Semaine 28

  • Balak
Editorial
Du soleil, des enfants et des fruits

Début juillet. Ce sont deux simples mots mais ils sont porteurs de tant de choses : la joie partagée, l’espoir de tout un peuple, l’allégresse de la connaissance, le merveilleux d’un patrimoine vivant. C’est que le mois de juillet est celui d’un grand rendez-vous : les centres aérés Gan Israël commencent. Dire que de telles institutions sont essentielles, dire qu’elles apportent à l’enfant plus qu’on ne saurait l’imaginer et que, bien souvent, ceux qui les fréquentent aujourd’hui sont les enfants de ceux qui y participèrent hier, tout cela est vrai mais ne suffit pas à rendre compte de la beauté du moment.
Voici que le soleil s’est mis à briller et cela seul donne une nouvelle couleur à tout ce qui nous entoure. C’est aussi le temps où l’école a fermé ses portes et, si les journées sont belles, elles n’en sont pas moins longues. Alors retentit un chant qui n’est pas la lamentation de l’ennui irrépressible des enfants des villes. C’est, au contraire, celui, extraordinairement joyeux, des retrouvailles. De fait, l’enfant ressent toujours le besoin de ce type de rendez-vous. Il sait qu’il retrouve là ses amis, ses moniteurs. Il sait aussi, même de manière peut-être plus confuse, qu’il se retrouve soi-même avec ce qui lui est le plus précieux et le plus proche à la fois : son héritage spirituel, la Torah. Car elle est constamment à sa portée mais, parfois, le monde et son tumulte font perdre de vue cette évidence. Vient le mois de juillet et toutes les couleurs de la réalité prennent leur pleine force. L’enfant, plus sensible sans doute, le perçoit et cela seul le rend profondément heureux.
Il n’est donc pas étonnant que les chants retentissent, que les rires sonnent haut et clair. Ce sont les bruits de la vie et aussi, une vraie réponse à ceux qui rêvent de les voir s’éteindre dans le silence des grisailles mondialisées. Ils ont un beau nom ces centres aérés. Ils se nomment «Gan Israël» – le jardin d’Israël – et c’est bien ce qu’ils sont. Un jardin, c’est un lieu qui n’est pas destiné qu’à l’utilitaire. Il est consacré à ce qui donne du goût à la vie, au délice. Un jardin, c’est ce lieu où les fruits poussent, donnant aux hommes plus que le nécessaire immédiat. Le «Gan Israël» est ce jardin où poussent des fruits merveilleux, il est ce lieu de miracle où les enfants grandissent pour donner à tous le «délice» de l’avenir, celui de la pérennité de notre peuple.
Les centres aérés Gan Israël sont ouverts ? Un temps nouveau commence. A chacun d’y entrer.
Etincelles de Machiah
La connaissance pure

A la fin de son ouvrage, le Michné Torah (chap. 12, Hala’ha 5), Maïmonide enseigne que, lorsque le Machia’h sera venu, “l’occupation du monde ne sera que de connaître D.ieu seulement”. Le mot “seulement” qui pourrait sembler en trop dans cette phrase, apporte ici une précision importante.
Il précise que la connaissance de D.ieu de ce nouveau temps n’aura pas un autre sujet qu’elle-même. De fait, l’étude peut être motivée de manières très diverses. Ainsi, l’homme peut étudier pour savoir comment se conduire, ce qui est un but honorable. Toutefois, lorsque le Machia’h sera venu, la connaissance de D.ieu atteindra un niveau supérieur : elle ne sera que recherche de la connaissance pure et perfection du lien avec D.ieu.
Vivre avec la Paracha
Balak : Nos tentes divines

Nous avons tous entendu l’histoire de la façon dont le roi Balak (roi de Moav) convoqua le prophète Bilaam et lui demanda de maudire le Peuple Juif et de la façon dont D.ieu transforma les malédictions dans la bouche mauvaise du prophète en bénédictions. Nous lisons les versets s’écoulant de la bouche de Bilaam qui incluent les propos les plus exquis jamais prononcés à propos du Peuple Juif. Très belle histoire ! Mais seul le Talmud s’interroge : «Que voulait dire Bilaam ? Quelles étaient ces malédictions qui furent transformées en bénédictions ?»
Selon la logique talmudique, si les malédictions furent transformées en bénédictions, c’est qu’elles devaient contenir le contraire même de ce qui fut dit. Si nous désirons savoir ce qu’il voulut dire, il nous faut porter toute notre attention sur les paroles qu’il prononça réellement.
Quelles bénédictions donna Bilaam ? Que de puissants rois se lèvent en Israël, établissant une dynastie qui s’étendrait sur de nombreuses générations et ne s’interromprait jamais ; qu’Israël soit souverain à tout jamais sur sa terre, la plus grande et la plus puissante dans la famille des nations, la Présence Divine résidant en son sein, conduisant l’humanité dans sa quête de connaître et de servir son Créateur. Et donc, que désirait alors dire Bilaam ? L’exact contraire, bien sûr : que les rois d’Israël tombent, que sa dynastie royale soit brisée, que cesse sa souveraineté, que la présence Divine l’abandonne, que sa puissance soit écrasée et que son leadership lui soit enlevé.
Mais le Talmud ne s’arrête pas là. Il insiste. Et que se passa-t-il donc en fin de compte ? Les jours de David et de Chlomo virent l’accomplissement des bénédictions de Bilaam. Mais ensuite, tout commença à se désagréger. Le Peuple abandonna son D.ieu, la nation fut déchirée par des schismes, la dynastie de David fut détrônée, le Temple détruit, la fière nation chassée de sa terre et soumise et persécutée pendant des siècles.
Ainsi donc, en dernier ressort, les malédictions de Bilaam prévalurent ! D.ieu les transforma en bénédictions mais nous leur rendîmes leur forme originelle. La merveilleuse histoire se termina par une conclusion désastreuse.
Mais il est une bénédiction que nous avons retenue : «Comme elles sont belles tes tentes, ô Yaakov ! » proclama Bilaam des Hauteurs de Péor. Cela, ce sont, dit le Talmud, les maisons de prière et les maisons d’étude plantées dans le cœur de chaque communauté juive.
Ces tentes et ces résidences ne se sont jamais fermées. Après douze siècles en situation d’ «enfants bannis de la table de leur père», nous nous lions toujours à D.ieu, trois fois par jour, dans nos maisons de prière. Trente-trois siècles après Sinaï, la Torah est toujours étudiée, approfondie et débattue dans nos maisons d’étude. A cette bénédiction, nous nous sommes accrochés. Et c’est cette bénédiction qui restaurera pour nous toutes les autres !

Un récit de deux oiseaux du paradis
De nombreuses et belles choses ont été dites en de guise louange du Peuple juif par nos saints Prophètes et Sages. Mais pourtant, chaque matin, nous commençons nos prières par les paroles du vil prophète Bilaam, un homme qui aurait maudit la nation d’or et d’argent, si D.ieu l’avait permis. Nous avons besoin d’explication. En voici une.
Dans un monde au-delà du nôtre, existe une forêt remplie de créatures extraordinaires. Parmi elles, les oiseaux sont les plus spectaculaires, et parmi tous les oiseaux, il en est une race, plus belle encore que toutes les autres. Et dans cette race, l’un des oiseaux est le plus magnifique, au-dessus de tout ce que l’on peut en dire pour le décrire.
Chaque matin, dans cette splendide forêt, les créatures se rassemblent, avant le lever du soleil, au pied de l’arbre qu’habite cet oiseau. Celui-ci déploie ses ailes dans toute sa gloire. Un panorama de couleurs scintille et reluit dans ses ailes, dansant au soleil comme des étoiles magiques pour délecter les spectateurs. Chaque matin s’offre un spectacle encore plus glorieux que celui de la veille et toutes les créatures s’émerveillent.
Et cela se reproduisait chaque jour, dans cette dimension du temps, jusqu’à ce qu’une année, un nouvel oiseau arrive dans la forêt. Il ne se passa pas longtemps avant que toutes les créatures commencent à se rassembler au pied de l’arbre qu’habitait ce nouvel oiseau, laissant le premier tout seul.
«Est-il donc plus glorieux que moi ? demanda-t-il aux quelques rares fidèles qui lui étaient restés. Comment cela se peut-il ?» «Le nouvel oiseau», lui répondit son fidèle, «n’a pas de couleurs. Il est noir.» La furie de l’oiseau ne connut pas de limites. Il était la perfection de la beauté artistique et si le noir devait être beau, alors la beauté n’existait pas. Il vola voir son rival.
Les créatures de la forêt étaient rassemblées dans une admiration silencieuse. Peut-être était-ce l’huile des ailes noires qui reflétait la lumière du soleil. Peut-être était-ce le mystère de ce noir absolu ou le contraste face à la luminosité du soleil. Mais tout ce qui peut être dit est qu’il s’agissait d’une beauté intangible, pas de quelque chose qui peut être peint, décrit ou connu, de quelque manière. C’était une beauté aussi indéfinissable que le noir est sombre.
- Est-il donc plus glorieux que moi ? s’écria le premier oiseau perché au-dessus de la foule.
- On ne sait que dire, répondirent les oiseaux tout tremblant, car ce n’est plus l’aube.
- Très bien alors, cria l’oiseau, nous aurons une confrontation à l’aube ! Mais qui sera le juge ?
Aucune créature n’osa se porter volontaire pour une telle responsabilité. Et les deux oiseaux eux-mêmes ne purent arriver à un compromis. Aussi fut-il décidé que tous deux apparaîtraient à l’aube dans un lieu connu par chacun d’eux seulement et que la première créature qui apparaîtrait jugerait leur différend.
Toute la nuit, ils préparèrent leurs plumes à leur emplacement secret dans la forêt. Et quand le soleil commença à monter, ils les étendirent dans toute leur largeur, dans la scène la plus glorieuse qui devait jamais se dérouler dans la plus glorieuse des forêts. Mais il n’y avait personne pour assister à ce spectacle, en dehors des deux oiseaux eux-mêmes.
Jusqu’à ce que tout à coup, un son se fit entendre, de dessous les buissons, un son qui faillit faire tomber le premier oiseau de son perchoir, avec horreur. C’était le grognement d’un sanglier sauvage.
Couvert de boue et empestant, l’animal apparut et même lui fut rempli de délice devant la beauté qui lui faisait face. Et les deux oiseaux, acculés par leur pari, étendirent leurs plumes et se tortillèrent élégamment, faisant étalage de leur beauté devant ce sanglier sauvage.
Il grogna, il ronfla, il toussa. Il demanda un bis, un ter. Et finalement, il annonça son verdict : l’oiseau noir était le plus beau des deux.
«S’il en est ainsi, cria le premier oiseau, ma beauté n’est pas la beauté. Il n’y a pas de place pour moi ici.» Et il s’envola de la forêt, pour ne plus jamais y revenir.
Le premier oiseau représente la lumière que D.ieu apporte à Sa création, à travers les miracles, à travers les tsadikim, à travers les actes justes dénués d’intérêt personnel. L’oiseau noir évoque l’obscurité. Mais quand l’obscurité est vue comme beauté, c’est une telle beauté que la lumière est sombre et inefficace devant elle.
Quant au sanglier, c’est ce monde ici-bas, le monde de l’action que D.ieu a déclaré lui-même être le juge final de la vérité et de la beauté.
Le Coin de la Halacha
Qu’est-ce que le 17 Tamouz ?

Cette année, le jeûne du 17 Tamouz est le dimanche 20 juillet 2008.
On ne mange ni le boit depuis le matin (à 3h 47, heure de Paris) jusqu’à la tombée de la nuit (22h 40 à Paris).
C’est ce jour que Moché Rabbénou (Moïse notre Maître) brisa les premières Tables de la Loi à la suite du péché du veau d’or. Bien plus tard, le sacrifice quotidien fut interrompu lors du siège de Jérusalem. Une première brèche apparut ce jour-là dans les murailles de la ville sainte. Enfin, Apostomos installa une idole dans le Temple et brûla un rouleau de la Torah, toujours un 17 Tamouz.
Durant les trois semaines suivantes, jusqu’au 9 Av (dimanche 10 août 2008), on augmente les dons à la Tsedaka. On évite d’acheter de nouveaux vêtements et on ne prononce pas la bénédiction «Chéhé’héyanou» (par exemple pour un fruit nouveau). On ne se coupe pas les cheveux et on ne célèbre pas de mariage. On évite de passer en jugement.
Suite à l’appel du Rabbi, à partir du 17 Tamouz, nous intensifions l’étude des lois de la construction du Temple (dans le livre d’Ezékiel, le traité Talmudique Midot et le Rambam – Maïmonide).
Durant les neuf jours qui précèdent le 9 Av (à partir du samedi soir 2 août 2008), on ne mange pas de viande et on ne boit pas de vin. Par contre, on assistera à un Siyoum (ou on l’écoutera à la radio), ce qui est une joie permise durant cette période.

F. L.
De Recit de la Semaine
«L’Amérique n’est pas différente !»

Il y a de cela quelques années, le journal The Jewish Press publiait un article à propos de Rabbi Yossef Its’hak, le précédent Rabbi de Loubavitch. Suite à cette publication, il reçut cette lettre d’un lecteur :
«J’ai lu avec plaisir ce que vous avez écrit sur Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn. J’ai eu l’immense privilège d’être personnellement aidé par le Rabbi qui se vouait à ramener les Juifs à une observance plus méticuleuse des Commandements. Même aujourd’hui – et malgré certaines amnésies dues à mon grand âge – je rougis en me rappelant ma ‘Houtspa, mon insolence ainsi que celle de six de mes camarades envers Rabbi Yossef Its’hak et comment il a gentiment réagi alors.
1929 était une année en or : nous ignorions alors ce qui allait advenir… Mes amis et moi-même aurions complètement abandonné le judaïsme. Nous fréquentions parfois le Temple libéral mais nous nous considérions très progressistes, des Juifs complets et même supérieurs.
Un jour, nous avons remarqué des articles parus dans la presse juive : un certain Rabbi Schneersohn, qu’on appelait le Rabbi de Loubavitch, avait eu la permission d’utiliser une maison située sur la 33ème rue à Philadelphie, qui appartenait à Mme Faggen Miller, une femme connue pour sa grande générosité. Ce Rabbi agissait un peu comme un roi.
Nous avons lu ces reportages : ce Rabbi bénissait les gens, les conseillait et les encourageait à pratiquer davantage les commandements de la Torah. Cela nous rendait fous ! Cet homme pensait-il être D.ieu ? Qui était-il pour se permettre de donner des bénédictions et de dire aux gens comment agir ? Nous allions montrer à cet homme, tout droit sorti du Moyen Age, ce qu’était l’Amérique !
Quand nous arrivâmes, nous avons remarqué par la fenêtre que le salon était empli d’hommes. Nous avons sonné et un homme, digne et barbu, nous a ouvert la porte : «Nous désirons parler au Rabbi, dit l’un d’entre nous, nous avons une question importante à lui poser !»
L’homme nous tendit un stylo et un morceau de papier : «Excusez-moi, mais le Rabbi doit connaître la question avant de vous laisser entrer !»
Nous avons répondu : «Nous désirons savoir s’il s’attend à ce que nous respections une religion démodée dans un pays moderne !»
Nullement choqué, l’homme nous fit entrer et s’excusa : «Il y a la queue ! Vous devez attendre un peu !»
Nous avons préféré attendre sur le porche tant la salle d’attente était bondée. Nous fûmes donc très étonnés quand l’homme revint quelques minutes plus tard et nous déclara que le Rabbi désirait nous recevoir immédiatement. Il nous fit dépasser toute la foule et nous l’avons suivi en montant les escaliers.
Le Rabbi était debout, en haut des marches : il était grand et impressionnant mais ses yeux rayonnaient de bonté. Il portait un large chapeau de fourrure. Mais le plus remarquable, c’était la main qu’il nous tendait pour nous saluer. Nous étions surpris car nous étions persuadés que les ‘Hassidim ne serraient pas la main.
Il nous introduisit dans son bureau et s’exclama : «C’est le moment le plus joyeux pour moi depuis que je suis arrivé à Philadelphie !» et il se mit à arranger les chaises autour de la table. Nous avons tenté de l’aider mais il insista pour s’occuper lui-même de cela.
Une fois que nous eûmes pris place, il regarda longuement chacun d’entre nous, l’un après l’autre puis déclara : «Vous semblez être des jeunes gens intelligents et je dois donc vous parler selon votre niveau. Vous vous demandez sûrement pourquoi je vous ai fait passer avant tous ces gens qui étaient là avant vous. Voici quelques-uns de leurs problèmes pour lesquels ils demandent mon aide : la fille de l’un d’entre eux est gravement malade. Que puis-je faire ? Rien de plus que ce qu’il peut faire lui-même : s’il s’approche de D.ieu et implore une prompte guérison, D.ieu l’aidera ! L’autre est confronté à un procès et me demande de prier pour qu’il en sorte indemne. Je ne sais pas s’il est coupable ou non mais je parviendrai peut-être à le convaincre de prier pour que justice soit faite. Un autre encore à l’intention d’effectuer une importante transaction commerciale et souhaite que je l’aide à réussir. Si je pouvais le faire, je serais moi-même un riche homme d’affaires, n’est-ce pas ? Mais je vous ai fait entrer en-priorité parce que si je ne parvenais pas à répondre à vos questions, je n’aurais pas le droit d’être Rabbi !
D’abord, je dois admettre un grand secret que vous allez sans doute garder pour vous : il y a 613 commandements. Bien que le Rabbi de Loubavitch tente de les observer tous, il se trouve dans l’impossibilité de le faire !
(Note : en effet certains commandements ne peuvent être accomplis que sur la terre d’Israël, que lorsque le Temple sera reconstruit à Jérusalem ou que par des Cohanim ou Léviim).
Alors que fait-il ? Devrait-il rejeter toutes les 613 Mitsvots ? Non ! Il en respecte autant qu’il peut !»
(Avec ces quelques mots, il avait déjà enlevé le venin que nous avions apporté avec nos questions impertinences et un peu sottes).
Puis il nous demanda de tenter d’observer autant de Mitsvot que possible ; si nous agissions ainsi, c’est-à-dire si nous fournissions vraiment le maximum d’efforts, nous agirions vraiment comme le Rabbi de Loubavitch !
Il demanda à chacun d’entre nous son prénom hébraïque et celui de sa mère. Nous avons aussi proposé nos prénoms civils, nos noms de famille et nos adresses mais il affirma qu’il n’en avait pas besoin. Certains de mes amis mirent même la main à la poche pour prendre leur portefeuille et effectuer un don mais il les arrêta d’un geste. Il nous remercia tous en répétant qu’il ne désirait pas d’argent… Il voulait des Mitsvot !
Il nous demanda si nous mettions les Téfilines et certains d’entre nous admirent qu’ils ne le faisaient plus (de fait aucun d’entre nous ne les mettait plus depuis longtemps mais avait honte de le déclarer. Le Rabbi leur offrit même des Téfilines afin qu’ils puissent accomplir la Mitsva de temps en temps. Nous avons tous promis de suivre sa suggestion. Il a béni chacun d’entre nous individuellement, nous à a nouveau serré la main et nous sommes sortis.
Nous avons traversé la foule et avons atteint le porche. Mais nous ne sommes pas partis. Nous sommes restés devant la maison pendant presque deux heures à commenter cette visite. Chacun d’entre nous accepta de prier au moins une fois par jour.
L’un d’entre nous déclara qu’il arrêterait de travailler Chabbat et, quelques mois plus tard, il réussit même à persuader son employeur à en faire de même. L’un d’entre nous, le regretté Gabriel Lowenthal, se mit à fréquenter régulièrement une synagogue et donna des cours de philosophie juive telle qu’il l’étudiait dans les livres du Rabbi. J’ai perdu la trace de la plupart des autres mais je suis sûr que les dix minutes que nous avons passées chez le Rabbi a renforcé le judaïsme de chacun d’entre nous et donc de nos descendants.
La dépression de 1929 puis la Seconde Guerre Mondiale avec la confusion qu’elle engendra ne me permirent pas de rencontrer encore une fois le précédent Rabbi de Loubavitch qui quitta ce monde en 1950.
Mais j’ai prisé dans les enseignements de son gendre et successeur Rabbi Mena’hem Mendel Schneersohn, l’inspiration et l’enthousiasme nécessaires pour observer autant des 613 Mitsvot que possible».

Rav Tuvia Bolton
traduit par Feiga Lubecki