil, l’âme reprend sa place mais les forces du mal subsistent sur les doigts, jusqu’à ce qu’on se lave les mains rituellement. Pour cela, avant d’aller dormir, on prépare à côté du lit une bassine avec un Kéli (récipient) : dès qu’on se réveille, on remercie D.ieu (avec la courte prière de Modé Ani) puis on verse un peu d’eau d’abord sur la main droite puis sur la main gauche, trois fois de suite. (Cette eau devra ensuite être jetée). On ne marche pas trois pas avant de s’être lavé les mains.

Une fois qu’on s’est habillé et qu’on est prêt à démarrer la journée, on se relave les mains rituellement et on prononce la bénédiction « Al Netilat Yadayim ». Le précédent Rabbi de Loubavitch expliquait que le mot Netilat signifie littéralement « prendre » : quand nous nous lavons les mains le matin, nous exprimons notre désir de prendre le contrôle de nos mains, c’est-à-dire de consacrer toutes nos activités de la journée au service de D.ieu.

 (d’après le Kitsour Choul’hane Arou’h) 


 Le disque

Déjà en Russie soviétique, Rav Berel Zaltzman adorait chanter au point qu’il prit des cours de chant auprès d’un spécialiste de la voix à Moscou. Celui-ci lui promit une carrière en or, avec des entrées à l’Académie de Musique. Mais, fermement décidé à rester un ‘Hassid, Berel refusa cette offre, préférant continuer à mettre ses dons au service de la prière à la synagogue et devenir ‘Hazane (cantor).

Sorti miraculeusement d’URSS en 1971, Rav Berel Zaltzman s’était installé en Israël puis avait pris l’avion pour New York afin de passer les fêtes de Tichri auprès du Rabbi. Si les ‘Hassidim en Union Soviétique avaient ardemment souhaité voir le Rabbi, on peut affirmer que le Rabbi avait, lui, versé des torrents de larmes en évoquant, constamment, le sort des Juifs de Russie (et en agissant clandestinement pour alléger leur sort et leur donner les moyens de pratiquer leur judaïsme d’une manière ou d’une autre).

Le séjour auprès du Rabbi se déroula comme dans un rêve ; à l’évidence, le Rabbi appréciait la ‘Hazanout de Rav Berel. Au point qu’il lui conseilla de rester quelques mois en Amérique, de se produire dans des concerts et d’en profiter pour raconter comment, malgré l’oppression, il avait été élevé dans une atmosphère ‘hassidique. Effectivement, à chacune de ses apparitions, il faisait salle comble et même les plus grands cantors américains tenaient à assister à ses représentations. Non seulement, il contribuait ainsi à faire reconnaitre l’action du mouvement Loubavitch en Union Soviétique mais, de plus, il put gagner assez d’argent pour rembourser les dettes du voyage et s’installer confortablement en Israël.

Puis le Rabbi lui conseilla de produire un disque, lui offrant même l’argent à investir dans cette entreprise. Dès son retour en Israël, Rav Berel contacta un studio d’enregistrement et, bien vite, le disque se vendit comme des petits pains. Parallèlement, Rav Berel avait ouvert un pressing mais celui-ci n’apportait pas les bénéfices escomptés. Lors de son voyage suivant, Rav Berel se plaignit devant le Rabbi mais, au lieu de répondre, le Rabbi le pressa de produire un nouveau disque.

- Je suis si étranglé par ma situation financière que je ne peux investir quoi que ce soit dans la production d’un nouveau disque ! protesta Rav Berel.

- Comment ? s’exclama le Rabbi. Vous avez tenu tête à Staline mais vous n’arrivez pas à investir 2000 dollars pour un disque ?

Un an plus tard, Rav Berel annonça au Rabbi qu’on lui proposait un poste de cantor aux États-Unis et il demanda s’il devait vendre son pressing. Une fois de plus, le Rabbi ignora sa question et persista : « Et le disque ? ». Sans argent, Rav Berel ne savait que répondre. Il rentra chez lui, désespéré mais sa femme remarqua :

- Chaque fois que tu parles au Rabbi de ta situation financière, il te répond que tu dois produire un disque… Trois années de suite maintenant !

- C’est vrai mais comment pourrais-je produire un disque alors que je n’arrive pas à joindre les deux bouts ?

- Tu dois emprunter ! Je suis sûre que la seule raison pour laquelle tu rates toutes tes affaires, c’est parce que tu n’as pas encore produit le disque que le Rabbi t’a demandé !

Il est difficile de juger quelqu’un qui se trouve dans une situation pareille. « J’avais une grande famille que je ne parvenais même pas à nourrir correctement, commente Rav Berel. Un vendredi après-midi, en revenant de mon travail, j’étais si désespéré que je restais dans la voiture, presque prêt à pleurer sur mes difficultés. Mon ami Rav Pessa’hia Lipsker m’aperçut, prostré dans ma voiture. Il s’approcha et s’inquiéta : 

- Que se passe-t-il ? Il est presque l’heure d’allumer les bougies, rentre chez toi !

- Je n’en peux plus ! Et je lui expliquai mes problèmes, le pressing, le disque, mon épouse et pas un sou en poche…

- Ta femme a certainement raison ! trancha Rav Pessa’hia. Si le Rabbi te demande de produire un disque, même si tu n’as pas d’argent, tu dois le faire ! Dès demain soir, tu appelleras le studio à Tel-Aviv et, dimanche, je viendrai avec toi et je paierai le prix de l’enregistrement !

Stupéfait par sa générosité, je protestai :

- A condition que nous partagions les profits !

- Comme tu veux, l’essentiel c’est que toi et ta famille, vous passiez un bon Chabbat !

Très peu de temps après, je réalisai comment mon épouse avait vu juste ! Après Chabbat, j’obtins un rendez-vous au studio à Tel-Aviv. Le lendemain, je reçus un appel du directeur d’un abattoir. Il me proposait de nettoyer chaque jour les tabliers de ses 150 ouvriers. Le contrat fut signé immédiatement ! Le disque que le Rabbi voulait que je produise apportait déjà sa bénédiction ! En très peu de temps, je pus rembourser mes dettes et envisager l’avenir avec sérénité.

Rav Hillel Zaltzman - Samarkand

Traduit par Feiga Lubecki

Publié dans 2017