Semaine 52

  • Mikets
Editorial
Le grand débat
L’histoire rapporte qu’Hérode, l’homme qui avait usurpé le trône de Judée à l’époque romaine, craignit que les Sages, dépositaires de l’âme éternelle du peuple juif et ses guides, complotent contre lui et finissent par le perdre. Pour garantir ce qu’il espérait être sa victoire définitive sur tout ce qui pouvait constituer opposition à son arbitraire, il usa d’une méthode radicale : il fit tuer tous les Sages sauf un d’entre eux à qui il se «contenta» de faire crever les yeux pour le rendre inoffensif. Le temps passa et Hérode finit par ressentir les tourments de ce qui lui restait de conscience. Il s’en ouvrit au Sage survivant, le suppliant de l’aider à trouver le chemin du pardon. Le Sage en question eut cette réponse restée fameuse : «En tuant les Sages, tu as éteint la lumière du monde, tu dois maintenant la rallumer. Pour cela, renforce, agrandis et embellis le Temple de Jérusalem». C’est ainsi que celui-ci devint le merveilleux édifice que les textes décrivent.
Voilà une histoire qui n’est guère de saison pourrait-on croire. Nous sommes occupés cette semaine à célébrer ‘Hanouccah et l’allégresse emplit nos cœurs tandis que les traditions festives de la période chantent dans toutes les maisons juives et voici qu’un ancien récit des temps cruels, un récit de terreur et d’héroïsme, de forfait et de remord, apparaît brutalement. En est-ce bien le moment ? Regardons donc de nouveau l’anecdote. Une lumière éteinte, celle des Sages, une lumière qui monte, celle du Temple et des hommes pour être les acteurs de l’obscurité et ceux de sa chute. N’y a-t-il pas ici comme un murmure de ‘Hanouccah ? Il a été abondamment dit que cette fête ne célèbre pas la victoire militaire d’une petite troupe de Juifs décidés mais bien faibles sur l’innombrable et surarmée soldatesque grecque, malgré son caractère si évidemment miraculeux. Ce qui est rappelé pendant toute cette semaine de ‘Hanouccah, c’est quelque chose de bien plus simple mais de si infiniment prodigieux : une lumière qui monte et qui ne s’éteint pas.
Au fil des temps, le nom des tyrans peut changer, les lieux où nous vivons aussi. Tout le contexte peut ainsi être différent. Mais le débat est toujours là, toujours identique, entre la lumière et l’obscurité, entre la conscience des hommes et les hommes sans conscience. Dans ce débat, aussi ancien que le monde, nous sommes les premiers acteurs. Car, plus que bien d’autres sans doute, nous connaissons la valeur de la lumière et savons comme en être éternellement les porteurs est une fonction à risques dans un monde qui veut refuser de la voir. Et ‘Hanouccah dans tout cela ? Une cérémonie de lumière soir après soir pour qu’enfin le monde s’éclaire. A partager d’urgence.
Etincelles de Machiah
Etre libre même en prison
«Et ce fut à la fin de deux années» (Gen. 41 : 1) : ce verset ouvre l’histoire de la libération de Joseph de la prison où il avait été jeté en Egypte. Le mot traduit ici par «fin» – en hébreu «Kets» – renvoie aussi à l’idée de limitation imposée. Le verset signifie ainsi que, même en prison, le lieu de toute limitation, Joseph resta libre dans son âme, jamais soumis à la coercition. Car la Torah qu’il avait étudiée ne cessa jamais de l’accompagner. C’est la raison pour laquelle son état de prisonnier fut temporaire et il put devenir vice-roi d’Egypte à peine libéré.
La prison de Joseph symbolise aussi ce monde où l’âme doit se revêtir dans un corps. Le sentiment de vivre une existence restreinte, comme en une prison, est particulièrement éclatant en temps d’exil. C’est alors que l’histoire de Joseph prend tout son relief et son importance : la situation «limitée» n’est que transitoire ; elle n’a pour but que d’éclairer le monde par la Torah et ses commandements ; très bientôt elle se terminera et s’ouvrira enfin le temps de la Délivrance.
(D’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch –
Chabbat Parachat Mikèts 5751) H.N.
Vivre avec la Paracha
Mikets : les sept vaches grasses

L’un des détails importants, mais peu analysé, du célèbre rêve de Pharaon (où il vit sept vaches grasses se tenir près de sept vaches maigres et ces dernières dévorer les premières) est le fait que toutes les vaches étaient au départ ensemble sur la rive du fleuve. En d’autres termes, les quatorze vaches existaient simultanément dans ce rêve, ce qui est contraire à la réalité des faits où sept années de famine succédèrent à sept années de plénitude (ce qu’exposa Yossef dans son interprétation).
C’est la raison pour laquelle les sages de Pharaon, qui avancèrent toutes sortes d’interprétations fantaisistes à son rêve (par exemple «sept filles naîtront de toi et sept filles mourront»), n’acceptèrent pas la version qui les frappait en pleine face. Quand les vaches sont-elles grasses ? Quand les récoltes sont abondantes ! Et quand les vaches sont-elles décharnées ? En temps de famine. Et il en va de même pour les épis de blé (sujet du rêve suivant de Pharaon). Quoi de plus évident ?
Mais Pharaon avait vu les vaches grasses et les vaches maigres brouter ensemble. Il est impossible d’avoir des années d’abondance et des années de famine en même temps, disaient les sages. Les rêves doivent avoir un autre sens, quelque chose de moins évident, de plus métaphorique.
Le génie de Yossef fut de comprendre que non seulement les rêves de Pharaon annonçaient les événements à venir mais donnaient également la clé pour y faire face : ils disaient à Pharaon de faire en sorte que les sept années d’abondance coexistent avec les sept années de famine. Quand Yossef instruisit Pharaon sur la manière de se préparer à la famine annoncée, il n’offrait pas un conseil qu’on ne lui avait pas demandé : ce conseil faisait partie intégrante de l’interprétation du rêve. Si tu gardes le surplus de la récolte des années de richesse, disait Yossef, alors les sept vaches grasses seront toujours présentes lorsque sortiront de la rivière les sept vaches maigres et ces dernières auront de quoi manger.
Les Maîtres de la ‘ Hassidout notent que le premier exil du Peuple Juif se produisit dans une brume de rêves. Les rêves de Yossef, les rêves du palefrenier et de l’échanson et les rêves du Pharaon conduisirent Yossef, puis toute sa famille, en Egypte où ils allèrent subir l’exil, l’esclavage et les persécutions jusqu’à leur libération par Moché, plus de deux cents années plus tard. Il est à noter que l’exil précédent de Yaakov à ‘Haran avait également commencé et terminé par des rêves.
Car l’exil est un rêve : un état d’existence parcouru de métaphores obscures, d’excès terribles et d’impossibilités rationnelles. Un état dans lequel les vaches grasses et les vaches maigres vivent ensemble, dans lequel une vache peut même être simultanément grasse et maigre.
L’exil est un lieu où une économie florissante est à la fois une bénédiction et une malédiction, où le courant de liberté qui bouillonne révèle en l’homme le meilleur et le pire, où les outils de la technologie moderne apportent la connaissance et l’abomination, où nous sommes saturés de spiritualité et en même temps spirituellement pauvres.
Mais il existe une solution à ce désordre cosmique. Ecoutons parler Yossef (Pharaon lui-même reconnaît un bon conseil !). Ne fuyons pas le rêve, ne lui cherchons pas d’autres explications. Utilisons-le. Si l’exil nous présente le paradoxe des vaches grasses et des vaches maigres, broutant côte à côte sur le bord du fleuve, utilisons les vaches grasses pour nourrir les vaches maigres. Prenons dans le rêve-même la solution.

Des miracles aujourd’hui ?
Des miracles se produisent-ils aujourd’hui ? Cette question est particulièrement brûlante dans les temps dangereux et éprouvants que nous vivons. La Bible relate de nombreux épisodes miraculeux. Mais des miracles se produisent-ils encore aujourd’hui ?
Selon nos Sages, oui ! C’est aussi ce qui ressort de nombreuses expériences individuelles. Cependant, il nous faut prendre en compte l’idée du Judaïsme selon laquelle il existe différentes sortes de miracles.
A un premier niveau, la Nature elle-même présente un élément miraculeux. Un spectaculaire coucher de soleil, l’éclosion d’une fleur ou la naissance d’un enfant peuvent être contemplés comme des événements merveilleux et miraculeux qui révèlent D.ieu comme l’Auteur et le Guide de la Création. Et cependant, comme nous le savons, le soleil se couchera encore merveilleusement demain. Cela fait partie du cycle divin de la vie comme l’éclosion de la fleur et la naissance de l’enfant.
A un autre niveau, on peut observer des événements naturels arriver de la bonne façon, au bon moment, faisant partie d’un schéma intérieur et spirituel dans la Création. La victoire juive contre les armées syro-grecques célébrée à ‘Hanouccah appartient à ce type de miracles. Les armées grecques étaient surpuissantes, bien entraînées et armées. Le miracle fut qu’un petit groupe de Juifs dévoués, les Maccabées, purent les défaire.
Aujourd’hui aussi, le fait qu’Israël ait survécu depuis 1948, présente une qualité miraculeuse. Oui, nous possédons des soldats dévoués qui savent fabriquer et se servir d’armes sophistiquées. Et pourtant nous n’avons que peu, voire pas, d’amis et faisons face à un ennemi gigantesque et riche.
Le troisième niveau de miracle appartient aux événements qui transcendent l’ordre de la Nature. Le miracle de la fiole d’huile de ‘Hanouccah appartient à ce type. De l’huile d’olive suffisante pour un seul jour, brûla huit jours, assez longtemps pour qu’une nouvelle huile soit confectionnée. Cela eut pour effet un degré supérieur de Révélation Divine. C’était en quelque sorte une récompense spirituelle pour le dévouement d’un petit groupe de Juifs confiants dans le fait que le Judaïsme pouvait survivre, envers et contre tout.
La Paracha de cette semaine présente une combinaison intéressante des deux dernières catégories de miracles. Il était naturel qu’il y ait des années de plénitude et d’autres de famine. Cependant, le fait que Pharaon fit des rêves dérangeants qui le signalaient et que Yossef put en saisir la clé, apporte un élément surnaturel à l’histoire.
Bien plus, la présence de Yossef en Egypte était, nous l’avons dit, le résultat de ses propres rêves, comme nous l’avons vu dans la Paracha de la semaine dernière. Ces rêves avaient éveillé la jalousie de ses frères au point qu’ils l’avaient capturé et vendu comme esclave. En fin de compte, les rêves de Yossef s’avérèrent également révélateurs de l’avenir. Le Rabbi souligne une distinction intéressante entre les rêves de Yossef et ceux de Pharaon. Ce dernier était passif, spectateur, observant les sept vaches maigres dévorer les sept vaches grasses ou les sept épis de blé étiolés avaler les sept épis en pleine floraison. Par contre, dans le premier rêve de Yossef, ses frères et lui-même travaillaient dans les champs. Ils faisaient un effort. Et dans le second rêve de Yossef, il s’agissait d’un domaine plus élevé : le soleil, la lune et les étoiles.
Que peut-on apprendre de cet épisode ? Pour qu’un Juif puisse accomplir sa mission personnelle dans le monde, un effort lui est nécessaire : un effort juif. La réponse de D.ieu à cet effort est la révélation de domaines spirituels plus élevés, y compris des merveilles et des miracles qui font partie intégrante de notre vie personnelle et de l’histoire de notre peuple.
Le Coin de la Halacha
Comment allume-t-on les lumières de ‘Hanouccah le vendredi après-midi 26 décembre 2008 ?

Il convient, avant l’allumage, de faire d’abord la prière de Min’ha.
Le maître de maison, et éventuellement tous les garçons de la maison, prononceront d’abord les deux bénédictions :
(1) «Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vetsivanou Lehadlik Ner ‘Hanouccah».
Béni sois-Tu, notre D.ieu, Roi de l’univers qui nous a sanctifiés par Ses Commandements et nous a ordonné d’allumer les lumières de ‘Hanouccah.
(2) «Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Chéassa Nissim Laavoténou Bayamine Hahème, Bizmane Hazé».
Béni sois-Tu, notre D.ieu, Roi de l’univers qui a fait des miracles pour nos pères en ces jours-là, en ce temps-ci.
On allumera d’abord la mèche ou la bougie située le plus à gauche puis celle qui la précède, etc… à l’aide de la bougie appelée «Chamach».
On aura pris soin de mettre assez d’huile dans les 6 godets (ou d’avoir prévu 6 bougies assez grandes) pour durer jusqu’à une demi-heure après la nuit, c’est-à-dire jusqu’à environ 18h 25 (heure de Paris). Après l’allumage, on récite «Hanérot Halalou».
Ensuite, les jeunes filles et les petites filles allumeront leurs bougies de Chabbat (après avoir mis quelques pièces dans la boîte de Tsédaka (charité) ; les femmes mariées allumeront au moins deux bougies.
Tout ceci devra être terminé avant 16h 41 (heure de Paris) le vendredi 26 décembre.
Une jeune fille (ou une femme) qui habite seule devra elle aussi procéder d’abord à l’allumage des lumières de ‘Hanouccah puis des bougies de Chabbat, avec les bénédictions appropriées.

F. L.
De Recit de la Semaine
En route pour ‘Hanouccah

- Les enfants ! annonça Chlomo après l’allumage des lumières de ‘Hanouccah. Ce soir, vous jouerez tous seuls à la toupie, entre vous !
- Oh non, papa !
- Je vais vous expliquer : j’ai quelque chose de très important à faire et je suis sûr que vous allez comprendre. Savez-vous qu’il existe de nombreuses familles juives pour lesquelles il n’y aura pas de lumières de ‘Hanouccah ce soir ?
- Pas de lumières de ‘Hanouccah ? Comment est-ce possible ! Et des toupies ? s’écria Rivka, abasourdie.
- Et même pas des beignets ? osa envisager Yaakov, consterné.
- Non ! Ni lumières, ni toupies, ni beignets ! Et savez-vous pourquoi ? Parce que de nombreux enfants juifs ignorent qu’il existe une aussi belle fête que celle de ‘Hanouccah. Personne ne leur en a jamais parlé, personne ne l’a rappelé à leurs parents. Ces enfants ont été oubliés…
- Quel dommage ! reconnut Yaakov.
- C’est triste ! renchérit Rivka.
- Mais le Rabbi ne les a pas oubliés ! Il nous a demandé d’aller rendre visite à ces gens, de leur apporter chandeliers et bougies et de leur expliquer comment célébrer ‘Hanouccah. Maintenant, je vous le demande : qu’est-ce qui est plus important ? Que je reste à la maison pour jouer avec vous à la toupie ou que je sorte apporter la lumière de ‘Hanouccah dans ces maisons juives ?
Les enfants avaient compris. Papa avait raison, comme toujours. Ils l’accompagnèrent jusqu’à la porte en lui souhaitant bonne chance.
Chlomo passa prendre son ami Berel ainsi qu’un chargement de boîtes de bougies, toupies, brochures et… de beignets encore chauds. Sans perdre de temps, ils se dirigèrent vers la ville de banlieue qui leur avait été assignée.
Peut-être avaient-ils roulé trop vite. Toujours est-il qu’une patrouille de police les arrêta.
- Ah ! Le Yetser Hara (le mauvais penchant) veut nous empêcher de poursuivre notre action ! murmura Chlomo en se garant sur le côté.
Un officier de police s’approcha : «Vous n’avez pas remarqué les panneaux de limitation de vitesse ? Vos papiers s’il vous plait !»
Tandis que Chlomo cherchait dans son porte-feuille, le policier l’observait d’un œil soupçonneux. Il inspecta le contenu de la voiture et demanda ce que contenaient les boîtes à l’arrière : des explosifs peut-être…
Berel ouvrit la portière et prit un kit de ‘Hanouccah qu’il tendit à l’officier en expliquant : «Nous, les Juifs, nous célébrons la fête de ‘Hanouccah : le premier soir, nous allumons une lumière, le second soir deux et ainsi de suite jusqu’au huitième soir. Nous sommes en route pour distribuer des bougies et des chandeliers dans des familles juives…»
- Moi aussi, je suis juif, remarqua l’officier.
Chlomo aurait souhaité qu’il le dise avec un peu plus d’enthousiasme et pas sur le même ton que : «Votre permis !» mais il était néanmoins agréablement surpris.
- Tu as entendu, Berel ? Il est Juif lui aussi !
Puis se tournant vers le policier : «Puis-je vous donner un kit de ‘Hanouccah en cadeau ? Mais à une condition : que vous me promettiez d’allumer les bougies chaque soir selon les modalités inscrites sur ce guide. Avez-vous des enfants ?»
- Un garçon et une fille, répondit le policier qui était sensiblement passé du côté des enquêteurs à celui de simple citoyen…
- Alors je vais aussi vous donner des toupies et des beignets pour vos enfants.
Le visage de l’officier devenait plus avenant, s’éclairait même d’un sourire : «Je me souviens que mon grand-père, de mémoire bénie, allumait les bougies de ‘Hanouccah, il y a si longtemps… Mon père ne le faisait pas. Et moi non plus.
- Il n’est jamais trop tard pour commencer ! commenta Chlomo. Dites-moi, votre collègue dans le car de police…
- Non, il n’est pas juif. C’est mon voisin, il est d’origine irlandaise. Chaque année, il décore sa maison, avec un sapin, des boules colorées… Cela me rend un peu jaloux. Mes enfants surtout. Mes voisins non-juifs respectent leur religion mais moi je ne connais rien de nos fêtes. C’est un peu frustrant, embarrassant même. Si j’apporte les bougies à la maison, mes enfants seront très heureux d’avoir eux aussi leur fête. Au fait, êtes-vous rabbin ?
- Non, pas vraiment. J’enseigne à l’école juive.
- Pourriez-vous, enfin, si c’est possible, me rendre visite à la maison ? Vous pourriez expliquer la fête à mon épouse et à mes enfants. Demain soir, je ne travaille pas ? D’accord ?
- Avec plaisir !
Le policier inscrivit son nom et son adresse sur un papier qu’il tendit à Chlomo : «Voyez ! Je vous donne mes coordonnées au lieu de vous dresser un P.V. ! Mais ne recommencez pas, d’accord ? Vous n’aurez peut-être pas autant de chance la prochaine fois !»
- Merci ! Et n’oubliez pas les bougies ce soir ! Demain, je vous expliquerai tout cela ! Joyeux ‘Hanouccah !
Le lendemain soir, en arrivant dans le quartier du policier, Chlomo remarqua que certaines maisons étaient toutes décorées mais d’autres pas. De ci, de là, il remarqua de modestes Menorot placées sur le rebord d’une fenêtre. «C’est le moment idéal dans l’année pour distinguer quelle maison est susceptible d’appartenir à une famille juive !» se dit-il. Tout à l’heure, il irait sonner à la porte des maisons «non-décorées» et leur indiquerait la vraie lumière, celle de ‘Hanouccah.
Le policier l’accueillit chaleureusement et lui présenta sa femme et ses enfants.
- Quels sont vos prénoms hébraïques ? demanda Chlomo à Bobby et Betty.
- Euh… peut-être Maman les connaît-elle ?
- Bien sûr ! répondit Gladys, la femme du policier. Bobby, tu t’appelles Barou’h, d’après mon père, que son âme repose en paix. Et toi Betty, tu t’appelles ‘Haya et tu ressembles à ma mère, que son mérite nous protège.
- Et toi Maman, comment t’appelles-tu ?
- Mon prénom hébraïque est Golda.
- Et moi, dit le policier, c’est Ephraïm. Je m’en souviens parce que mon grand-père aimait répéter que je portais le nom de son père.
Chlomo avait heureusement pensé à apporter des Kipot dont Ephraïm et Barou’h se parèrent fièrement. Le policier entonna les bénédictions et alluma sa ‘Hanoukia. Ensuite Chlomo tendit un kit supplémentaire à Barou’h qui, tout heureux, alluma lui aussi sa ‘Hanoukia comme il convenait. Chlomo expliqua alors le sens de la fête, rappela le combat des Makabim contre le cruel oppresseur qui voulait anéantir le judaïsme, le miracle de la fiole d’huile pure qui avait permis d’allumer le chandelier du Temple de Jérusalem.
Cette histoire captivante et les leçons qu’elle contenait pour l’époque actuelle impressionna profondément toute la famille. Puis ‘Haya demanda innocemment : «Et moi ? Puis-je aussi allumer les bougies de ‘Hanouccah ?»
- Pour toi et ta maman, répondit doucement Chlomo, il existe une autre Mitsva. Et pas seulement huit jours par an ! Tous les vendredis après-midi, à l’heure du coucher du soleil, vous allumerez les bougies pour accueillir le Chabbat ainsi que les veilles de jours de fête.
- Génial ! s’exclama ‘Haya en applaudissant.
C’est alors que sa maman réalisa tout ce qui lui avait manqué toutes ces années : sa propre mère allumait les bougies chaque vendredi : elle aussi saurait transmettre dorénavant cette belle Mitsva à sa fille.
Avant de partir, Chlomo montra aux enfants comment jouer à la toupie : les quatre lettres qui figurent sur la toupie signifient : «Un grand miracle eut lieu là-bas».
Et en prenant congé de ses nouveaux amis, Chlomo ne pouvait que répéter : un grand miracle est arrivé… ici !

Traduit par Feiga Lubecki